BIOGRAPHIE DE JEAN LAMBERT TALLIEN

Tallien Jean Lambert
Révolutionnaire conventionnel opposant des Girondins, né à Paris en 1769, mort en 1820, était le fils d'un maître d'hôtel du marquis de Bercy, et avait été clerc de procureur, commis, prote d'imprimerie quand les États-Généraux s'ouvrirent. Il entra au club des Jacobins, eut part au 10 août 1792, devint secrétaire-greffier de la commune de Paris, fut député par le département de Seine-et-Oise à la Convention, se signala par sa violence contre Louis XVI et les Girondins, et soutint Marat et Rossignol.
Envoyé à Bordeaux pour y établir le régime de la Terreur (1794), il connut dans cette ville la belle Mme de Fontenay (Thérèsa Cabarrus marquise de Fontenay), depuis Mme Tallien, qui exerça sur lui une heureuse influence et le rendit plus modéré ; mais il se vit alors rappelé à Paris par le parti terroriste, et n'eut bientôt d'autre moyen d'échapper au supplice que d'y pousser Robespierre. Il s'unit contre lui avec ceux qui couraient les mêmes dangers, l'accusa au 9 thermidor, et le fit condamner. Il appuya ensuite de toutes ses forces la réaction contre les terroristes. Après la dissolution de la Convention, il fut du Conseil des Cinq-Cents, et prit part au 18 fructidor. Là finit son rôle politique. Il suivit Bonaparte en Égypte, fut pris par les Anglais à son retour, fut ensuite nommé consul à Alicante, et conserva jusqu'à sa mort les appointements de cette place sans en remplir les fonctions. Il mourut à Paris le 16 novembre 1820, sans fortune, et complètement oublié. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 14 puis division 10).

Tallien (Juana Maria Ignazia Thérèse Cabarrus, Mme marquise de Fontenay plus tard princesse de Chimay), femme célèbre par sa beauté, son esprit et sa générosité, était fille du banquier espagnol Cabarrus, et naquit en Espagne le 31 juillet 1773 au palais de San Pedro à Carabanchel Alto, près de Madrid. Amenée à Bordeaux, elle fut mariée dès l'âge de 14 ans à M. de Fontenay, conseiller au parlement de Bordeaux ; elle avait d'abord embrassé les principes de la révolution, mais, effrayée de ses excès, elle voulut passer en Espagne. Arrêtée et conduite devant le proconsul Tallien, alors au Comité de Salut public à Bordeaux, elle lui inspira une violente passion, à laquelle elle ne tarda pas à répondre. Elle n'usa de l'immense ascendant qu'elle avait sur Tallien que pour arracher à la mort une foule de victimes, ce qui lui valut le surnom de Notre-Dame de Bon Secours. Quand Tallien, accusé de modérantisme, eut été rappelé, elle fut jetée en prison ; le 9 thermidor la sauva : il est probable que le danger où elle se trouvait hâta cette journée. Elle reçut alors le surnom de Notre-Dame de Thermidor. C'est alors qu'elle épousa Tallien (1794). Cette union ne fut pourtant pas heureuse, et peu d'années après (1802), un divorce vint la rompre. En 1805, Mme Tallien épousa le comte de Caraman (François Joseph de Riquet de Caraman), depuis prince de Chimay. Sous le Directoire elle mit à la mode le costume grec. Elle mourut le 15 janvier 1835 au château de Chimay, province de Hainaut, Wallonie (Belgique). Pendant longtemps Mme Tallien jouit d'une grande vogue à Paris, et exerça sur le public une grande influence. Cependant Napoléon refusa toujours de l'admettre à sa cour.