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POLITICO-ECONOMICS DICTIONARY

DICTIONNAIRE D'ÉCONOMIE POLITIQUE


LA DISETTE DES ANNÉES 1692 ET 1693

 

La disette des années 1692 et 1693

 

Colbert, par l'industrie et par le commerce, « source de la finance », s'était flatté d'enrichir assez le royaume pour que la charge des impôts y devînt moins lourde aux contribuables. Ici encore la politique de Louis XIV déjoua les calculs de Colbert et les contribuables furent très rapidement accablés par les impôts.

Non seulement il fallut augmenter tous les impôts existants, la taille, la gabelle et les aides, mais, à la fin du règne, au cours de la guerre de la ligue d'Augsbourgr, puis de la guerre de la succession d'Espagne, le roi, de plus en plus pressé d'argent en vint à créer de nouveaux impôts directs ; ce fut d'abord la capitation, impôt personnel établi d'après la condition sociale de chacun, puis l'impôt du dixième, prélevé sur tous les revenus, principalement le revenu des propriétés, terres et maisons.

Cette multiplication des impôts fit doubler les recettes : mais les dépenses avaient triplé. Dans les dernières années du règne de Louis XIV les recettes étaient chaque année inférieures aux dépenses de soixante-dix à quatre-vingts millions de livres. Pour combler ce déficit on eut recours, comme sous Mazarin, aux affaires extraordinaires, c'est-à-dire aux ventes d'offices inutiles et ridicules, et surtout aux emprunts. Quand Louis XIV mourut en 1715, la situation financière était plus lamentable encore qu'à son avènement. La dette montait à près de trois milliards ; les caisses de l'État étaient vides ; la France était acculée à la banqueroute.

Aussi la misère était devenue à peu près générale et atteignait la plus grande partie de la nation.

Selon le mot de Saint-Simon, on avait recherché l'argent « jusque dans les os des sujets » .

En 1709, on eut faim, même à Versailles, et l'on vit aux grilles du château les laquais du roi mendier.
La population tomba de dix-neuf millions à dix-sept ; une grande partie du royaume restait en friche. « On ne peut plus faire le service qu'en escroquant de tous côtés, écrivait Fénelon, c'est une vie de bohèmes et non pas de gens qui gouvernent. Il paraît une banqueroute universelle de la nation. » .

De cette banqueroute et de la misère de son peuple, Louis XIV, à la fin de sa vie, eut le sentiment qu'il était responsable, et il en eut le tardif repentir. La veille de sa mort, après avoir demandé pardon à ses courtisans « des mauvais exemples qu'il leur avait donnés » et leur avoir adressé ses adieux, il se fit amener celui qui allait être son successeur, le futur Louis XV, son arrière-petit-fils, un enfant de cinq ans : « Mon enfant, lui dit-il, vous allez être un grand roi ; ne m'imitez pas dans le goût que j'ai eu pour les bâtiments, ni dans celui que j'ai eu pour la guerre. Tâchez de soulager vos peuples, ce que je suis assez malheureux pour n'avoir pu faire. »

Quand ils connurent la mort de Louis XIV, ses peuples « tressaillirent de joie », et, dit Saint-Simon, rendirent « grâces à Dieu d'une délivrance » ardemment désirée.

 


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