RECUEIL
DES
EXPRESSIONS
VICIEUSES
ET DES
ANGLICISMES
LES PLUS FRÉQUENTS.
PAR
JULES FABIEN GINGRAS
1861
Membre de la Société
Typographique de Québec.
Tel qu'il est, ce recueil est loin
de la perfection que l'on serait en droit d'exiger, s'il était sorti de mains
plus habiles ; mais il n'en est pas moins un acheminement vers une uvre
plus complète en ce genre, et le compilateur croit que tout de même il atteindra
le but qu'il se propose : attirer l'attention du public franco-canadien sur le
danger que court l'idiome franc en Canada, en lui démontrant jusqu'à quel point
il est déjà défiguré par les anglicismes et les termes corrompus qui s'y sont
introduits.
Ce but sera-t-il dépassé ? Ce modeste
travail porte-t-il en lui le germe de la réforme que tout patriote sincère doit
désirer ? Nous le souhaitons. Mais, pour que cette réforme salutaire se réalise,
il faut le concours actif de tous les amis de l'éducation, et de tous ceux qui
croient à la possibilité de conserver la langue française en ce pays. Ce concours
fera-t-il défaut ? A cette question nous n'hésitons pas à répondre négativement.
A notre avis, jamais Canadien d'origine française ne refusera de coopérer à une
uvre aussi patriotique, que celui qui en est le promoteur soit ou non un
artisan.
Entre les mains des instituteurs,
et comme aide-mémoire, ce recueil pourrait contribuer pour une bonne part au succès
de cette réforme, qui ne pourrait radicalement s'opérer pour le moment que parmi
les élèves de nos écoles françaises.
RECUEIL DES EXPRESSIONS VICIEUSES
ET DES ANGLICISMES LES PLUS FRÉQUENTS.
ALLÉGUÉ. Ce participe est
souvent transformé en substantif, et cela inutilement, vu que nous avons le mot
allégation .
ALLSPICE. Poivre de la Jamaïque.
AMARRER. Expression maritime
très répandue parmi les classes ouvrières, car, généralement elles disent amarrer
au lieu d'attacher des souliers,
une coiffure, etc. Nos écoles seules pourraient parvenir à faire disparaître cette
mauvaise expression, ainsi que beaucoup d'autres, en mettant leurs élèves en garde
contre elles.
AMENDEMENT. Faire une proposition,
une motion en amendement. Cette manière de dire est anglaise et incorrecte.
Pour être exact il faut dire : Faire une proposition, une motion par
voie ou sous forme
d'amendement.
ANGLIFIER. Verbe anglais
francisé. Le verbe français correspondant est angliciser
.
APPLICATION. Comme ce mot
a beaucoup d'acceptions, nous nous bornerons à démontrer dans quels cas on lui
prête, mais à tort, la même signification en français qu'en anglais. S'agit-il
de faire une demande, une requête, etc., presque invariablement l'on dit : j'ai
fait ou je vais faire application. En consultant le dictionnaire, l'on
se convaincra que l'on fausse l'acception de ce mot en l'employant ainsi.
APPOINTEMENT, APPOINTER. En
anglais, ces deux mots signifient Nomination à quelque emploi, mais dans notre
langue, appointements signifie Le salaire d'un employé, et appointer,
Donner des appointements. Ces deux mots sont très souvent employés dans leur signification
anglaise par nos hommes de profession ; c'est pourquoi nous les insérons ici,
tout en les priant d'éviter cette faute.
APPROPRIATION. Ce mot ne
désigne que l'action de s'approprier, d'accaparer une chose. C'est donc à tort
qu'on le voit figurer dans les documents et journaux publics, pour désigner une
somme d'argent affectée à quelque objet, ou un crédit voté par la législature
ou par des corporations. Pour être exact, il faut dire : vote d'argent,
vote d'un crédit, ou bien : somme affectée ou destinée à
quelque fin. La même faute se répète pour le verbe approprier, qui a une acception de plus que son substantif ; exemple : une somme
appropriée (c'est-à-dire proportionnée) aux besoins, aux circonstances.
Il y a donc barbarisme chaque fois qu'on lit ou qu'on entend dire qu'une somme
a été appropriée, au lieu de affectée, votée, appliquée
ou destinée à des travaux ou autres fins.
ARGENTS. C'est à tort que
nous écrivons souvent ce mot au pluriel, et cette erreur vient encore de l'anglais,
qui dit moneys, mot qui signifie deniers
ou espèces .
AVANCÉ. Nous faisons encore
erreur en employant substantivement ce participe. C'est faire une assertion
qu'il faut dire, et non faire un avancé.
BACHELIER. Par ce mot, l'on
désigne souvent, mais à tort, le garçon
ou le célibataire .
BADRER. C'est encore un mot
anglais francisé, et assurément il n'est pas un des moins ridicule, surtout lorsqu'on
dit : c'est badrant ! Nous avons les épithètes d'ennuyeux, de fatigant, voire même
de scieur, qui rendent
parfaitement l'idée de badrer ; pourquoi donc ne pas nous en servir ?
BAILLER. Vieux mot qui signifiait
Donner et qui n'est plus usité qu'au palais, et encore l'est-il rarement ; mais
dans nos campagnes il est encore d'un emploi journalier, bien qu'il soit difficile
de le reconnaître, tant il est aujourd'hui corrompu. Dans toutes leurs transactions,
nos paysans disent : je vous barerai tant pour telle chose, au lieu de
baillerai ou donnerai
. Les instituteurs seuls sont en mesure de corriger la génération qui grandit
de ce défaut.
BALLAST GROUND. Lieu de délestage.
BANDE DE MUSIQUE, BANDE MILITAIRE.
Désignations empruntées de l'anglais par nous, tandis que nous avons celles-ci,
qui valent beaucoup mieux : Corps de musiciens, Musique de régiment.
BANK. Banc
du pressier. Ce banc est surmonté d'un pupitre sur lequel on place le papier à
imprimer.
BARAUDER. Les ouvriers disent
souvent barauder au lieu de virer
ou tourner quelque chose
bout pour bout.
BARDA. Qui peut dire d'où
vient ce terme, dont les classes ouvrières, particulièrement les femmes, se servent
au lieu de ranger, nettoyer
ou faire le ménage ? La
disparition de ce mot barbare est grandement à désirer.
BARDEAU. Terme d'imprimerie
synonime de casseau. C'est une réserve, distribuée comme la casse, dans
laquelle on survide les sortes surabondantes. C'est ce que nos typographes appellent
la casse de fonte.
BARLEY. Rarement l'on désigne
ce grain par son nom français, et pourtant le mot orge
est bien connu. Peeled barley, orge émondé ; pearl barley, orge
perlé.
BARRE. Ici encore, nous avons
laissé s'introduire dans notre langage certaines acceptions que l'anglais seul
doit reconnaître à ce mot, erreur que nous allons relever en indiquant les deux
cas où nous avons à tort adopté ces acceptions. Le mot anglais bar, dans
le cas où il signifie banc des accusés, est adopté par tous nos avocats français, car toujours nous les entendons dire
: "le prisonnier à la barre. " Il est bon, toutefois, de remarquer le soin
qu'ils ont pris de le franciser, en écrivant barre au lieu de bar.
L'autre cas où barre est mal appliqué, c'est lorsque par lui nous
voulons désigner le comptoir
ou la buvette d'une auberge.
