BIOGRAPHIE DE L'ABBÉ SIÉYÈS
L'abbé Sieyès (Emmanuel-Joseph Sieyès), homme d'état et homme d'Église français
né le 3 mai 1748 à Fréjus (Var) et mort le 20 juin 1836 à Paris.
Chanoine de Tréguier (1775), il était vicaire-général de Chartres (nomination
en 1787), lorsque Louis XVI décréta la convocation des États-Généraux
; il fit paraître à cette occasion plusieurs brochures favorables aux idées
nouvelles, qui exercèrent une puissante influence sur l'opinion, et fut envoyé
aux États-Généraux par les électeurs de Paris. Il fut le rédacteur
du serment du Jeu de Paume (1789). La noblesse et le clergé refusant de se
joindre au tiers-état, il proposa aux représentants du peuple de passer outre
et de se constituer en assemblée nationale. Quoiqu'il jouît de beaucoup de
considération dans l'assemblée (il fut Président de l'Assemblée
Nationale Constituante du 08 juin au 21 juin 1790), son peu de facilité à
parler en public, et le nuage métaphysique qui obscurcissait ses pensées l'empêchèrent
d'exercer un grand ascendant. Un projet de constitution qu'il avait élaboré
ne fut pas même discuté. Lors de l'établissement de la nouvelle constitution
du clergé, les électeurs voulaient le nommer archevêque de Paris, mais
il n'accepta point ce titre.
Appelé à la Convention (1792) il fut du parti de la Plaine, vota la mort de
Louis XVI (mais sans prononcer ces mots qu'on a tant répété
: la mort, sans phrases) ; présenta un projet sur l'instruction publique,
qui fut rejeté ;
devint, après le 9 thermidor, membre du comité de Salut Public ( aux relations
extérieures du 5 mars au 3 juillet 1795 et à la diplomatie du 2 août
au 27 octobre 1795 ), et eut part aux négociations qui amenèrent le traité
de Bâle (1795).
Adversaire déclaré de la constitution de l'an III, il refusa une place dans
le Directoire lors de sa création, mais il entra au conseil des Cinq-Cents
dont il fut le président du 21 novembre 1797 au 20 décembre
1797 et où il fut très influent ; se déclara au 18 fructidor (5 septembre
1797) contre les directeurs Carnot et Barthélémy ; fut ambassadeur à Berlin
en 1798 et devint lui-même membre du Directoire (16 mai 1799), y fut l'antagoniste
de Barras, pressa le retour de Bonaparte qui était alors en Égypte,
s'unit à lui à son retour, eut une part essentielle à la révolution du 18
brumaire (9 novembre 1799), et fut nommé un des consuls provisoires du 10
novembre au 13 décembre 1799. Il partagea un moment le souverain pouvoir
avec Bonaparte, mais il ne tarda pas à être supplanté par son
tout-puissant collègue, et se retira. Il reçut en dédommagement le titre de
sénateur avec la belle terre de Crosne en 1800, et plus tard fut fait comte
de l'Empire en 1809.
Exilé à la Restauration il alla s'établir à
Bruxelles en 1815 (Loi du 12 janvier 1816 dite loi de " Clémence
royale " condamnant à la proscription les régicides), et n'en revint
qu'en 1830. Il entra en 1832 à l'Académie des sciences morales.
Siéyès fut peut-êre le plus grand politique de son époque
; il fit comprendre toute l'importance du Tiers-État ; prépara
ou amena plusieurs des mesures les plus importantes de la révolution
: la formation de l'Assemblée nationale, la déclaration des
droits de l'homme, la nouvelle division territoriale qui fit disparaître
la distinction des provinces et leurs privilèges ; il eut aussi la
plus grande part à la nouvelle constitution adoptée après
la journée du 18 brumaire.
En 1803 il succède à Jean-Sylvain Bailly (fauteuil 31) à
l'Académie Française d'où il sera exclu en 1816 pour
régicide, son successeur sera Trophime-Gérard de Lally-Tollendal nommé
par ordonnance royale.
On cite de lui plusieurs mots remarquables, entre autres celui par lequel
il condamnait les suppressions sans indemnités que décrétait
l'Assemblée Constituante : Ils veulent être libres et ne savent
pas être justes.
On a de Siéyès un grand nombre d'écrits politiques, pour
la plupart de circonstance ; le plus célèbre est la brochure qu'il
publia au commencement de 1789, sous ce titre : Qu'est-ce que le Tiers-État
? Tout. Qu'a-t-il été jusqu'ici Rien. Que demande-t-il ? Devenir
quelque chose.
L'Œuvre de Emmanuel-Joseph SIÉYÈS
- Préliminaires de la Constitution (1789)
- Quelques idées de constitutions applicables à la ville de Paris (1789)
- Reconnaissance et exposition des droits de l'homme et du citoyen (1789)
- Dire sur la question du veto royal (1789)
- Qu'est-ce que le Tiers-État ? (1789)
- Observations sur les biens ecclésiastiques (1789)
- Observations sur le rapport du comité de constitution (1789)
- Essai sur les privilèges (1789)
- Vues sur les moyens d'exécution dont les représentants de la France pourront
disposer (1789)
- Aperçu d'une nouvelle organisation de la police et de la justice en France
(1790)
- Projet d'un décret provisoire sur le clergé (1790)
- Projet de loi contre les délits qui peuvent se commettre par la voie de
l'impression (1790)
- Opinion sur le jury constitutionnaire (1795)
- Opinion sur la Constitution de 1795 (1795)
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