LA CIGALE ET LA
FOURMI
Illustration de Jean-Jacques Grandville (1803-1847)
La cigale, ayant
chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle
« Je vous paierai », lui dit-elle,
Avant l'oût , foi d'animal,
Intérêt et principal.
»
La fourmi n'est pas prêteuse ;
C'est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
Nuit et jour à tout
venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien : dansez maintenant. »
|
THE GRASSHOPPER
AND THE ANT
Illustration by Percy J. Billinghurst
Sang the summer away,
And found herself poor
By the winter's first roar.
Of meat or of bread,
Not a morsel she had !
So a-begging she
went,
To her neighbour the ant,
For the loan of some wheat,
Which would serve her to eat,
Till the season came round.
" I will pay you, " she saith,
" On an animal's faith,
Double weight in
the pound
Ere the harvest be bound. "
The ant is a friend
( And here she might mend )
Little given to lend.
" How spent you the summer? "
Quoth she, looking shame
At the borrowing dame.
" Night and
day to each comer
I sang, if you please. "
" You sang ! I'm at ease;
For 'tis plain at a glance,
Now, ma'am, you must dance. "
|