LES EXCENTRICITÉS DU LANGAGE
PAR
ÉTIENNE LORÉDAN LARCHEY
1865
Par quatre fois, les bontés de la critique et les suffrages du lecteur ont
appris aux Excentricités du langage qu'elles répondaient non à un caprice, mais
à un besoin très-vif et très-particulier, que nous appellerons le besoin de savoir
ce qui se dit,
- par opposition au besoin de savoir ce qui doit se dire,
- le seul que nos lexiques satisfont généralement.
On ne saurait en effet négliger la connaissance de ce qui se dit.
- Non pas que nous en recommandions le moins du monde l'emploi ! non pas que nous
voulions porter la moindre atteinte au respect de la langue officielle ! Mais,
comme le disent si bien nos épigraphes, il est toujours bon de se rendre compte
des choses, ne serait-ce que pour les mille nécessités de la vie sociale, à Paris
même où un puriste peut se trouver exposé au risque de ne pas comprendre un certain
français. Puis, n'y a-t-il rien de plus à gagner dans ces études de langage ?
Ici encore, nos épigraphes sont là pour le prouver. Le néologisme peut être utile
en plusieurs cas. Montaigne le dit, et Montaigne a son poids. On ne saurait dédaigner
non plus les réflexions de Nodier, de Balzac, sans omettre celles de M. de Jouy,
qui n'était certes pas un révolutionnaire. D'ailleurs l'histoire n'est-elle pas
là pour nous empêcher de condamner à la légère des mots sans crédit aujourd'hui,
mais que leur fortune peut relever demain ? Ne nous montre-t-elle point Caillière,
l'auteur des Mots à la mode, signalant comme des intrus les adjectifs haineux,
respectable, désoeuvré ; le substantif impolitesse ! . .Ceci se passait dès 1693.
En 1726, l'abbé Desfontaine, dans son Dictionnaire néologique, condamnait à son
tour l'usage de détresse, scélératesse, naguères, encourageant, érudit, inattaquable,
entente, improbable, etc., etc.
Ne nous pressons donc point de proscrire, et considérons les Excentricités
du langage comme une réserve d'enfants perdus où notre armée régulière peut recruter
quelques auxiliaires utiles.
L'argot d'ailleurs est un langage essentiellement français. Il emprunte fort
peu à l'étranger, quoi qu'on en ait dit.
Comme beaucoup de patois provinciaux, il a conservé les traces de notre vieille
langue. Quant au reste, il ne l'a pas précisément inventé, il se l'est plutôt
approprié en modifiant selon ses besoins le parler usuel.
A l'appui de notre dire, voici des exemples purs ou peu altérés de mots anciens
Abadis, abéquer, agoniser, ambier, arche, arpion, arsouille, auber, bagou,
baudru, bécher, biture, blaiche, blavin, carle, copain, coyon, douille, cadenne.
esbrouffe, escarpe, esclot, estrangouiller, flouer, fouillouse, frime, gambiller,
lichard, ligote, mion, morfiller, abouler, baladeur, balochard, calége, dariole,
frusque, gayet, ginglard, gogo, harria, jaboter, jorne, maquiller, naze, niente,
pecune, envoyer pisser, paumer, rigoler, pimpion, tractis, frusque, tanner, tabar.
Les substitutions du nom de l'effet à celui de la cause, de la propriété à
l'objet, de la fonction à l'individu, sont excessivement nombreuses
Avaloir, attache, battant, bleu, bouffarde, bouillante, boulanger, cassante,
casse-gueule, chaude-lance, crampon, dur, éclairer, fauchant, fourchu, tortillard,
glissant, guinal, lance, marcheuse, mince, montant, cogne, curieux, babillard,
barbue, caillé, cercle, courbe, moricaud, montante, tirant, tape-dur, tire-jus,
tourne-autour, vole-au-vent, pousse-cailloux, toquante, pierreuse, tremblant,
trimar, trottin, trottante, frappart, rude, raide, serrante, tournante, trouée,
musicien, pétard, pitroux, nageoir, piquante, pique-en-terre, pleurant, pousse,
sonnette, raccourcir, rude, reluit, repoussant, roulant, torseur, tapecul, tombeur,
rond, cabe, combre, mirzale, calvin .
Plus nombreuses encore sont les analogies cherchées
. soit dans le monde animal
Aile, aspic, azor, anguille, anchois, barbillon, bélier, biche, bigorneau,
blaireau, boeuf, brème, buson, canard, caniche, castor, chameau, chat, cheval,
chèvre, chien, cigogne, cigale, cocote, corbeau, coucou, crapaud, daim, dindon,
patte, paturon, muffle, bec, cuir, crin, grenouille, grue, huìtre, lion, lapin,
merlan, morue, mouche, moucheron, mouton, ours, tigre, vautour, veau, vache, papillon,
poulet d'Inde, rat, serin, sardine, souricière, taupage
. Soit dans le monde végétal
Cantaloup, carotte, chiendent, chou, citron, clou de girofle, coloquinte,
cornichon, fenasse, feuille de choux, melon, navet, nèfle, ognon, orange, poire,
pomme, prune, gazon, sapin.
. Soit dans le monde matériel des objets servant à l'homme
Vermichel, raisiné, andouille, couenne, omelette, flan, fourchette, salière,
boudin, dragée, scie, pioche, tuyau do poêle, chanterelle, musette, guimbarde,
flageolet, trompette, tambour, guitare, violon, harpe, flûte, sifflet, grosse
caisse, quille, roues de devant et de derrière, fagot, filasse, fil de fer, ficelle,
tuile, poteau, échalas, espalier, cabriolet, capsule, compas, as de carreau, domino,
etc.
Après ces trois grandes classes d'archaïsmes, de substitutions et d'analogies,
nous distinguons une suite de petites divisions comprenant
Des abréviations
Achar, autor, aristo, bac, benef, delige, démoc-soc, champ, sigue, come, consomm,
flan, estom, from, jar, job, lansq, liquid, maq, occase, paf, pante, pede, poche,
réac, rata, sap, topo, typo, ultra, cipal, radis.
. Des diminutifs et des changements de syllabes finales
Baluchon, burlin, colas, criblage, hoteriot, tringlos, guichemar, épicemar,
paquecin, orphelin, papelard, piou, placarde, ramastiqueur, rigolboche, cabermont,
trèfle, trèpe, escrache, vioque, lanturlu, demistroc, alentoir.
. Des onomatopées
Bouis-bouis, breloque, couac, dig-dig, faffe, fauffe, flafla, flaquer, fric-frac,
frou-frou, frousse, plombe, toc, trac, branque, gilbocq, dégouliner, toquante.
. Quelques noms de lieux.
Dijonnier, elbeuf, lillois, lingre, lyonnaise, orléans, panama, soissonné
. Des jeux de mots
Auber, bisard, botte de neuf jours, castus, dix-huit, lait chrétien, coeur
sur carreau, cuirassier, culbute, fidibus, flanelle, cloporte, sanglier, thomas,
homelette, manette, monseigneur, mort, numéro cent, billet de parterre, salade,
pendu glacé, large des épaules, passer au 10e, tangente au point Q.
Des souvenirs historiques ou littéraires
Philistin, balthazar, laïus, putipharder, joseph, pallas, cupidon, cerbère,
sophie, romain, monaco, garibaldi, jésuite, sorbonne, bolivar, polichinelle, arlequin,
pierrot, carline, chauvin, mayeux, bertrand, macaire, antony, quasimodo, demi-monde,
camelia, robinson, calino, etc.
Les divisions que nous venons d'indiquer prouvent surabondamment qu'autour
d'un noyau d'anciens mots, dont les glossaires de Du Cange et de Roquefort nous
conservent la suite, se sont groupes non des mots nouveaux, mais des interprétions
nouvelles de mots déjà connus. Ce langage de convention, essentiellement imagé,
particulièrement pittoresque, s'est enrichi d'autant plus que l'exigeaient les
besoins de ses auteurs. Sous ce dernier rapport, il est même arrivé a un degré
de précision peu croyable.
S'agit-il de suivre tous les degrés de l'ébriété, remarquez la progression
parfaite qu'indiquent être bien, avoir sa pointe, être gai, être en train, parti,
lancé. Aucune de ces qualifications ne rentre dans l'autre. Chacune indique, dans
l'état, une nuance. De même pour l'homme légèrement ému, il sera tout à l'heure
attendri, il verra en dedans, et se tiendra des conversations mystérieuses. Cet
autre est éméché ; il aura certainement demain mal au cheveux. Pour dépeindre
les tons empourprés par lesquels passera cette trogne de Silène, vous n'avez que
la liberté du choix entre : teinté, allumé, poivre, pompette, ayant son coup de
soleil, son plumet, sa cocarde, se piquant ou se rougissant le nez.
De la figure passons à la marche. L'homme ivre .I quatre genres de port qui
sont tous également bien saisis. Ou il est raide comme la justice et laisse trop
voir par son attitude forcée combien il est obligé de commander à la matière ;
ou il a sa pente et croit toujours que le terrain va lui manquer ; ou il festonne,
brodant de zig-zag capricieux la ligne droite de son chemin ; ou il est dans les
brouillards, tâtonnant en plein soleil, comme s'il était perdu dans la brume.
Attendez dix minutes encore, laissez votre sujet descendre au dernier degré
de l'ivresse, et vous pourrez dire indifféremment : Il est plein, complet, rond,
humecté, pochard, il a sa culotte, son casque, son sac, son affaire, son compte.
Presque aussi riche est le vocabulaire des voies de fait, - une des conséquences
les plus ordinaires de l'ivresse. Plus riche encore serait celui du libertinage
s'il était permis de franchir des limites que nous avons serrées d'aussi près
que possible, usant du droit qui sauvegarde toute recherche sérieuse.
Voici quelques-unes, des phases les plus intéressantes de la batterie
Avec la peignée, on se prend aux cheveux, on se crêpe le chignon. On se croche
ensuite à bras-le-corps. La valse, la tournée et la danse sans violons, décrivent
les mouvements précipités de la lutte. Avec la dégelée, la brossée et la frottée,
on a l'épiderme bien échauffé ; il est endolori après une raclée. La rossée vous
sangle comme un cheval rétif ; la trempe et la rincée vous tordent comme du linge
à la lessive. Viennent la trépignée, la tripotée, la pile, le travail du casaquin
et vous voilà terrassé, à la merci d'un adversaire qui vous pétrit de coups. Encore
une seconde, et vous êtes un homme en compote ou démoli. Notez que contre tous
ces termes, la loi grammaticale n'en a pas un seul précis.
Et ce n'est point là seulement que nous retrouvons une variété significative
de synonymes. Prenons boule, ou balle, ou coloquinte, ou calebasse ! c'est la
tête ronde, rien de plus ! Avec binette et trombine, frime
et frimousse, il y a quelque chose de nouveau, nous voyons se dessiner la physionomie.
La sorbonne, la boussole désignent le cerveau qui conçoit, raisonne et dirige.
Le caisson a été fait tout exprès pour représenter le crâne éclatant à l'heure
du suicide ; la tronche, pour montrer la tête tombant sous le couteau de la guillotine.
De la tête passons à la jambe : grosse, c'est une quille, un poteau ; mince,
c'est une flûte, un échalas ; plus mince encore, c'est un fil de fer ; tremblante,
c'est un flageolet. Des jambes de danseur sont des gigues ou des gambilles ; celles
d'un piéton forment un compas.
Cette finesse, cette précision se retrouvent jusque dans les diverses manières
de dépenser son argent. L'avare se fend, le prodigue douille, la dupe casque,
l'homme qui veut imposer la confiance éclaire.
La mort elle-même semble vouloir prêter un verbe à chaque état. Le joueur
dévisse son billard, le chasseur graisse ses bottes, le bavard avale sa langue,
le fumeur casse sa pipe, l'apoplectique
claque, le troupier recoit son décompte, descend
la garde, passe l'arme à gauche ou
défile la parade, le pauvre perd une dernière fois
le goût du pain.
Nous avons dit que l'argot forgeait en réalité peu de mots ;
- ce sont des acceptions nouvelles qu'il invente de préférence. Tantôt il prend
le tout pour la partie, tantôt la partie pour le tout ; le plus souvent il donne
à un objet. le nom d'une autre chose qui n'a pas le moindre rapport, mais qui,
selon lui, rend mieux l'image de la chose dont on parle.
Ces sortes de travestissements sont beaucoup plus raisonnés qu'on ne se le
figure. Ainsi. pour n'en citer qu'un, toquante, ognon
ou cadran sont bien plus expressifs que montre. Toquante fait allusion au mouvement
de l'objet ; ognon, à sa forme, et cadran, à la figure tracée sur sa paroi.
Ces synonymes offrent l'avantage d'une allusion directe à la chose, ils se
gravent mieux dans la tête ? tandis que montre est, pour la mémoire des simples,
beaucoup plus énigmatique. Il en est ainsi de beaucoup d'autres mots qu'il serait
trop long de citer ici.
Mais il n'en faut pas déduire que l'idiome dont nous nous occupons soit facile
à posséder. Il fourmille, on l'a vu, de nuances dont la distinction demande un
certain acquit. C'est ainsi que blague a sept significations si nettement acceptées,
qu'on peut y voir tour à tour de la facilite oratoire, une conversation spirituelle
ou un mensonge. Chic présente autant de sens non moins contradictoires. Appliqué
au crayon d'un artiste, il est un brevet de banalité ou de distinction ; il ne
lui faut, pour cela, qu'être précédé ou d'avec ou de.
- Il fait tout avec chic est un éloge, il fait tout de chic est une critique très-sensible.
- Faire a de même six acceptions ; ficher, huit ; chien entre dans la composition
de neuf mots, et oeil dans la composition de douze. Chose peut signifier Dignité
ou Indignité ; paumer veut dire Prendre ou Perdre ; bachot s'applique indifféremment
à un examen, à un candidat, à une institution ; extra représente ou un plat, ou
un invité, ou un domestique.
Pour l'observateur, certains termes caractérisent tout un ordre d'idées, d'habitudes,
d'instincts.
Ce n'est qu'un malfaiteur qui a pu appeler le premier cafarde la lune voilée
et moucharde la lune brillante, qui encore a pu nommer coulant ou collier la cravate
avec laquelle il vous étranglera au besoin. Il a besoin de ses yeux. On le devine
en voyant qu'il les appelle ardents, reluits, clairs, quinquets et mirettes.
Que d'équivalents il a trouvé pour assassiner : faire suer, refroidir, démolir,
rebâtir, connir, terrer, chouriner, expédier, donner son compte, faire l'affaire,
capahuter, escarper.
Il semble n'avoir pas trop de verbes quand il s agit d'exprimer une fuite :
se la briser, se la casser, se pousser de l'air, s'esbigner, se cavaler, se la
couler, se cramper, lâcher, décarer, décaniller.
Et quels noms significatifs décernés aux agents chargés de réprimer ses méfaits
! Par balai, cogne, raclette, raille, pousse et grive, il paraît dire : Le gendarme
me balaie ou me cogne, la patrouille me racle, l'agent m'éraille ou me pousse,
le soldat me grève.
Par une exception bizarre, il a mêlé les idées de cuisine et de dénonciation.
L'homme qui le dénonce à la police est un cuisinier, un coqueur (coquus), une
casserole. S'il est arrêté, il dit qu'il est servi. Serait-ce que parce qu'il
se voit déjà flambé, fumé, frit, fricassé, rôti et brûlé par dame Justice, cette
terrible cuisinière ?
On a dû le voir avec nous, la fréquence des mots indique mieux que toutes
les statistiques morales la place tenue par certaines passions.
Niera-t-on que le peuple français soit susceptible d'enthousiasme en voyant
tous les synonymes qu'il a trouvé aux mots bons et
beau ?
- V. Chic, chicard, chicandard, chouette, bath, rup, chocnosof, snoboye, enlevé,
tapé, ça, superlifico, aux pommes, aux petits oignons, etc.
Et l'argent n'occupe-t-il pas dans le néologisme autant de place que dans
les transactions de ce bas monde ?
- Nerf, os, huile, beurre, graisse, douille, rond, cercle, bille, jaunet, roue
de devant et de derrière, braise, thune, médaille, face, monarque, carte, philippe,
métal, dale, pèze, pimpion, picaillon, noyaux, sonnette, cigale, quibus, quantum,
sic nomen, cuivre, mitraille, patard, vaisselle de poche, sine qua non ! etc.
Et l'eau-de-vie ! Combien de petits verres dans ces mots :
Trois-six, fil en quatre, dur, raide, rude, chenique, schnapps, eau d'aff, sacré
chien, goutte, camphre, raspail, jaune, tord-boyaux, casse-poitrine, consolation,
riquiqui !
Après la satisfaction des besoins matériels ou l'expression d'une gaîté railleuse,
les misères et les laideurs de cette vie sont largement représentés.
- On trouve vingt mots pour montrer un niais, une dupe ou un fripon, pas un pour
dire : Voici un honnête homme.
- La femme digne d'estime est inconnue ; celle qu'on affecte de mépriser se trouve
sous le coup d'un déluge d'injures.
- Enfin la somme des négations est énorme et il n'y a pas une seule affirmation
positive.
Et, chose étrange ! l'admiration même se trouve sur ce terrain raboteux tout
imprégnée de je ne sais quelle brutalité.
- Vous êtes fièrement brave, rudement bon,
- se disent avec la meilleure intention du monde. Un discours éloquent devient
un discours tapé ; une scène émouvante vous enlève, vous empoigne ; une belle
action épate le public On dit d'une oeuvre banale
Cela n'est pas méchant, cela ne mord pas. Le travailleur est un piocheur et le
zélé est un féroce.
En toute justice, cependant, on ne saurait traiter avec sévérité l'élément
populaire qui sert de base aux observations précédentes.
Comment le peuple se piquerait-il de délicatesse en son langage ? Le labeur
de chaque jour ne lui laisse apprécier que la satisfaction de ses gros appétits.
Aussi, ne nous étonnons pas en voyant ses néologistes s'exercer uniquement là-dessus.
Ces rudes chercheurs ont fait des mots accentués comme leurs ragoûts favoris et
faits pour traverser les palais plébéiens que n'effraient pas les fortes épices.
Si on veut donc bien ne pas se choquer de la rusticité de cette forme, l'étude
de cette langue fera découvrir, au degré le plus éminent, certaines qualités de
couleur.
Comme il est bien nommé brutal ce canon qui, après avoir grondé de sa grosse
voix, culbute tout sans dire gare !
Et béguin, cet amour terrestre qui vous isole au milieu de la vie mondaine
avec les extases du cénobite !
Combien les mots de richesse, de crédit et de fortune paraissent fades à coté
de cette annonce magique : Il a le sac !
- Il a le sac, c'est-à- dire ses écus sont là sous sa main ; d'un geste, il les
fera luire à vos yeux ces belles espèces sonnantes.
Il en est de même pour beaucoup d'autres qu'on trouvera sans effort en feuilletant
les pages suivantes.
Selon nous, il doit être aussi beaucoup pardonné aux licences du langage populaire,
en raison de la souffrance et de l'amertume profondément ironique que décèlent
bon nombre de ses termes. Ainsi la plèbe parisienne a trouvé un nom saisissant
pour désigner certains quartiers où la misère a fait élection de domicile ; elle
les appelle Quartiers souffrants.
Je me rappellerai toute ma vie du jour où j'entendis prononcer ce nom pour
la première fois : c'était en omnibus.
- Le conducteur, un gai compagnon, égayait de son mieux la monotonie du devoir
qui l'obligeait à décliner tout haut le nom de certaines rues.
- A l'instant où son véhicule quittait la sombre rue des Noyers pour traverser
la place Maubert, autour de laquelle rayonnaient alors vingt ruelles noirâtres
où grouillait la plus misérable population,
- voilà notre homme qui s'écrie : « Place Maubert, rue Saint-Victor, Panthéon
! Il n'y a personne pour le quartier souffrant ! », Et une pauvre vieille hâve,
déguenillée, se dressa péniblement et descendit à cet appel comme une justification
vivante de l'épithète.
Vous pouvez d'ailleurs leur prêcher la philosophie, à tous ces pauvres diables
; ils connaissent le mot, ils l'ont pris pour synonyme de Misère ; ils ont même
décoré leurs savates du titre de philosophes. Peut-on mieux montrer,
- je vous le demande,
- la théorie foulée aux pieds par la réalité ?
Les synonymes significatifs de dur, raide, tord-boyaux, casse-poitrine disent
assez comment les malheureux en sont venus à nommer consolation un verre d'eau-de-vie.
Ce n'est pas toujours la boisson en elle-même qu'ils recherchent, car ils en connaissent
les tristes effets, c'est un étourdissement momentané, c'est une consolation fictive.
Et la pipe, cet autre palliatif non moins populaire, y a-t-il une seule des
cent satires rimées ou non rimées faites depuis cinquante ans contre cet usage,
qui vaille tout le sens critique de ce seul mot : brûle- gueule ?
N'être pas méchant et avoir du vice sont également deux expressions cousines
qui valent un livre sur le moyen de parvenir.
- Vous voulez arriver, faites-vous craindre. Le naïf qui ne mord pas, qui n'est
pas méchant, reste sans valeur aux yeux du prochain.
- Avoir du vice, c'est être ingénieux. Si vous avez du vice, vous saurez exploiter
ceux des autres. C'est une garantie d'avenir.
Heureusement, l'usage de dire ça n'est pas drôle, en présence d'un grand malheur,
est là pour neutraliser le côté attristant du tableau que nous venons d'offrir.
Ça n'est pas drôle prouve que la vieille gaîté française est impérissable.
- Il n'y a de réellement fâcheux que ce qui ne peut lui offrir un côté plaisant
; et Dieu sait où elle ne vient pas à bout de le découvrir !
Voilà des considérations un peu décousues ; si elles n'aspirent pas au sérieux
d'une introduction philologique, elles suffiront pour faire apprécier au lecteur
et la logique secrète d'un langage qui en paraît fort dépourvu, et la difficulté
d'établir une nomenclature raisonnée de ce langage. Elles expliqueront pourquoi
cette édition présente, à l'exemple de ses aînées, des remaniements et des additions
considérables. C'est ainsi que nous avons été amené à prendre cette fois tout
l'argot propre ment dit après avoir reconnu qu'une bonne part de notre ancien
vocabulaire en dérivait déjà .
- Plus se fraie le chemin et plus s'agrandit l'horizon.
Comme tous les sujets mal définis, celui dont nous nous occupons était difficile
à bien traiter du premier coup. Les curieux assez patients pour comparer cette
édition aux précédentes, verront que nous n'avons cessé de chercher des exemples
probants, des définitions claires et concises, une explication simple et naturelle
des causes qui ont déterminé l'emploi de chaque terme. A ce triple point de vue,
ils voudront bien reconnaître qu'un succès facile ne nous a point endormi.
- Nous avons cherché à devenir non meilleur, mais moins incomplet.
L'humilité de ce dernier adjectif n'est pas feinte. A peine notre livre est-il
broché que nous y constatons déjà des faiblesses. Mais au lexicographe pas plus
qu'au juste, il n'est donné d'être parfait, et nos contemporains sont trop pressés
pour ne pas être cléments envers celui qui n'a pas voulu leur faire attendre cette
cinquième édition.
L.L.
ÉPIGRAPHES
Le parler que j'aime, tel sur le papier qu'à la bouche, c'est un parler succulent
et nerveux, court et serré ; non tant délicat et peigné, comme véhément et brusque
; plutôt difficile qu'ennuyeux ; déréglé, décousu et hardi ;
- chaque lopin y fasse son corps !
- non pédantesque, mais plutôt soldatesque, comme Suétone appelle celui de Jules
César.
- Montaigne.
Maynard, le poète toulousain (1582-1646) qui s'était retiré en province, vint
à Paris un peu avant sa mort. Dans les conversations qu'il avoit avec ses amis
des qu'il vouloit parler, on lui disoit : Ce mot-là n'est plus d'usage. Cela lui
arriva tant de fois qu'à la fin il fit ces quatre vers :
En cheveux blancs, il me faut donc aller
Comme un enfant tous les jours à l'école.
Que je suis fou d'apprendre à bien parler
Lorsque la mort vient m'ôter la parole !
Voiture (1585-1650) qui était l'ami de Vaugelas, le railloit quelquefois sur
le trop de soin qu'il employoit à sa traduction de Quinte-Curce. Il lui disoit
qu'il n'auroit jamais achevé ; que pendant qu'il en poliroit une partie, notre
langue venant à changer, l'obligeroit à refaire toutes les autres. A quoi il appliquoit
plaisamment ce qui est dit dans Martial de ce barbier qui étoit si longtemps à
faire une barbe qu'avant qu'il l'eut achevée, elle commençoit à revenir.
- Raynal Anecdotes littéraires.
Pour m'expliquer mieux, je vous diray qu'il y a deux sortes d'usages (de mots
nouveaux) le bon et le mauvais. Ce dernier est celui qui n'étant appuyé d'aucunes
raisons, non plus que la mode des habits, passe comme elle en fort peu de tems.
- Il n'en est pas de même du bon usage Comme il est accompagné du bon sens dans
toutes les nouvelles façons de parler qu'il a introduites en notre langue, elles
sont de durée à cause de la commodité qu'on trouve à s'en servir pour se bien
exprimer, et c'est ainsi qu'elle s'enrichit tous les jours Cependant il faut être
fort réservé à se servir de nouvelles façons de parler.
- Caillière, 1693.
Il est bon de se faire des notions claires des choses quand on le peut. Un
autre Despréaux diroit peut-être de cet auteur (Ph. Leroux) ce que ce grand critique
a dit de Regnier, que ses ouvrages se ressentent des lieux que fréquentoit l'auteur.
Mais il ne faut que jeter les yeux sur la sécheresse de la matière pour laver
celui-ci de ce soupçon . Il y a une longue liste de termes populaires qui n'est
pas à dédaigner comme elle pourroit le paroître d'abord. Combien de personnes
distinguées qui ne sont jamais sorties de la cour ou du grand monde, et qui, se
trouvant quelquefois obligées de descendre dans de certains détails avec les gens
du peuple ne comprennent rien à ce qu'ils leur disent !
- Zacharie Chastelain, 1750 (Critique du Dictionnaire comique de Leroux).
Dans une séance particulière de l'académie, Voltaire se plaignit de la pauvreté
de la langue ; il parla encore de quelques mots usités, et dit qu'il serait à
désirer qu'on adoptât celui de tragédien par exemple. Notre langue, disait-il,
est une gueuse fière ; il faut lui faire l'aumône malgré elle. - Voltériana.
Qu'on me permette d'ajouter à ce propos que si la manie du néologisme est
extrêmement déplorable pour les lettres et tend insensiblement à dénaturer les
idiomes dans lesquels elle se glisse, il n'en serait pas moins injuste de repousser
sous ce prétexte un grand nombre de ces expressions vives, caractéristiques, indispensables,
dont le génie fait de temps en temps présent aux langues. Il n'appartient a personne
d'arrêter irrévocablement les limites d'une langue et de marquer le point où il
devient impossible de rien ajouter à ses richesses.
- Ch. Nodier. 1808 (Dict. des Onomatopées)
Quelque ennemi que je sois du néologisme ! il faut bien créer ou adopter des
mots nouveaux quand on n'en trouve pas dans la langue qui puissent, à moins d'une
longue périphrase, rendre l'équivalent de votre idée.
- De Jouy , 1815
Il s'opère depuis quelque temps une révolution sensible de moeurs et de langage
. Le langage surtout a subi d'heureuses altérations, des gallicismes raffinés
et polis qui feront pester l'Académie et sourire agréablement les femmes élégantes.
C'est tout profit pour les gens de goût.
- Roqueplan, 1842.
Disons-le, peut-être à l'étonnement de beaucoup de gens, il n'est pas de langue
plus énergique, plus colorée que celle de ce monde. L'argot va toujours, d'ailleurs
! Il suit la civilisation, il lu talonne, il s'enrichit d'expressions nouvelles
à chaque nouvelle invention.
- Balzac.
La langue argotique semble aujourd'hui être arrivée à son apogée ; elle n'est
plus seulement celle des tavernes et des mauvais lieux, elle est aussi celle des
théâtres ; encore quelques pas et l'entrée des salons lui sera permise.
- Vidocq, 1837.
Il en est de l'argot comme de certaines îles de la Polynésie : on y aborde
sans y pénétrer ; tout le monde en parle, et bien peu de personnes le connaissent.
Nous qui ne sommes ni l'un ni l'autre, et qui ne possédons que notre curiosité
pour passe-port, nous avons vainement fouillé les géographies sociales pour nous
instruire. Par-ci, par-là, un voyageur traverse ce Tombouctou parisien, et en
ressort la tête farcie de mots bizarres qu'il répète sans les comprendre.
- Albert Monnier.
Quelque mérite qu'on ait, quelque érudition qu'on déploie, il est bien difficile,
en étalant les mots hideux du vocabulaire des forçats, de ne jamais soulever le
coeur et en rapportant nos lazzis populaires si usés, de ne pas exciter parfois
un sourire de dédain ; mais quand il ne s'agit plus de notre propre langue tout
change d'aspect : les expressions repoussantes deviennent terribles, les locutions
vulgaires, spirituelles, et l'on est porté à croire bien injustement d'ailleurs,
qu'il faut plus de savoir pour recueillir et expliquer ces termes étrangers que
pour commenter ceux qu'on entend répéter chaque jour par les charretiers ou les
manoeuvres.