BARRÈNE. Jeu d'enfant qui
consiste en une manière d'échelle tracée avec de la craie, dans laquelle on marche
à cloche-pied, en poussant avec le pied une espèce de palet. Le nom français de
ce jeu est mérelle ou marelle
.
BARRER. Barrer une
porte peut se dire lorsque cette porte se ferme au moyen d'une barre ;
mais si elle se ferme à la clé, il sera plus logique de dire porte fermée
à clé que porte barrée.
BED. L'on appelle bed,
à Québec, le meuble qui sert à la fois de lit et de banc ; banc-lit
est le nom français de ce meuble.
BELT. Ceinturon
de cuir ou d'étoffe.
BILL OF LADING. Connaissement
. Ce mot est assez connu, mais nos marchands canadiens se servent de préférence
de l'anglais. Inutile d'ajouter qu'ils ont tort.
BITTERS. Pour bien des gens,
bitters et absinthe
sont deux choses tout-à-fait différentes, tandis qu'il n'y a de différence réelle
que dans les noms. Il n'est pas besoin de dire qu'absinthe
est le mot dont on devrait toujours se servir.
BITTERS (MIXED). Absinthe
composée.
BLANC. Mettre du blanc
se dit à tort au lieu de blanchir, qui signifie augmenter les interlignes, ainsi que cela se fait dans les pages
où il se trouve des titres, etc.
BLOQUER une lettre. C'est
la remplacer provisoirement par une autre de même épaisseur, afin de n'avoir pas
de remaniement à faire en la débloquant. C'est ce que, dans nos imprimeries françaises,
nous appelons virer.
BODKINS. Pointe
. Outil qui sert à lever soit une lettre, un mot ou une ligne dans la correction
de toute composition.
BOITE. Les avocats sont dans
une complète ignorance de la nomenclature de leur profession, ignorance à laquelle
ils suppléent en se servant, soit du mot anglais même, soit en le traduisant.
Toujours ils disent : la boîte des témoins, la boîte des jurés,
et pourtant, s'ils s'étaient donné la peine, ou plutôt l'agrément de lire le code
criminel français, ils sauraient aujourd'hui qu'au lieu de boîte il faut
dire : banc des témoins,
banc des jurés.
BOMBE. A Québec, l'on dit
presque toujours bombe au lieu de bouilloire, et pourtant, ce dernier mot désigne assurément mieux que le premier l'objet
dont il est question.
BOOME. Ce mot est employé
par nous, mais un peu francisé, car l'on dit bôme pour désigner une estacade
flottante ou barrage
en dedans duquel l'on tient du bois en flotte.
BOW-SAW. Scie
à chantourner . Les menuisiers et ébénistes désignent toujours cette
scie par son nom anglais.
BRACE. (
) Accolade.
BRACE (TO). Poser des bandages
de fer en dedans de l'avant d'un navire. C'est ce que les charpentiers appellent
à tort brécer.
BRAID. Bordures de robes
de femmes. Milleret est
le nom français de cette bordure, que nous appelons indifféremment braid
ou miret ; mais il est facile de voir que ce dernier mot est la corruption
de milleret .
BOUCHARDE. Outil d'acier
par le bas et fait en plusieurs pointes à diamant, à l'usage des tailleurs de
pierre et désigné par eux sous le nom de ciseau à dents ; mais ils se trompent
davantage lorsqu'ils appellent boucharde le marteau dentelé et brételé,
vu que laie est le véritable
nom de ce marteau.
BRANDY. Tout le monde sait
qu'eau-de-vie est le nom
français de ce spiritueux ; mais non content de le désigner par le nom anglais,
l'on dit encore : du pale, du dark brandy, et c'est là le comble
du ridicule, car si l'on veut du dark, il ne s'agit que de demander de
l'eau-de-vie colorée ; l'autre
qualité de cette boisson se désigne sans qualificatif.
BRASSER LES CARTES. C'est
battre les cartes qu'il
faut dire.
BRASS RULES. Lames
. Waved rules, Tremblés
: Space rules, filets systématiques
.
BREAST HOOK. Fortes pièces
de bois courbes que l'on applique en dedans de l'avant du vaisseau pour le lier
et le renforcer, pièces que l'on désigne en français sous le nom de guirlande
.
BRICKLAYER. Maçon
briqueteur .
BUTIN. Par ce mot, les classes
laborieuses désignent le linge
et tous les articles de vêtement. Si elles savaient que butin veut dire
objets volés ou tout ce
qui peut être pris à l'ennemi, nous pensons bien qu'elles cesseraient de le mal
appliquer ; mais sa mauvaise application ne disparaîtra qu'à la longue, et si
les instituteurs s'appliquent à corriger leurs élèves des expressions erronées
dont fourmille notre langage.
BUTT (TO). Les charpentiers
de navire disent botter au lieu de rogner
des pièces de bois. Ils appellent aussi botteur celui qui est chargé de
cette besogne. Nous ne saurions trop leur conseiller d'abandonner ces termes anglais
corrompus. Le bon sens et leur langage ne pourront qu'y gagner.
CAGE. L'on appelle ici cage
un radeau ou train de bois
. Inutile de dire que ces deux dernières désignations sont préférables à la première.
CALOTTE. S'emploie au lieu
de casquette, et bien à
tort, vu que calotte est un petit bonnet sans visière qui ne recouvre que
le dessus de la tête.
CAMBRIC. Sorte de tissu de
coton et dont percale est
le nom français.
CANTHOOK. Espèce de crochet
muni d'un manche et dont on se sert pour déplacer du gros bois, des plançons.
Renard est le nom français.
CARACTÈRES D'IMPRIMERIE
:
Dénominations Anglaises. |
Anciennes Dénominations Françaises.
|
Nouvelles Dénominations
Françaises.
Force de corps en points. |
Diamond, |
Diamant, |
3 |
points. |
Pearl, |
Perle, |
4 |
id. |
Agate, |
Parisienne ou sédanoise, |
5 |
id. |
Nonpareil, |
Nonpareille, |
6 |
id. |
Minion, |
Mignonne, |
7 |
id. |
Brevier, |
Petit texte, |
7½ |
id. |
Bourgeois, |
Gaillarde, |
8 |
id. |
Long primer, |
Petit romain, |
9 |
id. |
Small pica, |
Philosophie, |
10 |
id. |
Pica, |
Cicéro, |
11 |
id. |
English, |
Saint Augustin, |
12 13 |
id. |
Great primer, |
Gros texte, |
14 15 16 |
id. |
Paragon, |
Gros romain, |
18 |
id. |
Double small pica, |
Petit paragon, |
20 |
id. |
Real double pica, |
Gros paragon, |
22 |
id. |
Double english, |
Palestine, |
24 |
id. |
Double great primer, |
Petit canon, |
28 |
id. |
Double Paragon, |
Trismégiste, |
36 |
id. |
Canon, |
Gros canon, |
44 48 |
id. |
Five lines pica, |
Double canon, |
56 |
id. |
Four lines Paragon, |
Double trismégiste, |
72 |
id. |
Eight lines pica, |
Triple canon, |
88 |
id. |
Eight lines english, |
Grosse nonpareille, |
96 |
id. |
Nine lines pica, |
Moyenne de fonte, |
100 |
id. |
CASSEROLE. Ustensile de cuisine
; mais, par ce mot, nous voulons désigner, nous, le vase de fonte attaché au devant
d'un poële pour en recevoir les cendres qui s'en échappent. Inutile de dire
que nous nous trompons en nommant casserole ce vase, dont le véritable
nom est cendrier .
