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BIOGRAPHIE DE PIERRE JOSEPH PROUDHON

Pierre Joseph Proudhon

 

Pierre-Joseph Proudhon
Né le 15 janvier 1809 à Besançon (Doubs) d’un père garçon brasseur et d’une mère cuisinière, Proudhon est placé comme bouvier avant de rentrer, à dix ans, comme boursier au collège royal de Besançon où ses études sont brillantes, mais interrompues pour des raisons financières. Il multiplie alors les emplois précaires.

Il publie son premier ouvrage, Qu'est-ce que la propriété ?, qui contient la fameuse formule, « La propriété c'est le vol » en 1840. Le livre fait scandale et lui vaut l'admiration et l'estime du jeune Marx. Il reste aujourd'hui un des livres fondateurs de l'anarchisme que Proudhon définit par cette phrase « l’anarchie c’est l’ordre sans le pouvoir ».

En 1846, c'est « La philosophie de la misère », qui lui vaut une réponse cinglante de Marx : Misère de la philosophie.

Proudhon appuie ensuite, quoi qu'avec des réserves et des nuances, la Révolution de février 1848. Cette même année, il lance le premier journal anarchiste, Le Représentant du Peuple et le 04 juin 1848 il est élu à l'Assemblée Nationale. Son mandat se termine le 26 mai 1849.

Pour appliquer ses théories, il fonde le 31 janvier 1849, sous le titre de « Banque du Peuple », une Société au capital de cinq millions de francs, destinée à favoriser l'abolition de l'intérêt, et la circulation gratuite des valeurs, que le pouvoir ferme bientôt. Proudhon est alors contraint à l'exil, puis, à son retour en France, à la prison de Sainte-Pélagie, où il restera trois ans pour délit de presse. Il est remis en liberté le 4 juin 1852.

En 1851, il fait paraître Idée générale de la révolution au XIX ème siècle, qui propose et défend un idéal de société anarchiste fondée sur des contrats librement consentis et sur l'idée de communes librement fédérées. À compter de cette date, il se déclare volontiers fédéraliste.

En 1858, Proudhon est de nouveau condamné à une peine de prison et il s'enfuit en Belgique. Amnistié en 1860, il rentre en France en 1862 et meurt le 19 janvier 1865 à Passy, France.

Ses idées joueront un rôle important au sein du mouvement ouvrier naissant, notamment parmi les militants de la Ière Internationale.

Proudhon et Tolain furent les deux hommes qui, sous le Second Empire, ont eu le plus d'influence sur l'élite ouvrière, l'un comme militant, l'autre comme théoricien. Tous deux d'ailleurs étaient issus de cette élite, Proudhon ayant été correcteur d'imprimerie et Tolain ciseleur en bronze. Après s'être mêlé à la vie politique de 1848 à 1850, Proudhon vivait dans la retraite, à l'écart de tous les partis, mais il était alors le théoricien socialiste le plus réputé. Bien que son hostilité irréductible contre l'État fait de lui le maître des anarchistes, Proudhon était surtout un réformateur modéré ; aussi s'intéressa-t-il au mouvement ouvrier dirigé par Tolain, et c'est la lecture du « manifeste des 60 » qui lui inspira son dernier livre, De la capacité politique des classes ouvrières (1865).

Réciproquement, les milieux ouvriers dont Tolain était le chef adoptèrent les théories proudhoniennes et essayèrent de les faire prévaloir dans l'Association internationale des travailleurs. Mais l'influence de Karl Marx l'emporta sur celle de Proudhon.

Sainte-Beuve a dit de lui :
« Philosophe sans cesse interrompu par les bruits du dedans et du dehors, penseur et surtout logicien rigoureux et intraitable, s'aimant et s'emportant en toute rencontre de passion et de colère, avec de fortes parties de scieuses, mais de fréquents sursauts d'indignation, il ne fut à sa manière qu'un grand tribun, un grand révolutionnaire comme il s'appelait. »

Pierre Joseph Proudhon

Acrostiche chanté à Genève au citoyen Proudhon :

Ut-opiste infernal, sans Dieu comme sans âme,
-trograde prôneur d'un vieux système usé,
Mi-racle d'impudence en ce siècle abusé,
Fa-vorable aux fripons, dont tu fais la réclame,
Sol-eil dont la lumière est propice au voleur,
La terre connaîtrait ta funeste valeur,
Si tout homme de sens te chantait cette gamme,
Ut-opiste infernal, sans Dieu comme sans âme.

 