- Marty-Laveaux.
En lisant la nomenclature des termes jadis propres aux conversations du brigandage
et de la filouterie on devine d'une part qu'un certain nombre de ces termes ne
subsisteront pas longtemps, et d'autre part on aperçoit que beaucoup ont pris
droit de cité dans l'usage public Quel parisien même range, même prude, ignore
absolument que l'eau d'affe, c'est de l'eau-de-vie ; la bouffarde, une pipe ;
la dèche, les ennuis de la misère ; que balle veut dire tête ; curieux, juge ;
gazon, perruque, etc. ? Où n'entend-on pas ces mots-là ? Les gros railleurs ont
commencé par s'en servir, pour se donner un air de finesse et de liberté ; mais
bientôt ces mots narquois seront comme les doublures naturelles des termes correspondants
et peut-être prévaudront-ils ?
- A. Morel, 1862.
LES EXCENTRICITÉS
DU LANGAGE
ABADIS : Foule, rassemblement (Vidocq) .
- Vient du vieux mot de langue d'oc : abadia : forêt
de sapins. V. Du Cange.
- L'aspect d'une multitude ressemble à celui d'une forêt. On dit : Une forêt de
têtes.
- « Pastiquant sur la placarde, j'ai rembroqué un abadis du raboin. », Vidocq.
ABATIS : Pieds, mains.
- Allusion aux abatis d'animaux.
- Abatis canailles
Gros pieds, grosses mains.
- « Des pieds qu'on nomme abatis. », Balzac.
ABBAYE DE MONTE-À-REGRET : Échafaud (Vidocq).
- Double allusion.
- Comme une abbaye, l'échafaud vous sépare de ce
bas monde, et c'est à regret qu'on en monte
les marches.
ABÉQUER : Nourrir.
- Abéqueuse
Nourrice (Vidocq).
- De l'ancien mot abêcher : donner la becquée. V. Roquefort.
ABLOQUIR : Acheter en bloc (Vidocq).
- Bazarder a, au point de vue de la vente, le même
sens.
- Du vieux mot bloquer : arrêter un marché. V. Lacombe.
ABOULER : Entrer
- Vient du vieux mot bouler : rouler V. Roquefort.
- « Maintenant, Poupardin et sa fille peuvent abouler quand bon leur semblera.
», Labiche.
- Notre langue a conservé éboulement.
Abouler : Donner, faire bouler
à quelqu'un
- « Mais quant aux biscuits, aboulez. », Balzac. Abouler
de maquiller
Venir de faire. V.
Momir. Aboulage : Abondance.
ABSORPTION
Repas offert chaque année aux anciens de l'École
polytechnique par la promotion nouvelle. On y absorbe
assez de choses pour justifier le nom de la solennité.
- « Lorsque le taupin a été admis, il devient conscrit
et comme tel tangent à l'Absorption. Cette cérémonie annuelle a été imaginée pour
dépayser les nouveaux, les initier aux habitudes de l'École, les accoutumer au
tutoiement. », La Bédollière.
ACCENT : V. Arçon.
ACCROCHE-COEURS : Favoris (Vidocq) .
- Allusion aux accroche-coeurs féminins, petites
mèches contournées et plaquées prétentieusement sous la tempe.
ACCROCHER : Mettre au Mont de Piété, c'est-à-dire au clou. Ce dernier
mot explique le verbe.
- « Ah ! les biblots sont accrochés. », De Montépin.
Accrocher : Consigner un soldat, c'est-à-dire l'accrocher à son quartier,
l'empêcher d'en sortir.
S'accrocher : Combattre corps à corps, en venir aux mains, ou, pour mieux
dire, aux crocs. De là le mot.
ACHAR (D')
Avec acharnement. V. Autor.
ADDITION
Carte à payer.
- « C'est l'addition même de l'un de ces repas-là. », Delvau. Ce néologisme fort
juste s'explique de lui-même.
AFF
Abréviation d'Affaire.
- V. Débiner.
AFFAIRE (Donner ou Faire son)
Tuer.
- « L'un d'eux doit m'faire C'te nuit mon affaire. », Désaugiers.
Avoir son affaire : Être ivre-mort.
- « Je propose l'absinthe . Après quoi j'avais mon affaire, là, dans le solide.
», Monselet.
Avoir ses affaires : Avoir ses menstrues. V. Anglais.
AFFRANCHIR : Pervertir, c'est-à-dire affranchir
des règles sociales.
- « Affranchir un sinve pour grinchir : pousser un honnête homme à voler. », Vidocq.
AFFURAGE, AFFURE : Profit.
- Affurer : Gagner (Vidocq).
- De l'ancien mot furer : dépouiller. V. Du Cange.
- « Eh vite ! ma culbute, quand je vois mon affure, je suis toujours paré. »,
Vidocq.
AFFUT (Homme d') : Malin, roué.
- Vient du vieux mot affuster : viser, coucher en
joue.
AGONIR, AGONISER : Insulter. C'est l'agonizin
des Grecs.
- « Je veux t'agoniser d'ici à demain, », - Ricard.
- « Si bien que je fus si tourmentée, si agonie de sottises par les envieuses.
», Rétif, 1783.
AGRAFER : Arrêter.
- « Le premier rousse qui se présentera pour m'agrafer. », Canler.
Agrafer : Consigner. Même sens qu'accrocher.
- « J'ai jeté la clarinette par terre, et il m'a agrafé pour huit jours. », Vidal,
1833.
AIDE-CARGOT : Valet de cantine.
- « Aide-cargot, un dégoûtant troupier fait semblant de laver la vaisselle. »,
Wado.
AILE, AILERON : Bras.
- « Appuie-toi sur mon aile, et en route pour Châtellerault. », Labiche.
- « Je suis piqué à l'aileron, tu m'as égratigné avec tes ciseaux. », Eugène
Sue.
AIR (Se donner, se pousser de l', jouer la Fille de l') : Fuir.
- Les deux premiers termes font image ; le troisième a été enfanté par la vogue
de La Fille de l'Air, une ancienne pièce du Boulevard
du Temple. « La particulière voulait se donner de l'air. », Vidal, 1833.
- « Dépêchez-vous et jouez-moi la Fille de l'air avec accompagnement de guibolles.
», Montépin.
- « Allons, môme, pousse-toi de l'air », Id.
Vivre de l'air du temps : Être sans moyens d'existence. Terme ironique.
- « Tous deux vivaient de l'air du temps. », Balzac.
Être à plusieurs airs : Être hypocrite, jouer plusieurs rôles à la fois.
ALENTOIR
C'est alentour avec changement arbitraire de la dernière
syllabe, procédé très-commun en argot.
ALLER OÙ LE ROI NE VA QU'À PIED
Ce rappel à l'égalité est de tous les temps. On disait au dix-septième siècle
« C'est à mots couverts le lieu où l'on va se décharger du superflu de la mangeaille.
», Scarron, qui n'a pas dédaigné de donner l'hospitalité à cette métaphore éminemment
philosophique, ajoute
« C'est ce qu'on nomme à Paris, chez les personnes de qualité, la chaise percée
; car depuis environ vingt ans la mode est venue de faire ses nécessités sans
sortir de sa chambre, et cela par un pur excès de propreté.
»
ALLEZ DONC !
Locution destinée à augmenter dans un récit la rapidité de l'acte dont on parle.
- « J'avais mon couteau à la main. et allez donc ! . j'entaille le sergent, je
blesse deux soldats. », Eugène Sue.
ALLONGER (S')
Faire une dépense qui n'entre pas du ses habitudes. De là sans doute se
fendre.
- Voyez ce superlatif qui serait alors un terme d'escrime.
ALLUMER
Regarder fixement, éclairer de l'oeil pour ainsi dire.
- Très- ancien. Se trouve avec ce sens dans les romans du treizième siècle. V.
Du Cange.
- « Allume le miston, terme d'argot qui veut dire : Regarde sous le nez de l'individu.
» (Almanach des Prisons, 1795).
Allumer : Déterminer l'enthousiasme.
- « Malvina remplissait la salle de son admiration, elle allumait, pour employer
le mot technique. », Reybaud. Allumer : Pour un cocher,
c'est déterminer l'élan de ses chevaux à coups de fouet.
- « Allume ! allume ! », H. Monnier.
Allumé : Échauffé par le vin.
- « Est-il tout a fait pochard ou seulement un peu allumé ? », Montépin.
Allumeur : Compère chargé de faire de fausses enchères dans une vente.
- « Dermon a été chaland allumeur dans les ventes au-dessous du cours. », La Correctionnelle,
journal. Allumeuse, dans le monde de la prostitution,
est un synonyme de marcheuse. Dans ces acceptions si diverses, l'analogie est
facile à saisir. Qu'il s'applique à un tête-à-tête, à un spectacle, à un attelage,
à un repas, ou une vente, allumer garde toujours
au figuré les propriétés positives du feu.
ALTÈQUE : Beau, bon, excellent (Vidocq).
- Du vieux mot alt (grand, fort, élevé) accompagné
d'une désinence arbitraire, comme dans féodec. V.
Roquefort.
- Frangine d'Altèque : Bonne soeur.
- Frime d'altèque : Charmante figure. V. Coquer.
AMANT DE COEUR
Les femmes galantes nomment ainsi celui qui ne les paie pas ou celui qui les paie
moins que les autres. La Physiologie de l'Amant de coeur
a été faite par Marc Constantin en 1842. Au dernier siècle, on disait indifféremment
Ami de coeur ou greluchon.
Ce dernier n'était pas ce qu'on appelle un souteneur. Le greluchon ou ami de coeur
n'était et n'est encore qu'un amant en sous-ordre auquel il coûtait parfois beaucoup
pour entretenir avec une beauté à la mode de mystérieuses amours. «
- La demoiselle Sophie Arnould, de l'Opéra, n'a personne. Le seul Lacroix, son
friseur, très-aisé dans son état, est devenu l'ami de coeur
et le monsieur. » (Rapports des inspecteurs de Sartines).
- Ces deux mots avaient de l'avenir. Monsieur est
toujours bien porté dans la langue de notre monde galant. Ami
de coeur a détrôné le greluchon ; son seul
rival porte aujourd'hui le non d'Arthur.
AMATEUR
Homme s'occupant peu de son métier.
- À l'armée revient surtout l'usage de ce mot. Un officier cultivant les lettres,
les arts, les sciences même avec le plus grand succès, ne sera jamais qu'un amateur.
Amateur sert aussi dans l'armée d'équivalent au mot
de bourgeois. Un officier dira
Il y avait là cinq ou six amateurs ; comme un soldat ou un sous-officier dira
Il y avait là cinq ou six particuliers. Un clerc amateur travaille sans émoluments.
Amateur
Rédacteur qui ne demande pas le paiement de ses articles.
- 1826, Biographie des Journalistes.
AMBIER : Fuir (Vidocq).
- Du vieux mot amber : enjamber. V. Roquefort.
AMÉRICAIN (oeil) : OEil investigateur.
- L'origine du mot est dans la vogue des romans de Cooper et dans la vue perçante
qu'il prête aux sauvages de l'Amérique.
- « Ai-je dans la figure un trait qui vous déplaise, que vous me faites l'oeil
américain ? », Balzac
- « J'ai l'oeil américain, je ne me trompe jamais. », Montépin.
OEil américain : OEil séducteur.
- « L'oeillade américaine est grosse de promesses, elle promet l'or du Pérou,
elle promet un coeur non moins vierge que les forêts vierges de l'Amérique, elle
promet une ardeur amoureuse de soixante degrés Réaumur. », Ed. Lemoine .
AMÉRICAINE : Voiture découverte à quatre roues.
- « Une élégante américaine attend à la porte de l'hôtel Rothschild. Un homme
fort bien mis y monte, repousse un peu de côté un tout petit groom, prend lui-même
les guides et lance deux superbes pur-sang au galop. », Figaro.
AMOUR : Aimable comme l'Amour.
- « Armée de son registre, elle attendait de pied ferme ces amours d'abonnés.
», L. Reybaud.
- « Comme j'ai été folle de Mocker, quel amour de dragon poudré. », Frémy.
ANCHOIS (OEil bordé d') : OEil aux paupières rougies et dépourvues de
cils.
- « Je veux avoir ta femme
- Tu ne l'auras pas.
- Je l'aurai, et tu prendras ma guenon aux yeux bordés d'anchois. », Vidal. 1833.
ANCIEN, CONSCRIT
Élèves de première et de seconde promotion à l'École polytechnique ou à l'École
de Saint-Cyr.
ANDOUILLE : Personne molle, sans énergie (Vidocq).
ANDOUILLES (Dépendeurs d')
On sait que les andouilles se pendent au plafond. Le peu d'élévation des planchers
parisiens relègue en province ce terme, qui désigne un individu de grande stature.
ANGLAIS : Créancier.
- Le mot est ancien, et nous sommes d'autant plus porté à y voir, selon Pasquier,
une allusion ironique aux Anglais (nos créanciers après la captivité du roi Jean)
que les Français se moquaient volontiers autrefois de leur redoutable ennemi.
C'est ainsi que milord est employé ironiquement aussi.
Nous en trouvons trace dans Rabelais.
- « Assure-toi que ce n'est point un anglais. », Montépin.
- « Et aujourd'hui je faictz solliciter tous mes angloys, pour les restes parfaire
et le payement entier leur satisfaire. », Crétin.
Les anglais sont débarqués. - Dans une bouche féminine, ces mots sont un
équivalent de J'ai mes affaires V. ce mot.
- L'allusion est sanglante pour ceux qui connaissent
la couleur favorite de l'uniforme britannique.
- « Il est aussi brave Que sensible amant, Des Anglais il brave Le débarquement.
», Chansons, impr. Chastaignon, Paris, 1851.
ANGUILLE : Ceinture (Vidocq).
- Une ceinture de cuir noir gonflée d'argent ressemble assez à une anguille.
ANSES (Panier à deux) : Homme qui se promène avec une femme à chaque
bras.
- De ce terme imagé découle l'expression offrir son anse
: offrir son bras.
ANTIFLER, ENTIFLER : Marier (Vidocq). Vient du
mot entifle : église.
- Là se fait la célébration du mariage. Entifler est donc Mot à mot : mener
à l'église.
- « Ah ! si j'en défouraille, ma largue j'entiflerai. », Vidocq.
ANTIPATHER : Avoir de l'antipathie.
- « Pas une miette ! Je l'antipathe. », Gavarni.
ANTONY
- « En 1831, après les succès d'Antony, les salons
parisiens furent tout à coup inondés de jeunes hommes pâles et blêmes, aux longs
cheveux noirs, à la charpente osseuse, aux sourcils épais, à la parole caverneuse,
à la physionomie hagarde et désolée. De bonnes âmes, s'inquiétant de leur air
quasi cadavéreux, leur posaient cette question bourgeoisement affectueuse :
« Qu'avez-vous donc ? » A quoi ils répondaient en passant la main sur leur front
:
« J'ai la fièvre. », Ces jeunes hommes étaient des Antonys.
», Ed. Lemoine.
ANTONNE : Église (Vidocq).
- Diminutif du vieux mot antic : église. V. Du Cange.
On donne de même à l'église le nom de priante.
ANTROLER : Emporter (Vidocq).
- Des mots entre roller : rouler ensemble. V. Du
Cange.
APLOMB (Coup d') : Coup vigoureux, tombant verticalement sur le but.
- « Sus c' coup là, je m'aligne. L'gonse allume mon bâton, J'allonge sur sa tigne
Cinq à six coups d'aplomb. », Aubert, chanson, 1813.
- « Ah ! fallait voir comme il touchait d'aplomb. », Les Mauvaises Rencontres,
chanson.
APÔTRE : Doigt (Vidocq).
- Est-ce parce que les apôtres sont souvent représentés avec l'index levé ?
APPAS : Seins.
- « Madame fait des embarras, Je l'ai vu mettre en cachette Des chiffons pour
des appas. », Matt., Chansons.
AQUIGER : Palpiter. V. Coquer.
Aquiger : Blesser, battre.
- Aquiger les brèmes : Biseauter les cartes.
ARAIGNÉE DANS LE PLAFOND (avoir une)
Être fou. Le cerveau serait ici le plafond et la monomanie y tendrait ses toiles.
ARBALÈTE
Croix de cou, bijou de femme (Vidocq).
- Allusion à la ressemblance d'une arbalète détendue avec une croix.
ARCASIEN, SINEUR : Celui qui monte un arcat.
ARCAT (Monter un)
Écrire de prison à un provincial, et lui demander une avance sur un trésor enfoui
dans son pays et dont on promet de lui révéler la place. La lettre qui sert à
monter l'arcat s'appelle lettre
de Jérusalem, parce qu'on l'écrit sous les verrous de la Préfecture. Vidocq
assure qu'en l'an VI, il arriva de cette façon plus de 15,000 fr. à la prison
de Bicêtre. Vient d'arcane : mystère, chose cachée.
ARCHE (Aller à) : Chercher de l'argent (Vidocq)
- Du vieux mot arche (armoire secrétaire) qui a fait
archives. Le secrétaire sert de coffre-fort aux particuliers
.
ARÇON, ACCENT
Signe d'alerte convenu entre voleurs. Du temps de Vidocq (1837) c'était un crachement
et un C figuré à l'aide du pouce droit sur la joue droite.
- Vient d'arçon : archet, petit arc. V. Roquefort.
- La courbe du C représente bien la forme d'un arc.
- Accent nous paraît de même une allusion au son
du crachat.
ARGUEMINE : Main.
- « Je mets l'arguemine à la barbue. », Vidocq.
ARCPINCER : Arrêter quelqu'un.
- Pincer au demi cerc1e est très-usité dans le même
sens. Il est à remarquer qu'arc et demi-cercle
sont presque synonymes et qu'ils paraissent dériver de la même image.
ARISTO : Aristocrate.
- « C'est vrai ! tu as une livrée, tu es un aristo. », D'Héricault.
ARDENTS : Yeux.
- Dict. d'argot moderne, 1844.
- Le verbe allumer entraînait naturellement ce substantif.
ARGOT, ARGUCHE
- Diminutifs d'argue : Ruse, finesse. V. Roquefort.
- L'argot n'est en effet qu'une ruse de langage. V. Truche.
ARLEQUIN
Rogatons achetés aux restaurants et servis dans les gargotes de dernier ordre.
- « C'est une bijoutière ou marchande d'arlequins. Je ne sais pas trop l'origine
du mot bijoutier ; mais l'arlequin vient de ce que ces plats sont composés de
pièces et de morceaux assemblés au hasard, absolument comme l'habit du citoyen
de Bergame. Ces morceaux de viande sont très-copieux, et cependant ils se vendent
un sou indistinctement. Le seau vaut trois francs. On y trouve de tout, depuis
le poulet truffé et le gibier jusqu'au boeuf aux choux. », P. D'Anglemont.
ARME À GAUCHE (Passer l')
Mourir, militairement parlant. Aux enterrements, le soldat passe l'arme sous le
bras gauche.
- « Toute la famille a passé l'arme à gauche. », Lacroix, 1832. Il
a reçu une volée que le diable en a pris les armes
Il a reçu une volée mortelle, telle que le diable aurait pu emporter son âme.
- arme est souvent pris pour âme
au moyen âge.
ARNACHE : Tromperie (Vidocq).
- Du vieux mot harnacher : tromper.
ARPION : Pied.
- C'est le vieux mot arpion : griffe, ongle (Lacombe).
On a dit arpion comme on dit pattes.
- « J'aime mieux avoir des philosophes aux arpions. », Eugène Sue.
ARSONNEMENT : Onanisme (Vidocq).
- Du vieux mot arson : incendie. L'analogie est facile
à expliquer.
- On emploie le verbe S'arsonner.
ARSOUILLE : Anagramme du vieux mot souillart
: homme de néant. La souillardaille était jadis la
canaille d'aujourd'hui. V. Du Cange.
- « C'étaient des arsouilles qui tiraient la savate. », Th. Gautier.
ART (Faire de l'art pour)
Cultiver les arts ou les lettres sans y chercher uniquement une occasion de lucre.
V. Métier (Faire du).
- « Nous avons connu une école composée de ces types si étranges, qu'on a peine
à croire à leur existence ; ils s'appelaient les disciples de l'art
pour l'art. », Murger.
ARTHUR : V. Amant de coeur.
- « Quant aux Arthurs de Ces Dames. », Delvau.
Arthur : Homme à prétentions galantes.
- « Un haut fonctionnaire bien connu, membre d'une académie, Arthur de soixante
ans. », De Boigne.
ARTICLE (Faire l') : Faire valoir une personne ou une chose comme un
article de commerce.
- « Malaga ferait l'article pour toi ce soir. », Balzac.
- Examinez-moi ça ! comme c'est cousu !
- « Ce n'est pas la peine de faire l'article. », Montépin.
Être à l'article : Être à l'article de la mort, sur le point de mourir.
Porté, fort sur l'article : Enclin à la luxure.
ARTICLIER
« C'est un articlier. Vernon porte des articles, fera toujours des articles, et
rien que des articles. Le travail le plus obstiné ne pourra jamais greffer un
livre sur sa prose. », Balzac.
ARTIE, ARTON : Pain.
- « En cette piolle On vit chenument ; Arton, pivois et criolle On a gourdement.
», Grandval, 1723.
ARTILLEUR À GENOUX : infirmier.
- Allusion au canon du clystère et à la posture que réclame sa manoeuvre. Ph.
Le Roux (1718) nomme déjà mousquetaires à genoux
les apothicaires.
- On dit aussi : Canonnier de la pièce humide.
AS DE CARREAU : Havre-sac d'infanterie.
- Allusion à sa forme carrée.
- « Troquer mon carnier culotté contre l'as de carreau ou l'azor du troupier.
», La Cassagne .
AS DE PIQUE (Fichu comme un) : Mal bâti, mal vêtu. Jadis on appelait
as de pique un homme nul.
- « Taisez-vous, as de pique ! », Molière.
ASPIC : Calomniateur (Vidocq) .
- Grâce à leur venin, ces serpents ont toujours symbolisé la calomnie. L'aspic
des voleurs n'est que la vipère des honnêtes gens.
ASSEOIR (S') : Tomber, ironiquement :s'asseoir
par terre.
Allez vous asseoir : Taisez-vous.
- Allusion à la fin obligée des interrogatoires judiciaires.
- Asseyez vous dessus : Imposez-lui silence.
- En 1859, M. Dallès a fait deux chansons intitulées l'une : Allez
vous asseoir, et l'autre : Asseyez-vous donc là-d'sus.
- Un petit théâtre de Paris a également donné ce premier terme pour titre à une
revue de fin d'année.
ASTIC
Tripoli, mélange servant à nettoyer les pièces de cuivre.
- « Et tirant du bahut sa brosse et son astic, il se met à brosser ses boutons
dans le chic. », Souvenirs de Saint-Cyr.
ASTIQUER : Nettoyer.
- « Quand son fusil et sa giberne sont bien astiqués. », 1833, Vidal. Un troupier
dira de bourgeois élégants : Ce sont des civils bien astiqués
La marine donne à ce mot de nombreux synonymes
- « Peste ! maître Margat, vous avez l'air d'un Dom Juan.
- Un peu, que je dis ! on a paré la coque. On s'a pavoisé dans le grand genre
! On est suifé et astiqué proprement. », Capendu
.
Astiquer : Battre.
- « Sinon je t'astique, je te tombe sur la bosse. », Paillet.
- Du vieux mot estiquer : frapper d'estoc ou de la
pointe. V. Du Cange.
- Nous croyons cette étymologie commune à l'autre sens. L'homme qui frappe droit
exécute le même mouvement qu'un fourbisseur en exercice.
ASTICOT : Vermicelle (Vidocq).
Calembour. Levermicelli italien s'applique à un asticot, à un vermisseau,
comme à une pâte alimentaire.
ATOUT : Coup grave.
- « Voilà mon dernier atout. Vous m'avez donné le
coup de la mort. », Balzac.
- Expression de joueurs de cartes, qui ont appliqué aux accidents de la vie le
nom de l'ennemi que craignent leurs combinaisons.
Atout : Courage Vidocq). « Je ne me plains pas. Tu
es un cadet qui a de l'atout. », Eugène Sue.
- Même allusion ; seulement elle est retournée. L'homme a ici l'atout dans le
jeu de sa vie au lieu de l'avoir contre lui . Atouser
: Encourager (Vidocq). - C'est-à-dire donner de l'atout.
ATTACHE : boucle (Vidocq).
- Effet pris pour la cause. Une boucle sert à attacher.
V. Chêne.
- « J'engantais sa tocquante, ses attaches brillantes avec ses billemonts. »,
Vidocq.
ATTAQUE (D') : Vivement, spontanément.
- Un homme d'attaque est un homme d'action.
ATTENDRIR (S')
- S'attendrir sous l'empire d'un commencement d'ivresse. Dix minutes avant, le
buveur attendri n'était qu'ému.
Dix minutes encore, et il sera sur le point de pleurer.
- « Le capitaine qui avait religieusement vidé son verre à chaque mot, s'attendrit.
», Th. Gautier.
ATTRIQUER
Acheter (Vidocq).
- Ce doit être un mot ancien, car Du Cange lui donne un pendant dans attrosser
vendre.
AUBER
Somme d'argent (Vidocq).
- Calembour sur l'équivoque présentée par le vieux mot maille,
qui signifiait en même temps monnaie et maille de
auber ou cotte de mailles. V. Du Cange.
- Au point de vue financier comme au point de vue militaire, l'auber
a donc représenté la réunion d'un certain nombre de mailles.
- V. Chêne.
AUTEUR
Père.
- Abrév. d'auteur de mes jours.
- « Il est impossible de voir un auteur (père) plus chicocandard . », Th. Gautier.
AUTOR (D')
D'autorité.
- Abrév.
- Un coup d'autor et d'achar est irrésistible. On
joint d'ordinaire ces deux mots.
- « Et d'autor et d'achar Enfoncé le jobard. », De Montépin.
AUTAN
Grenier (Vidocq).
- Vient du vieux mot hautain
élevé ! , en bas latin altanus. V. Roquefort.
- Un grenier occupe toujours le haut de la maison.
AUTRE (L')
Nom donné à Napoléon I par ses partisans. Sous Louis XVIII, il avait une valeur
exceptionnelle ; il signifiait
l'Autre souverain.
- « M. de Saint-Robert était, du temps de l'Autre,
officier supérieur dans un régiment de la vieille.
», Couailhac.
AUTRE CÔTÉ (Femme de 1')
Les étudiants de Paris appellent ainsi les lorettes habitant la rive droite, c'est-à-dire
l'autre côté de la Seine (pour le quartier latin).
- « C'est Annette. C'est une femme de l'autre côté. », Les
étudiants, 1860.
AUVERPIN
Auvergnat. V. Charabia.
AVALOIR
Gosier (Vidocq).
- Inutile d'insister sur l'origine du mot. On voit que le gosier est ici dans
l'exercice de ses fonctions.
AVANTAGES, AVANT-COEUR, AVANT-SCÈNES
Seins.
- « N'étouffons-nous pas un petit brin ? lui dit-il en mettant la main sur le
haut du busc ; les avant-coeur sont bien pressés, maman. », Balzac.
- « C'est trop petit ici
la société y sera comme les avantages de madame dans son corset. », Villemot.
AZOR
Sac d'infanterie. Son pelage lui a fait donner ce nom de chien.
- Un fantassin en route dit qu'il part à cheval sur Azor.
- « Le mauvais drôle avait vendu son havre-sac, qu'il appelait son Azor.» - Vidal,
1833.
Appeler Azor Siffler un acteur comme un chien.
- « Dites donc, mame Saint-Phar, il me semble qu'on appelle
Azor. », Couailhac.
BAC
Baccarat. - Abrév.
- « La musique n'arrivant pas, on a taillé un petit bac pour prendre patience.
», A. Second.
BABILLARD, LLARDE
Livre, lettre
- Babiller Lire.
- Comparaison d'une lecture au babillage d'une personne
qui cause sans s'arrêter.
- « Ma largue part pour Versailles aux pieds de Sa Majesté ; elle lui fonce un
babillard pour me faire défourailler. », Vidocq. Babillard
Confesseur (Vidocq).
- Allusion aux efforts persuasifs des aumôniers de prison vis-à-vis de leur troupeau.
BACHASSE
Galère.
- Augmentatif de bac
bateau.
- « En bachasse tu pégrenneras jusqu'au jour du décarement », Vidocq.
BACHOT
Cette abréviation de bachelier désigne à la fois
le bachelier, l'aspirant bachelier, l'examen du baccalauréat et enfin la pension
spéciale où on se prépare à cet examen. V. Les Institutions
de Paris. Bachotteur
Grec chargé du rôle de compère dans une partie de billard à quatre. 11 règle la
partie, tient les enjeux ou baches et paraît couvrir
la dupe de sa protection. Les deux autres grecs sont l'emporteur
chargé de lier conversation avec la dupe pour l'amener dans les filets de ses
compagnons et la bête qui fait exprès de perdre au
début pour l'allécher (Vidocq).