C'EST DE VALEUR ! Expression
souvent employée au lieu de c'est malheureux
!
CHAMPLURE. Trou pratiqué
au bas d'un tonneau ou baril, pour en faire écouler le contenu. C'est donc à tort
qu'on emploie ce mot pour celui de robinet
.
CHARGE. S'emploie dans ce
cas-ci, dans nos palais de justice : "La charge du juge au jury. " Pas
n'est besoin de dire que c'est là un barbarisme affreux que nos hommes de loi
pourraient éviter facilement. Si charge est parfois synonime de caricature,
ils deviennent certainement un sujet de charge lorsqu'ils se servent de
ce mot au lieu d'allocution
.
CHARGER. On charge,
on m'a chargé tant pour cette marchandise. Ces deux expressions sont anglaises.
Pour être exact, il faut dire : "On demande
tant, on m'a pris tant pour
cette marchandise. "
CHASSIS. L'on dit d'ordinaire
châssis au lieu de fenêtre
.
CHEQUE. Ce mot anglais est
tellement en usage parmi nous, et depuis si longtemps, qu'on le croit aujourd'hui
français. Pourtant, l'équivalent était facile à trouver dans notre langue, vu
que chèque, dans le sens qu'il est le plus généralement employé, veut dire
bon sur une banque.
CHEQUER. C'est encore un
verbe de création canadienne, et dont la classe marchande se sert dans les cas
suivants : chèquer un compte, un livre de comptes, et cela quoique la comptabilité
française ait déjà deux verbes analogues à son service : vérifier
ou contrôler un compte,
etc. Sur les chemins du fer et les bateaux à vapeur, les gardes-bagages disent
aussi chèquer ; mais, pour eux, cela signifie marquer
ou numéroter les colis qu'on
leur remet, et en échange desquels ils donnent des jetons
de cuivre numérotés (aussi appelés cheques en anglais), jetons que l'on
présente ensuite au terme du voyage pour ravoir les objets qu'on leur a confiés.
CHEVAL A CHEVAL. Se dit entre
joueurs lorsqu'ils ont gagné chacun une partie à un jeu quelconque, et qu'il s'agit
de jouer la partie décisive. Cette expression vient de l'anglais horse hand,
mais dans notre langue, manche à manche
est l'expression consacrée.
CIVILIEN. En parlant d'un
militaire, il arrive fréquemment d'entendre dire qu'il a assisté quelque part
en habit de civilien, mot qui n'est nullement français, et qui n'a pas
non plus cette acception en anglais. Habit bourgeois
sont les mots qui conviennent en pareil cas.
CLAIR, JE SUIS. Expression
imitée de l'anglais, I am clear, et qui s'emploie souvent, mais à tort,
pour indiquer que l'on a fini
une tâche, un travail, que l'on est sorti
victorieux d'une lutte ou d'une partie à un jeu quelconque. Clairer,
mot anglaise vicié, s'emploie aussi impérativement. Exemple : clairez le
chemin, clairez la maison, et cela à la place de ces expressions plus correctes
: livrez le chemin, videz
la maison, etc.
CLERC DE POLL (Poll Clerk).
Secrétaire d'élection
est le titre par lequel cet officier devrait être désigné.
CLINCHING. En terme de construction,
ce verbe signifie river
. Dans nos chantiers de navire, les ouvriers ont francisé ce mot, et ils disent
maintenant clincher au lieu de river
un boulon, une cheville. C'est là un malheur ; car, pour peu qu'ils continuent
ainsi à se servir de mots anglais, leur langage ne pourra bientôt plus être appelé
français, et une fois cet idiome perdu pour nous, sur quoi s'appuiera la nationalité
française en Canada, ce bien si cher à tous les Franco-canadiens ?
COMMISSIONED OFFICERS. Officiers
. Non-commissioned officers, sous-officiers
.
CONDENSED TYPES. Caractères
allongés.
CONSISTANT, INCONSISTANT. Être
consistant ou inconsistant à soi-même, à ses principes. Ce sont
là deux barbarismes souvent commis par les journaux français de ce pays. C'est
être conséquent ou inconséquent
qu'il faut dire.
CONTEMPLATION. Ce substantif
est souvent employé à tort et dans les cas suivants : L'objet en contemplation,
au lieu de l'objet en vue
; l'entreprise en contemplation, au lieu de l'entreprise projetée
.
CONTRACTEUR. Ce mot, qui
vient de l'anglais contractor, est aussi presque toujours employé de préférence
au mot français entrepreneur
.
COPIE, EXEMPLAIRE. Le premier
de ces mots signifie une expédition
ou un écrit fait d'après un autre écrit. C'est donc à tort que l'on dit copie
d'un livre ou d'un imprimé quelconque ; exemplaire
est le mot dont il faut se servir en ce cas.
COUVERTE. Se dit erronément
pour couverture de laine.
CRAB. Les charpentiers de
navire appellent ainsi un engin dont le nom français, chèvre, est bien connu.
CRÉATURE. On ne saurait trop
s'élever contre la signification que la classe ouvrière donne à ce mot, car toujours
par lui elle entend désigner les personnes du sexe. Il ne serait donc que juste
que chacun l'aidât à se corriger de cette faute, qui est trop grossière pour ne
pas jeter du ridicule tant sur elle que sur ceux qui la laissent se perpétuer.
CULLER. C'est par ce mot
qu'ils prononcent à la française, colleur que les mesureurs-inspecteurs
de bois désignent leur profession. Il en est même qui disent : j'ai collé,
pour j'ai inspecté du bois
; aussi, est-il impossible à une personne qui ne sait pas l'anglais de les comprendre.
Veulent-ils dire : j'ai livré
tant de pièces de bois pour un chargement, ils se servent de ces mots : J'ai chippé
tant de pièces de bois. Ils ne savent pas, assurément, que chipper veut
dire voler !
CUTS. Vignettes, attributions.
DASHES (ORNAMENTED). Filets
ornés .
DÉFRANCHISER. C'est le verbe
anglais, to disfranchise, qui a été ainsi francisé, quoique nous ayons
déjà en français le verbe désaffranchir, qui vaut certainement mieux.
DÉMANCHER. L'on dit souvent
: il s'est démanché le bras, la jambe, et il se l'est fait ramancher.
Pour être exact, il faut dire jambe démise, bras démis .
DÉPUTÉ. En français, ce substantif
est synonime d'envoyé, de représentant du peuple. On l'emploie donc à tort, et
cela fréquemment, dans ces cas-ci : député-shérif, député-adjudant,
député-greffier, désignations inexactes qui devraient être remplacées par
celles de sous-shérif, de
sous-adjudant et de greffier-adjoint
.
DISCOUNT. Le mot français
escompte est rarement employé.
En ce pays, les affaires commerciales se transigent presque toujours en anglais
; de là vient que ce mot et beaucoup d'autres sont ignorés de bien des marchands
et commis de notre origine. Ne feraient-ils pas bien de travailler à les connaître
?
DOUBLET. Doublon
. Lettre ou mot répété.
DRAFT. Soit dans les transactions
commerciales ou autres, le plus souvent on se sert de ce mot anglais au lieu de
traite . Nos charpentiers
disent aussi draft pour plan
de navire, et drafter au lieu de tracer
un plan de navire.
DUMMY. Se dit au jeu de whist
lorsqu'il manque un quatrième pour faire cette partie. Le jeu du manquant est
alors mis à découvert sur la table, et c'est ce qu'on appelle en français faire
la partie de whist avec un mort
.
