D.R. BELAIR - RTMKB

 

 

BIOGRAPHIE DE BALZAC

Honoré de Balzac

 

Honoré de Balzac

Balzac naquit le 20 mai 1799 (1er prairial an VII) , à Tours. Ses prétentions à la noblesse ne sont pas justifiées par les actes de l'état civil. Il appartenait à une famille de paysans, qui avaient vécu en Languedoc, au petit village de Nougaïrié, dans le Tarn. Son père, fils de laboureurs, avait fait ses études classiques, il était homme de loi. Marié en 1797, il vint à Tours l'année suivante, pour y exercer les fonctions d'administrateur de l'Hospice général. Il avait l'exubérance des gens du Midi, l'esprit caustique et railleur, le verbe haut. Sa femme, pleine de vie et d'activité, de ressort et d'énergie, avait plus de bon sens que son mari. Balzac subit tour à tour l'influence de ces deux natures.

A sa naissance, il fut remis aux soins d'une nourrice de campagne, chez laquelle il passa trois ans. Quelques années plus tard, il commença ses études au collège de Tours. A l'âge de huit ans, il fut mis en pension chez les Oratoriens de Vendôme. Il eut à subir la discipline sévère de cette maison d'éducation et y resta six années sans revenir sous le toit paternel. A côté des coups de férule et des séjours au cachot, qu'il mérita souvent, il y avait les plaisirs et les délassements compatibles avec la vie d'écolier ; ils ont laissé chez lui de bons souvenirs. Pour s'en convaincre, il suffît de lire Louis Lambert, où il a parlé de ce vieux collège et nous a raconté sa vie d'écolier. Somme toute, il n'a point regretté trop amèrement le temps qu'il passa en compagnie de ses maîtres. Les deux premières années, il ne fit rien ; vers douze ans, il se mit à lire avec ardeur ; dévora les livres que le bibliothécaire lui prêtait avec un peu trop de complaisance.

II essaya alors de composer des discours français qui furent plus admirés de ses condisciples que de ses professeurs. Cette curiosité de l'esprit, cette avidité de tout lire, de tout connaître, amena chez lui une fatigue si inquiétante qu'il dut quitter le collège, le 22 avril 1813. Quelques mois passés dans sa famille, suffirent pour rétablir sa santé. Il reprit ses études à Tours, et les compléta à Paris, où sa famille alla s'installer. A dix-sept ans et demi, il commençait son droit en même temps qu'il travaillait chez l'avoué Guillonnet-Merville. Il passa dix-huit mois dans cette étude, puis il fut ensuite, pendant dix-huit autres mois, clerc de notaire. Ces essais ne semblaient pas lui déplaire, et son père se réjouissait de le voir bientôt acheter une étude de notaire. Mais son fils ne l'entend pas ainsi : il veut être homme de lettres. Cette résolution hardie provoqua des scènes de famille. Balzac tint bon, et obtint de ses parents qu'on lui laisserait deux ans pour faire ses preuves.

A dessein, on l'installa pauvrement, rue Lesdiguières, dans une mansarde, avec un lit, quelques chaises et une table. La pension qu'on lui fit était si modique qu'elle ne suffisait pas à subvenir à son entretien. Ce dénuement complet ne le découragea point. Il supporta cette épreuve avec énergie et même avec une bonne humeur admirable. Ses lettres à sa sœur Laure en font foi. Il projette alors d'écrire plusieurs romans, entre autres Cocsigrue, qui ne vit jamais le jour. Dans son grenier, il travaille avec ardeur à une tragédie de Cromwell ; il croit à son succès. Plein d'espoir, il attend le jugement d'un vieil ami, qui lui déclare enfin qu'il peut faire tout ce qu'il voudra, « excepté de la littérature ». Cet échec ne le rebute pas, il a confiance en lui-même : une autre fois il réussira. Ses parents, fixés à Villeparisis, le gardent auprès d'eux, car ses jeûnes forcés l'ont beaucoup affaibli. Sa santé est vite remise et le voilà de nouveau à l'œuvre.