BACLER
Fermer (Vidocq)
- (Vieux mot). V. Roquefort.
BADOUILLARD
« Pour être badouillard, il fallait passer trois ou quatre nuits au bal, déjeuner
toute la journée et courir en costume de masque dans tous les cafés du quartier
latin jusqu'à minuit. », P. d'Anglemont. Badouiller
Faire le badouillard. Badouillerie
Art de badouiller.
- « La Badouillerie est la mort des sociétés de tempérance. », 1844, Cat. poissard.
BAGOU
« Ce mot, qui désignait autrefois l'esprit de répartie stéréotypée, a été détrôné
par le mot blague.», Balzac.
Bagou, Bague
Nom propre (Vidocq). Du vieux mot bagouler : parler.
V. Lacombe.
BAHUT
Institution académique.
- « Je te croyais au bahut Rabourdon. Jamais j'aurais pensé qu't'étais devenu
potache. Et Furet, as-tu de ses nouvelles ? en v'là un bahuteur. Il a fait la
moitié des bahuts au Marais et une douzaine au moins dans la banlieue. », Les
Institutions de Paris, 1858. Quelques fils de famille disent, par extension
le bahut paternel, en parlant du logis de leurs auteurs.
Bahut spécial
École de Saint-Cyr.
- « L'École de Saint-Cyr ! j'ai le bonheur d'être admis à ce bahut spécial. »,
La Cassagne. Bahuter
Faire tapage. Terme propre aux élèves de Saint-Cyr. Pour eux, « ceci est bahuté
» veut dire aussi
« Ceci a le chic troupier. » Bahuteur
Tapageur. « Cette écorce rude et sauvage qui allait au bahuteur
de Saint-Cyr. », La Barre.
- Vient du vieux mot bahutier.
- « Quand un homme fait plus de bruit que de besogne, on dit qu'il fait comme
les bahutiers. Car en effet les bahutiers, après avoir cogné un clou, donnent
plusieurs coups de marteau inutiles avant que d'en cogner un autre. », Dict. de
Le Roux. Bahuteur
Coureur de bahuts. V. ce mot.
BAIGNEUSE
Chapeau de femme (Vidocq) .
- Du nom d'une coiffure à la mode vers la fin du siècle dernier.
BAIN DE PIED
Excédant de liquide versé à dessein dans une tasse ou dans un verre ; il déborde
et fait prendre au récipient un bain de pied dans
la soucoupe.
BAÏTÉ
Maison. équivalent de boite ( ? )
- « Jorne et sorgue, tu poisseras boucart et baïte chenument. », Vidocq .
BALADER (Se)
Flâner.
- Diminutif du vieux mot baler
se divertir, se remuer. V. Roquefort.
- « Je suis venu me balader sur le trottoir où j'attends Millie. », Monselet.
Balader
Choisir, chercher (Vidocq).
- Même racine. Le choix comporte toujours un déplacement. Baladeuse
Coureuse.
- « Elle t'a trahi sans te trahir. C'est une baladeuse, et voilà tout. », Nerval.
BALAI
Gendarme (Vidocq).
- On appelle de même raclette une ronde de police
; elle racle les gens que la gendarmerie balaie.
BALANCER
Jeter au loin. On sait que l'action de balancer imprime plus de force à une projection.
V. Litrer. Balancer, envoyer
à la balançoire
Congédier, renvoyer.
- « Elle m'a traité de mufle.
- Alors il faut la balancer. », Monselet.
- « Je l'envoie à la balançoire. », Id.
- On dit aussi exbalancer
- Je vais les payer et les exbalancer à la porte. », Vidal, 1833. Balancer
son chiffon rouge
Parler, remuer la langue.
- Balancer sa canne Devenir voleur.
- C'est-à-dire jeter la canne de l'homme qui marche dans l'unique but de se promener.
- Balancer ses halènes Cesser de voler, jeter ses
outils de voleur.
- Balancer une lazagne Adresser une lettre.
- Balancer ses chasses Regarder à droite et à gauche.
Balancement « Le conducteur appelle son renvoi de l'administration un balancement.
», Hilpert. Balançoire
mensonge, conte en l'air.
- « Non, monsieur ! je n'avais pas fait un accroc.
- C'est une balançoire. », P. de Kock.
BALANÇOIR, BALANÇON
Barreau de fenêtre (Vidocq).
- Est-ce parce que les prisonniers s'y cramponnent parfois en se balançant ?
BALLE
Tête.
- Comme Boule et Coloquinte, balle est une allusion
à la rondeur de la tête. Une bonne balle est une
tête ridicule. Une rude balle est une tête énergique
et caractérisée.
- « Une balle d'amour est une jolie figure. », Vidocq.
Être rond comme une balle, c'est avoir bu et mangé avec excès.
Balle Franc.
- Allusion à la forme ronde d'une pièce de monnaie.
- « Je les ai payées 200 fr.
- -Deux cents balles, fichtre ! », De Goncourt. Balle de
coton
Un coup de poing.
- Allusion aux gants rembourrés des boxeurs.
- « Il lui allonge sa balle de coton, donc qu'il lui relève le nez et lui crève
un oeil. », La Correctionnelle.
BALLON
Derrière.
- Enlever le ballon Donner un coup de pied au derrière.
- « Inutile de faire remarquer l'analogie qu'il y a ici entre la partie du corps
ainsi désignée et une peau gonflée de vent qu'on relève du pied. », F. Michel.
BALOCHARD, BALOCHARD
« Le balochard représente surtout la gaîté du peuple ; c'est l'ouvrier spirituel,
insouciant, tapageur, qui trône à la barrière. », T. Delord. Pardon ! pardon !
Louise la Balocheuse, De t'oublier, toi, tes trente printemps, Ton nez hardi,
ta bouche aventureuse, Et tes amants plus nombreux que tes dents. - Nadaud.
Le carnaval parisien a eu aussi ses costumes de balochard. C'était la tenue
de chicard, avec un feutre défoncé pour casque.
Balocher « C'est quelque chose de plus que flâner. C'est l'activité de
la paresse, l'insouciance avec un petit verre dans la tête. », T. Delord.
Balocher S'occuper d'affaires véreuses. - Vidocq.
BALTHAZAR
Repas plantureux .
- Allusion biblique
- « Je vais me donner une bosse et faire un balthazar
intime. », Murger.
BALUCHON
Paquet (Vidocq) .
- Diminutif de Ballot.
BANBAN
personne de petite taille aux membres noués.
- Allusion au dandinement particulier de la marche.
- « J'entrai chez Dinah, jolie petite brune un peu banban. », Mogador.
BANCAL
Sabre courbe.
- Allusion aux jambes arquées du bancal. « Voilà
M. Granger qui apporte le bancal. », Gavarni.
BANCO (Faire)
Tenir tous les enjeux qui sont opposés par le banquier.
- Terme de lansquenet.
- « Certains joueurs arrivent avec dix louis dans leur poche ; ils font des banco
de cent, deux cents, trois cents louis. », Karr.
BANDE (Coller sous)
Acculer dans une situation difficile/
- Terme de billard.
BANQUETTE
Menton (Vidocq).
- La saillie du menton forme en effet une banquette au bas du visage.
BAPTÊME (Se mettre sur les fonts du)
Se mettre dans l'embarras.
- « Nous ne voulons enquiller chez aucun tapissier, c'est se mettre sur les fonts
du baptême. » (Vidocq). Pour comprendre ce terme, il faut savoir que Parrain veut
dire témoin à charge. C'est donc s'exposer au parrain que se mettre sur les fonts
du baptême.
BARBAUDIER
Guichetier (Vidocq).
- Il est chargé du barbot des prisonniers.
BARBE (Prendre la)
S'enivrer.
- « La Saint-Jean d'hiver, la Saint-Jean d'été, la Saint-Jean-Porte-Latine, le
moment qui commence les veillées, celui qui les voit finir, sont autant d'époques
où (pour les compositeurs d'imprimerie) il est indispensable de prendre là barbe.
», Ladimir.
BARBEROT
Barbier (Vidocq). Dimin. de barbier.
BARBILLON
Souteneur de filles (Vidocq).
- Équivalent de poisson.
BARBOT
Canard (Vidocq).
- L'acte est mis pour l'acteur. Barbot
Fouille.
- Allusion à la main fouillant une poche, comme un bec de canard barbotte dans
un trou.
- « Je fis le barbot et je m'emparai de quelques pièces de vingt et quarante francs.
» Canler.
BARBOTTER
Voler (Vidocq) .
- Mot à mot : faire le barbot. « Tous deux en brav's nous barbottions, D'or et
d'billet nous trouvons un million. », Paillet.
BARBUE
Plume (Vidocq).
- Allusion aux barbes de plume. V. Arguemine.
BASOURDIR
Assommer (Vidocq).
- Abrév. d'abasourdir.
BASSIN, BASSINOIRE
Importun. « Allons, vieux bassin, Avez-vous fini vos manières. », Becquet, chanson.
Bassiner
Importuner.
- « Il me bassine, cet avoué. », Labiche. Bassinoire
Grosse montre de cuivre.
- Moins le manche, elle offre un diminutif assez exact de la bassinoire classique.
- « C'était une vénérable montre de famille, dite bassinoire en langage familier.
», Champfleury.
BASTRINGUE.
- Étui conique en fer d'environ quatre pouces de long sur douze lignes de diamètre,
contenant un passe-port, de l'argent, des ressorts de montres assez dentelés pour
scier un barreau de fer, un passe-port, de l'argent, etc. - Vidocq
- Les malfaiteurs, sur le point d'être pris, cachent dans leur anus cette sorte
de nécessaire d'armes, mais il doit être introduit par le gros bout. Faute de
cette précaution, il remonte dans les intestins et finit par causer la mort. Un
prisonnier périt il y a quelques années de cette manière, et les journaux ont
retenti du nombre prodigieux d'objets découverts dans son bastringue, après l'autopsie.
BATAILLE (Chapeau en)
Chapeau à cornes tombant sur chaque oreille. Mis dans le sens contraire, il est
en colonne. Terme de manoeuvres militaires.
- « Les uns portent d'immenses chapeaux en bataille,
les autres de petits chapeaux en colonne. », La Bédollière.
BATH
Remarquable.
- Terme contemporain du papier anglais dit papier bath,
qui fut notre premier papier à lettre. Sans l'h final,
nous aurions vu là une abrév. de batif. V. ce mot.
- « Nous avons fait un lansquenet un peu bath cette nuit. », Vitu.
BATIF
Neuf (Vidocq).
- Corruption de battant.
BATOUSE
Toile (Vidocq).
Batouse battante Toile neuve.
- On dit communément battant neuf pour neuf.
BATTANT
Coeur (Vidocq).
- Mot imagé. C'est le coeur à son état ordinaire. Il ne mérite pas encore le nom
de palpitant.
BATTOIR
Main large, main de claqueur, sonore comme un battoir de blanchisseuse.
- « Dieu ! la belle tragédienne ! En avant les battoirs ! », L. Reybaud.
BATTERIE
Mensonge (Vidocq).
- Allusion aux batteries d'artillerie dont le jeu est souvent caché. On dit de
même usuellement démasquer ses batteries
- Un faiseur de batteries s'appelle un batteur.
Battre Contrefaire, Mot à mot : faire une batterie.
- Ce verbe a un peu le même sens dans l'expression actuelle battre
froid.
- Battre job, battre comtois Faire le niais (Vidocq).
- V. Job, comtois.
- Battre morasse : Crier à l'aide, Mot à mot : crier
à la mort, à l'assassin.
- Battre a un autre sens dans Battre
son quart (V. Quart), et Battre
sa flème : Ne rien faire.
- Il a ironiquement le sens actif.
BAUDE
Vérole (Vidocq).
- Du vieux mot baut joyeux. V. Lacombe Du Cange.
- La baude serait donc la joyeuse, ou plutôt le mal
de la joie.
BAUDRU
Fouet.
- Corruption du vieux mot baudre
courroie, baudrier. V. Roquefort.
BAYAFE
Pistolet.
- « On peut remoucher les bayafes. Alors le taffetas les fera dévider et tortiller
la planque où est le carle. », Vidocq.
BAZAR
Maison chétive, ou mal distribuée.
- « Petit bazar entre cour et jardin. », Labiche. Bazar
Mobilier.
- J'ai vendu la moitié de mon bazar pour payer le médecin. », Eugène Sue.
Mot contemporain de notre entrée en Afrique.
Bazarder Vendre. « J'ai bazardé mon pantalon. », Les Tribunaux.
BEAU
Homme à la mode.
- « Le beau de l'Empire est toujours un homme long
et mince, qui porte un corset et qui a la croix de la Légion d'honneur. - Balzac.
- Il y a les ex-beaux et les beaux
du jour.
BÉBÉ
Poupard.
- De l'anglais baby.
- « Emma arriva le lendemain, au sortir du bal de la Porte Saint-Martin, en costume
de bébé. », Ces Dames, 1860. Bébé sert aussi de mot
d'amitié.
- Tu sais, mon petit homme, que je n'ai plus un sou, et que ton petit bébé ne
doit pas rester sans espèces.
- Id.
BEC
Bouche.
- Casser, chelinguer du bec Avoir mauvaise haleine.
- Rincer le bec Faire boire.
- Faire le bec Donner des instructions.
- Avoir du bec Être éloquent.
- Tortiller du bec Manger.
- River le bec Faire taire.
- Fin bec Gourmand.
BÊCHER
Battre, dire du mal. Vient du vieux mot béchier
frapper du bec (DuCange).
- « Je suis comme je suis, c'est pas une raison pour me bêcher. », Monselet. Avocat
bécheur
Magistrat chargé du ministère public. Il bêche le
prévenu.
BÉGUIN
Passion.
- Vient du mot béguin
chaperon, coiffure. Allusion semblable à celle qui fait appeler coiffée
une personne éprise.
- « Il y a bel âge que je ne pense plus à mon premier béguin. », Monselet.
Béguin Tête.
- « Tu y as donc tapé sur le béguin.», Robert Macaire, 1836.
BÉCOT
Petit baiser pris du bout des lèvres avec la prestesse de l'oiseau qui donne son
coup de bec.
- « Encore un bécot. », Champfleury.
Bécoter Donner des bécots.
- « Tiens, j'effarouche les tourtereaux. On se bécotait ici. », Cormon.
BECQUETER
Manger. De bec.
- « J'ai vendu ce que j'avais pour becqueter. », Lynol.
BÉLIER
Cocu (Vidocq).
- Allusion aux cornes symboliques du cocuage.
BELLE (Jouer la)
Tout risquer d'un seul coup.
- On sait que deux joueurs jouent la belle (partie),
lorsque après avoir gagné chacun une partie, ils conviennent d'en jouer une décisive.
BÉNEF
Bénéfice.
- « Un billet, mon maître, moins cher qu'au bureau ! Deux francs cinquante de
bénef ! », Second.
BÉQUILLE
Potence (Vidocq).
- La potence ressemble à une béquille.
- Béquiller Pendre. V. Farre.
BÉQUILLER
Manger.
- « C'est égal, je lui ai envoyé un coup de tampon sur le mufle qu'il ne pourra
ni béquiller, ni licher de quinze jours. », Th. Gautier. Même étymologie que Becqueter.
BERLUE
Couverture (Vidocq).
BERRY
Capote d'études à l'École polytechnique.
- « Toujours plus ou moins culottée, veuve d'un certain nombre de boutons. »,
La Bédollière.
BERTRAND
Fripon dupé par son complice.
- La fable connue de Bertrand et Raton, et le drame
de l'Auberge des Adrets, ont mis ce terme à la mode.
- « Il s'était posé à mon endroit en Robert Macaire, me laissant le rôle désobligeant
de Gogo ou de Bertrand. », Eugène Sue.
BÊTE
V. Bachotteur.
BÊTISES (Dire des)
Tenir des propos grivois.
- Passer des paroles à l'action, c'est faire des bêtises.
BEUGLANT
Café chantant.
- « Nous allâmes au beuglant, c'est-à-dire au café chantant. Vous devez juger
par le nom donné à cet établissement que les chants des artistes sont fort peu
mélodieux. », Les Étudiants, 1860.
BRUGNE
Coup violent.
- Corruption des vieux mots beigne, bigne, employés
dans le même sens. V. Roquefort.
BEURRE
Argent.
- V. Graisse.
- « Nous v'là dans le cabaret A boire du vin clairet, A ct'heure Que j'ons du
beurre. », Chansons, Avignon, 1813.
Mettre du beurre dans ses épinards Voir augmenter
son bien-être.
- On sait que les épinards sont la mort au beurre.
Avoir du beurre sur la tête Être couvert de crimes.
- Allusion à un proverbe hébraïque. V. Vidocq.
Beurrier Banquier (Vidocq).
BIBARD, BIBERON
Ivrogne (Dhautel).
- « Par rapport à ces vieux bibards d'invalides. », La Bédollière.
- « C'est un fameux biberon. Quand on lui demande quel temps il fait, il vous
répond. Il fait soif. », Vidal, 1833.
BIBI
Petit chapeau de femme.
- « Malaga portait de jolis bibis. », Balzac.
Bibi Nom d'amitié donné à l'homme ou à la femme dont
on est coiffé.
- « Paul, mon bibi, j'ai bien soif.
- Déjà ? », Montépin.
BIBLOT
Objet de fantaisie propre à décorer une étagère.
- Abréviation de bimbelot
jouet d'enfant.
- « Il y a biblot et biblot
celui qu'on gagne à la fête de Saint-Cloud et celui que cent capitaines de navire
ont à grands frais rapporté de toutes les îles connues ou inconnues. », Mornand.
Mon biblot, dans la bouche d'un soldat, signifie
: Mon attirail militaire.
Biblot Bijou.
- « Trouve-moi des dentelles chouettes ! et donne-moi les plus reluisants biblots.
», Balzac.
Biblot Outil d'artisan (Vidocq).
BICHE
Lorette.
- Abréviation de biche d'Alger, synonyme populaire
de chameau.
- « Une biche,
- il faut bien se servir de cette désignation, puisqu'elle a conquis son droit
de cité dans le dictionnaire de la vie parisienne,
- se trouvait cet été à Bade. », Figaro, 1858.
- Forte biche Lorette élégante.
Bicherie Monde galant.
- « Mme Marguerite V., de la haute bicherie du quartier d'Antin. », Les
Cocottes, 1864.
BICHE, CHETTE, CHON
Mots d'amitié.
- « Viens ici, ma biche, viens t'asseoir sur mes genoux. », Frémy.
- « Oui, ma bichette ! oui, mon petit chien-chien. », Leuven.
- « Mon bichon, tu seras gentil, faudra voir ! », Gavarni.
BIDET
Ficelle transportant la correspondance des prisonniers enfermés à des étages différents
(Vidocq).
- C'est leur bidet de poste.
BIEN
D'apparence distinguée.
- « Elle aime à causer, surtout avec les messieurs bien.
» D'Anglemont.
Être bien Être gris. Éprouver le bien-être factice
causé par un commencement d'ivresse.
Bien mis Fashionable.
- « Ohé ! ce bien mis, il vient faire sa tête, parce qu'il a du linge en dessous.
», Eugène Sue.
BIER : Aller.
- Abrév. d'ambyer.
BIFFER
Manger goulument (Vidocq). Forme de Bouffer.
BIFFIN, BIFIN
Chiffonnier.
- Ce n'est pas le chiffonnier pur-sang, c'est celui qui a déchu d'une position
meilleure. De là sans doute le nom de biffin
goulu, donné par l'ancien chiffonnier au nouveau venu.
- « J' vois deux bifins et leurs femelles. », Chansonnier,
1836.
BIGORNE
Argot.
- Du vieux mot biguer, changer, troquer. V. Roquefort.
L'argot n'est qu'un langage bigué, d'où le diminutif
bigorne.
- « Rouscaillons bigorne. Qui enterver le saura, à part sézière en rira, mais
les rupins de la vergne ne sont dignes de cela. », Vidocq.
- V. Jaspiner.
BIGORNEAU
Soldat de marine.
- Tenue de matelot. Comme le petit coquillage de ce nom, le soldat reste attaché
au navire ou aux garnisons de la côte, sans naviguer à l'aide de ses propres forces.
BIGOTTER
Prier (Vidocq).
- Mot à mot : faire le bigot.
BIGREMENT
Superlativement. Forme de Bougrement.
- « C'est bigrement embêtant, allez. », Gavarni.
BIJOUTIER
Marchand d'arlequins. V. ce mot.
BILLARD (Décoller, dévisser son)
Mourir. V.Claquer.
BILLE, BILLEMONT, BILLON
Espèces monnayées.
- Billemont et billon
sont des diminutifs de bille qui, comme bal1e,
fait allusion à la forme ronde de la monnaie.
- « L'argent au Temple est de la braise, ou de la thune, ou de la bille. », Mornand.
- « Nous attendions la sorgue, voulant poisser des bogues, pour faire du billon.
» V. Attache, F1acul
BILLET DE 500, DE 1,000
De 500 francs, de 1,000 francs.
- « Te faut-il beaucoup ?
- Un billet de cinq cents. »
- « Les ressources d'une lorette pour extraire un billet
de mille. », Balzac.
Je t'en fiche mon billet Je te le certifie, Mot
à mot : Je suis prêt à signer un billet attestant la chose.
BINELLE
Banqueroute.
- Binellier Banqueroutier. - Vidocq.
BINÔME
« Aux laboratoires, nous verrons chacun des élèves (de l'École polytechnique)
manipuler avec un camarade qu'il nomme son binôme.
», La Bédollière.
- Allusion à la signification algébrique de Binôme
quantité composée de deux termes.
BISARD
Soufflet (Vidocq).
- Mot à mot ; vent qui brûle, bise qui ard.
BITURE
Excès de boisson.
- Du vieux mot boiture : goinfrerie. V. Roquefort.
- « N'aspirons-nous le grand air que pour l'ineffable joie d'engloutir impunément
du piqueton jusqu'au gobichonnage
majeur, jusqu'à prendre une biture ? », Luchet.
BIRBE, BIRBON, BIRBETTE
« Les dames des tables d'hôte ont adopté trois mots pour peindre la vieillesse
: à cinquante-cinq ans, c'est un birbon ; à soixante
ans, c'est un birbe ; passé ce délai fatal, c'est
une birbette. », Lespès.
- Vidocq donne un quatrième synonyme, birbasse.
- Birbe dabe, grand-père.
- Birbasserie vieillerie.
- Id.
BLAGUE
Causerie.
- On dit : J'ai fait quatre heures de blague avec un tel.
Blague Verve ; faconde railleuse.
- « Quelle admirable connaissance ont les gens de choix des limites où doivent
s'arrêter la raillerie et ce monde de choses françaises désigné sous le mot soldatesque
de blague. », Balzac.
Blague Plaisanterie.
- « Je te trouve du talent, là sans blague ! », De Goncourt.
- « Pas de bêtises, mon vieux, blague dans le coin ! », Monselet.
Pousser une blague Conter une histoire faite à
plaisir.
- « Bien vite, j'pousse une blague, histoire de rigoler. », F. Georges, Chansons.
Ne faire que des blagues Faire des oeuvres de
peu de valeur.
L'étymologie du mot est incertaine. Dhautel (1808) admet les mots blaguer
et blagueur avec le triple sens de railler,
mentir, tenir des discours dénués de sens commun.
- Cet exemple, des plus anciens que nous ayions trouvés, ne prend blague
qu'en mauvaise part. On en trouverait peut-être la racine dans le mot blaque
qui désignait, du temps de Ménage, les hommes de mauvaise foi (V. son dictionnaire).
- M. Littré, qui relègue Blague et Blaguer parmi les termes du plus
bas langage, donne une étymologie gaëlique beaucoup plus ancienne Blagh
souffler, se vanter.
BLAGUER
Causer.
- « Nous venons blaguer. », Balzac.
Blaguer Posséder cette verve familière, pittoresque
et railleuse qui est l'humour des conversations parisiennes.
- « Enfin elle blague aujourd'hui, elle qui ne connaissait
rien de rien, pas même ce mot-là ! », Balzac.
Blaguer Plaisanter.
- « Ne blaguons plus. », Balzac.
- Un homme blagué, un homme raille, berné.
Blagueur Menteur.
- « En 1813, deux femmes, Pauline la Vache et Louise la Blagueuse, enlevèrent
50,000 fr. », Vidocq.
- « Les marchands sont encore de fameux blagueurs.
», Ricard.
Blagueur Loustic.
- « Il ne pouvait y avoir circonstance si grave qui empêchât ce blagueur fini
de se livrer à sa verve. », L. Desnoyer.
BLAICHE
Médiocre.
- Du vieux mot blaiche, mou, paresseux. - V. Lacombe.
BLAIREAU
Conscrit.
- « Moi, j'ai carotté un blaireau. », La Bédollière.
BLAIREAUTER
Peindre avec trop de fini, faire abus du pinceau de blaireau
qu'on a entre les mains.
- « Aussi sa peinture est-elle fameusement blaireautée. », La Bédollière.
BLANQUETTE
Argenterie (Vidocq).
- Allusion à la blancheur de son éclat.
BLAVIN
Mouchoir (Vidocq).
- Dimin. du vieux mot blave, bleu. V. Roquefort.
- Un grand nombre de mouchoirs sont de cette couleur.
- Blaviniste Voleur de mouchoirs.
- V. Butter.
BLEU
Conscrit.
- Allusion à la blouse bleue de la plupart des recrues.
- « Celui des bleus qui est le plus jobard. », La Barre.
Bleu Gros vin dont les gouttes laissent des taches
bleues sur la table.
- « La franchise, arrosée par les libations d'un petit bleu,
les avait poussés l'un l'autre à se faire leur biographie. », Murger.
BLOC
Prison.
- Du vieux mot bloc, barrière. V. Roquefort.
- « Prenez trois hommes et menez cette fille au bloc. », Victor Hugo.
Bloquer Consigner.
- « Colonel, c'est que je suis bloque.
- Je vous débloque. », J. Arago, 1838.
BLONDE
Amante.
- « Blonde s'emploie dans ce sens sans distinction de la couleur des cheveux,
car il existe une chanson villageoise où, après avoir fait le portrait d'une brune,
l'amoureux ajoute qu'il en fera sa blonde. », Monnier, 1831.
BLOQUER
Vendre. V. Abloquir.
BLOT
Bon marché (Vidocq).
- Corruption de Bloc. Les marchés d'objets en bloc
sont, on le sait, les plus avantageux.
BLOUSIER
Voyou, Mot à mot : porteur de blouse.
- « Vous verrez là des blousiers qui viennent fumer. » Delvau.
BOC, BOCARD, BOCSON
Mauvais cabaret, lieu de débauche.
- Vient du vieux mot boque, bouc. V. Roquefort.
- Le bouc est l'emblème de la luxure et des querelles. On disait jadis boquer
pour frapper.
- « Montron, ouvre ta lourde, si tu veux que j'aboule et pionce en ton bocson.
», Vidocq.
BOCAL
Petit appartement.
- « Voyons si le susdit bocal est toujours à louer. », Montépin.
Bocal Estomac.
- « Au restaurant le bohème dit qu'il va se garnir le bocal. », Lespès.
Dans les deux mots, l'allusion s'explique d'elle-même, et les logements parisiens
continuent de la mériter.
BOEUF
Monstrueux.
- Mot à mot : aussi énorme qu'un boeuf.
- « Regarde donc la débutante. Quel trac boeuf !
Elle va se trouver mal. », Ces Petites Dames.
Se mettre dans le boeuf Tomber dans une situation
misérable. Allusion au bouilli qui représente le rôti des indigents.
On lit dans une mazarinade de 1649
« Auprès de la Bastille, Monsieur d'Elbeuf, Dans sa pauvre famille, Mange du boeuf,
Tandis que Guénégaud Est à gogo. »
BOG, BOGUE
Montre.
- Onomatopée ; bog comme toc imite le bruit de la
montre.
- V. Toquante, Butter, Litrer, Billon.
Bogue en plâtre, en jonc Montre d'argent, d'or.
- Allusions de couleurs.
- Tire-bogue Voleur de montres.
- Boguiste Horloger.
BOHÈME
« La bohème se compose de jeunes gens. tous âgés de plus de vingt ans, mais qui
n'en ont pas trente, tous hommes de génie en leur genre, peu connus encore, mais
qui se feront connaître, et qui seront alors des gens fort distingués. Tous les
genres de capacité, d'esprit, y sont représentés. Ce mot de bohème vous dit tout.
La bohème n'a rien et vit de ce qu'elle a. », Balzac.
La citation suivante est le correctif de cette définition trop optimiste
« La bohème, c'est le stage de la vie artistique, c'est la préface de l'Académie,
de l'Hôtel-Dieu ou de la Morgue. Nous ajouterons que la bohème n'existe et n'est
possible qu'à Paris. », Murger.
On dit un bohème « Tu n'es plus un bohème du
moment que je t'attache à ma fortune. », Augier.
Comme on voit, le bohème du dix-neuvième siècle n'a de commun que le nom avec
celui de Callot. Saint-Simon a connu l'acception fantaisiste du mot bohème. M.
