CONVENTION POUR LA PRÉVENTION ET LA RÉPRESSION
DU CRIME DE GÉNOCIDE
Approuvée et soumise à la signature et à la ratification ou à l'adhésion par
l'Assemblée générale dans sa résolution 260 A (III) du 9 décembre 1948.
Entrée en vigueur le 12 janvier 1951, conformément aux dispositions de l'article
XIII.
Les Parties contractantes,
Considérant que l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies,
par sa résolution 96 (I) en date du 11 décembre 1946, a déclaré que le génocide
est un crime du droit des gens, en contradiction avec l'esprit et les fins des
Nations Unies et que le monde civilisé condamne.
Reconnaissant qu'à toutes les périodes de l'histoire le génocide a infligé
de grandes pertes à l'humanité,
Convaincues que pour libérer l'humanité d'un fléau aussi odieux la coopération
internationale est nécessaire,
Conviennent de ce qui suit :
ARTICLE PREMIER
Les Parties contractantes confirment que le génocide, qu'il soit commis en temps
de paix ou en temps de guerre, est un crime du droit des gens, qu'elles s'engagent
à prévenir et à punir.
ARTICLE II
Dans la présente Convention, le génocide s'entend de l'un quelconque des actes
ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe
national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
a) Meurtre de membres du groupe;
b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner
sa destruction physique totale ou partielle;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.
ARTICLE III
Seront punis les actes suivants :
a) Le génocide;
b) L'entente en vue de commettre le génocide;
c) L'incitation directe et publique à commettre le génocide;
d) La tentative de génocide;
e) La complicité dans le génocide.
ARTICLE IV
Les personnes ayant commis le génocide ou l'un quelconque des autres actes
énumérés à l'article III seront punies, qu'elles soient des gouvernants, des fonctionnaires
ou des particuliers.
ARTICLE V
Les Parties contractantes s'engagent à prendre, conformément à leurs constitutions
respectives, les mesures législatives nécessaires pour assurer l'application des
dispositions de la présente Convention, et notamment à prévoir des sanctions pénales
efficaces frappant les personnes coupables de génocide ou de l'un quelconque des
autres actes énumérés à l'article III.
ARTICLE VI
Les personnes accusées de génocide ou de l'un quelconque des autres actes énumérés
à l'article III seront traduites devant les tribunaux compétents de l'État
sur le territoire duquel l'acte a été commis, ou devant la cour criminelle internationale
qui sera compétente à l'égard de celles des Parties contractantes qui en auront
reconnu la juridiction.
ARTICLE VII
Le génocide et les autres actes énumérés à l'article III ne seront pas considérés
comme des crimes politiques pour ce qui est de l'extradition.
Les Parties contractantes s'engagent en pareil cas à accorder l'extradition
conformément à leur législation et aux traités en vigueur.
ARTICLE VIII
Toute Partie contractante peut saisir les organes compétents de l'Organisation
des Nations Unies afin que ceux-ci prennent ,conformément à la Charte des Nations
Unies, les mesures qu'ils jugent appropriées pour la prévention et la répression
des actes de génocide ou de l'un quelconque des autres actes énumérés à l'article
III.
ARTICLE IX
Les différends entre les Parties contractantes relatifs à l'interprétation, l'application
ou l'exécution de la présente Convention, y compris ceux relatifs à la responsabilité
d'un État en matière de génocide ou de l'un quelconque des autres actes
énumérés à l'article III, seront soumis à la Cour internationale de Justice, à
la requête d'une partie au différend.
ARTICLE X
La présente Convention, dont les textes anglais, chinois, espagnol, français et
russe feront également foi, portera la date du 9 décembre 1948.
ARTICLE XI
La présente Convention sera ouverte jusqu'au 31 décembre 1949 à la signature au
nom de tout Membre de l'Organisation des Nations Unies et de tout État
non membre à qui l'Assemblée générale aura adressé une invitation à cet effet.
La présente Convention sera ratifiée et les instruments de ratification seront
déposés auprès du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies.
A partir du 1er janvier 1950, il pourra être adhéré à la présente Convention
au nom de tout Membre de l'Organisation des Nations Unies et de tout État
non membre qui aura reçu l'invitation susmentionnée.
Les instruments d'adhésion seront déposés auprès du Secrétaire général de l'Organisation
des Nations Unies.
ARTICLE XII
Toute Partie contractante pourra, à tout moment, par notification adressée au
Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, étendre l'application
de la présente Convention à tous les territoires ou à l'un quelconque des territoires
dont elle dirige les relations extérieures.
ARTICLE XIII
Dès le jour où les vingt premiers instruments de ratification ou d'adhésion auront
été déposés, le Secrétaire général en dressera procès-verbal. Il transmettra copie
de ce procès-verbal à tous les États Membres de l'Organisation des Nations
Unies et aux États non membres visés par l'article XI.
La présente Convention entrera en vigueur le quatre-vingt-dixième jour qui
suivra la date du dépôt du vingtième instrument de ratification ou d'adhésion.
Toute ratification ou adhésion effectuée ultérieurement à la dernière date
prendra effet le quatre-vingt-dixième jour qui suivra le dépôt de l'instrument
de ratification ou d'adhésion.
ARTICLE XIV
La présente Convention aura une durée de dix ans à partir de la date de son entrée
en vigueur.
Elle restera par la suite en vigueur pour une période de cinq ans, et ainsi
de suite, vis-à-vis des Parties contractantes qui ne l'auront pas dénoncée six
mois au moins avant l'expiration du terme.
La dénonciation se fera par notification écrite adressée au Secrétaire général
de l'Organisation des Nations Unies.
ARTICLE XV
Si, par suite de dénonciations, le nombre des parties à la présente Convention
se trouve ramené à moins de seize, la Convention cessera d'être en vigueur à partir
de la date à laquelle la dernière de ces dénonciations prendra effet.
ARTICLE XVI
Une demande de révision de la présente Convention pourra être formulée en tout
temps par toute Partie contractante, par voie de notification écrite adressée
au Secrétaire général.
L'Assemblée générale statuera sur les mesures à prendre, s'il y a lieu, au
sujet de cette demande.
ARTICLE XVII
Le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies notifiera ce qui suit
à tous les États Membres de l'Organisation et aux États non membres
visés par l'article XI :
a) Les signatures, ratifications et adhésions reçues en application de l'article
XI :
b) Les notifications reçues en application de l'article XII;
c) La date à laquelle la présente Convention entrera en vigueur, en application
de l'article XIII;
d) Les dénonciations reçues en application de l'article XIV;
e) L'abrogation de la Convention en application de l'article XV;
f) Les notifications reçues en application de l'article XVI.
ARTICLE XVIII
L'original de la présente Convention sera déposé aux archives de l'Organisation
des Nations Unies.
Une copie certifiée conforme sera adressée à tous les États Membres
de l'Organisation des Nations Unies et aux États non membres visés par
l'article XI.
ARTICLE XIX
La présente Convention sera enregistrée par le Secrétaire général de l'Organisation
des Nations Unies à la date de son entrée en vigueur.
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