Illustration de Jean-Baptiste Oudry
LES VOLEURS ET
L'ÂNE
Pour un Âne
enlevé deux Voleurs se battaient :
L'un voulait le garder ; l'autre le voulait vendre.
Tandis que coups de poing trottaient,
Et que nos champions songeaient à se défendre,
Arrive un troisième larron
Qui saisit maître Aliboron.
L'Âne, c'est quelquefois une pauvre province.
Les voleurs sont tel ou tel prince,
Comme le Transylvain, le Turc, et le Hongrois.
Au lieu de deux, j'en ai rencontré trois :
Il est assez de cette marchandise.
De nul d'eux n'est souvent la Province conquise :
Un quart Voleur survient, qui les accorde net
En se saisissant du Baudet.
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Illustration by Percy J. Billinghurst
THE THIEVES AND
THE ASS
Two thieves, pursuing
their profession,
Had of a donkey got possession,
Whereon a strife arose,
Which went from words to blows.
The question was, to sell, or not to sell;
But while our sturdy champions fought it well,
Another thief, who chanced to pass,
With ready wit rode off the ass.
This ass is, by interpretation,
Some province poor, or prostrate nation.
The thieves are princes this and that,
On spoils and plunder prone to fat,
As those of Austria, Turkey, Hungary.
Instead of two, I've quoted three :
Enough of such commodity.
These powers engaged in war all,
Some fourth thief stops the quarrel,
According all to one key,
By riding off the donkey
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