Littré en donne un exemple, bien qu'il n'admette bohème
qu'en mauvaise part.
BOISSONNER
Boire avec excès (Dhautel).
- « Dites donc, voisin, on a un peu boissonné chez vous hier ? », Gavarni.
BOITE, BOITON
Voiture.
- « Les gentils hommes et les gentilles femmes qui se piquent de parler l'argot
des quartiers neufs demandent leur boîte ! ca veut dire leur voiture. », Vitu.
BOLIVAR
Chapeau évasé dont la forme nouvelle prit le nom de ce héros populaire
- « Le front couvert de son bolivar. », Cabarets de Paris,
1821.
BON
Bon apôtre, hypocrite.
- « Vous n'êtes bons ! vous. N'allons, vous n'avez
fait vos farces ! », Balzac.
C'est un bon C'est un homme solide, à toute épreuve.
- « Ce sont des bons. Ils feront désormais le service avec vous. », Chenu.
Pour un agent de police, un homme bon est bon
à arrêter.
Être des bons Avoir bonne chance.
BON-DIEU
Sabre-poignard ; allusion à la croix figurée par la lame et la poignée.
Bon-Dieu (Il n'y a pas de) Mot à mot : il n'y
a pas de bon Dieu qui puisse l'empêcher.
- « Gn'y a pas d'Bon-Dieu, Faut s'dire adieu. », Désaugiers.
BONHOMME
Saint (Vidocq).
- Allusion aux statuettes qui peuplent les églises.
BONIMENT
Discours persuasif.
- Mot à mot : action de rendre bon un auditoire.
BONIR, BONNIR
Persuader, avertir, dire. V. Servir, Parrain, Criblage,
Girofle.
BONJOUR (Voleur au), BONJOURIER
- « Voleur s'introduisant de grand matin dans les maisons où les bonnes laissent
les portes entr'ouvertes et dans les hôtels garnis dont les locataires ne ferment
pas leurs chambres. », Canler.
- Allusion ironique à l'heure matinale choisie par le voleur ; il vous souhaite
en quelque sorte le bonjour.
BON MOTIF
« Vous ne savez pas ce que c'est que le bon motif ?
- Ah ! vous voulez dire un mariage ?
- Précisément. », Aycard.
BONNE (Prendre à la)
Prendre en bonne amitié.
- Être à la bonne Être aimé.
- « Je ne rembroque que tezigue, et si tu ne me prends à la bonne, tu m'allumeras
bientôt caner. », Vidocq.
Bonne Bonne histoire.
- « Ah ! par exemple, en v'là une bonne. », Cormon.
Bonne-grâce Toile dans laquelle les tailleurs
enveloppent les habits.
- « Le concierge de l'hôtel dépose qu'il a vu Crozard traverser la cour avec une
bonne grâce sous son bras. », La Correctionnelle.
BONNETEUR
Industriel tenant aux foires de campagne un de ces jeux de cartes auxquels on
ne gagne jamais. - Vidocq.
BORDEAUX (Petit)
Cigare de 5 c. fabriqué à la manufacture de Bordeaux
- « Avec un sou, tous sont égaux devant le petit bordeaux. » Liorat, Chansons.
BORDÉE (Tirer, courir une)
S'absenter sans permission.
- Terme de marine.
- On dit d'un navire louvoyant, qu'il court des bordées. Or, un matelot en bordée
ne tarde pas à en imiter les capricieux zig-zags.
- « C'est un brave garçon qui ne boit jamais et qui n'est pas homme à tirer une
bordée de trois jours. », Vidal, 1833.
BORGNE
Derrière.
- Comparaison de l'anus à l'oeil.
- « V'là moi que je me retourne et que j'li fais baiser, sauf votre respect. mon
gros visage. Ce qui a fait dire aux mauvaises langues qu'il a vu mon borgne. »,
Rétif, 1783.
BOSCOT, TTE
« Petit homme, petite femme contrefaits, bossus. », Dhautel, 1808.
BOSSE (Se donner une)
S'empiffrer.
- Allusion à la bosse formée par la réplétion du ventre.
- « Je veux, dit-il, qu'à sa noce Ça soit beau Et qu'on s'y flanque une bosse
De chameau. », Delange, Chansons.
- Se donner une bosse de rire Rire immodérément.
- Rouler sa bosse Cheminer.
- « Nous roulons not'bosse Dans un beau carrosse. », Decourcelle, 1832.
BOSSOIRS
Seins.
- Terme de marine.
BOUBANE
Perruque.
- Vidocq.
- Du vieux mot bouban : luxe, étalage. V. Roquefort.
BOUC
Cocu. - Vidocq.
- Allusion à ses cornes.
BOUCANADE
Corruption à prix d'argent d'un juge ou d'un témoin.
- Coquer la boucanade Corrompre. Mot à mot : donner
pour boire. En Espagne, la boucanade est une gorgée du vin renfermé. selon l'usage,.
dans une peau de bouc.
BOUCARD, BOUTOGUE
Boutique.
- Le premier mot paraît une forme de boc ; le second
est une corruption de Boutique. V. Baïte, Esquinteur.
Boucarniers
« Voleurs dévalisant les boutiques à l'aide d'un pégriot
ou gamin voleur, qui s'y cache à l'heure de la fermeture, et qui vient leur ouvrir.
», Canler.
- Vidocq les appelle Boucardiers.
BOUCHON
Qualité, genre.
- Allusion aux produits sortant des débits de vins appelés bouchons. On a dit
ironiquement
Ceci est d'un bon bouchon, comme Ceci est d'un bon
tonneau, ou Ceci est du bon coin.
BOUCLER
Enfermer. - Vidocq.
- Du vieux mot Bacler. V. Roquefort.
BOTTE DE NEUF JOURS
Botte percée. - Vidocq.
- Calembour. Jour est pris pour trou,
et une botte trouée ne passe guère la huitaine.
Botter Convenir.
- Mot à mot : aller comme une botte qui chausse bien.
- « J'aurai l'honneur de vous envoyer ma voiture à onze heures.
- Ça me botte. », Gavarni.
BOUDIN
Verrou (Vidocq).
- Allusion à la forme des verrous ronds qui ferment les grandes portes.
BOUFFARDE
Pipe.
- Allusion aux bouffées de fumée qui s'en échappent.
Bouffardière Cheminée (Vidocq) .
- Id.
BOUGIE
Canne (Vidocq).
- Allusion de forme.
- Bougie grasse Chandelle.
- Ironique.
BOUGRE
Mot à noter comme ayant perdu sa portée antiphysique. Ce n'est plus qu'un synonyme
de garçon. On dit un bon bougre.
Bougrement Très.
- Pris en bonne comme en mauvaise part.
BOUILLANTE
Soupe.
- Soldats, vagabonds ou prisonniers n'ont pas le temps d'attendre qu'elle refroidisse.
BOUILLON
Mauvaise opération.
- Allusion aux gorgées d'eau qui asphyxient un noyé.
- « Il a bu un fameux bouillon
il a fait une perte considérable. », Dhautel, 1808.
Prendre un bouillon d'onze heures Se noyer, s'empoisonner.
Bouillon de canard Eau.
- « Jamais mon gosier ne se mouille avec du bouillon de canard. », Dalès.
Bouillon Pluie torrentielle.
- « Il va tomber du bouillon, pour dire une averse. », Dhautel, 1808.
Bouillon pointu
Lavement. Double allusion au clystère et à son contenu.
- « Dieu ! qu'est-ce que je sens ? », L'apothicaire (poussant sa pointe) C'est
le bouillon pointu. », Parodie de Zaïre. Dix- huitième
siècle.
- Bouillon pointu Coup de baïonnette
- « Toi, tes Cosaques et tous tes confrères, nous te ferons boire un bouillon
pointu. », Layale, Chansons, 1855.
BOUISBOUIS
Marionnette.
- Onomatopée imitant le cri de Polichinelle.
Bouisbouis Petit théâtre, tripot.
- Vient de Bouis, cloaque, maison de boue.
V. Dhautel.
- « Le bouisbouis est le café-concert qui a pour montre un espalier de femmes.
Le théâtre qui en étale est un bouisbouis. », 1861, Dunay.
BOULANGER
Diable (Vidocq).
- Il vous met au four de l'enfer.
BOULE
Tête.
- Allusion de forme.
- « Polissonne de boule ! en fais-tu des caprices ? », Les
Amours de Mayeux, chanson, l833.
- Perdre la boule Perdre la tête.
- « Mais Javotte a perdu la boule. », E. de Pradel, 1822.
Boule de son Figure couverte de rousseurs.
- Celles-ci sont appelées communément taches de son. L'image est juste.
- Boule de son : Pain de munition.
- Il contenait autrefois beaucoup trop de son.
- Boulendos : Bossu (Vidocq).
- Allusion à l'effet de la bosse sous l'habit. On paraît avoir une boule dans
le dos.
BOULER
Aller (Vidocq). Même étymologie que Abouler.
Bouler Battre (id., id).
- Bouler, c'est rouler son combattant à terre.
- « Si tu dis mot, j'te boule. », Chanson, Avignon,
1813.
BOULET À QUEUE
Melon (id.)
- Mot imagé.
BOULETTE
Petite faute. Un peu plus grave, elle devient une brioche.
On appelle de même sale pâtissier, un homme peu soigneux
de sa personne ou tripotant des affaires véreuses. La pâtisserie est-elle redevable
de l'honneur de ces acceptions aux soins minutieux qu'exige son exercice ? Le
fait est possible. En ce cas, il faut sous-entendre mauvaise
avec brioche et boulette.
BOULINER
Faire un trou ou boulin à la muraille (Vidocq).
- C'est pour la même raison qu'on appelle un villebrequin une boulinoire,
à cause du mouvement circulaire imprimé à cet instrument.
BOULOTTER
Vivre à l'aise. Mot à mot : rouler sans peine dans la vie.
- Diminutif de bouler.
- « Ils boulottaient l'existence, sans chagrin de la veille, sans souci du lendemain.
», De Lynol.
- Boulotter Assister (Vidocq).
BOUQUINE
Mot à mot : barbe de bouc, poussant sous le menton
; la mouche au contraire ne le dépasse pas.
BOURGEOIS
« Le bourgeois du cocher de fiacre, c'est tout individu qui entre dans sa voiture.
»
- « Chez les artistes, le mot Bourgeois est une injure, et la plus grossière que
puisse renfermer le vocabulaire de l'atelier. »
- « Le Bourgeois du troupier, c'est tout ce qui ne porte pas l'uniforme. », H.
Monnier.
BOURRIQUE (Tourner en)
Abrutir.
- « C'est ce gueux de Cabrion qui l'abrutit. Il le fera bien sûr tourner en bourrique.
», Eugène Sue.
BOUSCAILLE
Boue (Vidocq).
- Diminutif de boue.
- Bouscailleur : balayeur.
BOUSINEUR
Tapageur, faiseur de bousin.
- « Est-on bousineur dans ce bahut-ci ?
- Pas trop ; le sous-directeur est sévère !
- Ça m' l'enfonce. », Les Institutions de Paris,
1858.
BOUSSOLE
Cerveau.
- Le cerveau dirige l'homme comme la boussole dirige le navire.
- « J'ai ça dans la boussole. Ainsi ne m'en parlez plus. », Vidal, 1833.
- Boussolle de refroidi : Fromage de Hollande (Vidocq).
- Mot à mot : tête de mort. Allusion à la forme de
ce fromage qui est celle d'une boule assez grosse.
BOUTERNE
Boîte vitrée où sont exposés, aux foires de villages, les bijoux destinés aux
joueurs que la chance favorise. Le jeu se fait au moyen de huit dés pipés au besoin.
Il est tenu par une bouternière qui est le plus souvent
une femme de voleur. - Vidocq .
BOUTIQUE
« Ce n'est pas une chose, c'est un esprit de petit négoce, de profits troubles
et de soigneuses affaires, qui ne recule devant rien pour arriver à un gain quelconque.
Il y a la boutique industrielle comme la boutique scientifique, artistique et
littéraire. », A. Luchet.
- « On dit en plaisantant d'une femme qui en tombant a laissé voir trop de choses,
qu'elle a montré toute sa boutique. », Dhautel, 1808.
Quelle boutique ! est synonyme de Quelle
baraque ! Quelle mauvaise organisation !
Il est de la boutique : Il fait partie de la maison
de l'administration ou de la coterie.
Boutiquer : Fagoter, mal faire.
- Boutiquier : Homme à idées rétrécies, parcimonieuses.
BOUTOGUE
V. Boucard.
BOUZINGOT
- « À la révolution de Juillet, les romantiques se divisèrent en bouzingots et
en jeunes-France. Les premiers adoptèrent l'habit de conventionnel, le gilet à
la Marat et les cheveux à la Robespierre ; ils s'armèrent de gourdins énormes,
se coiffèrent de chapeaux de cuir bouilli. », Privat d'Anglemont.
- Mot à mot : faiseur de bousin, tapageur. Le bouzingot
voulait bouziner le régime de 1830.
BRAISE
Argent.
- Allusion à sa destination de première utilité. Sans braise, on ne peut faire
bouillir la marmite.
- « Pas plus de braise que dans mon oeil. », Mornand.
- V. Bille.
BRANCHE
Ami aussi attaché de coeur qu'une branche à l'arbre.
- « Allons, Panaris, le dernier coup, ma vieille branche ! », J. Moinaux.
Brancher
Pendre. - Vidocq.
- Mot à mot : accrocher à la branche.
BRANDILLANTE
Sonnette (Vidocq).
- Allusion au mouvement du battant.
BRANQUE
Âne (Vidocq).
- Onomatopée imitant le cri de l'âne.
BRELOQUE
Pendule. - Vidocq.
- Onomatopée imitant le bruit du balancier.
BRÈME
Carte (Vidocq).
- Allusion au poisson de ce nom qui est blanc, plat et court.
- Maquiller la brème, Gagner en trichant aux cartes.
- Un bremmier est un fabricant de cartes.
- Brème de pacquelins, Carte géographique. Mot à
mot : carte de pays.
BRIC-À-BRAC
« Ces travaux, chefs-d'oeuvre de la pensée, compris depuis peu dans ce mot populaire,
le bric-à-brac. », Balzac.
- « Le fait est qu'aujourd'hui le bric-à-brac est une industrie formidable, que
le gros marchand de bric-à-brac possède jusqu'à 500,000 fr. de marchandises. »,
Roqueplan, 1841.
Bric-à-brac Marchand de bric-à-brac.
- « Ce voleur de bric-à-brac ne voulait me donner que quatre livres dix sous.
», Gavarni.
BRICOLE
Petit travail mal rétribué.
Bricoler « M. Jannier bricolait à la Halle, c'est-à-dire
qu'il y faisait à peu près tout ce qu'on voulait, qu'il était au service de qui
désirait l'occuper. », P. d'Anglemont.
- Vient de bricole
harnais qui fait de l'homme qui le porte une sorte de cheval bon à tout traîner.
Bricoler Faire effort, donner un coup de collier
ou bricole.
- « Et bricolons tout plus vite que ça, car j'ai les pieds dans l'huile bouillante.
», Balzac.
BRIMADE Épreuve vexatoire infligée aux nouveaux de l'École Saint-Cyr
- « Point de ces brimades, qui ont longtemps déshonoré
Saint-Cyr. », La Bédollière.
Brimer Donner une brimade.
BRINDEZINGUES (Être dans les)
Être ivre. Mot à mot : avoir trop bu à la santé des autres.
- « Tiens, toi, t'es déjà dans les brindezingues. » Vadé, 1756.
- Du vieux mot brinde, toast.
- « Ces grands hommes firent tant de brindes à vostre santé et à la nostre, qu'ils
en pissèrent chacun plus de dix fois. », Lettre curieuse envoyée au cardinal Mazarin
par ses nièces.
- Paris, 1651.
BRIO
« Le brio, mot italien intraduisible et que nous
commençons à employer, est le caractère des premières oeuvres. C'est le fruit
de la pétulance et de la fougue intrépide, du talent jeune, pétulant, qui se retrouve
plus tard dans certaines heures heureuses. - Balzac.
BRIOCHE
V. Boulette.
BRISANT
Vent. - Vidocq.
- Diminutif de brise.
Briser (Se la) S'enfuir.
- Mot à mot : se laisser aller à la brise.
- « Dans le beau monde on ne dit pas Je me la casse, ou Je me la brise. », Labiche
.
Briseur « Les briseurs sont tous Auvergnats et
se prétendent commerçants. Ils s'entendent pour inspirer toute confiance à des
fabricants qu'ils trompent pour une grosse somme, après leur en avoir payé plusieurs
petites. Les marchandises brisées sont revendues
à 40 p. 100 de perte, et le produit de la brisure est placé en Auvergne. », Vidocq.
- Même étymologie que les mots précédents. Un briseur est un homme qui se
1a brise dès qu'il a fait son coup.
BROCANTES
Troc de marchandises de hasard.
- « Je vais faire des brocantes. », Balzac.
Brocante Objet sans valeur.
BRODER
Écrire
- Allusion au va-et-vient de la plume sur le papier.
- Un brodeur est un écrivain.
- En revanche, on a dit brodancher pour broder,
pris dans son acception ordinaire. V. Ravignolé.
BROQUILLE
Minute (Vidocq).
- Ce diminutif du vieux mot broque
petit clou, ardillon (V. Roquefort) fait sans doute allusion au petit signe indiquant
la minute sur un cadran.
BROSSÉE
Grêle de coups, défaite.
- « Les Turcs ont reçu une brossée. », Ricard.
Brosser Battre. Mot à mot : brosser de coups.
Se brosser le ventre Se brosser le ventre pour
lui faire oublier l'heure du repas. Pris souvent au figuré.
- « Vous brosser le ventre faute d'un éditeur. », Commerson.
Dès 1808, on disait : Ça fait brosse, pour Rien,
pour toi ! tout est brossé. - Dhautel.
- « Brosse pour lui ! Zut pour lui ! Fallait pas qu'y liche. », A. Dalès, Chanson.
BROUILLARD (Être dans le)
Être absorbé par l'ivresse. Chasser le brouillard
Boire un verre d'eau-de-vie dont la chaleur combat, dit-on, les mauvais effets
de l'humidité.
- On dit tuer le ver par un motif analogue ;
- l'alcool pris à jeun passe pour causer de vives contrariétés aux helminthes
et aux ascarides vermiculaires.
- Ces deux termes peuvent être considérés comme une allusion ironique aux prétextes
hygiéniques des buveurs d'alcool.
BROUTTA
Discours. V. Laïus.
- Du nom d un ancien professeur de l'École militaire.
BRUGE
Serrurier. - Vidocq.
- Du vieux mot bruger, pousser, heurter. V. Roquefort.
Brugerie Serrurerie.
- Id.
BRÛLAGE
Déconfiture.
- « C'est un brûlage général. », Balzac.
Brûler Perdre sans retour.
- Comment sommes-nous avec le boulanger ?
- M'sieur, le boulanger est brûlé, il demande un à-compte. », Champfleury.
Brûler Démasquer.
- « Le grec brûlé prend son parti lestement et va,
sous un autre nom nobiliaire, se faire pendre ailleurs. », Mornand.
Brûler la politesse S'esquiver sans faire la politesse
d'un adieu.
- « Quand il nous met à l'ombre, c'est que nous avons brûlé la politesse à la
consigne. », J. Arago, 1838.
Brûle-gueule Pipe dont le tuyau écourté brûle
les lèvres.
- « Une de ces pipes courtes et noires dite brûle-gueule. », De Banville.
BRÛLOT
Mélange de sucre et d'eau-de-vie brûlée.
- « Ils cassent les tasses où ils allument leur brûlot quotidien. », De la Barre.
BRUTAL
Canon.
- Allusion au bruit de son tir.
- « As-tu entendu ronfler le brutal ? », Dhautel, 1808.
- « Une détonation sourde se fit entendre.
- Tiens, dit Pierre, voilà déjà le brutal qui chante. », Ricard.
BÛCHE PLOMBANTE
l'allumette (Vidocq)
- Mot à mot : brin de bois sentant mauvais. On connaît l'odeur du soufre. V. Plomber.
BÛCHER
Travailler.
- Du vieux mot buscher, fendre du bois. V. Roquefort.
Bûcher Battre (id.).
- « I' vient pour me bûcher. Moi, je l'fais trébucher. », Chansons,
Avignon, 1813.
- « Il y a lieu de se bûcher. J'aimerais mieux les voies de douceur. », L. Reybaud.
Bûcherie Combat.
BUQUER
Voler dans une boutique en demandant de la monnaie (Vidocq).
BURLIN
Bureau. Diminutif du mot.
- V. Parrain.
BUSON
Bête. Diminutif de buse qui a le même sens.
BUTTE
Guillotine. Mot à mot, c'est l'action de tomber à la renverse, de butter,
c'est la dernière culbute.
- « Tu n'es qu'un lâche. Avec toi, on va tout droit à la butte. », Canler.
BUTTER
Assassiner.
- Du vieux mot buter, frapper, renverser, qui a fait
Culbuter. V. Roquefort.
- « Voilà donc une classe d'individus réduite à la dure extrémité de travailler
sur le grand trimar, de goupiner, de faire le bog et le blavin, de butter même
s'il en était besoin. », Cinquante mille voleurs de plus
à Paris, Paris, 1830.
- « Voilà pour butter le premier rousse, dit-il en montrant un couteau. », Canler.
ÇA (C'est), C'EST UN PEU ÇA
C'est superlatif.
- « Ils sont laids que c'est ça. », Pecquet.
- « C'était ça, presque aussi bath qu'au café. », Monselet.
- « On me cognait, mais c'était ça. », Zompach, 1852.
CABILLOT
« L'ennemi naturel du matelot, c'est le soldat passager, plus souvent nommé cabillot,
à cause de l'analogie qu'on peut trouver entre une demi-douzaine de cabillots
(chevilles) alignés au râtelier et des soldats au port d'armes. », Physiologie
du Matelot, 1843.
- La langue romane avait déjà cabi, serré, rangé.
V. Roquefort.
CABE, CABOT
Chien (Vidocq).
- Contraction des deux mots qui aboie. Les voleurs
ont, comme toujours, donné le nom de l'acte à l'acteur. Au lieu de dire le chien,
ils ont dit : le qui aboie, et en abrégeant, le
qu'abe, le qu'abo. V. Calvin, Combre.
CABERMONT
Cabaret (Vidocq).
- Corruption de mot.
CABESTAN
Agent de police.
- Comparaison de la corde qu'enroule le cabestan à celle avec laquelle l'agent
garrotte les criminels ( ? ). V. Macaron.
CADENNE
Chaîne de cou (Vidocq) . La racine latine (catena)
est demeurée presque intacte.
CABOULOT
« Le caboulot est un petit café où l'on vend plus spécialement des prunes, des
chinois et de l'absinthe.
- Daunay, 1861.
- Une monographie des Caboulots de Paris a paru en
1862.
- C'est aussi un cabaret de dernier ordre. V. Camphrier.
CADET
Derrière.
- « Sur un banc elle se met. C'est trop haut pour son cadet. », Vadé.
Cadet Pince de voleur (Vidocq).
- Cadet a ici le sens d'aide, de servant. On sait que le nom de cadet est donné
aux apprentis maçons. V. Caroubleur.
Cadet Individu.
- Pris souvent en mauvaise part.
- « Le cadet près de ma particulière s'asseoit sur l' banc. », Le
Casse-Gueule, chanson, 1841.
CADICHON
Montre (Vidocq).
- Diminutif de Cadran. Le cadran des montres est fort petit.
CADRAN
Montre.
- Cadran solaire, lunaire : derrière.
- Allusion à la forme ronde du cadran.
- « Est-ce l'apothicaire Qui vient placer l'aiguille à mon cadran lunaire ? »,
Parodie de Zaïre, dix-huitième siècle.
CAGNE
Cheval (Vidocq).
- Pris en mauvaise part. Abrév. du vieux mot cagnard,
mou, paresseux. V. Roquefort.
CABRIOLET, CACHEMIRE D'OSIER
Hotte de chiffonnier (Vidocq).
- Comparaison ironique. Comme le cachemire, la hotte se met sur le dos. Même ironie
pour le premier mot. Le chiffonnier roule avec son cabriolet comme le fantassin
part à cheval sur Azor.
Cabriolet Chapeau de femme.
- Une capote de femme ressemble assez à celle d'un cabriolet.
CAFARDE
Lune (Vidocq).
- C'est la lune voilée qui se dissimule derrière un nuage avant d'être la Moucharde,
de briller de tout son éclat.
CAFÉ (Fort de), FORT DE CHICORÉE, FORT DE MOKA
Excessif, peu supportable.
- « On dit : C'est un peu fort de café, pour exprimer que quelque chose passe
les bornes. », Dhautel, 1808.
- « Oh ! Oh ! dirent Schaunard et Marcel, ceci est trop fort de moka.
», Murger.
- « S'unir à un autre ! C'est un peu fort de chicorée. », Cormon. On sait quelle
irritation le café trop fort cause dans le système nerveux. La chicorée jouit
des honneurs peu mérités du synonyme. Il semble qu'ici, comme dans le café du
pauvre, elle tienne à entrer en fraude. En revanche, on sait que le moka tient
le haut de l'échelle.
Prendre son café Rire, se moquer.
- « Ah ! fusilier, vous voulez prendre votre café », Bertall.
CAGNOTTE
« Espèce de tirelire d'osier recevant les rétributions des joueurs. », Montépin.
CAISSE (Donner de la grosse)
Louer très-bruyamment
- Allusion aux bateleurs qui attirent leur public à coups de grosse caisse.
- « Il faut qu'Artémise réussisse. C'est le cas de donner de la grosse caisse
à se démancher le bras. », L. Reybaud.
Sauver la caisse S'enfuir avec les fonds dont
on est dépositaire.
- Fort à la mode depuis le fameux mot de Bilboquet
Sauvons la caisse !
CAILLÉ
Poisson. - Vidocq.
- Mot à mot : couvert d'écailles.
- Du vieux mot caille, écaille. V. Roquefort.
CAISSON (Faire sauter le)
Faire sauter la cervelle.
- « Quelle mort préférez-vous ?
- Faites-moi sauter le caisson. », P. Borel, 1833.
CALÉ
Riche (Dhautel).
- Terme de marine. Être calé, c'est avoir assez de
biens pour en remplir sa cale. Usité en 1808.
- « Les plus calés sont quelquefois gênés. », Eugène Sue.
CALEBASSE
Tête.
- Allusion de forme.
- « Faudrait pas gros de sens commun pour remplir une calebasse comm' ça. », Gavarni.
CALÈGE
Prostituée élégante, et associée à des hommes dangereux.
- « Elle vend très-cher ce que la ponante et la dossière livrent à des prix modérés.
Sa toilette est plus fraîche ; ses manières plus polies. Elle a pour amant un
faiseur ou un escroc, tandis que les autres sont associées à un cambriolleur ou
à un roulotier. », Vidocq.
- Vient de cale, qui signifiait grisette au dix-septième
siècle.
- « Gombault, qui se piquait de n'aimer qu'en bon lieu, cajolait une petite cale
crasseuse. », Tallemant des Réaux.
CÂLER
Ne rien faire.
- « La plus grande jouissance du compositeur d'imprimerie est de câler. », Ladimir.
CALIBRE
Qualité.
- On sait que les armes et bouches à feu sont graduées par calibre.
- « Un particulier de ce calibre-là. », Randon.
CALICOT
Commis marchand . Mot à mot : vendeur de calicot.
- « Triple escadron ! le calicot s'insurrectionne. », P. Borel, 1833.
Calicote Femme fréquentant un ou plusieurs calicots.
- « Clara Fontaine est une étudiante, Pomaré est une calicote. », Paris
dansant.
CALIFORNIEN
Riche.
- Grâce à des découvertes aurifères bien connues, ce mot a remplacé le Pérou dans
nos locutions proverbiales.
- « La jeune fille regrettait de ne pouvoir garder pour elle-même cette bonne
fortune californienne. », Montépin.
CALINO
Homme ridiculement naïf.
- C'est une pièce du vaudeville qui a vulgarisé ce nom et ce type.
- « L'artiste était fort ennuyé par une espèce de calino. », Figaro.
CALME ET INODORE (Être)
Affecter une certaine sévérité de manières.
- Ces deux mots ne vont jamais l'un sans l'autre, et parodient sans doute quelque
manuel de civilité puérile et honnête.
CALOQUET
Coiffure de femme (Dhautel).
- Caloquet Chapeau.
- « Achetez un caloquet plus méchant, le vôtre n'est pas trop rup. », L. de Neuville.
- Caloquet Couronne. V. Dab.
CALOT
Dé à coudre, coquille de noix (Vidocq).
- Comparaison de ces objets à la calotte qui est de même forme.
- Calot Teigneux. Mot à mot : ayant une calotte de
teigne.
CALOTTER
C'est frapper de la main sur la tête, faire une calotte
de coups.
- « Calottez-moi, gifflez-moi. », J. Arago, 1838.
CALOTTIN
Ecclésiastique.
- Allusion a la calotte cléricale.
- Dans le Déjeuner de la Râpée, pièce poissarde de
L'Écluse (1750), une poissarde repousse un abbé en disant
« Adieu, monsieur le calottin ! »
CALVIGNE
Vigne (Vidocq).