ÉMANATION. En français, ce
mot est synonime d'exhalaison ; ce qui n'empêche pas nos hommes de loi
de l'employer toujours dans son acception anglaise, c'est pourquoi ils disent
: l'émanation d'un bref, d'une injonction, etc., au lieu de l'émission
d'un bref, etc.
EMBARQUER. Se dit souvent,
mais à tort, au lieu de monter
en voiture.
EMBELLE. Partie du corps
d'un navire comprise entre les deux gaillards ; cependant, nous disons fréquemment
: j'ai, j'aurai eu mon embelle de faire telle chose, et par cela nous entendons
l'occasion, la facilité
ou la chance de pouvoir
faire quelque chose. Il ne serait donc que juste de mettre en ce cas le mot embelle
de côté, attendu que le dictionnaire ne le reconnaît que comme terme de marine.
EM-RULE ( ). Moins
ou tiret, servant dans
le dialogue, etc. Two and three ems rule, deux et trois quadratins filets.
ENDICTMENT. Terme de droit
criminel anglais, et qui signifie acte
d'accusation . Mais le mot anglais paraît être employé de préférence
par nos hommes de loi. Seulement, à la manière dont ils le prononcent (indictement),
on est porté à le croire français.
ESPÉREZ, ESPÈRE. L'on dit
souvent espérez, espère, pour attendez, attends .
FANCY TYPE. Caractères de
fantaisie servant à orner et varier les titres.
FAT COMPOSITION. Composition
ouverte.
FILER. Nos avocats disent
filer un protêt, un rapport, une opposition. Il ne leur coûterait pourtant
pas plus de dire : transmettre, présenter ou produire
un rapport, etc.
FLOURISHES. Déliés, ou ornements calligraphiques.
FOOT LINE. Ligne
de pied, qu'on place au bas de chaque page, soit en cadrats ou en
lingots métalliques.
FORE-CASTLE. Terme de marine
anglais, presque toujours employé par nos navigateurs au lieu de gaillard
d'avant .
FOREMAN. Ce mot anglais est
généralement mêlé à notre langage, quoique les termes français équivalents soient
assez connus ; mais nous croyons tout de même devoir les donner ici : Foreman
of a jury, chef d'un
jury ; Foreman of a workshop or ship yard, contre-maître
d'un atelier ou d'un chantier de navire ; Foreman, dans une imprimerie,
Prote .
FRIAR. Moine
. C'est le défaut qui se manifeste au tirage lorsqu'une partie de la forme n'a
pas été touchée.
FULL FACE. Caractères à l'il
gras.
FURNITURE. Garniture
. Ce mot comprend tous les bois qui entrent dans l'intérieur d'une forme, tels
que les fonds et les têtières ; les réglettes, les biseaux et les coins sont les
accessoires qui l'entourent.
GAGN. Ce mot est fréquemment
employé dans notre langage. Exemple : Nous étions une gagn, une bonne gagn
d'amis. C'est un nombre, un bon nombre d'amis qu'il
faudrait dire. Gagn of saws, Jeu
de scies ; mais le mot gagn prévaut aussi dans le langage des
travailleurs des moulins à scies.
GANGWAY. Passerelle
est le nom français donné à cette planche que l'on glisse d'un quai pour en laisser
retomber le bout sur un bateau ou navire, afin de faciliter l'embarquement ou
le débarquement.
GALLEY. Petite chambre sur
l'avant d'un navire et qui sert de cuisine. Coqueron
est le nom français.
GATERS. Quoique connus, les
noms français de guêtres
et de bottines à guêtre
sont souvent remplacés par le mot anglais gaters.
GILET et VESTE. Nous devons
à la langue anglaise de ne pas désigner par leur propre nom ces deux vêtements.
Le gilet est sans manches
et se porte sous le surtout ou l'habit. La veste
qui se porte ici est à manches et sans basques. En un mot, la veste
est ce que nous appelons le gilet.
GIN. Genièvre
.
GRÉER. C'est là un terme
de marine qui est souvent mal à propos dans la bouche de tout le monde. C'est
à qui dira une maison, une chambre bien gréée, pour une maison une chambre
bien meublée . L'on est
autant répréhensible de mal appliquer un mot, une définition, que pourrait l'être
un badigeonneur de peinturer en noir là où le bon sens et le goût exigent le blanc.
GROCEUR, GROCERIES. Malgré
que tout le monde sache qu'épicier
et épiceries sont les mots
dont il faudrait se servir de préférence, cela n'empêche pas que les premiers
soient le plus communément employés.
GUIMBARDE. Petit instrument
à languette d'acier, que par corruption nous appelons bombarde.
HABITANT, HABITANTE. Nom
par lequel nos classes ouvrières désignent les paysans ou habitants des campagnes.
C'est aux institutions scolaires à corriger les enfants de la fausse acception
donnée à ces substantifs.
HAIR LINE TYPE. Caractères
effilés.
HAND LEATHER. Manique
. Morceau de cuir dont le cordonnier, le sellier, etc., s'entourent la paume
et le dessus de la main pour que le fil ciré ne les blesse pas lorsqu'ils serrent
avec force les coutures.
HAWSE PIPES. Trous par où
passent les chaînes des ancres d'un navire. Écubiers
est le nom français.
HOGGED. Les charpentiers
de navire disent qu'un vaisseau est hoggué au lieu de arqué, ce qui arrive lorsqu'il a heurté une roche vers le milieu de sa quille.
HYDRANTS. Bornes-fontaines
. C'est le nom par lequel sont désignés les robinets d'un aqueduc placés aux coins
des rues.
INCORPORATION, INCORPORER. En
français, ces deux mots no désignent que l'action de réunir. Exemple : incorporer
un peuple à un autre peuple ; incorporer une compagnie dans un régiment,
etc. L'on fait par conséquent erreur lorsqu'on les emploie pour désigner l'existence
légale d'une compagnie, corporation ou association quelconque, comme dans les
cas suivants : compagnie incorporée ; acte d'incorporation. Ces
deux fausses désignations sont le fait d'un mauvaise traduction des mots anglais
Incorporated Company ; Incorporation act, et qui, en bon français,
veulent dire : Compagnie constituée
en corporation ; acte constitutif
.
INSERTION ou TREMEN. C'est
par ces deux mots anglais que le marchand et les acheteuses désignent toujours
le fond de dentelle appelée en français entre-deux
.
INSTALMENT. Ce mot anglais
est aussi fréquemment employé par nous, car nous disons paiements par instalments
au lieu de paiements à termes
. Instalment signifie aussi versement
.
INTRODUIRE. Il arrive souvent
que l'on dise introduire, introduction au lieu de présenter, présentation . Exemple
: Introduire une personne à quelqu'un. C'est présenter, présentation dont il faut
se servir en ce cas ; mais si l'on veut parler d'une personne étrangère que l'on
a conduite dans une famille, c'est alors qu'il convient d'employer les mots introduction
et introduire .
JOB. Ce mot signifie entreprise
ou tâche, selon le cas.
Il serait donc plus logique de dire : J'ai une tâche
à remplir, j'ai entrepris
un ouvrage ou des travaux, au lieu de : j'ai une job, etc.
JOBS. Bilboquets
. Ce nom se donne aux plus légers des ouvrages de ville, tels que têtes de lettres,
cartes d'adresse, billets de faire part, factures, etc.