Sous le nom d'Horace de Saint-Aubin, il publie, avec des collaborateurs, une quarantaine de volumes pour lesquels il touche quelques sommes appréciables ; mais ces œuvres, il ne les avoua jamais.

En 1825, pour gagner de l'argent, il se lance dans des entreprises commerciales, s'associe à un libraire, puis, bientôt après, achète une imprimerie et fait de mauvaises affaires. A partir de ce moment, sa vie se passa dans d'effroyables embarras. Quand les huissiers sont à sa porte, il s'esquive, et laisse souvent ses amis aux prises avec ses difficultés financières. Pour réparer ce désastre, il faut produire. Son endurance au travail tient du prodige. Il se couche généralement à six heures du soir, se lève à minuit ou une heure pour se mettre à l'ouvrage pendant seize ou dix-huit heures. II arrive, dans les cas exceptionnels, à écrire pendant vingt-cinq heures, sans prendre de repos. Il se soutient avec du café noir. Son travail est laborieux, ses manuscrits sont surchargés de ratures. Il corrige lui-même ses épreuves, améliore son texte, soit par de nombreuses corrections, soit par des additions fréquentes.

Ses premières œuvres, peu payées, commencent dès 1830 et 1831 à lui procurer de bons revenus. Il se fait 25.000 francs en 1835. En 1840, il est au sommet de la gloire, il gagnera 150.000 francs ; et le rendement des années qui suivent ne sera pas inférieur. Malgré ces bénéfices, il vit sans cesse dans la gêne. Balzac ne pense jamais au lendemain. Il fait bâtir le pavillon des Jardies, s'entoure de bibelots, de tableaux de maîtres, d'objets d'art, de meubles précieux. Son imagination le perd. Il vit sans cesse dans l'espoir d'un gain qu'il ne réalisera pas. Il s'engage à livrer des œuvres qu'il n'a pas le temps de composer. Ses éditeurs se fâchent et lui font des procès. Il ne connaîtra jamais le repos, ce « galérien de plume et d'encre », comme il aimait à s'appeler.

L'œuvre de Balzac est considérable :

La Comédie humaine contient six séries de scènes de la vie et deux séries d'études :
1° Scènes de la vie privée ; on peut citer entre autres : Madame Firmiani, La Femme de trente ans, La Maison du chat qui pelote, Le Colonel Chabert, La Grenadière, La Messe de l'athée, etc. ;
2° Scènes de la vie de province : Eugénie Grandet, L'Illustre Gaudissart, La Vieille Fille, Le Cabinet des antiques, Le Lys dans la vallée, etc. ;
3° Scènes de la vie parisienne : Le Père Goriot, Grandeur et décadence de César Birotteau, La Cousine Bette, Le Cousin Pons, etc. ;
4° Scènes de la vie politique : Une Ténébreuse Affaire, Le Député d'Arcis, etc. ;
5° Scènes de la vie militaire : Les Chouans, La Vendetta, L'Auberge rouge, La Rabouilleuse, Autre Étude de femme ;
6° Scènes de la vie de campagne : Le Médecin de campagne, Le Curé de village, Les Paysans.

Parmi les études philosophiques, citons : La Peau de chagrin, La Recherche de l'absolu, etc., et parmi les études analytiques : La Physiologie du mariage.

Balzac écrivit aussi cent contes drolatiques, pastiches rabelaisiens.

On se demande comment Balzac a pu examiner l'humanité de si près, la pénétrer, la comprendre, la peindre avec tant de vérité, lui qui passait une si grande partie de sa vie à sa table de travail. Il savait cependant sortir de chez lui et il a beaucoup voyagé. Il connaît la France sous tous ses aspects. Il a visité un grand nombre de ses villes. Il a fait des séjours fréquents chez ses amis en province. Il placera toujours ses héros ou ses héroïnes dans les lieux qu'il a visités. Il a parcouru la Suisse, l'Italie, l'Autriche, la Russie. Quant à son cher Paris, il le possède à merveille, allant souvent à la découverte des vieilles rues, des vieux quartiers.