- Mot à mot : lieu qu'a l'vigne, qui est planté de
vigne.
- Calvin Raisin (Vidocq).
- Donnant le nom du jus au fruit, les voleurs ont dit le
qu'a le vin pour le raisin. V. Cabe.
CAMBOLER
Tomber.
- Contraction de Caramboler.
- « V'là qu'elle cambole sur son prussien et feint de tomber de son digue-digue.
», Decourcelle, 1840.
CAMBRIOLLE
Chambre (Vidocq).
- Diminutif du vieux mot cambre, chambre. V. Roquefort.
- V. Pieu, Esquintement, Rincer.
CAMBRIOLLEURS
Voleurs s'introduisant dans les chambres (cambriolles) par effraction ou par escalade.
- M. Canler les divise en six classes.
- Vidocq, sans apporter autant de méthode que Canler dans la classification des
cambriolleurs, ajoute des particularités assez curieuses
sur leurs costumes où dominent les bijoux et les cravates de couleurs tranchées,
telles que le rouge, le bleu ou le jaune ; sur la manie singulière de faire faire
leurs chaussures et leurs habits chez les mêmes confectionnneurs, ce qui n'était
souvent pas un petit indice pour la justice ; sur leur habitude de se faire accompagner
d'une fausse blanchisseuse dont le panier cache leur butin.
- Les plus dangereux cambriolleurs sont appelés nourrisseurs,
parce qu'ils nourrissent une affaire assez longtemps pour en assurer l'exécution,
et, autant que possible, l'impunité.
CAMBRONNE (Le mot de)
Merde !
- Cette allusion à un mot historique discutable, sert aujourd'hui d'équivalent
à une injure populaire fort répandue. Que Cambronne l'ait dit ou non, on ne lui
en fera pas moins honneur. Nous rappelons aux curieux qui voudraient s'édifier
à ce sujet, un chapitre des Misérables de M. Victor
Hugo ; un article de M. Cuvillier Fleury, aux Débats,
qui sera sans doute reproduit dans ses études littéraires, et enfin une lettre
publiée par le journal L'Intermédiaire, du 15 février
1864.
CAMBROU, CAMBROUSE
Serviteur, servante (Vidocq).
- Corruption de l'ancien mot, cambrier ; valet de
chambre. Chambrière est resté.
CAMBROUSE
Campagne (Vidocq).
- Du latin campus, campagne.
- Cambrousier Voleur de campagne (id.).
- « La rousse pousse comme des champignons, et même dans la cambrouse, ils viennent
vous dénicher. », Patrie du 2 mars 1852.
- V. Garçon.
CAMBROUSIERS
« C'est ainsi que les marchands forains nomment les paysans. », P. d'Anglemont.
CAMÉLIA, DAME AUX CAMÉLIAS
« Quand la lorette arrive à la postérité, elle change de nom et s'appelle dame
aux camélias. Chacun sait que ce nom est celui d'une pièce de Dumas fils,
dont le succès ne semble pas près de finir au moment où nous écrivons. », E. Texier,
1852.
CAMELOT
« C'est-à-dire marchand de bimbeloteries dans les foires et fêtes publiques. »,
P. d'Anglemont .
Camelotte dans le pied En flagrant délit de vol.
- « J'ai été pris, la camelotte dans le pied. », La Correctionnelle,
journal.
CAMOUFLE
Chandelle (Vidocq).
- Camouflet Chandelier.
- Du vieux mot camouflet ; fumée.
Camoufler Déguiser.
- Mot à mot : cacher le muffle.
- Camouflement Déguisement (Vidocq).
CAMPAGNE (Aller à la)
Être enfermée à la maison de Saint-Lazare.
- Usité parmi les filles.
Aller à la campagne « Elles ont disparu trois,
quatre ou six mois. On les savait malheureuses. Elles reparaissent tout à coup
plus fières et plus fringantes que jamais ; elles ont été passer une saison à
la campagne (dans une maison de prostitution de province). », Ces
Dames, 1860.
CAMPHRE
Eau-de-vie.
- Allusion a l'alcool camphré.
- « Aux buveurs émérites et à ceux qui ont depuis bien des années laissé leur
raison au fond d'un poisson de camphre. », P. d'Anglemont.
- V. Casse- poitrine.
Se camphrer S'adonner à l'eau-de-vie.
Camphré Alcoolisé.
- « Dis donc, avec ton gosier camphré, tu fais bien tes embarras. », 1844, Catéch.
poissard.
Camphrier Buveur d'eau-de-vie.
- « Entends-tu, vieux camphrier, avec ta voix enrhumée. », 1844, Catéch.
poissard.
Camphrier « Le camphrier
est un sale débit de liqueurs atroces à un sou le
verre et à dix-sept sous le litre. Le caboulot
ne diffère du camphrier que par sa moindre importance
comme établissement. C'est, du reste, le même breuvage qu'on y débite aux mêmes
habitués. », Castillon.
CANAGE, CANE
Mort.
- V. Caner.
CANAPÉ
Lieu public fréquenté par les pédérastes (Vidocq).
- Ironique, car les parapets des quais et les bancs de certains boulevarts sont
de tristes canapés.
CANARD
Récit mensonger inséré dans un journal.
- « Nous appelons un canard, répondit Hector, un fait qui a l'air d'être vrai,
mais qu'on invente pour relever les Faits-Paris quand
ils sont pâles. », Balzac.
Canard Fausse nouvelle.
- « Ces sortes de machines de guerre sont d'un emploi journalier à la Bourse,
et on les a, par euphémisme, nommés canards. », Mornand.
Canard Imprimé banal crié dans la rue comme nouvelle
importante. V. Canardier.
Autrefois, on disait vendre ou donner un canard par moitié
pour mentir, en faire accroire.
- Dès 1612, dans le ballet du Courtisan et des Matrones,
M. Fr. Michel a trouvé
« Parguieu vous serez mis en cage, vous estes un bailleur de canars. », On trouve
« donner des canards
tromper » dans le Dict. de Dhautel, 1808.
Canard, couac « Ces explosions criardes des instruments
à vent si connues sous le nom de canards. », V. Luchet.
- Le second mot est une onomatopée, et la comparaison d'une fausse note au cri
du canard (couac) a fait former le premier.
Canard Sobriquet amical donné aux maris fidèles.
Le canard aime à marcher de compagnie.
- « Or, le canard de madame Pochard, s'était son mari ! », Ricard.
Canarder Faire feu d'une embuscade comme si on
était à l'affût des canards sauvages.
- Canarder
tromper.
- « On a trop canardé les paroissiens. avec la philanthropie. », Gavarni.
Canardier Crieur, confectionneur de fausses nouvelles.
- « Place au célèbre Édouard, le canardier par excellence, le roi des crieurs
publics ! », Privat d'Anglemont.
CANCAN
Danse.
- Du vieux mot caquehan, tumulte (Littré).
- « Messieurs les étudiants, Montez à la Chaumière, Pour y danser le cancan Et
la Robert Macaire. », Letellier, 1836.
- « Nous ne nous sentons pas la force de blâmer le pays latin, car, après tout,
le cancan est une danse fort amusante. », L. Huart, 1840.
- M. Littré n'est pas aussi indulgent.
- « Cancan : Sorte de danse inconvenante des bals
publics avec des sauts exagérés et des gestes impudents, moqueurs et de mauvais
ton. Mot très-familier et même de mauvais ton. », Littré, 1864.
- Cancanner, Pincer le cancan Danser le cancan
- Pincer un léger cancan n'est pas tout à fait cancaner
; c'est une chorégraphie mixte où se fait deviner seulement le fruit défendu.
- Chahuter, c'est épuiser au contraire toutes les
ressources pittoresques de ce fandango national.
- « On va pincer son petit cancan, mais bien en douceur. », Gavarni.
- « J'ai cancané que j'en ai pus de jambes. », Id.
CANER
Avoir peur, reculer au lieu d'agir, faire le plongeon comme le canard ou la cane.
- « Par Dieu ! Qui fera la canne de vous aultres,
je me donne au diable si je ne le fais moyne. », Rabelais.
- « Oui, vous êtes vraiment français, vous n'avez cané
ni l'un ni l'autre. »
- Marco Saint-Hilaire.
Caner Mourir (Vidocq).
- Les approches de la mort vous font peur, vous font caner.
- V. Rengracier.
CANICHE
Ballot carré (Vidocq) aux coins duquel la toile d'emballage forme des oreilles
semblables à celles d'un petit chien.
CANON
Mesure de liquide en usage chez les marchands de vins de Paris.
- N'oublions pas que canon signifie verre
dans le vocabulaire des francs-maçons.
- Prendre un can sur le comp Prendre un canon
sur le comptoir.
- « Les canons que l'on traîne à la guerre Ne valent pas ceux du marchand de Vin.
», Brandin, Chansons, 1826.
CANONNIER DE LA PIÈCE HUMIDE
- V. Artilleur.
CANTALOUP
Niais.
- V. Melon.
CANTON
Prison (Vidocq).
- Du vieux mot canton, coin. C'est dans les coins
qu'on est à l'ombre.
- Cantonnier Prisonnier. V. Carruche.
CANULE
Homme canulant.
- Canuler Importuner.
- « C'est canulant. », H. Monnier.
- Mot inventé par les ennemis du clystère.
CAPAHUTER
Assassiner son complice pour s'approprier sa part (Vidocq).
- Du nom de Capahut, un malfaiteur coutumier du fait.
CAPITAINE
Agioteur (Vidocq). Corruption de Capita1iste.
CAPORAL
Tabac à fumer.
- Allusion à un tabac haché plus gros, dit de soldat,
qui est vendu a un prix moindre.
- « Un fumeur très-ordinaire brûle à lui seul son kilogramme de caporal par mois,
cent francs par an au bas mot, dont soixante-dix pour le Trésor. », A. Luchet.
CAPRICE
Objet d'une vive et subite affection.
- « Tu es mon caprice, et puisqu'il faut sauter le pas, que du moins j'y trouve
du plaisir. », Rétif, 1776.
CAPSULE (Chapeau)
Chapeau affectant les petits bords et la forme cylindrique d'une capsule de fusil
; à la mode depuis 1860. V. Carreau.
CAPUCINE
« Veuillez excuser notre ami, il est gris jusqu'à la troisième capucine. », Murger.
- C'est comme si l'on disait
Il en a par dessus le menton. La troisième capucine est très-près de la bouche
du fusil .
CARABINE
Fouet de conducteur du train.
- Allusion ironique à son claquement.
Carabiné De première force.
- Terme de marine. On sait qu'un vent carabiné est très-fort.
CARAMBOLER
Faire d'une pierre deux coups
- « Leur père qui carambole, en ruinant son fils et sa fille. », Balzac.
- Caramboler Tomber, faire tomber en ricochant.
- Carambolage Chute, choc général.
CARANTE
Table (Vidocq).
- Diminutif de carrée ( ? ).
- Allusion de forme.
CARCAN
Cheval étique, femme maigre et revêche.
- « C'est pas un de ces carcans à crinoline. », Monselet.
CARE (Voler à la), CARER, CARIBENER
Voler. Un marchand en proposant un échange avantageux de monnaies anciennes contre
des nouvelles (Vidocq).
- Carer n'est qu'une forme ancienne (V. Roquefort)
et par conséquent un synonyme de charrier. V. ce
mot.
- Caribener est un diminutif.
CARGOT
Cantinier.
- Corruption de gargotier.
- V. Aide.
CARLE
Argent (Vidocq).
- De Carolus, ancienne monnaie de Charles VIII.
- « Le cidre ne vaut plus qu'un carolus. », Ol. Basselin. V. Bayafe.
CARLINE
La mort (Vidocq).
- Allusion au masque noir de Carlin et à son nez camus. Jadis on appelait la mort
camarde, parce qu'une tête de mort n a pour nez qu'un
os de très-faible saillie.
CARNE
Mauvaise viande (Vidocq).
- Du vieux mot caroigne, charogne.
- « Un morceau d'carne dur comme un cuir », Wado.
Carne Mauvaise femme.
- C'est la carogne de Molière.
- « Je la renfoncerais dedans à coups de souliers. la carne. », Eugène
Sue.
CAROTTE (Tirer une)
Demander de l'argent sous un faux prétexte.
- « Nul teneur de livres ne pourrait supputer le chiffre des sommes qui sont restées
improductives, verrouillés au fond des coeurs généreux et des caisses par cette
ignoble phrase
« Tirer une carotte. », Balzac.
- Carotte de longueur. Grosse demande, demande subtile.
- Vivre de carottes
Vivre en faisant des dupes.
Carotter Obtenir de l'argent en tirant une carotte
« Allons, va au marché, maman, et ne me carotte pas. »
Carotter Ne vivre que de légumes. Vivre mesquinement.
- « Il se dépouillait de tout. Il sera très heureux de vivre avec Dumay en carottant
au Havre. », Balzac.
Carotter le service Éluder sous de faux prétextes
les obligations du service militaire.
CAROTTER
Jouer petit jeu.
- « Un homme qui allait à la Bourse et qui carottait sur les rentes après s'y
être ruiné. », Balzac.
CAROTTEUR, TIER
Tireur de carottes.
- « Allons, adieu, carotteur ! », Balzac.
- « Joyeux vivant, mais point grugeur et carottier. », Vidal, 1833.
CAROUBLE
Fausse clé (Vidocq). V. Esquintement.
Caroubleur « Voleur employant des caroubles fabriquées
par lui-même sur des empreintes livrées par des domestiques, des frotteurs, des
peintres, ou des amants de servantes.
- Le Caroubleur à la flan ou à
l'esbrouffe vole aussi avec de fausses clés, mais au hasard, dans la première
maison venue. Le Caroubleur au fric-frac emploie,
au lieu de clés, un pied de biche en fer appelé cadet, monseigneur,
ou plume. », Vidocq.
CARREAU
Lorgnon monocle.
- « M. Toupard, cinquante-deux ans, petite veste anglaise, chapeau capsule, un
carreau dans l'oeil. », Mém. d'une Dame du Monde,
1861.
CARRUCHE
Prison (Vidocq). Diminutif du vieux mot car, coin.
V. Roquefort.
- V. Canton.
- Comte de la Carruche, Geôlier.
CARTE (Revoir la).
- On comprend l'ironie du mot en se rappelant qu'on entend par carte
la liste des mets choisis pour son repas.
Femme en carte
Femme à laquelle la police impose une carte de fille soumise.
- « La fille en carte est libre, peut demeurer où bon lui semble, pourvu qu'elle
se présente exactement aux visites des médecins. », F. Béraud.
CARTON
Carte à jouer.
- « Je n'ai pas parlé des tables d'hôte où on donne le carton,
c'est-à-dire où l'on fait jouer. », Lespès.
- « Lorsqu'on a dîné entre amis, il faut bien remuer des cartons peints pour se
dégriser. », About.
- « Ces quatre messieurs qui tripotent le carton
(Dict. de l'Avenir) avec une grande habileté. »,
Villemessant, Paris au jour le jour l860.
Travailler, tripoter, graisser le carton
Jouer aux cartes.
- Maquiller le carton
Faire sauter la coupe.
De carton De petite valeur. V. Occasion
(D'), Michet.
CASAQUIN
Corps (Dhautel 1808).
- « Je te tombe sur la bosse, je te tanne le casaquin. », Paillet.
CASCADES
Vicissitudes, folies.
- « Sur la terre j'ai fait mes cascades. », Robert Macaire,
chanson, 1836.
Cascades (Faire des) « Ce mot dépeint les fantaisies
bouffonnes, les inégalités grotesques, les lazzi hors de propos, les improvisations
les plus fantasques. », J. Duflot.
CASQUE
Chapeau rond.
- Casque à mèche Bonnet de coton à mèche.
- « Il dévoilera les mensonges cotonneux de madame et apportera dans le salon
le casque a mèche de monsieur. », Th. Gautier.
Avoir son casque V. Casquette.
CASQUER
Donner dans un piége.
- Mot à mot : tomber tête baissée dans un casque, c'est à dire dans une enveloppe
assez épaisse pour ne rien apercevoir.
- De là aussi casquer dans le sens de donner de l'argent
sans voir qu'il est escroqué. V. Cavé.
CASQUETTE
Chapeau de femme. V. Chouette.
Être casquette Être ivre.
- Mot à mot : avoir plein son casque. Casque
est pris ici pour tête.
- « Il me demande si je veux m'humecter. Je lui dis que j'ai mon casque. », Monselet.
- « Ai-je manqué, soit à jeun, soit casquette, De t'apporter ma soif et ma chanson
?
- Festeau.
CASSANTE
Noix, dent. (Vidocq).
- Effet pris pour la cause. La noix se casse et la dent casse.
CASSE-GUEULE
Bal public de dernier ordre, où on se bat souvent.
- « Veux-tu v'nir aux Porcherons, Ou j'irons au cass'gueule à la basse Courtille.
», Duverny, Chanson, 1813.
CASSE-POITRINE
« Cette boutique est meublée de deux comptoirs en étain où se débitent du vin,
de l'eau-de-vie et toute cette innombrable famille d'abrutissants que le peuple
a nommés, dans son énergique langage, du Casse-Poitrine. », P. d'Anglemont.
- « Ces demoiselles n'ont plus la faculté de se faire régaler du petit coup d'étrier,
consistant en casse-poitrine, vespetro, camphre et autres ingrédients. », Pétition
des filles publiques de Paris, Paris, 1830, in-8.
CASSER DU BEC
Sentir mauvais.
- Casser a ici le sens de couper,
ce qui donne Mot à mot : couper de son bec. celui des autres. V. Couper
la gueule.
CASSER (Se la)
S'enfuir.
- « Vous vous esbignez. Ils se la cassent. », A. Second.
CASSEROLE
Personne dénonçant à la police. Il est à noter que le dénonciateur s'appelle aussi
cuisinier.
CASSEUR
Tapageur, prêt à tout casser.
- « La manière oblique dont ils se coiffent leur donne un air casseur. », R. de
la Barre.
CASSINE (Une)
« Ce mot signifiait autrefois une petite maison de campagne ; maintenant, il n'est
plus d'usage que pour dire un logement triste et misérable. », Dhautel, 1808.
- Diminutif de Case.
CASTOR
Officier de marine qui évite les embarquements.
- Le castor bâtit volontiers sur le rivage.
CAUCHEMARDER
Ennuyer comme un cauchemar.
- « C'est cauchemardant ; depuis deux ans, elle en raconte. », Jaime.
CASTUC
Prison (Vidocq).
- Corruption du vieux mot castel, château.
- V. Ravignolé.
Castus Hôpital.
- Vient du même mot, a moins que ce ne soit un jeu de mots sur la grande phrase
de l'hôpital
Qu'as-tu (que ressentez- vous ? ). C'est ainsi qu'on
appelle les douaniers qu'as-tu là.
CAVALCADES
Vicissitudes amoureuses.
- « Ça fait des manières, une porte-maillot comme ca.
- Et qui en avait vu des cavalcades. », Gavarni.
CAVALER (Se)
S'enfuir avec la vitesse d'un caval, cheval. V. Roquefort.
« Il faut se cavaler et vivement. », Chenu.
CAVÉ
Dupe (Vidocq).
- Mot à mot : tombé dans un trou, une cave.
- Même image que dans enfoncé, casqué.
CÉ
Argent. V. Chêne.
CENTRE
Nom.
- Centre à l'estorgue, faux nom. V. Estorgue.
- Coquer son centre Donner son nom. (Vidocq).
- V. Ravignolé.
CENTRE DE GRAVITÉ
Derrière.
- « Porter une main furtivement timide à son centre de gravité. », Ed. Lemoine.
CENTRIER
Député du centre conservateur sous Louis-Philippe.
- « Moreau ! mais il est député de l'Oise.
- Ah ! c'est le fameux centrier. », Balzac.
Centrier, Centripète Soldat du centre.
CERBÈRE
Portier malhonnête.
- Comparaison Mythologique.
- « Misérable, disait-elle au cerbère, si mon mari le savait.
- Bah ! répondait-il. un terme de payé, ça aide. », Ricard.
CERCLE
Pièce d'argent.
- Allusion à la forme circulaire de la monnaie.
Pincer, Rattraper au demi-cercle Prendre à l'improviste.
- Terme d'escrime.
CERCLÉ
Tonneau (Vidocq).
- Allusion aux cercles qui retiennent les douves.
CERF (Se déguiser en)
Courir.
- Allusion à la vitesse du cerf.
CERISE
Cheval aussi mauvais que les bidets qui portent des cerises au marché.
- Un mauvais cavalier monte aussi en marchand de cerises
(Dhautel).
CHAFRIOLER
Se complaire.
- « L'atmosphère de plaisirs où il se chafriolait. », Balzac.
- M. Paul Lacroix affirme que ce verbe a été inventé par Balzac en ses Contes
drolatiques.
CHAHUT
Dispute.
- « Je n'ai jamais de chahut avec Joséphine comme toi avec Millie. », Monselet.
Chahut Danse populaire.
- « Un caractère d'immoralité et d'indécence comparable au chahut que dansent
les faubouriens français dans les salons de Dénoyers. », 1833, Mansion.
- « La chahut comme on la dansait alors était quelque chose de hideux, de monstrueux
; mais c'était la mode avant d'arriver au cancan parisien, c'est-à-dire à cette
danse élégante décemment lascive lorsqu'elle est bien dansée. », P. d'Anglemont.
Chahuter Faire tapage, danser le chahut.
- « Ce verbe, qui, à proprement parler, signifie crier comme un chat-huant, vient
du nom de cet oiseau autrefois appelé chahu ou cahu.
», Fr. Michel.
- « Ça mettra le vieux Charlot en gaîté. il chahutera sur sa boutique. », Eugène
Sue.
Chahuter Renverser, culbuter.
- « Sur les bords du noir Cocyte, Chahutant le vieux
Caron, Nous l'fich'rons dans sa marmite, etc. », Chanson
de canotiers.
CHAILLOT (À)
Terme injurieux fort en usage à Paris. C'est comme si on criait
A l'eau ! à l'eau !
- Et par le fait, Chaillot est au bord de la Seine. Le mot pourrait être fort
ancien, si on en juge par cet extrait d'une mazarinade de 1649 (La
Nape renversée).
- « Les gens de l'assemblée s'en allèrent je ne sçay où, à Chaillot ou à Saint-Cloud.
»
- « À Chaillot les géneurs. », Les Cocottes, 1864.
CHAIR HUMAINE (Vendeur de)
Agent de remplacement militaire.
- Au dix- huitième siècle, on donnait déjà ce nom aux sergents recruteurs.
CHALOUPE
Femme dont le jupon se gonfle comme une voile de chaloupe.
- « C'te chaloupe ! » crie Un gamin de Gavarni derrière une élégante.
Chaloupe orageuse Variété pittoresque du cancan.
V. Tulipe.
- « Ils chaloupaient à la Chaumière. »
- Les Étudiants, 1864.
- Comparaison de la danse au roulis d'une chaloupe.
CHAMEAU
Femme de mauvaise vie.
- On dit aussi : Chameau d'Égypte, chameau à deux bosses,
ce qui paraît une allusion a la mise en évidence de certains appas.
- « Qu'est-ce que tu dis là, concubinage ? coquine, c'est bon pour toi. A-t-on
vu ce chameau d'Égypte ! », Vidal, 1833.
- « Cette vie n'est qu'un désert, avec un chameau pour faire le voyage et du vin
de Champagne pour se désaltérer. », F. Deriège, 1842 .
Cette épithète passe aussi pour dater de la campagne d'Égypte, pendant laquelle
nos soldats, profonds analogistes, auraient été frappés de la docilité avec laquelle
le chameau se couchait pour recevoir son fardeau. Tel est du moins l'avis de l'
Encyclopediana.
CHAMP
Champagne.
- « Maria. Oh ! . du champ ! .
- Eole. agne.
- Maria. Qu'est-ce que vous avez donc ?
- Eole. On dit du champagne.
- Maria. Ah bah ! où avez-vous vu ça ? », Th. Barrière.
CHAMPAGNE (Fine)
Eau-de-vie fine.
- Du nom d'un village de la Charente-Inférieure.
- « Nous lui ferons prendre un bain de fine champagne. », Cochinat.
CHANÇARD
Favorisé habituellement par la chance.
CHANDELLE (Tenir la)
Être placé dans une fausse position, favoriser le bonheur d'autrui sans y prendre
part.
- « Embrassez-vous, caressez- vous, trémoussez vous, moi je tiendrai la chandelle.
», J. Lacroix.
- Une chanson imprimée chez Daniel, à Paris, en 1793,
- Cadet Roussel républicain, fournit cet exemple
plus ancien
« Cadet Roussel a trois d'moiselles Qui n'sont ni bell's ni pucelles, Et la maman
tient la chandelle. »
Moucher la chandelle S'adresser pour l'explication
aux cinq vers suivants qui jouent très-finement sur le mot
« Comment, disait-il, D'un mari, ma belle, Malgré la chandelle,
Tromper l'oeil subtil ?
- Mouchez, disait-elle. », V. Mabille.
CHANTAGE
Extorsion d'argent sous menace de révélations scandaleuses.
- « Le chantage, c'est la bourse ou l'honneur. », Balzac.
Chanter Être victime d'un chantage.
- « Tout homme est susceptible de chanter, ceci est dit en thèse générale. Tout
homme a quelques défauts de cuirasse qu'il n'est pas soucieux de révéler. », Lespès.
Faire chanter signifie obtenir de l'argent de
quelqu'un en lui faisant peur, en le menaçant de publier des choses qui pourraient
nuire à sa considération, ou qu'il a pour d'autres raisons un grand intérêt a
tenir ignorées. »
- Roqueplan.
- « Faire chanter Faire payer par ruse une chose
qu'on ne doit pas. », Dhautel, 1808.
Étymologie incertaine. Faire chanter devrait,
selon nous, s'appliquer a la bourse. C'est celle-ci qui ouvre sa bouche pour faire
entendre le chant de ses pièces d'or.
Chanteurs « Hommes exploitant la crainte qu'ont
certains individus de voir divulguer des passions contre nature. Ils dressent
à cette fin des jeunes gens dits Jésus qui leur fournissent
l'occasion de constater des flagrants délits sous les faux insignes de sergents
de ville et de commissaires de police. La dupe transige toujours pour des sommes
considérables. », Canler.
Vidocq range dans la catégorie des chanteurs
1 - les journalistes qui exploitent les artistes dramatiques ;
2 - les faiseurs de notices biographiques qui viennent vous les offrir à tant
la ligne ;
3 - « Sans compter, ajoute-t-il, mille autres fripons dont les ruses défraieraient
un recueil plus volumineux que la biographie Michaud
»
CHANTERELLE (Appuyer sur la)
Faire crier.
- Assimilation de la voix à la corde aiguë d'un instrument.
CHAPARDER
Marauder.
- De chat-pard, chat-tigre ou serval.
- Les zouaves passent pour les plus habiles chapardeurs
de l'armée française.
CHARABIA
« Toutes ces affaires se traitent en patois d'Auvergne dit charabia.
», Balzac.
Charabia Auvergnat. On dit aussi Auverpin.
- « Que penseriez-vous d'un homme qui n'est ni Auverpin ni Charabia ? », P. d'Anglemont.
CHARLEMAGNE (Faire)
Se retirer du jeu sans plus de façon qu'un roi, et sans laisser au perdant la
faculté de prendre sa revanche.
- « Si je gagne par impossible, je ferai Charlemagne sans pudeur. », About.
Charlemagne Poignard d'infanterie.
- Allusion ironique à l'épée du grand monarque.
CHARLOT
« Le peuple et le monde des prisons appellent ainsi l'exécuteur des hautes oeuvres
de Paris. », Balzac.
- « Allez, monsieur le beau, Que Charlot vous endorme ! Tirez d'ici, meuble du
Châtelet. », Vadé, 1788.
- V. Garçon.
CHARMANTE
Gale.
- « La charmante y fait gratter bien des mains, aussi la visite était-elle rigoureuse.
», Vidal, 1833.
CHARON
Voleur (Vidocq).
- Diminutif de Charrieur. V. ce mot.
- « Dessus le pont au Change, certain agent de change se criblait au charon. »,
Vidocq.
CHARPENTIER
Auteur dramatique dont le talent consiste à bien tracer la charpente
c'est-à-dire le plan d'une pièce.
- « As-tu vu la pièce d'hier ?
- Oui, c'est assez gentil.
- Est-ce bien charpenté ?
- Peuh ! couci-couci. », De la Fizelière.
- « Il n'est pas si facile de se montrer un habile charpentier. », Second.
CHARRIAGE
Action de charrier.
- Charrier, terme générique qui signifie voler quelqu'un
en le mystifiant (Vidocq).
- Charrieur, careur, charon Voleurs pratiquant le
charriage.
Charrier vient des anciens verbes charier,
chariner aller, procéder, mystifier. V. Roquefort.
- Ce dernier sens répond tout à fait à celui de Vidocq.
Charriade à l'américaine « Il exige deux compères
; celui qui fait l'américain et celui qui lui sert de leveur
ou de jardinier. Le leveur lie conversation avec
tous les naïfs qui paraissent porter quelque argent. Puis on rencontre l'américain
qui leur propose d'échanger une forte somme en or contre une moindre somme d'argent.