JOB CHASE. Ramette
. Châssis sans barre, servant aux ouvrages de ville, comme pour les placards,
tableaux, cartes, etc.
JIB, FLYING JIB. En français,
les termes de marine sont peu connus en Canada, même des navigateurs, car ils
disent jib au lieu de foc, et flying jib au lieu de foc
volant .
KID. Chevreau
. C'est donc à tort que nous disons Gants de Kid au lieu de Gants en peau
de chevreau .
LABEL. Les marchands et commis
disent le plus souvent labels lorsqu'il s'agit de mettre des étiquettes
à leurs marchandises.
LARBOARD, STARBOARD. Babord, côté gauche d'un navire, tribord, côté droit, sont les mots français correspondants ; mais ils paraissent inconnus
de nos navigateurs et charpentiers.
LARGE and SMALL FACE. Gros
il et petit il
. L'il de la lettre est le relief, c'est-à-dire l'extrémité saillante,
laquelle étant couverte d'encre, laisse son empreinte et forme ce qu'on appelle
l'impression.
LEADERS. Points
carrés ou de conduite (. . . . ) Ces points sont d'un fréquent usage,
entr'autres dans les ouvrages à colonnes ou dans les tables.
LEAD-CUTTER. Coupoir à interlignes.
Lead and brass rule cutter, bisautier
.
LEADS. Interlignes
. Ce sont des lames de fonte dont le principal emploi est de séparer les lignes
entre elles, ainsi que ce nom le fait comprendre.
LECTURE. En anglais, ce mot
signifie essai, discours
écrit ; mais en ce cas comme en bien d'autres, nous avons adopté le mot anglais
pour laisser de côté celui de notre langue, qui est pourtant bien plus expressif.
Il en est résulté que nous disons aujourd'hui : donner une lecture (to
give a lecture) au lieu de lire
un discours ou un essai
. Il est facile de voir que nous avons perdu au change, tant sous le rapport de
l'exactitude que sous celui du bon sens.
LOCK (TO). Serrer
une forme. C'est à tort que dans nos imprimeries canadiennes l'on dit loquer
au lieu de serrer, et déloquer
à la place de desserrer
une forme.
LOCKERS. Espèce d'armoires
dans les embarcations. Nos navigateurs ou bateliers paraissent ignorer le nom
français correspondant, équipets
.
LOCK-SAW. Petite scie dont
passe-partout est le nom
français.
LONG-STICK. Bisaigle
ou Bisaigue . Outil de bois
qui sert aux cordonniers à lisser ou polir le devant des semelles de souliers.
LUNCH. L'on dit même luncher.
Quand on prend du galon on n'en saurait trop prendre ; c'est pourquoi, non contents
d'avoir fait la folie d'emprunter le mot lunch, nous en avons aussi fait
un verbe, et cela tandis que nous avions déjà goûter, collation et collationner, qui veulent dire la même chose.
LYE TROUGH. Baquet dans lequel
on couche les formes pour les laver.
M-QUADRAT. Cadratin.
MACE. Macis
. Ecorce intérieure de la noix muscade et dont on se sert comme épice.
MAHOGANY. Acajou
. Il est rare que nos ouvriers ne désignent pas ce bois par son nom anglais.
MAIN (
). La main a pour objet
de fixer l'attention sur des notes ou remarques en têtes desquelles elle est placée.
C'est à tort qu'elle est appelée index dans nos imprimeries.
MENOTTES. Lien avec lequel
on attache des prisonniers. C'est donc à tort que les personnes du sexe désignent
par ce terme la mitaine
de soie qui ne recouvre que la moitié de la main.
MESS, OFFICERS'. Ordinaire
des officiers militaires.
MIS-DEAL. Expression anglaise
généralement employée au jeu de cartes. On dit en français : Cartes
mal données .
MONEY ORDER. Mandat
d'articles d'argent ou mandat
sur la poste. Money order offices, Bureaux d'expédition d'argent.
MONTER EN HAUT. Locution
des plus vicieuses et qu'accompagne toujours sa sur : descendre en bas.
Il serait sage de s'en corriger en les remplaçant par celles-ci : aller
là haut, aller en bas
.
MOP. Se dit au lieu de Balai
de matelot, et aussi pour houppe
à poudrer .
MOTEUR. Ne s'emploie en français
que comme terme de mécanique ; mais nos hommes de loi, nos législateurs, lui ont
donné bien entendu sans en avoir le droit une acception de plus,
comme cela a lieu pour le mot anglais mover, car, par lui, ils veulent
toujours désigner celui qui fait une proposition ou motion dans un corps délibérant.
En pareil cas, the mover signifie l'auteur
d'une proposition ou motion.
MOUILLER. Se dit presque
toujours au lieu de pleuvoir
.
MOUVER. Les pilotes lamaneurs
disent mouver au lieu de changer
un navire de place.
N-QUADRAT. Demi-cadratin.
NET. Résille
. Espèce de filet ou de réseau qui enveloppe les cheveux. Net, tulle
; fancy net, tulle-fantaisie
.
NICK. Cran
. C'est une marque que porte la lettre pour indiquer au compositeur le sens dans
lequel il doit la tourner quand il la place dans le composteur.
OFFICE. Ce mot, qui est d'un
usage fréquent dans les deux langues, est généralement mal appliqué par nous.
Exemple : l'office d'un notaire, d'un avocat, d'un médecin, tandis que
l'on devrait dire : l'étude
d'un notaire, le bureau
d'un avocat, l'officine
d'un médecin. Pour désigner leur imprimerie, les typographes canadiens disent
souvent l'office, au lieu de l'atelier. Dans certain cas, le mot anglais
office signifie ministère
; alors on se trompe grandement de lui donner en français le mot bureau
pour équivalent, et c'est cependant ce qui se voit tous les jours, car on dit
: bureau du secrétaire provincial pour désigner le secrétariat
provincial ; bureau des terres de la couronne, au lieu de ministère
des terres, et ainsi de suite pour tous les départements qui ont pour chef un
conseiller d'état.
OFFICIER-RAPPORTEUR. En France,
l'officier ainsi désigné est un juge d'instruction devant un conseil de guerre
ou de discipline. Ce titre injudicieux, qui figure dans toutes nos lois électorales
et qui est la traduction mot à mot de Returning Officer, devrait être remplacé
par celui de président d'élection
.
OGEE. Les menuisiers paraissent
ignorer le mot français ogive, car ils désignent toujours sous le nom d'ogee la moulure
ogivale et même l'outil de cette moulure.
ORIGINER. Ce verbe n'existe
pas dans notre langue ; mais à force de singer l'anglais en tout, l'on a fini
par dire comme lui : telle chose a originé ici ou là. L'emprunt de ce verbe
serait justifiable si nous n'avions pas en français d'équivalent, mais il est
très facile de rendre l'idée de ce mot en disant : telle chose a eu
lieu, telle chose s'est
passée ici ou là.
OUT. Bourdon
. Lettre ou mot d'omis.
OVERHAUL (TO). Signifie d'abord
larguer ou lâcher
une amarre, et en second lieu, examiner
un compte, etc., mais il arrive souvent que dans ce dernier cas ce verbe anglais
est francisé par les charpentiers et constructeurs de navire, car ils disent généralement
overhaler un bâtiment, etc., au lieu d'examiner
.
PALETTE. L'on dit ici palette
au lieu de visière de shako
ou de casquette.