Quand il s'arrache à son labeur pour se mêler au monde, ses yeux, ses oreilles, tous ses sens sont en mouvement. Il a le coup d'œil sûr, l'observation rapide, une mémoire prodigieuse. Il ressuscite les choses vues et son imagination créatrice donne la vie à une multitude de personnages. Il nous fait d'abord le portrait de ceux-ci au physique ; entre dans les plus minutieux détails en décrivant les lieux qui leur servent de cadre. Il tient à donner à ses lecteurs les impressions du vécu.

Il faut, écrit-il à Mme Hanska, à propos d'une description de bataille qu'il se propose de faire, « il faut que, dans son fauteuil, un homme froid voie la campagne, les accidents de terrain, les masses d'hommes, les événements stratégiques, le Danube, les ponts ; admire les détails et l'ensemble de cette lutte, entende l'artillerie, s'intéresse à ces mouvements d'échiquier, voie tout, sente, dans chaque articulation de ce grand corps, Napoléon, que je ne montrerai pas, ou que je laisserai voir, le soir traversant, dans une barque, le Danube !... Des canons, des chevaux, deux armées, des uniformes... Vous lirez à travers la fumée et le livre fermé, vous devez avoir tout vu intuitivement, et vous rappeler la bataille comme si vous y aviez assisté ». (Lettres inédites de Balzac à Mme Hanska, Revue de Paris, 1er février 1894.)

Tel est le résultat que Balzac veut obtenir. Il a fait défiler devant nos yeux une série de personnages qu'il a disséqués, analysés, mais il a mis aussi beaucoup de lui-même dans son œuvre. On pourrait citer un grand nombre de romans où les circonstances heureuses ou douloureuses de son existence apparaissent nettement.

Le grand écrivain a fait aussi appel à des événements connus, à des faits historiques. II les transforme, c'est vrai, au gré de son imagination ; mais il fond si bien ensemble tous ces éléments, qu'on distingue avec peine les personnages fictifs des personnages historiques.

L'auteur de La Comédie humaine a laissé un prodigieux tableau de l'humanité. Son génie le met à la hauteur de Shakespeare et de Molière. Venu à une époque où le romantisme battait son plein, il lui est resté quelque chose de l'ambiance dans laquelle il a été élevé. Il est romanesque. Une partie de son œuvre appartient, comme on l'a dit, « au bas romantisme par les invraisemblances ou insipides fictions ». Mais son esprit observateur l'a ramené au réalisme et à l'ambition de nous montrer des êtres bien vivants.

Balzac aime à peindre les âmes vulgaires, les mœurs populaires, les vices de l'humanité, et là il réussit admirablement

Mais son imagination a ses écarts. Elle a fait dévier cette faculté si rare de voir juste ; de pénétrer l'âme humaine, elle l'a entraîné, souvent malgré lui, à côté du réalisme : il force les traits, il accentue la note, il charge trop le tableau. Le sens de la mesure lui a manqué.

Malgré ces défauts, Balzac reste bien le chef de l'école réaliste Ceux qui sont venus après lui, tout en gardant leur personnalité, procèdent de lui. Son influence littéraire a été immense. Il a découvert la mine que tant d'autres ont exploitée après lui. V. Hugo, Flaubert, Alphonse Daudet, les Concourt, Zola, pour ne parler que de ceux-là, ne l'ont pas épuisée.

Balzac mourut chrétiennement à l'âge de cinquante et un ans, au moment où il espérait goûter un peu de repos. Il avait épousé Mme Hanska quelques mois auparavant.

 


              [ Home ]                [ Last update: See " What's New " page ]               [ up ]
Copyright 2011   All rights reserved - Tous droits réservés - Todos derechos reservados - Tutti i diritti riservati

 BELAIR DICTIONARIES - DICTIONNAIRES BELAIR - DICCIONARIOS BELAIR - DIZIONARIOS BELAIR

D.R. BELAIR

Scientific & Technical writer           url :    http://www.dr-belair.com           e-mail  :   webmaster@dr-belair.com