La dupe accepte et voit bientôt les charrieurs s'éloigner, en lui laissant contre
la somme qu'il débourse des rouleaux qui contiennent du plomb au lieu d'or. »,
Canler.
Charriage au pot Il débute de la même façon que
le précédent. Seulement l'américain offre à ses deux compagnons d'entrer à ses
frais dans une maison de débauche. Par crainte d'un vol, il cache devant eux dans
un pot une somme considérable. Plus loin, il se ravise et envoie la dupe reprendre
le trésor après lui avoir fait déposer une caution avec laquelle il disparaît,
tandis que le malheureux va déterrer un trésor imaginaire .
Charriage à la mécanique Un voleur jette son mouchoir
au cou d'un passant et le porte à demi-étranglé sur ses épaules pendant qu'un
complice le dévalise.
CHASSE
Mercuriale (Dhautel, 1808).
- « C'est pas l'embarras, faut croire qu'il aura reçu une fameuse chasse pour
être remonté si en colère. », H. Monnier.
- Donner une chasse, c'est mot à mot pourchasser
à coups de langue.
Chasse, Chassis Oeil.
- L'oeil est pour la vue une sorte de châssis.
- « Je m'arcboute et lui crève un chassis. », Vidocq.
- V. Coquer, Balancer, Estorgue.
CHASSER DES RELUITS
Pleurer (Vidocq).
- Mot à mot : chasser les larmes des yeux.
CHAT
Guichetier (Vidocq).
- Allusion au guichet, véritable chatière derrière laquelle les prisonniers voient
briller ses yeux.
Chat Nom d'amitié.
- « Les petits noms les plus fréquemment employés par les femmes sont mon chien
ou mon chat. », Ces Dames, 1860.
CHAUFFE LA COUCHE
Homme qui ne connaît au lit que les douceurs du sommeil.
- « Les maris qui obtiennent le nom déshonorant de chauffe
la couche. », Balzac.
CHAUFFER
Applaudir chaleureusement.
- « Elle recueillait les plaintes de son petit troupeau d'artistes. on ne les
chauffait pas suffisamment. », L. Reybaud. V. Chaud.
Chauffeur Homme d'entrain.
- « C'était un bon enfant. un vrai chauffeur ! » - H. Monnier.
Chauffeur Courtisan.
- « C'est l'officier, le chauffeur de la petite. », Id.
CHAUSSER
Convenir (Dhautel, 1808).
- « Les diamants ! ça me chausse, ça me botte. », - Mélesville .
CHAUVIN, NISTE
Patriote ardent jusqu'à l'exagération.
- « Je suis Français ! Je suis Chauvin ! », Cogniard, 1831.
- Allusion au nom d'un type de caricatures populaires.
Le Chauvinisme est la doctrine de Chauvin
- « Le chauvinisme a fait faire de plus grandes choses que l'amour de la patrie
dont il est la charge. », Noriac.
« L'amour sans façon régnait dans ces réunions bruyantes, où un Chauvinisme
instinctif préludait par des chants naïvement vaniteux et fièrement populaires
à celui que l'esprit d'opposition fit d'une manière chagrine de 1814 à 1825, époque
où un libéralisme plus large commença à se moquer de ces éloges donnés aux Français
par les Français, de ces railleries lancées par les Français contre les étrangers.
Charlet, en créant le conscrit Chauvin fit justice
de ces niaiseries de l'opinion. », A. Jal, Paris moderne,
1834.
CHAUD
Coureur de belles, homme ardent et résolu.
- Autrefois on disait chaud lancier
- « Le chaud lancier a repris Son Altesse royale. », Courrier
burlesque, 2e p., 1650.
Il y faisait chaud La bataille était rude.
- « Ah ! vous étiez à Wagram.
- Un peu.
- Il y faisait chaud, hein !
- Oui, qu'il y faisait chaud. », H. Monnier.
- Allusion aux feux de l'artillerie et de la mousqueterie.
- On emploie Chauffer dans le même sens.
- « Ça chauffe ! disait-on dans les groupes. », C. de Bernard.
Il fera chaud Jamais. Mot à mot : il fera un temps
plus chaud que celui-ci.
- « C'est bien. Quand tu me reverras, il fera chaud. », Méry.
Chaude-lance gonorrhée (Vidocq)
- Allusion à la chaleur et aux élancements du canal de l'urètre.
CHAUMIR
Perdre (Vidocq).
- Corruption de chomer ( ? ). Le chômage entraîne
une perte d'argent.
CHEMISES (Compter ses)
Vomir.
- Allusion à la posture penchée de l'homme qui vomit.
CHENATRE, CHENU
Bon (Vidocq) .
- Chenu sorgue Bonsoir.
- « Chenu sorgue, roupille sans taffe. », Vidocq.
- Chenu reluit Bonjour. V. Fourgat.
Chenu Bon, exquis.
- Le Dictionnaire de Leroux (1718) l'emploie dans ce sens
Voilà du vin chenu. Selon Dhautel (1808), chenu,
signifiant au propre blanc de vieillesse (Roquefort),
est appliqué au vin que la vieillesse améliore, et par extension à toute chose
de première qualité.
- « Goujeon, une prise de tabac.
- Oui-da, t'nez en v'là qu'est ben chenu. », Vadé, 1755.
- « As-tu fréquenté les marchandes de modes ? c'est là du chenu ! », P. Lacroix,
1832.
Chenument Très-bien.
- « Une ville a beau feindre de se défendre ch'nument. », Vadé 1755. V. Artie.
CHÊNE
Homme.
- Abréviation de chenu.
- Le chêne serait un homme chenu à voler, bon à voler.
- « Qu'as-tu donc morfillé ?
- J'ai fait suer un chêne, son auber j'ai enganté et ses attaches de cé. », Vidocq.
CHENIQUE
Eau-de-vie.
- diminutif de chenu : Bon.
Cheniqueur Buveur d'eau-de-vie.
- « Être cheniqueur, railleur, vantard, gourmand, Courir au feu comme à la gloire,
Du troupier français v'là l'histoire. ». Wado, Chanson.
CHEVAL
Homme brusque, grossier.
Cheval de retour Condamné conduit au bagne pour
la seconde fois.
- « C'est un cheval de retour, vois comme il tire la droite. », Balzac.
Cheval de trompette Personne ne s'effrayant pas
plus des menaces, que le cheval d'un trompette, du son aigre de son instrument.
- Usité en 1808.
- « Moi d'abord, je suis bon cheval de trompette, le bruit ne m'effraie point.
», H. Monnier.
Chevaux à double semelle Jambes.
- « Tiens, apprête tes chevaux à double semelle, prends ce paquet et valse jusqu'aux
Invalides. », Balzac.
CHEVALIER DE L'AUNE
Commis en nouveautés.
- « Il n'y a que ces chevaliers de l'aune pour aimer la boue au bas d'une robe.
», Balzac.
- De la rosette
Sodomiste.
- Du printemps
Niais portant un oeillet rouge à la boutonnière pour singer une décoration.
CHEVELU (Art, école)
Art, école Romantique.
- Les longs cheveux y étaient de mode.
- « Il peuplait mon salon de jeunes célébrités de l'école chevelue. », L. Reybaud.
- « L'art chevelu a fait une révolution pour abolir les tirades de l'art bien
peigné. »
CHEVEU
Inquiétude, souci aussi tourmentant qu'un cheveu avalé l'est pour le gosier. «
Veux-tu que je te dise, t'as un cheveu.
- Eh bien ! oui, j'ai un cheveu. » Monselet.
Avoir mal aux cheveux Avoir la tête lourde un
lendemain d'ivresse.
CHÈVRE (Gober sa)
Se mettre en colère.
- La chèvre est peu endurante de sa nature.
CHEVRONNÉ
Récidiviste (Vidocq).
- Allusion aux chevrons qui marquent l'ancienneté du service militaire.
CHIC
Élégance.
- « Vous serez ficelé dans le chic. », Montépin.
- « L'officier qui a du chic est celui qui serre son ceinturon de manière à ressembler
à une gourde. », Noriac.
- A l'École de Saint-Cyr, sous le premier Empire, chic
était déjà synonyme d'Élégance militaire.
Une esquisse qui a du chic a un bon cachet artistique.
- « Il lui révéla le sens intime de l'argot en usage cette semaine-là, il lui
dit ce que c'était que chic, galbe, » etc.
- Th. Gautier, 1838.
Une tête faite de chic, tout au contraire, n'a
rien de sérieusement étudié. Ici, Chic est à l'art
ce que ponsif est à la littérature.
- « C'étaient là de fameux peintres. Comme ils soignaient la ligne et les contours
! Comme ils calculaient les proportions ! ils ne faisaient rien de chic
ou d'après le mannequin. », La Bédollière.
Chic, quelquefois, veut dire mauvais
genre, genre trop accusé.
- « C'était ce chic que le tripol colle à l'épiderme des gens et qui résiste à
toute lessive comme le masque des ramoneurs. », P. Féval.
Chic est, on le voit, un mot d'acceptions fort
diverses et fort répandues dans toutes les classes.
- Vient du vieux mot Chic finesse, subtilité. V.
Roquefort.
- C'est donc, mot à mot, le fin du fin en tout genre, et les exemples les plus
anciens confirment cette étymologie , car ils prennent tous chic
en ce sens.
Chic, chique Distingué, qui a du chic.
- « C'est chique et bon genre. », Ça un homme chic ! C'est pas vrai, c'est un
calicot. », Les Cocottes. 1864.
Chicard, Chicandard, Chicocandard, Chicancardo
Très-chic, très- remarquable.
- « On y boit du Vin qu'est chicandard, chicancardo. », Vacherot, Chanson, 1851.
- « Une dame très-belle, très-coquette, très- élégante, en un mot très-chicandarde.
», Ed. Lemoine.
- « Un auteur plus chicocandard. », Th. Gautier.
- « Un déjeuner chicocandard. », Labiche.
- V. Chocnoso.
CHICARD
Le héros du carnaval de 1830 a 1850. Son costume, bizarre assemblage d'objets
hétéroclites, se composait le plus souvent d'un casque à plumet colossal, d'une
blouse de flanelle et de bottes fortes. Ses bras à moitié nus s'enfonçaient dans
des gants à manchette de buffle. Tel était le fond de la tenue ; quant aux accessoires,
ils variaient à l'infini. Celui qui le premier mit ce costume à la mode était
un marchand de cuirs ; son chic le fit nommer Chicard. Il donna des bals et inventa
un pas nouveau.
- « Et puis après est venu Chicard, espèce de Masaniello qui a détrôné l'aristocratie
pailletée des marquis, des sultans et a montré le premier un manteau royal en
haillons. », M. Alhoy.
- « L'homme de génie qui s'est fait appeler Chicard a modifié complètement la
chorégraphie française. », T. Delord .
- « La sage partie du peuple français a su bon gré à maître Chicard d'avoir institué
son règne de mardi-gras. », J. Janin.
- « Mais qu'aperçois-je au bal du Vieux Chêne ? Paméla
dansant le pas chicard. », Chauvelot aîné, Chanson.
Chicarder Danser le pas chicard.
- « Quand un bal de grisettes est annoncé, le vaurien va chicarder avec les couturières.
», E. Deriège.
CHICANE (Grinchir à la)
Prendre la bourse ou la montre d'une personne en lui tournant le dos. Ce genre
de vol exige une grande dextérité (Vidocq).
- De là le mot de chicane qui a le sens de finesse.
CHICORÉE
V. Café.
CHIEN
Mot d'amitié. V. Chat.
- Chien de collège Maître d'études.
- Chien de régiment Caporal ou brigadier.
- Leurs missions sont un peu celles du chien de berger.
- Chien de commissaire Secrétaire de commissaire
de police.
Chien Compagnon.
- « Tu passeras renard ou aspirant, après ça tu deviendras chien ou compagnon.
», Biéville.
Chien « Le chef est chien ou bon enfant. Le chien
est dur, exigeant, tracassier, méticulier. », Balzac.
Chien Avare.
- Horace (I. II, sat. 2) emploie le mot canis pour
signifier avare.
- « Chien
Égoïste, homme injuste, qui blesse les intérêts d'autrui. », Dhautel, 1808.
- N'être pas chien en affaires
Aller grandement, sans chicane.
Sacré-chien Eau-de-vie.
- Dans le monde artistique le sacréchien, c'est le
sentiment de l'art, c'est le feu sacré.
- On dit dans le même sens
Il a du chien. Allusion à l'eau-de-vie.
Piquer un chien Dormir. On trouve dans Rabelais
.un exemple de dormir en chien.
- « Sur l'étude passons. Il n'est qu'un seul moyen De la bien employer, c'est
de piquer son chien. ».
- Souvenirs de Saint-Cyr
CHIFFARDE
Pipe (Vidocq).
CHIFFERTON
Chiffonnier (id.).
CHIFFON
Mouchoir.
- Chiffonnier Voleur de mouchoirs.
- Chiffon rouge Langue.
- Allusion à la couleur et à la souplesse de la langue. V. Balancer.
CHIGNER
Pleurer.
- « Ça lui fera du bien de chigner. », Balzac.
CHIMIQUE
Allumette chimique.
- « Ouvre ta blague, prends une chimique, allume ta pipe. », La
Maison du Lapin blanc, typ. Appert.
CHINER
Aller à la recherche de bons marchés.
- « Remonenq allait chiner dans la banlieue de Paris.
», Balzac.
- « Les roulants ou chineurs
sont des marchand d'habits ambulants qui, après leur ronde, viennent dégorger
leur marchandise portative dans le grand réservoir du Temple. », Mornand.
CHINOIS
Homme original, fantasque.
- « Là-dessus, v'là mon Chinois qui se fâche. », Monselet.
CHIQUE
Église (Vidocq). V. Momir, Rebâtir.
Couper la chique Dérouter.
- Du vieux mot chique, finesse (Roquefort) .
- « De la réjouissance comme ça ! Le peuple s'en passera. C'est c'qui coupe la
chique aux bouchers. », Gaucher, Chansons.
- Couper la chique à quinze pas Se faire sentir de
loin.
CHIQUE. V. Chic.
- Chiquement Avec chic.
CHIQUER
Faire avec chic, supérieurement.
- « Je leur en ferai des discours, et des chiqués. », Chenu.
- « Auprès d'elle, Eugénie Nu Bras, Nous chique avec génie, Son pas. », 1846,
Priv. d'Anglemont.
Chiquer Manger, dépenser.
- Mot de la langue romane. V. Roquefort.
- « Ne pourrions-nous pas chiquer un légume quelconque ? mon estomac abhorre le
vide. », Balzac.
- « Il m'a fallu tout mettre en plan. J'ons chiqué jusqu'aux reconnaissances.
», Dialogue entre Zuzon et Eustache, chanson, 1836.
Chiquer Battre. Mot à mot : avaler. Même racine
que la précédente.
Chiqueur Glouton.
Chiqueur Artiste dessinant de chic, sans étudier
la nature.
CHOCNOSO, SOF, SOPHIE, SOGUE, KOXNOFF
Brillant.
- On ne paraît pas bien fixé sur l'orthographe de ce mot.
- « Dans cette situation, comment dire ? Chocnoso. - Balzac.
- Dans Pierre Grassou, le même auteur écrit Chocnosoff.
- « Je m'en vais chez le restaurateur commander un dîner kox-noff. » - Champfleury
- « C'est koksnoff, chocnosogue, chicardo, snoboye. », Bourget, Chansons
- « Sa plume était chocnosophe, et ses goûts ceux d'un pacha. », Commerson .
CHOLETTE
Demi-litre (Vidocq)
CHOPER
Voler (Vidocq).
- Mot à mot : toucher quelque chose pour le faire tomber.
- Roquefort donne choper dans ce sens.
Chopin Vol.
- « Quand un voleur fait de la dépense, c'est qu'il a fait un chopin. », Canler.
CHOSE, MACHIN
On appelle ainsi celui dont on ne se rappelle pas le nom (Dhautel).
- « Chose est malade.
- Qui ça, Chose ? ) », H. Monnier.
- La coutume est ancienne. Tallemant des Réaux conte que M. le Mage, conseiller
à la Cour des aides, dit toujours Chose au lieu du
nom. »
Chose Dignité.
- « Tu me feras peut-être accroire que tu n'as rien eu avec Henriette ? Vois-tu,
Fortuné, si tu avais la moindre chose, tu ne ferais pas ce que tu fais. », Gavarni.
Chose Indignité.
- « C'est ce gueusard d'Italien qui a eu la chose de tenir des propos sur Jacques.
», Ricard.
Chose Embarrassé.
- Du vieux mot choser, gronder. V. Roquefort.
- « Ma sainte te ressemble, n'est-ce-pas, Nini ?
- Plus souvent que j'ai un air chose comme ça ! », Gavarni.
- « Ce pauvre Alfred a sa crampe au pylore, ça le rend tout chose. », Eugène
Sue.
- « Mamselle, v'là qu'vous m'rendez tout chose, je vois bien que vous êtes un
esprit fort. », Rétif, 1783.
CHOU
Sobriquet amical.
- « L'une m'appelle mon chou, mon ange. », Francis, 1825.
Chouchouter Choyer tendrement. Vient de chou.
- « Tu seras chouchouté comme un dieu. », Balzac.
CHOUCROUTE (Tête ou Mangeur de)
Allemand.
CHOU COLOSSAL
Entreprise destinée à tromper le public par des promesses ridiculement alléchantes.
- « Il y a deux ou trois ans, on vit à la quatrième page des journaux un éloge
pompeux d'un nouveau chou. Cc chou était le chou colossal
de la Nouvelle-Zélande, servant à la fois à la nourriture des hommes et des bestiaux
et donnant un ombrage agréable pendant l'été. C'était un peu moins grand qu'un
chêne, mais un peu plus grand qu'un prunier. On vendait chaque graine un franc.
On en achetait de tous les coins de la France.
- Au bout de quelques mois, les graines du chou colossal avaient produit deux
ou trois variétés de chou connues et dédaignées depuis longtemps. La justice s'en
mêla. », Alph. Karr, 1841.
- L'inventeur du chou colossal était un bonnetier. Il se suicida en voyant la
mauvaise tournure que prenait la spéculation .
CHOUETTE, TARD, TAUD
Parfait.
- « Cré chien ! Loïse, t'as là une casquette un peu chouette ! . », Gavarni.
- « Ah ! vous avez là une chouette femme. », Gavarni.
- « Voici peut-être un des premiers exemples du mot
« Ma femme sera coincte et jolye comme une belle petite chouette. », Rabelais.
Chouettement Parfaitement.
- « Suis-je près d'un objet charmant, Pour l'allumer chouettement, Mon coeur est
comme une fournaise. », Festeau.
CHOURIN
Couteau.
- Chouriner Donner des coups de couteau. Formes des
mots surin et suriner,
usités dans le même sens.
- Le Chourineur est un type des Mystères
de Paris d'Eugène Sue.
CHRÉTIEN (Lait)
Lait baptisé, étendu d'eau.
- « Une douzaine de drôlesses déguisées en laitières vendent du lait trois fois
chrétien. », Privat d'Anglemont.
CIGALE
Pièce d'or (Vidocq).
- Comparaison du tintement des louis au cri de la cigale.
CIGOGNE
Préfecture de police.
- « Railles, griviers et cognes nous ont pour la cigogne en partie tous paumés.
», Vidocq.
- V. Dab.
CIPAL
Soldat de la garde municipale.
- « Les danses ont été légèrement échevelées, mais, suivant les auteurs de la
Corde sensible
Le Cipal n'a rien a dire Aux entrechats de la vertu. », Naquet.
CITRON
Note aigre.
- « Trois citrons à la clef. » Nadar.
CLAQUES (Figure à)
Figure qu'on souffletterait volontiers.
- « Oui, ces figures a claques, nous les caresserons. », Cogniart, 1831.
CIVIL
Bourgeois. V. Astiquer.
CLAIR
Oeil.
- Allusion à l'éclat du regard.
- « Allumez vos clairs et remouchez. », Balzac.
CLAQUER
Mourir. Terme figuré. Ce qui claque, dans le sens ordinaire, est hors de service.
- « C'est là que j'ai appris, entre autres bizarreries, les dix ou douze manières
d'annoncer la mort de quelqu'un
Il a cassé sa pipe,
- il a claqué,
- il a fui,
- il a perdu le goût du pain,
- il a avalé sa langue,
- il s'est habillé de sapin,
- il a glissé,
- il a décollé le billard,
- il a craché son âme, etc., etc. », Delvau
Claquer Manger
- Allusion au bruit des mâchoires.
- « Il faut claquer, vaille que vaille
De par la loi l'on te nourrit. », Wado, Chanson.
- On dit au figuré Claquer, dissiper.
CLARINETTE
Fusil de munition.
- « Quant au fantassin, il est obligé de porter un fusil de quatorze livres. aimable
clarinette de cinq pieds. », Vidal, 1833.
- V. Agrafer, Toile.
CLICHÉ
Invariable.
- Synon. de Stéréotypé et emprunté comme lui à certains
procédés d'impression.
- « Tel est le discours cliché que le vénérable baron Taylor a en réserve pour
toutes les circonstances. », Figaro.
CLOPORTE
Portier.
- Calembour : clôt-porte.
- « Je connais le truc pour apprivoiser les cloportes les plus farouches. », Montépin.
CLOCHE DE BOIS (Déménager à la)
Déménager furtivement en tamponnant la clochette d'éveil adaptée aux portes de
beaucoup d'hôtels garnis.
CLOU
Prison. On ne peut pas en bouger plus que si on y était cloué.
- « Je vous colle au clou pour vingt-quatre heures. », Noriac.
Clou Mont-de-Piété.
- Mot à mot : prison d'objets engagés.
- « Il avait mis le linge en gage ; on ne disait pas encore au
clou. », Luchet.
Clouer De clou dérivent
accrocher, clouer, déclouer et surclouer.
(Regager, dégager et renouveler au Mont-de-Piété.)
- « Jeune insensé, oublies-tu que nous avons passé le 20 du mois, et qu'à cette
époque les habits de ces messieurs sont cloués et surcloués.
», Murger.
Clous de girofle « Mme Cramoisi demanda un jour
à Santeuil combien ils étaient de moines a Saint-Victor.
- « Autant que vous avez de clous de girofle dans la bouche, dit Santeuil qui
n'était pas de bonne humeur, voulant parler de ses dents qu'elle avait noires
et gâtées. » Santoliana, 1764.
COCARDE
Tête.
- En prenant la coiffure pour la tête, on a dit taper sur
la cocarde ou sur le pompon, pour frapper
sur la tête de quelqu'un.
Avoir sa cocarde Être ivre, avoir le visage teinté
par un excès de boisson.
- « Vieux ! Avec sept cent mille francs on a bien des cocardes. », Balzac.
- « J'y voyais en dedans, Todore ne parlait pas. Robert nous dit
Vous avez votre cocarde. », Monselet.
COCARDIER
Homme fanatique de son service, zélé jusqu'à l'exagération de ses devoirs.
- Cette dénomination spéciale à l'armée se sent plus qu'elle ne s'explique. Le
cocardier croit avoir toujours l'honneur de sa cocarde à soutenir.
Coco Cheval.
- « Ce grossier animal qu'on nomme vulgairement coco . », Aubryet.
Coco Nom d'amitié.
- « J'vais te donner un petit becquau. Viens, mon coco. », Dialogue
entre Zuzon et Eustache, chanson, 1836.
Coco Homme peu digne de considération.
- « Joli Coco pour vouloir me faire aller. », Balzac.
Se passer par le coco Manger.
- Comparaison de l'estomac humain à celui du cheval et du perroquet. Les refrains
connus de la Botte à Coco et de As-tu
déjeuné, Coco, ont pu en donner l'idée à l'armée comme à la bourgeoisie.
COCODÈS
Jeune dandy ridicule.
- Diminutif de coco pris en mauvaise part.
- « Ohé ! ce cocodès a-t-il l'air daim ! », L. de Neuville.
- Une physiologie des Cocodès a paru en 1864.
COCOTTE
Femme galante.
- Mot à mot : courant au coq.
- On disait jadis poulette. « Mme Lacaille disait
à toutes les cocottes du quartier que j'étais trop faible pour faire un bon coq.
», 1817, Sabbat des Lurons.
- Aujourd'hui une cocotte est un embryon de lorette.
- « Les cocottes peuvent se définir ainsi : Les bohèmes du sentiment. Les
misérables de la galanterie. Les prolétaires de l'amour. »,
Les Cocottes, 1864.
COENNE DE LARD
Brosse (Vidocq).
- Allusion aux soies qui garnissent la coenne.
COEUR SUR LE CARREAU (Jeter du)
Vomir.
- Ce calembour se trouve déjà dans Le Roux (1718) et dans les Jeux
d'esprit de La Châtre,
COGNAC, COGNARD, COGNE
Gendarme (Vidocq) .
- Est-ce parce qu'ils cognent les malfaiteurs. V. Cigogne,
Raille.
Cognade Gendarmerie. V. Garçon.
Cogner Battre.
- « Je me cogne quelquefois. On me craint comme le feu dans la Cité. », Eugène
Sue. V. Ça
COIFFER
C'est-à-dire, coiffer de cornes, faire une infidélité conjugale.
- « Mariez-vous, et par votre compagne, Heureux coiffeur, ne soyez pas coiffé
! ! ! », La Bédollière.
COL (Se pousser du)
Se faire valoir. Passer la main sous le menton en renversant la tête est un geste
de présomptueux.
- « Toi qui te poussais tant du col, Nous t'avons pris Sébastopol.
- Remy, Chanson, 1856.
COLAS, COLIN (Vidocq).
- Diminutif de col.
- Faucher le colas Couper le cou.
COLBACK
Conscrit.
- Comparaison de sa chevelure, qui n'est pas encore taillée militairement, au
bonnet à poil dit colback.
COLLAGE
Liaison galante de longue durée.
Se coller Contracter un collage.
- « Julia
Qu'est-ce que va devenir Anatole ?
- Amandine
Le monstre ! il est déjà collé avec Rachel. », Les Cocottes,
1864.
Collant Dont on ne peut se débarrasser.
- « Nous sommes rabibochés. C'est une femme collante. », L. de Neuville.
COLLE
Mensonge.
- Nous trouvons dans la Juliade (1651)
« Pour mieux duper les amoureux, Être adroit à ficher la colle. », Les coquillards
de Dijon disaient dès 1455
faire la colle, pour feindre.
COLLE
Examen préparatoire.
- « On est toujours tangent à la colle. », La Bédollière.
Coller Examiner.
- Colleur
Répétiteur chargé d'examiner.
- « Un colleur à parler m'engage. », Souvenirs de Saint-Cyr.
Coller Prendre en défaut.
- « Voilà une conclusion qui vous démonte.
- Me prêtes-tu 500 fr. si je te colle ? », E. Auger.
Coller sous bande (V. Bande)
- « C'est fini, ils sont collés sous bande. », Robquin, Chansons.
Coller Jeter. V. Clou.
- « On l'a collé au dépôt, envoyé à la Préfecture de police. », Monselet.
- « Pas un zigue, mêm'un gogo, Qui lui colle un monaco. », Léonard, Parodie,
1863.
- V. Colle.
COLLÈGE
Prison.
- Collégien Prisonnier (Vidocq).
- Ces mots ont dû être inventés par un malfaiteur qui avait reçu de l'éducation.
COLLETIN
Force (Vidocq).
- Vient de Colleter
COLLIER, COULANT
Cravate (Vidocq).
- Mots expressifs et bien dus aux voleurs qui voient dans la cravate un moyen
de vous étrangler.
COLOQUINTE
Tête de forte dimension.
- Allusion de forme.
- « Je crois que vous avez la coloquinte tant soit peu dérangée. », L. Desnoyer.
COLTIGER
Arrêter.
- Diminutif de Colleter.
- « J'ai été coltigé et trois coquins de railles sur mesigue ont foncé, ils m'ont
mis la tortouse. », Vidocq.
COMBERGER
Compter (Vidocq).
COMBRE, COMBRIEU
Chapeau (Vidocq).
- Même observation pour ce mot que pour cabe et calvin.
Le chapeau est ce qui ombrage la tête et, par contraction, ce qu'ombre.
- Combrieu est un diminutif de Combre
V. Tirant.
COME
Commerce (Vidocq) .
- Abréviation.
COMME IL FAUT
Air de bonne compagnie.
- « Tu les reconnais à leur élégance un peu prétentieuse, à leurs grâces étudiées,
à leur comme il faut qui manque de naturel. », J. Janin.
Pris aussi adjectivement
- « Elles hantent les endroits comme il faut. », Lynol
- « Il y a des personnes très-comme il faut qui viennent chez elles. », Eugène
Sue.
COMPAS (Ouvrir, fermer le)
Activer, ralentir sa marche.
- « Nos conscrits ferment le compas. », Comparaison des jambes aux branches d'un
compas.
COMPLET (Être)
Être complètement ivre.
COMPOTE (Mettre en)
Contusionner fortement. On dit aussi en marmelade
(Dhautel, 1808).
- « M'éreinter un chapeau, me mettre le nez en compote un jour de bal. », Michel.