PANTRY. Sur un navire, pantry
signifie soute aux provisions,
et dans une maison la défense, c'est à dire le lieu où l'on met toutes les provisions de table.
PARAGRAPHE (§). Ce signe
sert de titre dans une classe de subdivisions. C'est dans les ouvrages scientifiques,
et notamment dans les matières de jurisprudence qu'on l'emploie le plus ordinairement.
C'est donc à tort que l'on dit souvent paragraphe pour alinéa
.
PAR ARGENT. Traduction littérale
de by cash. Dans la tenue des comptes, cette locution vicieuse devrait
être remplacée par le simple mot argent
ou espèces .
PARAPEL. Corruption de parapet,
qui signifie élévation en terre ou en maçonnerie, qui couronne la partie supérieure
d'un rampart. Nous avons donc deux fois tort de dire parapel pour trottoir, chemin réservé aux piétons.
PAYER. Payer une
visite, payer des compliments. C'est la traduction littérale des locutions
anglaises to pay a visit, to pay compliments. C'est rendre
une visite, et faire des
compliments qu'il faut dire.
PEG-AWL. Les cordonniers
désignent par ce mot anglais le perçoir dont ils se servent lorsqu'ils font des
chaussures à la cheville. Broche
est le nom français de cet outil.
PEPPERMINT. Menthe
poivrée est le nom français de cette plante ou de l'essence qu'on en
extrait.
PEPPERMINT LOZENGES. Pastilles
de menthe.
PIE. Pâté
. On appelle ainsi un mélange de lettres ou de caractères brouillés ensemble,
soit par accident, soit par négligence.
PLANER. Taquoir
. Morceau de bois avec lequel on applanit les formes dans les imprimeries.
PIGEON-HOLE. Sorte de jeu
de bagatelle inventé en Amérique et qui n'a pas encore de nom français, mais que
l'on pourrait fort bien désigner par celui de colombier
.
PILOTE BRANCHÉ. C'est là
une traduction de branch pilot qui peut à bon droit prendre rang parmi
les plus grosses âneries. Pilote lamaneur
est le nom par lequel devrait être désigné le marin reçu et commissionné, après
des études spéciales, pour entrer dans notre fleuve et en sortir toute espèce
de bâtiments.
PLASTER. L'on désigne rarement
en français cette toile gommée qui sert à panser les blessures. C'est toujours
plasteur que l'on dit au lieu d'emplâtre
.
PLASTERER. Plâtrier
. Il est rare que nos ouvriers ne disent pas plasterer au lieu de plâtrier
.
PLUG (TO). Taponner
. Terme de construction navale. Ce verbe signifie recouvrir les têtes de clou
du pont d'un navire au moyen de petits tapons de bois. Les charpentiers paraissent
ignorer le verbe et le substantif correspondants de to plug et de plug,
car ils disent ploguer au lieu de taponner
un pont de navire, et plug au lieu de tapon
.
POCHE, EMPOCHER. Au jeu de
billard, l'on imite l'anglais quand l'on dit poche au lieu de blouse, et empocher au lieu de blouser
une bille.
POIGNÉE, BOUTON de PORTE. L'on
ne se sert toujours que du mot poignée, et pourtant, lorsqu'une poignée
de porte est ronde, il serait plus exact de dire bouton
.
POST-OFFICE. Poste
ou poste aux lettres .
PRESENT. Il s'agit ici de
la suscription d'une lettre, d'un billet à faire remettre à sa destination par
une autre voie que la poste, et sur l'adresse desquels il n'est pas besoin d'écrire
le nom de la ville, attendu que l'envoyeur et le destinataire sont du même lieu.
En pareil cas, c'est toujours le mot anglais present, que l'on voit figurer.
Il serait donc juste, puisque ce genre d'adresse est aussi français, de nous servir
des mots en ville pour cette
suscription, dont nous donnons ici l'exemple :
A Monsieur,
Monsieur
En ville.
PROCÉDÉS. Se dit dans les
cas suivants : user de bons, de mauvais procédés
envers quelqu'un. Il est aussi synonime de recettes. C'est donc erronément
que l'on dit : les procédés d'une assemblée, d'une cour de justice, etc., ou bien encore, faire lecture des procédés d'une séance. Dans le premier
cas, il faut dire : les actes
d'une assemblée, d'une cour de justice, et dans le second, faire lecture du procès-verbal
d'une séance.
PUMPS, Escarpins. Souliers
à semelle mince et à oreilles. C'est la chaussure de bal.
PUNCH. C'est ainsi que les
menuisiers désignent souvent le repoussoir, instrument qui sert à chasser les clous plus loin que ne le peut faire le marteau.
PURSER. C'est tout bonnement
le comptable d'un bateau
ou navire à vapeur. Il serait donc plus raisonnable de se servir de ce mot de
préférence à purser.
PUTTY. Les plâtriers appellent
putty la préparation de chaux et de plâtre avec laquelle ils poussent les
moulures et les corniches. Potée
est le nom français de cette préparation.
QUALIFICATION, QUALIFIÉ, L'acception
de ces deux mots est fréquemment faussée. Par qualification, l'on entend
le droit d'éligibilité d'un
candidat à la représentation nationale ou municipale, droit qui, selon nos lois,
n'est acquis au candidat qu'à la condition d'être propriétaire d'un immeuble non
grevé et représentant une valeur spécifiée. Cette condition, c'est le cens
électif ; ainsi, au lieu de tel candidat n'est pas qualifié,
n'a pas la qualification requise, il sera bien plus logique de dire : tel
candidat est ou n'est pas éligible
. Le cas est à peu près le même à l'égard de l'électeur. Un homme est électeur
ou il ne l'est pas ; s'il est électeur, il n'y a aucune nécessité de dire, comme
le fait l'anglais : c'est un électeur qualifié. S'il n'est pas électeur,
s'il ne paie pas un cens assez élevé pour avoir le droit de voter aux élections,
et qu'il y vote, il est encore moins nécessaire de le qualifier d'électeur non
qualifié. Il est alors tout bonnement un faux
électeur.
QUART. L'on fait erreur en
se servant de ce mot au lieu de baril
.
QUERIR. Il y a bien longtemps
que ce verbe a été corrompu par les classes laborieuses, car aujourd'hui elles
ne cessent de dire : va le cri pour va quérir
ou va chercher quelqu'un.
Nos instituteurs seuls sont capables de faire disparaître un jour cette mauvaise
manière de prononcer ce verbe.
QUOTATION. Garniture
et lingots métalliques servant
à remplir les blancs.
RANK. Meuble d'imprimerie
dans et sur lequel on place les casses. Rang
est le nom français.
RAPPEL, RÉVOCATION. Il arrive
souvent que l'on prête à ces deux mots la même signification ; exemple : Rappel,
révocation d'une loi. Rappeler
une loi veut dire : faire revivre, remettre cette loi en
vigueur, tandis que révoquer
signifie annuler, abroger
.
RECORD. En anglais, ce mot
signifie registre, dossier, archives, pièces, etc., mais dans notre idiome, il n'est plus usité aujourd'hui. L'ancien droit
coutumier s'en servait, mais c'était dans des acceptions toutes différentes ;
c'est pourquoi les avocats et autres feraient bien de le laisser de côté, attendu
qu'ils ont à leur disposition les mots correspondants plus haut cités.
