BIOGRAPHIE DE CHARLES MAURICE DE TALLEYRAND
M. de Talleyrand (Charles-Maurice
de Talleyrand-Périgord), prince de Bénévent
Homme politique et diplomate français, né le 02 février 1754 à Paris,
était boiteux, et fut destiné à l'Église. Il fut fait évêque d'Autun
sous l'ancien régime dès l'âge de 26 ans, adopta les principes de la
révolution, se lia avec Mirabeau, célébra la messe au Champ-de-Mars sur l'autel
de la patrie le jour de la fédération (14 juillet 1790), admit la nouvelle
constitution du clergé, sacra les évêques assermentés, ce qui le fit excommunier
par le pape, fut envoyé à Londres par Louis XVI en 1792 pour assister l'ambassadeur
Chauvelin, reçut, en 1793, du cabinet de Saint-James l'ordre de s'éloigner,
se rendit alors en Amérique, où il se livra au négoce, ne revint en France
qu'en 1796, obtint du Directoire, avec l'appui de Mme de Staël, le ministère
des affaires étrangères, s'entendit avec Bonaparte à son retour d'Égypte
et au 18 brumaire ; négocia les traités de Lunéville, d'Amiens, de Presbourg,
de Tilsitt, prit, assure-t-on, une grande part à l'enlèvement du duc d'Enghien,
fut nommé grand-chambellan à l'avènement de l'empereur, et reçut en 1806 la
principauté de Bénévent.
Ayant désapprouvé la guerre d'Espagne, ou plutôt ayant conseillé l'alliance
anglaise, il fut privé du portefeuille des affaires étrangères (1807) ; bien
qu'il eut reçu en compens le titre de vice-grand-électeur, avec 500,000
fr. de traitement, il prit dès cette époque une part active aux intrigues
qui avaient pour but de renverser Napoléon et de ramener les Bourbons : il
fut nommé membre du gouvernement provisoire en 1814.
Il sut rendre l'empereur Alexandre favorable à la France, fut nommé par Louis
XVIII ministre des affaires étrangères, et assista brillament au congrès de
Vienne ; mais après les Cent-Jours, il devint suspect aux ultra-royalistes,
et se retira : il fut ainsi dispensé de signer la paix désastreuse de Paris.
Resté simple pair, il prit parti dans l'opposition, et ne fut pas étranger
à la révolution de 1830.
Louis-Philippe le nomma, dès son avènement, plénipotentiaire en Angleterre.
M. de Talleyrand réussit alors à réaliser cette alliance de l'Angleterre et
de la France qui avait été la pensée dominante de sa vie ; il signa aussi
le traité de la Quadruple-Alliance (l 834), et assista aux longues conférences
qui terminèrent les querelles de la Belgique et de la Hollande. Voyant alors
la paix assurée et son œuvre accomplie, il se retira des affaires.
M. de Talleyrand était sans contredit le premier diplomate de son temps
: à une grande habitude des affaires et à une extrême finesse il joignait
un très grand empire sur lui-même. Il avait beaucoup d'esprit et on lui prête
une foule de mots heureux. Il conserva ses facultés jusqu'à la fin.
On accuse Talleyrand de versatilité parce qu'il servit plusieurs gouvernements,
Napoléon Bonaparte aurait dit de lui « Tenez, vous êtes de la merde dans un
bas de soie ! » : il prétendait en cela ne servir que son pays. Comme prêtre,
il mérite les plus grands reproches ; il se maria, sans y avoir été autorisé
; cependant, il mourut chrétiennement
le 17 mai 1838 à Paris.
Il a laissé ses Mémoires en 5 vol.. M. Mignet a lu son éloge à l'Académie
des Sciences Morales.
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