COMPTE (Avoir son)
Être complètement ivre, avoir absorbé son compte de liquide.
Avoir son compte Mourir, voir finir le compte
de ses jours.
- « J'ai mon compte pour ce monde-ci. C'est soldé. », L. Reybaud.
Son compte est bon Se dit d'un coupable à punir
et dont on compte les méfaits.
COMTOIS
Niais.
- Diminutif de con, imbécile.
- Sans doute qu'elle bat comtois. » Decourcelle.
- V. Battre.
CONDÉ
Maire
- Demi-condé Adjoint.
- Grand condé Préfet de police.
- Diminutif dérivant du même mot que le précédent.
CONDÉ FRANC
Magistrat corrompu. - Vidocq.
- V. Affranchir.
CONDUITE (Faire la)
Chasser avec voies de fait.
- « les Français- Anglais vont te faire la conduite. », Layale, Chansons,
1855.
CONNAISSANCE
Maîtresse.
- « Ah ! vous avez une connaissance, monsieur ! », De Leuven.
CONNASSE
Les femmes inscrites à la police donnent ce nom à toutes celles qui ne le sont
pas.
CONNIR
Tuer (Vidocq). V. Sciage.
- La mort est la conne.
CONNOBRER
Reconnaître (id.).
- Corruption de mot.
CONSERVATOIRE
Mont-de-Piété (Vidocq) .
- On y conserve les objets mis en gage.
CONSOLATION
Eau-de-vie.
- Ce mot dit avec une éloquence navrante ce que le pauvre cherche souvent dans
un petit verre ;
- L'oubli momentané de ses maux, et souvent de sa faim.
- « Bon, il entre dans le débit de consolation. », Eugène Sue.
CONSOMM
Rafraîchissement.
- Abrév. de consommation.
- « Ces dames doivent être altérées par la danse, ce dont elles ne disconviennent
pas. Partant de là, il les supplie d'accepter une consomm. », Mornand.
COPAIN
« Être copain, c'est se joindre par une union fraternelle avec un camarade, c'est
une amitié naïve et vraie qu'on ne trouve guère qu'au collège. », H. Rolland.
- Du vieux mot compain, compagnon. V. Roquefort.
COPEAU
Ouvrier en bois.
- Mot à mot : faiseur de copeaux.
COQUER
Dénoncer.
- Mot à mot : cuisiner, apporter tout préparé.
- Du vieux mot coc : cuisinier (coquus).
V. Raynouard.
- On retrouve la même allusion dans les mots cuisinier
et casserole.
- « En province, il avait coqué quelqu'un de leur bande. », Eugène Sue.
Coquer le poivre Empoisonner.
- Coquer le rifle .Mettre le feu.
- « Girofle largue, depuis le reluit où j'ai gambillé avec tezigue et remouché
tes chasses et ta frime d'altèque, le dardant a coqué le rifle dans mon palpitant
qui n'aquige plus que pour tezigue. », Vidocq.
- Coquer Donner. V. Ravignolé.
COQUEUR
« Le coqueur vient dénoncer les projets de vol à la police de sûreté. Le coqueur
est libre ou détenu. Ce dernier est coqueur mouton ou musicien. Le mouton
est en prison et capte ses codétenus. Le musicien
ne révèle que ses complices.
- Ce métier de dénonciateur s'appelle coquage. La
musique est une réunion de coqueurs
(musiciens). », Canler.
Coqueur de bille Bailleur de fonds.
COQUILLE DE NOIX
Petite barque, petit navire.
- Image très juste.
- « Napoléon met le pied sur une coquille de noix, un petit navire de rien du
tout. », Balzac.
COQUILLON
Pou (Vidocq).
- Comparaison du pou à une très-petite coquille.
CORBEAU
Frère de la doctrine chrétienne.
- Allusion aux longues robes noires de cet ordre.
CORDE (Tenir la)
Avoir la vogue.
- « Qui est-ce qui tient la corde en ce moment dans le monde dramatique ? », Figaro.
CORNE
Puanteur.
- Corner Puer (Vidocq).
- Vient peut-être (de cor, coeur, qui a fait au moyen
âge coreux : répugnant, écoeurant. V. Roquefort.
CORNANTE
Bête à cornes (Vidocq)
CORNARD
Cocu.
- Mot à mot : porte-cornes.
- Cornard À l'École de Saint-Cyr, on ne mange que
du pain sec au premier déjeuner et au goûter, et les élèves prennent sur leur
dîner de quoi faire un cornard
- « Faire hommage de votre viande à l'ancien pour son cornard. », De la Barre.
CORNET
Estomac.
- « Je n'suis pas fâché de m'mettre quelque chose dans le cornet. », H. Monnier.
- Rincer le cornet Donner à boire.
CORNET D'ÉPICES
Capucin (Vidocq).
- Allusion au capuchon brun que représente assez bien un grand cornet d'épicier.
CORNICHON
Veau (id.).
- Mot à mot : fils de cornante.
- Cornichon Niais (Dhautel, 1808).
- « Jour de Dieu ! Constantin, fallait-il être cornichonne.
», Gavarni.
- Cornichon Élève de l'École militaire.
- « Une fois en élémentaires, il se bifurque de nouveau en élève de Saint-Cyr
ou cornichon, et en bachot ou bachelier ès-sciences. », Institutions
de Paris, 1858.
COSAQUE
Brutal, sauvage, maladroit.
CÔTE (Être à la)
Être à sec d'argent. On est à flot quand la fortune
sourit.
- « Si vous êtes vous-même à la cote,
- quelles singulières expressions on a dans les coulisses pour exprimer qu'on
manque d'argent. », Achard.
CÔTELETTES
Favoris s'élargissant au bas des joues, de façon a simuler la coupe d'une côtelette.
COTERIE
« Les tailleurs de pierres s'interpellent du nom de coterie.
Tous les compagnons des autres états se disent pays.
», G. Sand.
COTON (Filer un mauvais)
Se mal porter. Rappel mythologique du fil de la Parque.
- « Il file un mauvais coton. », E. Jourdain.
COU (Casser Le)
« Viens-tu casser le cou à une gibelotte l) ? », Nadar.
- C'est-à-dire : Viens-tu manger un lapin ? On casse le cou de l'animal devant
vous pour que vous ne craigniez pas de manger du chat.
COUAC
Fausse note. V. Canard.
- « Il lui échappa un couac épouvantable au milieu d'un couplet. », A. Signol.
COUCOU
Cocu.
- « Une simple amourette Rend un mari coucou. », Chansons.
impr. Chassaignon, 1851.
- En 1350, un mari trompé s'appelait déjà en bas latin cucullus
(prononcez coucoullous), et, en langue romane, cous.
V. Du Cange.
COUDE (Lâcher le)
Quitter
- « Vous n'pourriez pas nous lâcher le coud'bientôt. », Léonard,
parodie, 1863.
- Allusion à la recommandation militaire de sentir les coudes à gauche, en marche.
Lever le coude Boire à longues rasades.
- Usité dès 1808.
- « Ça n'a pas d'ordre, ça aime trop à lever le coude. », P. d'Anglemont.
COUENNE
« On dit d'un nigaud, d'un maladroit, d'un sot qu'il est couenne. », Dhautel,
1808.
- V. Coenne.
COUILLÉ
Niais.
- Forme de couyon .
- « Un couillé, j'ai remouché. », Vidocq.
COULE (À la)
Adroit, expert en l'art de se couler entre les obstacles.
COULER
Supprimer, couler à fond (au figuré).
- « Non, les étudiants de seizième année n'existent plus ; c'est une génération
coulée. », 1855, Privat d'Anglemont.
COULEUR
Soufflet.
- Il colore la joue.
- « J'bouscule l'usurpateur, Qui m'applique sur la face, Comm'on dit, une couleur.
», Le Gamin de Paris, chanson, 184.
COULISSIERS
« Les coulissiers sont des agents de change sans brevet ; ils traitent des opérations
pour leur compte et pour celui de leurs clients ; on leur paie moitié courtage,
ils ont une chambre organisée comme la chambre syndicale des agents de change
; on en cite de très- honorables et de très-riches, offrant tout autant de garantie
que des agents de change. Ils se réunissent à midi sur les boulevarts, ils établissent
le cours de la rente qui souvent est accepté par le parquet. A la Bourse, ils
se placent à peu de distance des agents de change, à gauche de la corbeille. Les
opérations de la coulisse s'élèvent à un chiffre énorme. », De Mériclet.
COUPER
Sous le premier Empire, M. de Beaumont annonça au cercle des Tuileries
« Mme la maréchale Lefebvre ! », L'empereur s'avance et lui dit
« Bonjour, Mme la duchesse de Dantzick ! », Celle-ci se retourne et dit au chambellan
trop laconique
« Ah ! ça te la coupe, cadet ! »
COURAILLER
Donner dans la galanterie facile.
- « Vous l'auriez empêché de courailler. », Balzac.
Courir a le même sens.
- « Monsieur n'est pas heureux quand il court. », H. Monnier.
- On dit aussi Courir la gueuse.
COURBE
Épaule (Vidocq).
- Allusion de forme.
COURIR (Se la)
S'enfuir.
- Se courir Se méfier (Vidocq).
- Vient de l'ancien verbe se covrir, se couvrir,
se protéger.
COUP À MONTER
Grosse entreprise.
- « Un coup à monter, ce qui, dans l'argot des marchands,
veut dire une fortune à voler. », Balzac.
Se monter le coup, S'illusionner.
Monter le coup Tendre un piége.
- « C'est des daims huppés qui veulent monter un coup à un ennemi. », Eugène
Sue.
Monter un coup Inventer un prétexte.
- « Je monte plus d'un coup pour vanter l'auteur Dorville. », 1817, Brazier.
Coup de bas Coup dangereux.
- « Ces fats nous donnent un rude coup de bas. », Chansons.
Clermont, 1835. Coup de chien, peigne, torchon
V. ces mots.
Coup de pistolet « Alléché par l'exemple et la
perspective de quelques bénéfices énormes, un novice vient de tirer un
coup de pistolet à la Bourse (c'est l'expression pour désigner une opération
isolée et sans suite, Un coup de main). », Mornand.
Avoir un coup de soleil Avoir une pointe de vin
(Dhautel, 1808) .
- Le vin et le soleil ont également la vertu d'empourprer Le visage.
Coup de temps Accident subit, surprise.
- Terme d'escrime.
- Voir le coup de temps, c'est le prévoir.
Coup de vague Vol improvisé.
- Le voleur est dans le vague sur les résultats de son coup.
COUPE (Tirer sa)
Nager.
- « Rodolphe, qui nageait comme une truite. se prit à tirer sa coupe avec toute
la pureté imaginable. », Th. Gautier.
Faire sauter la coupe Battre à l'écarté de façon
à retourner le roi, en neutralisant la coupe.
COUPE-CHOU
Sabre d'infanterie.
- L'emploi de cette arme est en campagne des plus pacifiques.
- « Mon coupe-choux au côté. », Lacassagne.
COUPE-FICELLE
Artificier d'artillerie.
COUPE-SIFFLET
Couteau. V. Couper.
COUPER LA GUEULE À QUINZE PAS
Exhaler une si mauvaise odeur qu'on la sent a quinze pas.
- Cette expression ne manque pas de justesse, car la bouche souffre autant que
le nez en pareil cas.
- « Quand elle a mangé du cerv'las, Ça vous coup'la gueule à quinz'pas. », Colmance.
Se couper Se contredire, couper ses propres arguments.
Ça te la coupe Cela te contrarie, te déroute (Dhautel,
1808).
Couper, Couper dans le pont Donner dans le panneau.
« Laisse-la couper dans le pont. » Balzac.
- « Ah ! ! dit Marlot en faisant sauter l'or dans sa main, elle a donc coupé dans
le mariage ? », Champfleury.
- « Vient du terme faire le pont : plier légèrement
les cartes a un endroit déterminé, de façon à guider la main de l'adversaire dans
la portion du jeu où elle doit couper innocemment, secondant ainsi les vues de
l'aventurier. L'expression est pittoresque. », Mornand.
Couper la chique V. Chique.
Couper la musette Couper la parole.
- Comme dans chanterelle et dans sifflet,
la voix est assimilée à un instrument.
- « Ta remontrance me coupe la musette. », Chansons,
Châteauroux, 1826.
Couper le sifflet couper la parole, couper la
gorge.
COUYON, COUILLON
Lâche, poltron.
- Du vieux mot coion qui a le même sens (V. Roquefort),
et qui est un diminutif de coy, tranquille, indolent.
- Mazarin est souvent appelé coyon dans les pamphlets
de la Fronde.
- « Beaulieu, Cobourg en furent touchés De voir leur troupe à l'abandon Qui fuyoient
comme des couillons Devant les patriotes. », Mauricault, Chanson,
1794.
« Tu pourras marmonner tout bas, Ah ! couyon, tu ne me tiens pas. », La
berne mazarine, 1651.
- « Le ciel n'a point tant de beautez, le firmament tant de clartez. L'Italie
tant de coyons, La Sicile tant de larrons. », Claude Veiras, 1652.
- « Fuis donc, vilain gavache, Coyon comme une vache, Fuis t'en en ton païs. »,
Le Paranimphe mazarinique, 1651 .
Couyonnade Affaire misérable, action lâche.
- Couyonner Reculer au moment d'agir
- Couyonnerie Lâcheté. Du vieux mot coionnerie.
V. Roquefort.
CRACHER
Parler (Vidocq).
- Mot à mot : cracher des paroles.
Cracher Décharger.
- Le canon crache la mitraille.
Cracher, Cracher au bassin ou au bassinet Donner
de l'argent de mauvaise grâce.
- Allusion au bassin qu'on présente pour les quêtes.
- « Tu dois faire cracher encore 150,000 francs au baron. », Balzac.
Cracher dans le sac - V. Raccourcir.
CRAMPE (Tirer sa)
Fuir.
- « Elle a pris ses grands airs et j'ai tiré ma crampe. », Montépin
Se cramper Se sauver (Vidocq). V. Pré.
CRAMPON
Fâcheux dont on ne peut se débarrasser.
CRAN (Lâcher d'un)
Planter là, abandonner subitement.
- « Nous vous lâcherons d'un cran. », Vidal, 1833.
Faire un cran Tenir bonne note d'une chose.
CRÂNE
Hardi.
- « Est-il crâne cet enragé-là ! », P. Lacroix, 1832.
Crâne Beau.
- « C'est ça qui donne une crâne idée de l'homme ! », Gavarni.
Crâne Bon.
- « Quand j'étais sur la route de Valenciennes, c'est là que j'en avais du crâne
du tabac ! », H. Monnier.
Vient de l'ancien terme, mettre son chapeau en crâne.
C'était le mettre sens devant derrière, à la façon des tapageurs qui prétendaient
faire partout la loi sous le premier Empire. V. Dhautel.
Crânement Supérieurement.
- « J'ai été maître d'armes. et je puis dire que je tirais crânement. », Méry.
- « Elle prenait la brosse chez un peintre, la maniait par raillerie, et faisait
une tête assez crânement. », Balzac.
- « Je suis crânement contente de vous voir. », Eugène Sue.
CRAPAUD
Homme petit et laid.
- Crapoussin, qui a le même sens, est son diminutif.
- Usité dès 1808.
- « Tiens ! Potier, je l'ai vu du temps qu'il était à la Porte-Saint-Martin. Dieux
! que c'crapaud-là m'a fait rire ! », H. Monnier.
Crapaud Bourse de soldat. Simple poche de cuir
dont l'aspect roussâtre et aplati peut à la rigueur rappeler l'ovipare en question.
On appelle grenouille le contenu du crapaud.
- Les deux mots doivent être reliés l'un à l'autre par quelque affinité mystérieuse.
Crapaud Cadenas (Vidocq).
Crapaud Fauteuil bas.
- « Une bergère. Avancez plutôt un crapaud ! », El. Jourdain.
CRÉATEUR
Peintre (Vidocq).
- Il renouvelle en effet sur la toile l'oeuvre de la Création.
CRÉATURE
- « Pour la grande dame qui se voit enlever ses adorateurs par une grisette, cette
grisette est une créature ! », L. Huart.
CRÊPER LE TOUPET
Prendre aux cheveux, battre.
- « Nous v'là tous deux à nous crêper le toupet. », - Letellier, 1839.
Les femmes se crêpent le chignon.
CRÉPIN
Cordonnier.
- Mot à mot : enfant de saint Crépin.
- On sait que saint Crépin est le patron des bottiers et des cordonniers.
- « Je défie bien le Crépin de me faire des bottes plus justes. », La
Correctionnelle.
CRÉPINE
Bourse (Vidocq).
- Ce doit être, comme le crapaud, une bourse de cuir.
CRIE, CRIOLLE
(Vidocq) .
- Viande. V. Artie.
Criolier, Crinolier Boucher.
- « Nous allons barbotter demain la cambriolle d'un garçon crinolier. », Canler.
CRIBLAGE
Cri.
- « On peut les pésiguer et les tourtouser en leur bonnissant qu'ils seront escarpés
s'il y a du criblage. », Vidocq.
Cribler Crier.
- Corruption du mot crier. V. Charron.
Cribleur de lance Porteur d'eau.
- Il crie à l'eau.
CRIQUE
Eau-de-vie (Vidocq).
- « Un verre de criq' ne fait pas de mal. », J. Choux.
CRISTALLISATION
Condensation intellectuelle.
- « Un homme d'esprit, Stendhal, a eu la bizarre idée de nommer cristallisation
le travail que la pensée de la marquise fit avant, pendant et après cette soirée.
», Balzac.
- On sait que la cristallisation unit et solidifie les parties d'une substance
dissoute dans un liquide.
CRISTALLISER
Paresser au soleil.
- Terme de chimie.
- « Permis à tous de se promener dans les cours, de fumer leur pipe,, de cristalliser
au soleil. », La Bédollière.
CROCHER (Se)
« Je grille de vous voir crocher avec le Maître-d'École, lui qui m'a toujours
rincé. », Eugène Sue.
- V. S'Accrocher.
CROISANT
Gilet (Vidocq).
- Il croise sur la poitrine.
CROQUER
Esquisser, dessiner.
- « Si je croquais ce chêne avant de déjeuner ! » Marcellin.
CROSSE
Ministère public (Vidocq).
- Il frappe (crosse) les accusés.
CROSSER
Sonner.
- Mot à mot : frapper sur l'airain.
- « Quand douze plombes crossent, les pègres s'en retournent au tapis de Montron.
», Vidocq.
CROUPIONNER
Remuer du croupion, faire bouffer un vêtement sur le croupion.
CROÛTE (Vieille), CROÛTON
Homme arriéré.
- « Refuser ce tableau ! Quels croûtons ! », Bertall. S'embêter
comme une croûte de pain derrière une malle. Dessécher d'ennui.
CROUTEUM
Collection de croûtes ou de mauvais tableaux.
- « Bientôt la boutique, un moment changée en croutéum, passe au muséum. », Balzac.
CROUTONNER
Mal peindre, peindre des croûtes. - Bertall.
CRUCHE, CRUCHON
Épais de forme et creux d'esprit.
- « Il est assez cruche, pour ne pas comprendre. » Eugène Sue.
CRUCIFIX À RESSORTS
Pistolets (Vidocq).
- Ils se présentent comme le crucifix aux heures suprêmes.
CUIR
Peau.
- « C'était aux nègres qu'il en voulait, à cause du coloris de leur cuir. », L.
Desnoyer.
- Tanner le cuir Battre.
CUIRASSIER
Homme fréquemment coupable des fautes de liaison appelées cuirs.
- « Veux-tu savoir ta langue et l'ostographe ? Prends moi z'un cuir, prends moi
z'un cuirassier », Festeau.
CUISINE
Préfecture de police.
- Cuisinier Agent de police (Vidocq).
- Cuisinier Dénonciateur, espion.
- « Lui qui avait servi plusieurs fois de cuisinier à la police. n - Canler.
- « Mauvais signe ! un sanglier ! comment s'en trouve-t-il un ici ?
- C'est un de leurs trucs, un cuisinier d'un nouveau genre. » Balzac.
- V. coqueur.
Cuisine de journal Tout ce qui regarde les petits
détails et l'ordonnance matérielle d'un journal.
- Le rédacteur chargé de cette mission est un Cuisinier.
- « C'est lui qui fait la cuisine du journal. », L. de Neuville.
CUIT
Perdu
- « Cuits, cuits ! les carlistes, ils seront toujours cuits. », Métay, 1831.
CUL
Homme bête et grossier.
- Cul goudronné Matelot
- Cul de plomb Homme sédentaire, peu alerte (Dhautel,
1808).
- Cul rouge Soldat porteur du pantalon rouge qui
compose l'uniforme de presque toute l'armée.
- Autre temps, autres culottes. Au dix-huitième siècle, on disait culblanc,
témoin ce passage des Mémoires de Bachaumont
« Le 27 janvier 1774. Il est encore arrivé à Marseille à la Comédie une catastrophe
sanglante. Un officier du régiment d'Angoulême était dans une première loge ;
il s'était retourné pour parler à quelqu'un. Le parterre, piqué de cette indécence,
a crié à bas, cul blanc ! (le blanc est le fond
de l'uniforme de l'infanterie), » etc., etc.
CULBUTE
Culotte (Vidocq).
- Jeu de mots. C est dans la culotte qu'on butecul.
(Buter Pousser. V. Du Cange.)
- V. Affure.
CUPIDON
Chiffonnier (Vidocq).
- Comparaison ironique du carquois et du trait de l'Amour à la hotte et au crochet
du chiffonnier.
CULOTTE
Partie de dominos qui procure au gagnant un grand nombre de points. Les joueurs,
n'ayant plus de quoi poser, sont obligés d'abattre
leurs dominos. Celui qui conserve les moins élevés, bénéficie des points de son
adversaire, il fait une culotte.
- Le joueur de dominos préfère le double-six culotte avec six blancs dans son
jeu. », Luchet.
Culotte « Plus d'une fois, il est arrivé qu'un
étudiant poursuivi par le guignon s'est vu mettre sur son compte toutes les demi-tasses
consommées dans le courant de la soirée par tous les habitués du café. Total cinquante
ou soixante francs. Cela s'appelle empoigner une culotte. », Louis Huart.
Se donner une culotte, se culotter Faire excès
de boire ou de manger.
- Donné déjà par le Dict. de Leroux, 1718.
- Synonyme d'un terme fréquemment employé
S'en donner plein la ceinture.
- « Nous pouvons donc enfin nous culotter avec du vin du tyran. », Chenu.
- « Un ivrogne ferait bien mieux de s'acheter un pantalon que de se donner une
culotte. », Commerson.
Culotte se prend au figuré pour tout autre excès
- « Nous nous sommes donné une fameuse culotte monarchique et religieuse. », Balzac.
CULOTTÉ
Bistré.
- « Les yeux culottés par les veilles malsaines. », Delvau.
- Culotté Aguerri.
- « Oh ! ma chère, je suis culottée, vois-tu. », Gavarni.
- Dans ces deux acceptions, comme dans la suivante, il y a évidemment allusion
au culottage de la pipe.
Se culotter Se former, prendre une tournure décidée.
- « Voici un pied d'Andalouse, se dit-il à part lui, ceci est d'une bonne couleur,
et ma passion se culotte tout à fait. », Th. Gautier, 1838.
CUMULARD
« Fonctionnaire qui cumule les émoluments de plusieurs places. », Lubize.
- « Le cumulard est travailleur, il a de l'esprit. », Balzac.
CURIEUX
Juge d'instruction.
- Il est curieux par métier.
- « Le curieux a servi ma bille (mon argent) . », Vidocq. V. Escrache.
CYLINDRE (Se faire éclater le)
Crever.
- « Une biche dit : Mon p'tit homme. Je mangerais bien des fraises, des p'tits
pois, Paye m'en ! . La scène était à peindre. Le cocodès dit en baissant la voix.
Tu t'en ferais éclater le cylindre. », Alphonse Duchesne.
DABE
Dieu.
- « Mercure seul tu adoreras comme dabe de l'entrollement. », Vidocq.
Dabe Père.
- Dabuche Mère.
- Dabuchette Jeune mère, belle- mère.
Dabe « C'est notre dabe, notre maître. », Balzac.
Grand dabe Roi.
- « Mais grand dabe qui se fâche dit : Par mon caloquet. », Vidocq.
Dab de la cigogne Procureur général.
- « On vient me chercher de la part du dab de la cigogne. », Balzac.
Dabot Préfet de police.
L'étymologie de dabe est incertaine. Il est à
noter que Dam avait au moyen âge la même signification.
DADA (À)
A cheval.
- « V'là z'une belle amazone à dada. », 1810, Désaugiers.
DAIM
Niais, dupe.
- « L'une des grandes finesses des garçons de restaurant, quand ils servent un
homme et une femme dans un cabinet, est de pousser à 1 consommation. persuadés
que le daim n'osera refuser aucune dépense en présence
de celle à qui il veut plaire. », La Fizelière. - V. cocodès.
- Il est possible que Daim soit une abréviation de dindon.
V. ce mot.
Daims huppés Bourgeois riches.
- « Il y a de l'argent à gagner, c'est des daims huppés. », Eugène Sue.
- V. Coup.
DALE
Argent.
- Abrév. de rixdale, ancienne monnaie allemande.
- « Faut pas aller chez Paul Niquet, Ça vous consume tout vot' pauv'dale. », P.
Durand, vaudeville, 1836.
DALLE
Bouche.
- Comparaison de la bouche à la pierre d'évier (appelée dalle
en beaucoup de cuisines). Cette pierre est percée d'un trou qui sert comme le
gosier à l'écoulement des liquides. V. Rincer.
DANDYSME
« Cette fatuité commune à tous les peuples chez lesquels la femme est quelque
chose n'est point cette autre espèce qui, sous le nom de dandysme,
cherche depuis quelque temps à s'acclimater à Paris. L'une est la forme de la
vanité humaine, universelle ; l'autre d'une vanité particulière et très-particulière
de la vanité anglaise. Voilà pourquoi le mot dandysme
n'est pas français. Il restera étranger comme la chose qu'il exprime. Bolingbroke
seul est avancé, complet, un vrai dandy des derniers temps. Il en a la hardiesse
dans la conduite, l'impertinence somptueuse, la préoccupation de l'effet extérieur
et la vanité incessamment présente. Enfin, il inventa la devise même du dandysme,
le nil mirari de ces hommes qui veulent toujours
produire la surprise en gardant l'impassibilité. », B. d'Aurevilly.
DANSE Grêle de coups.
- Allusion ironique aux piétinements forcés de la lutte.
- « Je prends le sabre.
- C'est dit, et à quand la danse ? » About.
Donner une danse Casser les épaules à coup de
bâton. », Dhautel, 1808.
Faire danser Battre.
- « Tu vas me payer l'eau d'aff, ou je te fais danser sans violons. », Eugène
Sue.
La danser Être battu.
- « Ah ! je te tiens et tu vas la danser. », Id.
La danser Être maltraité en paroles.
- « Quiconque poussait les enchères était empoigné, témoin une jeune fringante
qui la dansa, mais tout du long. », Vadé, 1788.
DANSER
Payer.
- Mot à mot : danser de ses écus.
- « C'étaient d'assez bons pantres. Enfin ils savaient danser. », De Lynol.
Faire danser Dissiper.
- « Et je me mets à faire danser mes 300 francs. Ça été mon grand tort. », Id.
Danser de Se mettre en frais de.
- « Je dansais pour c'te reine d'un joli châle tartan. », A. Cahen, Chansons.
Danser devant le buffet N'avoir rien à manger.
- « Tu bois et négliges ta besogne, Tu me fais danser devant le buffet. », Aubry,
Chansons.
- « Nous faudra danser sans musique devant le buffet, aux heures des repas. »,
Chansons, Clermont, 1835.
DARDANT
L'amour.
- C'est l'archerot de nos anciens poètes, c'est Cupidon
dardant son trait.
- « Icicaille est le théâtre Du petit Dardant ; Fonçons à ce mion folâtre Notre
palpitant. », Grandval, 1723.
- V. Coquer.
DAR-DAR
Tout courant.
- « Qu'il vienne tout de suite !
- Oui, dar- dar. », Labiche.
- Même racine que le mot suivant. Dar (dare) serait
l'impératif de darer.
DARIOLE
Coup.
- De l'ancien verbe darer, lancer vivement. V. Roquefort.
- « V'là que je vous y allonge une dariole Qu'i r'pare avec son nazaret ; Le raisinet
Coulait D'son nez comm' une rigole. », Le Casse-Gueule,
ch., 1841.
DARON, DARONNE
Père, mère.
- Daron de la rousse Préfet de police.
- Daronne du mec des mec . Mère de Dieu. V. Rebâtir.
DÉBACLER
Ouvrir (Vidocq).
DÉBALLAGE (Être volé au)
Reconnaître dans les charmes d'une femme aimée autant d'emprunts décevants faits
aux ressources de la toilette.
- « Il est accablé de rhumatismes ce qui le fait ressembler, au déballage, à ces
statuettes que vous avez sans doute remarquées dans la vitrine des bandagistes.
», Monselet.
DÉBINAGE
Médisance.