RÉFÉRER. Ce verbe s'emploie
dans le sens de faire rapport, de rapporter une chose
à une autre, et de s'en rapporter
à quelqu'un ou à un ouvrage pour décider sur quelque matière. Exemple : référer
à la chambre ; référer un
passage d'un livre à un autre passage ; en
référer à quelqu'un pour la décision de quelque chose. Mais l'on fait
un anglicisme lorsqu'on dit : je vous réfère à un tel ; je réfère
ou je référerai à ce livre, etc. Il serait donc sage de remplacer ces expressions
vicieuses par celles-ci : Je vous renvoie
à un tel ; je consulte ou
je consulterai ce livre.
RENARD. Les enfants disent
faire le renard lorsque, sans permission, ils manquent d'aller à l'école.
C'est aux maîtres à leur apprendre que faire l'école
buissonière est l'expression voulue en ce cas.
RENCONTRER. De la manière
dont ce verbe est employé dans ces cas-ci, il donne lieu à des barbarismes : rencontrer
les dépenses, le déficit, mots traduits littéralement de l'anglais : To meet
the expenses, the deficiency. C'est faire
face aux dépenses et combler
le déficit qu'il faut dire.
ROBRE ou ROBER. Ne se dit
qu'au jeu de whist. A tout autre jeu, c'est partie
liée ou double qu'il faut dire.
RULE. Filet, en cuivre ou en acier, dont le typographe se sert pour composer.
RUN OVER (TO). Remanier
est le mot dont on doit se servir au lieu de parcourir, qui est actuellement
en usage dans nos imprimeries.
SABOT. Boîte dans laquelle
on jette les lettres usées et destinées à être remises au creuset.
SALLE MUSICALE. C'est une
mauvaise traduction de Music Hall. Comme il n'est pas plus logique de dire
salle musicale que salle dansante, l'on sera certain d'être exact
en disant ou en écrivant salle de musique
.
SAMPLE. Presque toujours
nos marchands se servent de ce terme anglais, tout en en changeant la prononciation,
car ils disent un ou des simples. Nous croyons, cependant, qu'ils connaissent
le mot français échantillon
.
SAUCE-PAN. Poëlon
.
SAVONNETTE. Ici encore l'on
constate que ce mot est généralement mal appliqué. Savonnette est le morceau
de savon ordinairement parfumé et dont la mousse sert à enduire la partie du visage
que l'on veut raser, et pinceau à barbe
est l'objet avec lequel on applique cette mousse.
SCARFING. Mettre des pièces
de bois bout à bout et assembler leurs extrémités par le moyen d'entailles. C'est
ce que l'on appelle enter
; mais nos charpentiers de navire ont francisé le mot anglais, et ils disent aujourd'hui
scarfer une quille, etc. Il n'y a qu'à leur démontrer le tort qu'ils font
à la nationalité en se servant de mots anglais ainsi corrompus, et nous sommes
certains qu'ils reviendront bien vite aux dénominations françaises, leur patriotisme
reconnu en est pour nous un sûr garant.
SCRAPER. Les ébénistes et
menuisiers ne connaissent pas le nom français de cet outil, qui sert à racler
le bois ; aussi, disent-ils toujours un scraper au lieu d'un racloir
; scraper au lieu de racler
.
SCRIPT. Caractères
d'écritures . Telles sont la coulée, la bâtarde, la gothique,
la ronde, l'anglaise ou cursive, etc.
SET. Mot anglais qui s'applique
à mille choses et qui est presque passé dans notre langage. Pour éviter l'ambiguité,
nous allons indiquer en anglais les principaux cas où ce substantif est employé,
tout en faisant suivre de la traduction : Set of friends, cercle d'amis
; set of crockery, service de vaisselle ; set of studs, garniture
de boutons de chemise ; set of furniture, assortiment de meubles ; set
of tools, assortiment d'outils.
SHAPE. Ce sont les femmes
d'ouvriers qui emploient ce mot anglais pour désigner, soit une forme
de chapeau, la taille ou
la mine bonne ou mauvaise
d'une personne.
SHEERING. Nos marins disent
rarement qu'un navire a fait des embardées
. Ils ont au contraire francisé le verbe to sheer, et en disant, comme
ils le font aujourd'hui, qu'un vaisseau a pris une shire, qu'un vaisseau
shirait, au lieu de : prenait des embardées, ils ont certainement perdu
au change.
SHIFTING. Un chargement de
navire a shifté, disent les charpentiers et arrimeurs, et pourtant ils
savent tous que désarrimé
est le mot français.
SHIRTING. Calicot
ou Coton blanc.
SHOOTING-STICK. Décognoir
. Morceau de bois avec lequel on serre et desserre les formes dans les imprimeries.
SIDE-BOARD. Buffet
est le nom français de cette espèce d'armoire dans laquelle on enferme la vaisselle
et le linge de table.
SIDE and FOOT STICK. Grand
et petit biseaux. Ce sont les morceaux de bois à l'aide desquels on assujettit
des caractères dans un châssis.
SINK. Boîte ordinairement
foncée en plomb, avec un trou au milieu pour l'écoulement des eaux, et dans laquelle
se lave la vaisselle. Évier
est le nom français.
SKY LIGHT. Abat-jour
. Mais sur un navire sky light signifie écoutille
vitrée .
SLACK. Ce mot anglais est
passé dans le langage de tous nos ouvriers et marins, qui disent slaquer
au lieu de larguer une amarre
; donner du slack au lieu de donner du jeu
à une porte, à un tiroir, etc. Ils disent aussi : les temps sont slack
pour : les temps sont durs
.
SLICE GALLEY. Coulisse
est le terme français. La coulisse est une petite planche très mince au moyen
de laquelle on fait couler sur le marbre une page, un tableau, etc. Les coulisses
s'enchâssent dans des galées construites à cet effet.
SLIPPERS. Pantouffles
. Souliers à semelle mince, sans oreilles, et que l'on ne porte qu'à la maison.
SLUR (TO). Friser
ou papilloter . On dit d'un
tirage qu'il frise, lorsqu'il
manque de netteté, et lorsque l'impression se projette au-delà de l'il de
la lettre.
SMART. Ce mot anglais, qui
signifie badinage, est bien celui dont l'emploi peut jeter le plus de ridicule
sur nous, car il ne comporte pas le sens que nous lui donnons d'ordinaire. Lorsqu'on
dit : c'est un homme smart, toujours nous entendons la capacité, l'habileté,
la finesse ou l'esprit de la personne ainsi désignée ; pourquoi, alors, ne pas
dire de préférence : c'est un homme habile, capable, fin ou d'esprit !
SNACK. Mot anglais qui signifie
manger un morceau, et nous
disons aujourd'hui faire, donner un snack, au lieu de donner un
repas ou un régal
. Nous avons là une des mille preuves que nous tombons dans le ridicule chaque
fois que nous remplaçons par une expression étrangère un mot ou une locution de
notre langue.
SPARE BALL. Se dit au jeu
de quilles pour indiquer qu'en deux boules on les a renversées toutes, et qu'avec
la troisième qui reste, on peut encore faire des points en sus des dix déjà faits.
Spare ball peuvent en conséquence se traduire par boule
de réserve .
SPELL. J'ai donné une bonne
spell à cet ouvrage, disent bon nombre d'ouvriers ; mais ceux qui ne se
servent pas de cette locution anglaise emploient d'ordinaire celle-ci : J'ai donné
une bonne secousse à cet ouvrage. Inutile de dire que ces deux expressions
devraient être rejetées : la première parce qu'elle est anglaise, et l'autre parce
qu'elle signifie prendre son élan
pour mieux courir. J'ai bien, ou j'ai beaucoup avancé
tel ouvrage, ou toute autre expression analogue pourrait facilement les remplacer.