LES PRINCIPAUX ÉCRITS DE P. J. PROUDHON

- 1840, Qu'est-ce que la propriété ? ;
- 1841, Second mémoire sur la propriété ;
- janvier 1842, Troisième mémoire intitulé : Avertissement aux propriétaires ;
- 1843, De la création de l'ordre dans l'humanité, exposé d'une théorie d'organisation politique ;
- 1846, Système des contradictions économiques ou philosophie de la misère ;
- 1849, Droit au travail
- 1849, Démonstration du socialisme
- 1849, Idées révolutionnaires
- 1849, Les Malthusiens ;
- 1849, Confession d'un révolutionnaire ;
- 1849, Actes de la Révolution ;
- 1850, Gratuité du crédit ;
- 1851, Idée générale de la Révolution au XIXe siècle ;
- 1852, Révolution sociale démontrée par le coup d'État, livre qui fut édité avec l'autorisation expresse du gouvernement de L.N. Bonaparte; le coup d'État y était expliqué et presque justifié ;
- 1853, Philosophie du progrès ;
- 1856, Manuel des opérations de la Bourse, vive satire de la spéculation et des spéculateurs ;
- 1858, De la justice dans la Révolution et dans l'Église, volumineux ouvrage, ironiquement dédié à l'archevêque de Besançon, le cardinal Mathieu, et qui, saisi chez les libraires, déféré aux tribunaux, valut à l'auteur une condamnation, d'ailleurs inexécutée, à trois ans de prison et 4,000 fr. d'amende ;
- 1861, La guerre et la paix, recherches sur le principe et la constitution du droit des gens ;
- 1861, Théorie de l'impôt ;
- 1862, La Fédération et l'unité en Italie ;
- 1863, Les Majorats littéraires du principe fédératif, examen d'un projet de loi ayant pour but de créer au profit des auteurs, inventeurs et artistes un monopole perpétuel ;
- 1863, Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la Révolution ;
- 1863, Les Démocrates assermentés et les réfractaires ;
- 1865, De la capacité politique des classes ouvrières ;

  On a de lui quelques ouvrages posthumes :

Les Évangiles annotés (1865), France et Rhin (1867), De la capacité politique des classes ouvrières (1868), La Pornocratie ou les femmes dans les temps modernes (1875), Correspondances de P.-J. Proudhon (1875).

 

Proudhon peint par Courbet en 1865.
Proudhon et ses enfants. Portrait posthume par Gustave Courbet, 1865.

PROUDHON

PAR

COMMERSON

1883

Proudhon, Pierre- Joseph, est né à  Besançon en 1812, entre la naissance du roi de Rome et la campagne de Russie, On assure que ses premiers vagissements furent une opposition articulée contre les prolégomènes de cette campagne qu'il désavouait sur le bout de sein de sa nourrice. — Son père, honnête tonnelier, n'eut rien de plus pressé que de le faire élever par les oratoriens.
— Le jeune Proudhon fit de rapides progrès , et quand vint l'âge de se choisir une profession, son père le fit correcteur d'imprimerie, malgré sa vocation pour Cujas ou Barthole.

De bonne heure, il apprit à  connaître les hommes et les choses, et pour lui, les uns et les autres furent à  la hauteur d'un sifflet. — Il les siffla.

Ses premiers traits d'esprit, carrés par la pointe et cotonneux par le manche, s'émoussèrent au contact de la philosophie de Jouffroy dont il devint l'un des disciples les plus remarquables.
— A cette époque (1822), dans une modeste chambre du faubourg Saint-Germain, il faisait avec ce même Jouffroy un cours d'esthétique auquel assistaient comme élèves MM. Duchâtel, Vitet, Prosper Mérimée, Damiron et Abel de Rémusat. Enfin, Jouffroy et lui prouvèrent à  cet aréopage que la philosophie a cela d'utile qu'elle sert à  nous consoler de son inutilité. — Cependant, plus tard il s'inspira de ses propres leçons et fit paraître un ouvrage remarquable sur la philosophie de la misère, ou Système des contradictions économiques, avec une devise latine qui lui valut la haine de pas mal d'imbéciles et de propriétaires illettrés. Ce livre était une critique des systèmes fourriéristes et communistes de toute espèce. Il avait osé élever tribune contre tribune, au risque de dire de dures vérités,

Le tout, ma foi, sans masque ni chemise.

Proudhon, pétri avec cette pensée de lord Byron: « que l'avenir est plein d'absurdité », s'occupait avec une ardeur fébrile du présent que le choc des opinions d'alors tenait suspendu entre plusieurs abîmes. Son second ouvrage eut pour titre : Les Confessions d'un révolutionnaire. — Proudhon est plus fort en théologie que les plus forts théologiens de France. La langue hébraïque est pour lui un jeu d'enfant. Il fait des mathématiques comme un sourd et approfondit l'angle droit mieux que Bézout.
— Il fut le plus éloquent rédacteur du Journal du Peuple ; la couleur de son style, qui semble broyée par la main puissante de Juvénal, lui fit de nombreux partisans et lui valut les diatribes les plus virulentes des Georges Dandin politiques du dernier règne. — 1848 l'amène à  la Constituante, où il prononce derrière ses lunettes un discours sur la liquidation de l'ancienne société. SCÈNE D'HORREUR. TABLEAU. Plus tard, il fonde la banque du peuple dans la maison de M. Clairville. Il essaye de prouver que le crédit est un vilebrequin à  l'aide duquel on fait des trous à  la lune : Clairville en fait un pot-pourri. — Cependant il pense qu'il vaut mieux voler à  la gloire que dans la poche de son voisin. (On rit.) Clairville y ajoute un couplet de facture. Enfin Proudhon fait un livre sur la Propriété c'est le vol, en 250 pages ; Clairville en fait trois actes, mêlés de couplets, et fait jouer le livre et l'auteur sur la scène du Vaudeville : — Clairville a tué Proudhon, — qui se porte au mieux, sous une enveloppe très rude, au milieu de ses reparties gauloises pleines de malice et de finesse, ornées de la passementerie dont il fait son état, depuis son mariage en 1850.

En ce moment il passe sa vie à  prononcer à sa femme des discours pleins de saveur, truffés de délicieux paradoxes, et à  s'occuper de philosophie et de bretelles brochées sur caoutchouc.

S'il n'est homme du monde, il est homme de bien.

Jean Louis Auguste Commerson (1802-1879), Biographie comique, Les Binettes contemporaines, 1883.

Proudhon par Nadar

 


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