SPOKE-SHAVE. Outil de charron
et de menuisier d'invention allemande. Plane
allemande est le nom que les Français lui donnent.
SPOT. Au jeu de colombier
(Pigeon-hole), ce mot indique d'abord la place où l'on met la bille qui
sert de premier but ; en ce cas, c'est placer
le but qu'il faut dire ; mais lorsqu'il s'agit de tirer pour savoir
lequel des joueurs aura la main, le gagnant doit se servir de cette locution :
"A moi la main," au lieu
de : "A moi le spot. "
SPREE. Le dictionnaire anglais
ne reconnaît pas ce terme, que nous croyons appartenir à l'argot américain. Il
ne s'en est pas moins glissé dans notre langage, car nous entendons dire bien
souvent : Pierre ou Paul est en spree, au lieu de Pierre ou Paul fait
la noce .
STAMP. Bouche-trou
. Espèce d'étampe dont se servent les cordonniers pour cacher, en l'imprimant
sur une semelle, les trous qu'y ont fait les deux chevilles qui la tenaient appliquée
sur la forme.
STANDING GALLIES. Galées
dormantes, sur lesquelles on conserve les matières non à distribuer,
ainsi que les lignes de titre, blanc, filets, interlignes, etc.
STARTING. Ce verbe est fréquemment
employé par les charpentiers de navire, qui ont pris le soin de le franciser,
car il disent : On va starter tel ouvrage, au lieu de commencer
. Ils disent aussi : les écarts d'un bordage ont starté, pour : se sont
éloignés ou disjoints
.
STEWARD. Commis
des vivres d'un navire ou bateau à vapeur.
STEWPAN. Casserolle
.
STICK. Composteur
. Outil dans lequel le compositeur typographe place la lettre.
STOCK. Col-cravate
.
STRAP. Ce mot anglais est
très répandu, car toujours l'on s'en sert pour désigner une mentonnière
de casquette, des sous-pied, courroies, etc. C'est
aux instituteurs qu'appartient le devoir de réformer notre langage sous tous ces
rapporte. L'honneur de veiller à la conservation de la nationalité est là qui
les y invite.
STRING, HALF-STRING. Ces
deux mots se disent au jeu de quilles, et ils signifient, l'un la grande, et l'autre la petite partie
. La grande partie est de trente boules et la petite de quinze.
STUFF. Ce mot est souvent
employé au lieu du français étoffe
.
SWINGNER. Les arrimeurs désignent
par ce nom le travailleur qui leur amène pièce à pièce le bois près du navire
dont ils ont à faire le chargement. Flotteur
est le nom français qui correspond à swingner.
TEA-BOARD. Plateau
. Espèce de plat en tôle, en bois, etc., vernissé, dans lequel on sert le thé,
le café et les rafraîchissements.
TEA-POT. Ce mot anglais s'emploie
souvent au lieu de théière
.
TEN STRIKE. Se dit lorsque
d'une seule boule on a renversé les dix quilles. Coup
de dix rendraient parfaitement l'idée.
TICKET. L'on se sert quasi
toujours de ce mot, et pourtant, billet
est très bien connu.
TIRETTE. Morceau de fonte
qui se glisse sur la petite ouverture pratiquée dans la porte d'un poële
pour en diminuer la tire. C'est ce que nous appelons à tort la petite porte
d'un poële.
TOAST. Morceau de pain grillé.
Rôtie est le nom français.
TOW-LINE. Nos navigateurs
ne désignent qu'en anglais l'amarre qui sert à remorquer, et dont amarre
de touée est le nom français.
TOKEN. Terme d'imprimerie,
dont marque est le nom français.
Cette marque se fait lorsqu'on
trempe le papier qui doit être imprimé, et pour éviter un deuxième comptage, on
replie une feuille sur elle-même tous les deux cent cinquante feuilles.
TRANSQUESTIONNER. Ce verbe
n'existe pas dans notre langue, mais c'est par lui que l'on a cru rendre le mot
anglais to cross-examined. Si l'on s'était donné la peine de chercher un
peu, l'on aurait probablement trouvé le terme légal français de contre-interroger
lequel rend parfaitement l'idée de cross-examined.
TRIC-TRAC. Espèce de jeu
de cartes. Mais par lui nous désignons, à tort bien entendu, le moulinet de bois
dont on tire un son aigre et bruyant en l'agitant avec la main, et dont le véritable
nom est crécelle .
TROUSSEAU et LAYETTE. D'ordinaire
nous faussons la signification de trousseau, mot qui désigne le linge et
tout ce que l'on donne à une fille lorsqu'on la marie ou qu'elle se fait religieuse.
Mais lorsqu'il s'agit des vêtements et ustensiles nécessaires à un enfant qui
vient de naître, c'est le mot layette
dont il faut se servir au lieu de trousseau.
TRUE BILL. Terme de droit
criminel anglais. Ces mots sont quelquefois traduits par nos avocats français,
mais le plus souvent d'une manière inexacte. C'est par vrai bill ou accusation
fondée qu'ils rendent ce terme anglais, qui veut dire arrêt
de mise en accusation, arrêt que rend un grand jury lorsqu'il trouve
fondée la plainte soumise à sa décision. Ainsi, accusation fondée est loin
de rendre cette idée. L'accusation ne peut être reconnue fondée ou non qu'après
l'instruction du procès. La même erreur a lieu à l'égard de no bill, mots
qui, en français, signifient arrêt
de non-lieu, arrêt que rend un grand jury quand la plainte soumise
à sa décision ne fournit pas matière à procès.
TUMBLER. Le mot français
verre est bien connu, mais
tumbler, que l'on prononce tombleur, nous paraît être plus usité.
En ce cas comme en bien d'autres, c'est aux institutions scolaires qu'il incombe
de corriger les élèves de cette habitude de se servir de mots anglais inutilement.
TWEED. Étoffe
à pantalon .
TWO-LINE. Lettres de deux
points ; elles sont aussi appelées initiales
; on les nomme encore lettres montantes
.
VASISTAS. Vître d'une fenêtre,
que l'on peut ouvrir sans ouvrir la fenêtre. C'est ce qu'à tort nous appelons
guichet .
VIN de PORT. Vin
d'Oporto . Vin Sherry, vin
blanc ou de Xérès .
VOTEUR. Ce mot n'est pas
français. Votant est le
terme qui désigne celui qui vote aux élections ou dans un corps délibérant.
WARRANT. Ce mot est aussi
passé dans notre langage, et pourtant nous avons mandat
qui correspond parfaitement à ce terme. Exemple : Warrant of commitment,
mandat de dépôt ; Warrant
of arrest, mandat d'amener
; Search Warrant, mandat
de perquisition.
WATER-CLOSETS. Fosses anglaises.
WATER-LOGGED. Vaisseau qui
a fait eau.
WATER-POLICE. L'on désigne
ce corps sous le nom de police d'eau ou police riveraine, mais police
de rade le désigneraient bien mieux.
WETTING-TROUGH. Bassine
. C'est le réservoir de l'eau dont on se sort pour tremper le papier.
WINCH. Machine dont on se
sert pour élever de grosses pierres ou autres grands fardeaux, et dont grue
est le nom français.
WRENCH. Clef anglaise.
WRIT. Terme de droit anglais.
Ordonnance, ordre
. Writ of election, bref
d'élection.
|