- « Compliments désagréables, indiscrétions et débinages. », Commerson.
Débiner Médire.
- « On le débine, on le nie, on veut le tuer. », A. Scholl.
DÉBINE
Mot qui signifie déchéance, misère, pauvreté (Dhautel, 1808).
- « La débine est générale, je suis enfoncé sur toute la ligne. », Montépin.
Se débiner Disparaître.
- « Quant à moi, je maquille une aff après laquelle j'espère me débiner pour m'éloigner
de la rousse. », Patrie du 2 mars 1852.
DÉBLOQUER
Lever une consigne. V. Bloquer.
DÉBOUCLER
Faire sortir de prison (Vidocq).
DÉBRIDER
Ouvrir (Vidocq).
- Débrider les chasses Ouvrir l'oeil. V. Temps.
- Débridoir Clef.
DÉBROUILLER (Se)
Vaincre les obstacles.
- Usité dans la marine, où un homme qui se débrouille
est un homme aguerri qui sait son métier.
DÉCANILLER
Décamper.
- Mot à mot : sortir du chenil (canil). V. Roquefort.
- « Ils ont tous décanillé dès le patron-jacquette.
», Balzac.
DÉCARADE, CARREMENT
Départ.
- Jour du décarement Jour de la mort. V. Bachasse.
DÉCARCASSER (Se)
Agir activement.
- Mot à mot : remuer sa carcasse.
DÉCARER
Partir. Mot à mot : se faire voiturer dehors. V.
Car , Roquefort.
- « Faut décarer. Ces gens la veulent m'assommer.
- « Dialogue entre Charles X et le duc de Bordeaux, chanson, 1832.
DÉCATIR (Se)
S'user, s'enlaidir.
- Allusion au décatissage des tissus.
- « Elle sentait la pane venir, elle se décatissait. - Les Étudiants, 1860.
DÉCAVÉ
Homme ruiné, qui n'a plus de quoi caver à la roulette.
- « A Bade, les décavés vivent sur l'espérance aussi somptueusement que les princes
de la série gagnante. », Villemot.
DÈCHE
Ruine, misère.
- Abrév. de déchet.
- « Elles se présentent chez les courtisanes dans la dèche. », Paillet.
- « Sans argent dans 1' gousset, C'est un fameux déchet. ,
- Chansons. Avignon, 1813.
DÉCOMPTE (Recevoir son)
Mourir.
- Dans l'armée, on ne quitte pas le service sans toucher son décompte.
- « Tué raide sur le champ de bataille, le beau tambour-major avait, pour parler
en style de bivouac, reçu son décompte. », Ricard.
DÉCROCHER
Retirer du Mont-de-Piété. V. Clou
- On dit aussi Déclouer.
- « Les révolutions m'ont réduite à mettre au clou les diamants de ma famille.
faudra que tu me décroches ça, mon chéri. », Lefils.
- « M. Auguste s'habille au décroche moi cela ce
qui veut dire en français chez le fripier. », P. d'Anglemont
- « Au Temple, un Décrochez-moi ça est un chapeau
de femme d'occasion.
- J'ai vu au carré du Palais-Royal (du Temple) des Décrochez-moi
ça qu'on eût pu facilement accrocher au passage du Saumon. », Mornand.
Décrocher Faire tomber d'un coup de fusil.
DEDANS (Mettre)
Mettre en prison (Dhautel, l808) .
Mettre dedans Tromper.
- « Il met les gabelous joliment dedans. On a descendu plus de vingt fois dans
sa cassine, jamais on n'a rien trouvé. », Eugène Sue.
- « Serais-je pris pour dupe !
- Eh ben ! conv'nez que vous êtes d'dans. », Vadé, 1756.
Être dedans (dans les vignes) Être ivre.
- « Quand on trinque avec une fille aimable Il est permis de se mettre dedans.
», Désaugiers.
Voir en dedans a la même signification, mais non
la même racine. Il s'applique aux ivrognes illuminés qui se tiennent eux-mêmes
de longues conversations. V. Cocarde.
DÉFARGUEUR
Témoin à décharge.
- Du vieux mot fardage ; fardeau. V. Roquefort.
DÉFLEURIR LA PICOUSE
Voler du linge qui sèche sur une haie.
- Allusion à la couleur tranchante des objets étendus et aux épines de la haie.
DÉFOURAILLER
Sortir de. prison.
- Du vieux mot defors dehors. V. Babillard.
DÉFRIMOUSSER
Dévisager. V. Frime.
DÉFRUSQUER
Déshabiller. V. Frusque.
DÉFRISER
Désappointer.
- « Ce qui nous défrise, c'est que je suis retenu. », P. Lacroix.
DÉGEL
Mortalité.
- « Il y aura un rude dégel. », Watripon.
- On connaît les effets dissolvants du dégel.
DÉGELÉE
Volée de coups.
- Il y a une chanson de V. Gaucher intitulée la dégelée
de 1854, ou la Prise de Bomarsund.
- Une volée dégèle ordinairement ce lui qui la reçoit.
DÉGOMMER
Destituer.
- « Réélu ! - Dégommé ! », Gavarni.
Dégommé Fané, terni.
- « Je me rouille, je me dégomme. », Labiche.
Se dégommer S'entre-tuer.
- « Napoléon, c'vieux grognard, D'ces jeux où l'on se dégomme En queuqu's mots
résumait l'art. », Festeau.
DÉGOTTER
Surpasser. On disait en 1808 dégoutter, c'est-à-dire
être placé au-dessus de quelqu'un, dégoutter sur
lui. V. Dhautel.
- « Quel style ! Ça dégotte Mm' de Sévigné. », Labiche.
DÉGOULINER
Couler doucement.
- Onomatopée.
- « V'là au moins la vingtième (larme) qui dégouline
sur ma joue. », Ricard.
DÉGOUTÉ (Pas)
Ambitieux.
- « Se dit en plaisantant d'un homme qui sans avoir l'air de choisir, prend le
meilleur morceau. », Dhautel, 1808.
- « Belle dame, vous êtes joliment jolie ce soir ! je souperais fièrement avec
vous.
- « Tu n'es fichtre pas dégoûté. », Gavarni.
DÉLICOQUENTIEUSEMENT
Délicieusement.
- « Pour y retrouver un Arthur delicoquentieusement séducteur. - Ed. Lemoine.
- V. Supercoquelicantieux
DELIGE
Voiture publique (Vidocq).
- Abrév. de diligence.
DEMAIN
Jamais.
- Terme ironique.
- Demain ne sera jamais aujourd'hui.
DÉMANCHER (Se)
Se donner grand mouvement.
- « Et d'la façon dont j'me démanche, On nous verra requinqués à la papa. », Duverny,
Chanson, 1813.
DÉMAQUILLER
Défaire. V. Maquiller.
DÉMÉNAGER
Faire des extravagances, agoniser.
- Ces deux sens étaient connus de Dhautel.
DEMI-AUNE
« Il y avait deux heures que je tendais ma demi-aune sans pincer un radis. »,
Luc Bardas.
DEMI-MONDE
Une femme demi-monde est celle qu'on appelait en
1841 une femme déchue,
- née dans un monde distingué dont elle conserve les manières sans respecter les
lois. Le succès d'une pièce de Dumas fils a créé le nouveau mot. On a créé par
analogie ceux de meilleur monde, et de quart
de monde.
- « On écrit en toutes lettres que vous régnez sur le demi-monde.
- C'est fort désagréable pour moi. », A. Second.
DEMI STROC
Demi-setier (Vidocq).
- Diminutif corrompu du même mot.
DÉMOC-SOC
Démocrate socialiste.
- Abréviation.
- Messieurs les Démocs-socs, vous voyez si vos menaces m'ont effrayé. », Chenu.
DÉMOLIR
Maltraiter quelqu'un en actes, en paroles, en écrits.
- « Deux champions prononçant la phrase sacramentelle
Numérote tes os que je les démolisse. », Th. Gautier, 1845.
- « Ruffard la dansera, c'est un raille à démolir. », Balzac.
- « On démolissait Voltaire, on enfonçait Racine. », L. Reybaud.
DÉMORGANER
Se rendre à une observation.
- Mot à mot : perdre de sa morgue.
DÉPIOTER
Enlever la peau.
- « Si monsieur croit que c'est commode. on se dépiote les pouces. » P. de Kock.
DÉPLANQUER
Exhiber (Vidocq). V. Vague.
DÉRALINGUER
Mourir.
- Terme de marine.
DERNIER (Avoir le)
Avoir le dernier mot. V. Double.
Dernier de M. de Kock « Ce mot a signifié cocu
pendant quinze jours. En ce temps, il venait de paraître un roman de M. Paul de
Kock intitulé le Cocu. Ce fut un scandale merveilleux.
Il fallait bien pourtant se tenir au courant et demander le fameux roman. Alors
(admirez l'escobarderie ! ) fut trouvée cette honnête périphrase
Avez-vous le dernier de M. de Kock ? », Th. Gautier.
- « Le mari. Et de cette façon je serais le dernier de M. de Kock, minotaure,
comme dit M. de Balzac. », Id.
DESCENDRE
Tuer, faire tomber.
- « J'ajuste le Prussien et je le descends », M. Saint-Hilaire.
Descendre la garde
Mourir.
- Mot à mot : n'être plus de service.
- « Amis, quand la camarde M'fera descendre la garde. », Festeau.
DÉSENTIFLER
Divorcer. V. Antifler.
DESSALER (Se)
Boire.
DÉTAFFER
Aguerrir. V. Taffe.
DÉTAIL (C'est un)
C'est un accident grave.
- Ironie parisienne. Annoncez qu'un tel s'est cassé le bras, a perdu cinquante
mille francs, etc., on vous répondra toujours : C'est un
détail !
DÉTAROQUER
Démarquer (Vidocq).
- Du vieux mot taroter, marquer. V. Roquefort.
DÉTOURNER
Voler dans l'intérieur d'une boutique.
- « Parmi les détourneurs, on distingue
1) les grinchisseuses à la mitaine, assez adroites
de leur pied pour saisir et cacher dans de larges pantoufles les dentelles et
les bijoux qu'elles font tomber (on appelle mitaine leur bas qui est coupe pour
laisser aux doigts leur liberté d'action) ;
2) les enquilleuses, femmes cachant des objets entre
leurs cuisses (quilles) ;
3) les avale tout cru, cachant les bijoux dans leur
bouche ;
4) les aumôniers, jetant le produit de leur vol à
de faux mendiants. », Vidocq.
- Ces genres de vol constituent le vol à la détourne.
DEUIL (Ongle en)
Ongle cerné d'une crasse noire.
- « J'aurai l'air d'être en deuil depuis la cravate jusqu'aux ongles, inclusivement.
», A. Second.
Faire son deuil Se passer.
- « Tu vas faire ton deuil de me voir avant deux ou trois heures. », L. Reybaud.
DÉVEINE
Malheur constant. V. Veine.
- « Il paraît que la banque est en déveine. », About.
DÉVIDAGE
Discours aussi long que le dévidage d'un écheveau.
Dévidage à l'estorgue Acte d'accusation.
DÉVIDER
Avouer. V. Bayafe.
- On dit communément dévider son chapelet.
- Dévider à l'estorgue Mentir.
- Dévideur Bavard (Vidocq).
DÉVORANT
Compagnon.
- « Je ne suis pas un dévorant, je suis un compagnon du devoir de liberté, un
gavot. », Biéville.
DIGUE-DIGUE
Attaque d'épilepsie.
- De dinguer
tomber. V. Camboler.
DIJONNIER
Moutardier (Vidocq).
- Dijon est la capitale de la moutarde.
DINDON
Niais, dupe.
- « J'ne veux pas être le dindon de vos attrapes. », Vadé, 1788.
- Mari dindon Mari trompé.
- « Il est le dindon de la farce ; il est seul dupe dans cette affaire. », Dhautel,
1808.
- V. Gogo.
DINDONNER
Duper.
- « Je n'ai jamais été chiche avec les femmes, mais je n'aime pas à être dindonné.
», Eugène Sue.
DINGUER
Tomber.
- Envoyer dinguer Jeter à terre.
DIX-HUIT
« Le fabricant de dix-huit s'appelle le riboui. Le
dix- huit n'est pas un soulier remonté ou ressemelé, c'est plutôt un soulier redevenu
neuf
de là lui vient son nom grotesque de Dix-huit ou deux fois neuf. Le dix-huit se
fait avec les vieilles empeignes et les vieilles tiges de bottes qu'on remet sur
de vieilles semelles retournées, assorties, et qui, au moyen de beaucoup de gros
clous, finissent par figurer une chaussure. », P. d'Anglemont.
DIXIÈME (Passer au)
Devenir fou.
- Terme usité parmi les officiers d'artillerie. Frappés du nombre des camarades
que leur enlevaient des attaques subites d'aliénation mentale, ils disent
Il est passé au dixième (régiment), pour montrer
combien ils sont décimés par des pertes sur lesquelles l'étude des sciences exactes
n'est pas, dit-on, sans influence.
DOCTRINAIRE
« On donne ce nom à une secte de gens bilieux, mais enchantés d'eux-mêmes, qui
avouent que rien n'est plus raisonnable que leur propre raison. », Ch. Blanc,
1844.
DODO
Lit.
- Redoublement de la première syllabe de Dormir. « Dans le dodo jusqu'à midi,
Je reste en attendant l'appétit. », La Femme comme on en
voit peu, chanson, 1789.
Faire dodo Dormir.
DOIGT DANS L'OEIL (Se fourrer le)
S'abuser, ne pas bien voir les choses. Le nom de la cause est donné à l'effet.
- « Il s'est un peu fourré le doigt dans l'oeil, le brave garçon. », De Goncourt.
- Se fourrer le doigt dans l'oeil jusqu'au coude
Se faire de grandes illusions .
DOMINO
Dent.
- Allusion de forme et de couleur. Pris en mauvaise part.
- Quel jeu de dominos se dit de dents longues et
jaunes.
- Les jolis petites dents sont des quenottes ou des
loulouttes.
- « Jouer des dominos signifie manger. », Balzac.
Boîte aux dominos Cercueil.
- Domino est pris ici pour os. Il y a de plus quelque analogie d'aspect, car la
forme du cercueil, comme celle de la boîte, est oblongue.
- « Puisqu'on va l'un après l'autre Dans la boite aux dominos. », E. Aubry, Chanson.
DONNER UNE AFFAIRE
Céder les renseignements propres à commettre un vol.
Se la donner S'enfuir.
DONT AUQUEL
Auquel rien n'est comparable.
- « Car moi je suis un militaire dont auquel. », Vadé, 1756.
DORMIR DEBOUT (Pied à)
Pied démesurément large et long.
- « Votre général qui a des pieds à dormir debout. » Gavarni.
DOS (Scier le)
Importuner. V. Scier.
- « Moi, ça me scie le dos. », Rétif, 1782.
En avoir plein le dos Être assommé d'ennui.
- « Tu sais que j'ai de la maison plein le dos ? », Désaugiers.
DOSSIÈRE DE SATTE
Chaise de bois.
- Dossière Prostituée de dernier ordre.
- Mot à mot : femme sur laquelle tout le monde peut s'asseoir. V. Calège.
DOUBLE
Sergent-major, maréchal des logis chef. L'insigne de ce sous- officier est un
double galon.
- « Si son double un soir pris d'humeur noire veut tempêter . il n'a pas le dernier.
», Wado.
Double cholette Litre (Vidocq).
- Double vanterne Lunettes.
- Mot à mot : double vitre.
DOUBLER UN CAP
« Doubler un cap dans Paris, c'est faire un détour, soit pour ne pas passer devant
un créancier, soit pour éviter l'endroit où il peut être rencontré. », Balzac.
DOUCE
Soie (Vidocq).
- Elle est douce au toucher.
À la douce Doucement.
- « Comment qu'ça va, vous, à ce matin ?
- Mais, merci, à la douce. », H. Monnier.
- On dit quelquefois à la douce, comme les marchands de
cerises, par allusion au cri de ce métier (à la douce ! à la douce ! )
.
DOUCETTE
Lime (Vidocq).
- Allusion au travail de la lime qui opère tout doucement.
DOUILLE
Argent.
- « Il y a de la douille à grinchir. », Paillet.
- Du vieux mot double, monnaie. V. Roquefort.
- Douiller Donner de l'argent.
- Douillard Homme qui a de la douille.
- « Oh ! oh ! fit- il, un public ficelé ! rien que des hommes et des douillards.
», De Pène.
DOUILLE
Cheveux.
- Du vieux mot doille, mou, délicat. V. Roquefort.
- Douilles savonnés Cheveux blancs.
- Douillure Chevelure.
- Douillette Crin (Vidocq) .
DOUX (Un verre de)
« Un verre de liqueur sucrée, par opposition à un verre de liqueur forte ou de
rude. », Dhautel, l808 .
DRAGÉE
Balle.
- Allusion à la forme.
- « Il a reçu la dragée Il a été atteint d'une balle.
», Dhautel, 1808.
« Nous entendons dire, mon camarade, que tu ne quittes pas l'ennemi, et que tu
leur envoies des dragées a plein canon. », Marceau, Lettre
à Westerman.
DRAGUEUR
Banquiste (Vidocq) .
DROGUE
Mauvaise femme.
- On dit souvent drogue pour une chose de mauvaise
qualité.
DROGUER
Attendre infructueusement
- Métaphore empruntée au jeu de la drogue.
- « Vous droguez nuit et jour autour de sa maison. », G. Sand.
- « Il m'a fait droguer plus d'une heure dans la rue. », Dhautel, 1808.
DROGUER
Dire. V. Girofle.
DRÔLE (Pas)
Très-malheureux.
- Expression singulière, dont le peuple de Paris connaît seul la valeur saisissante.
Si quelqu'un est frappe par un accident grave, on le plaint par ces mots
« Le pauvre homme ! ça n'est pas drôle ! » Un homme sans ressources dira : « Je
ne sais si je mangerai ce soir, et ça n'est pas drôle. »
- « Et ça vous fiche des coups.
- Ça c'est peu drôle. », Gavarni.
DULCINÉE
Maîtresse.
- Dû à la vogue du roman de Cervantes.
- « Une mijaurée qui s'en fait accroire fait la Dulcinée du Toloso.
- Dulcinée veut dire aussi une femme galante, une donzelle. », Dhautel, 1808.
DUR
Fer (Vidocq).
Dur Eau-de-vie. V. Chenique.
- « Pour faire place aux petits verres de dur. », Th. Gautier.
Dur à cuire Homme solide, sévère, ne mollissant
pas. V. Dhautel.
- « En voilà un qui ne plaisante pas, en voilà un de dur à cuire. », L. Reybaud.
Dure Terre (Vidocq).
- On dit classiquement coucher sur la dure.
Dans ces quatre acceptions du mot dur, l'effet
est pris pour la cause.
Être dans son dur « Travailler avec ardeur et
grande assiduité. Terme de compositeurs typographes. », J. Ladimir.
DURÈME
Fromage (Vidocq).
EAU D'AFFE
Eau-de-vie. V. Paf, Danser.
ECCE HOMO
Homme dont l'extérieur macéré rappelle celui d'un Christ.
- « Humilité incarnée, espèce d'ecce homo. », David.
ÉCHALAS
Jambe maigre comme un échalas (Dhautel).
- Les jambes fortes sont des Poteaux.
- « Joue des guibolles, prends tes échalas à ton cou. », Montépin .
ÉCHELLE (Tirer l')
Être aussi haut qu'on peut monter et, par conséquent, n'avoir plus besoin d'échelle.
- Pris au figuré.
ÉCLAIRER
Payer d'avance au jeu.
- Mot à mot : faire luire (éclairer) sa monnaie.
- « C'est pas tout ça, i'faut éclairer. C'est six francs. », Monselet.
ÉCLUSE (Lâcher l')
Uriner.
- « Allons ! il faut lâcher l'écluse du bas rein », Parodie
de Zaïre (dix-huitième siècle).
ÉCORNER
Injurier.
- Écorneur Procureur du roi.
- Écorné Inculpé (Vidocq).
- Acception figurée d'écorner, Casser, dégrader.
ÉCOSSAIS
Homme sans pantalon.
- Les Écossais ont les jambes nues.
- Hospitalité écossaise Hospitalité gratuite.
- Usité depuis les représentations de la Dame blanche.
ÉCUME
Étain (Vidocq). Allusion au métal en fusion.
EFFAROUCHER
Voler.
- Jeu de mots.
- Effaroucher, c'est faire disparaître.
- « Qu'est-ce qu'a effarouché ma veste ? », H. Monnier, 1836.
ELBEUF
Habit de drap d'Elbeuf.
- « Si l'étoile au mérite N'orne pas mon elbeuf usé. », Festeau.
EMBALLER
Arrêter, écrouer.
- « Tu vas nous suivre à la Préfecture. Je t'emballe. », Chenu.
On dit d'un cheval emporté qu'il emballe son cavalier,
sans doute parce que celui-ci est réduit au rôle passif d'un simple ballot.
EMBALLES, EMBARRAS (Faire ses)
« Faire son embarras
Faire beaucoup d'étalage pour peu de chose. », Dhautel, 1808.
- Emballe est une corruption d'embarras.
EMBLÈME
Mensonge, conte fait à plaisir.
- Terme ironique inventé sans doute par un ennemi de l'allégorie mythologique
dont le peuple comprend mal les finesses.
- « Voyez quel emblème ! Sa nièce d'Angoulême Nous met tous à même. », Decourcelle,
1832.
- Emblêmir Tromper (Vidocq).
EMBROUILLE (Ni vu, ni connu ! je t' )
Locution placée ordinairement à la fin d'un récit pour peindre la rapidité d'un
acte et la difficulté de l'expliquer. V. Dhautel.
ÉMÉCHÉ
Ivre.
- Allusion à l'air échevelé des ivrognes.
- « Quand je rentre un peu éméché après minuit, elle me dit
La cruche est dans le coin. », Monselet.
EMMERDEMENT
Peine, ennui.
- Emmerder « Figurément et d'une manière ignoble
pour attraper, ennuyer, obséder, injurier. », Dhautel, 1808.
EMMIELLER
Emmerder.
- « M'emmiell'ra Qui voudra ! Moi, je n'm'emmielle guère. », Valère, Chanson.
EMPAFFE
Drap de lit (Vidocq).
- Il est à remarquer que paffe veut dire aussi soulier.
Appliqué à des objets différents, ce même mot semble être un essai d'harmonie
imitative. On a voulu indiquer l'action de se jeter sur le lit ou d'entrer son
pied d'un seul coup dans de gros souliers.
EMPAFFER
Enivrer. V. Paf.
EMPLÂTRE
Empreinte (Vidocq). Allusion à la couche de cire molle sur laquelle est prise
l'empreinte.
EMPOIGNER
Critiquer.
- « Attends donc à demain, mon cher, tu verras comment Lucien t'a empoigné. »
Balzac.
Empoigner Séduire, émouvoir.
- « Me parlerez-vous de la fille aux yeux bleus ? Il parait que vous avez été
solidement empoigné. », About.
- On dit d'un drame à effet qu'il empoigne son public.
EMPOIVRER (S')
S'enivrer.
- Mot à mot : s'empourprer. V. Poivre.
- « Les fêtes tu t'empoiveras avec ta largue au tapis franc. », Vidocq.
EMPORTER
V. Bachotteur.
- Emporteur à la côtelette Grec exerçant son art
dans les cafés et dans les restaurants, à la suite d'un déjeuner offert à sa dupe
(Vidocq).
- Il emporte l'argent de son invité à la côtelette, comme des troupiers emportent
à la baïonnette une position.
- « Les emporteurs sont des malfaiteurs qui, sous
prétexte de payer leurs achats à domicile, font emporter leurs acquisitions par
des commis du magasin. Le grand point, c'est de séparer le commis de sa marchandise.
Tantôt on le renvoie au magasin pour faire rectifier un prix de la facture, tantôt
on le fait entrer par une porte dans un hôtel garni, et l'on en ressort par une
autre. », Al. Monnier.
EMPOUSTEUR
« Escroc faisant métier de vendre à des détaillants des produits dont le premier
dépôt a été acheté par des compères. », Vidocq.
ÉMU
Troublé par les fumées du vin. V. Paff.
- Le buveur ému est sur le point de s'attendrir.
- « Tu me crois ému, vieux. Allons donc ! je boirais dix fois autant. », Frémy.
- « Girard et Maret- Boistrop rentrèrent au quartier légèrement émus, et on ne
put les réveiller à l'appel du soir. », Vidal, 1833.
ENCARRADE
Entrée.
- Encarrer Entrer. V. Décarer.
ENFILADE
Série de pertes.
- « Ils croient que la veine est revenue, mais ils ont une enfilade désespérante.
», Paillet.
S'enfiler « Terme de jeu. Se laisser aller à jouer
gros et perdre. », Dhautel, 1808.
- « Je m'enfile de douze sous. », Monselet.
ENCRE (Tremper son pied dans l')
Être consigné. Les soldats consignés portaient autrefois une guêtre blanche et
une guêtre noire.
- « Il ne sait pas ce que c'est que de tremper son pied dans l'encre, et jamais
n'a entrevu la porte de la salle de police. », Vidal, 1833.
- V. Criblage.
ENDÊCHER
Ruiner.
- « Je m'endêche de plus en plus ; je viens de mettre au clou la robe de soie.
», H. de Lynol.
ENFANT DE CHOEUR
Pain de sucre (Vidocq).
- Allusion à sa petite taille et à sa robe blanche.
ENFLACQUÉ
Emprisonné.
- Mot à mot : jeté en
- Du vieux mot flaquer, lancer violemment. V. Roquefort.
- « C'est donner tout son argent à l'homme enflacqué. », Balzac.
ENFLÉE
Vessie (Vidocq).
ENFONCER
Dominer.
- « Vous n'êtes pas de force au piquet ; je vous enfonce. », Gavarni.
Enfoncer Duper.
- « Il m'apprenait la vie qu'il fallait mener pour ne pas être enfoncé. », Eugène
Sue.
Enfoncer « Lorsqu'on réussit à perdre un journal
à force de le décrier, ou un théâtre à force de blâmes, cela s'appelle enfoncer
la feuille rivale ou le théâtre ennemi. », Biogr. des Journalistes,
1826.
Enfonceur Agent d'affaires, faiseur (Vidocq).
ENFOURAILLER
Arrêter.
- Mot à mot : fourrer dedans.
- « Va-t'en dire à ma largue que je suis enfouraillé. », Vidocq.
ENFRIMER
Dévisager. V. Frime.
ENGANTER
Voler, prendre.
- C'est un équivalent d'empoigner. Le gant est pris
pour la main. V. Chêne.
ENGRAILLER, ÉGRAILLER, ÉRAILLER
Attraper, prendre (Bailly).
ENGUEULEMENT
Bordée d'injures.
- « Vadé est le Démosthènes de l'engueulement. », Catéch.
poissard, 1844.
Engueuler Invectiver.
- « Et puis j'vous engueule la vilaine. », Rétif, 1783.
ENLEVÉ
Réussi de prime-saut.
- On dit : un article enlevé, au journal ; une
scène enlevée, au théâtre.
- Une oeuvre s'enlève à la plume comme une position ennemie s'enlève a la baïonnette.
ENPLANQUER
Arriver.
- « La rousse enplanque. », Bailly.
ENQUILLER
Entrer.
- Mot à mot : jouer des quilles dans. V. Quille.
- Ancien mot, car nous trouvons déquiller, sortir,
dans Du Cange. V. Baptême.
- Enquilleuse
V. Détourner.
ENQUINER, ENQUIQUINER À LA COURSE
Insulter.
ENROSSER
Donner une rosse pour un bon cheval.
- « Des maquignons des Champs-Élysées les ont enrossés. », Roqueplan.
ENTAULER
Pénétrer dans une maison. V. Taule.
ENTERVER, ENTRAVER
Savoir.
- Du vieux mot entrever. entrevoir. V. Roquefort.
- « Électre le parlait, dit-on, divinement, Iphigénie aussi l'entravait gourdement.
», V. Bigorne.
ENTIFLEMENT
Mariage.
- Entifler Épouser. V. Antifler.
ENTORTILLER
Circonvenir, captiver.
- « Ma chère, voici comment On entortille un amant. », Festeau.
ENTRAÎNER UN CHEVAL
« L'animer et l'enivrer graduellement par la course et par des obstacles légers
d'abord, dont le plus grand est le dernier. », Alph. Karr.
- Il y a des entraîneurs de profession.
ENTRAVER
V. Enterver.
ENTROLLEMENT
Vol (Vidocq). V. Dabe, Antroller.
ÉPATAGE (Faire de l' ), ÉPATE (Faire de l' )
Vouloir en imposer par un grand étalage.
- « As-tu fini tes épates avec ta pelure de velours de coton. - Les
Cocottes, 1864.
- « Ces jeunes troupiers font de l'épate, des embarras si vous aimez mieux. »,
Noriac.
Épater Stupéfier, émerveiller.
- « Il nous regarda d'une façon triomphante, et il dit à ses admirateurs
Je les ai épatés, les bourgeois.
- Il avait raison
nous étions émerveillés. », P. d'Anglemont.
- « Elle porte toujours des robes d'une coupe épatante. », Les
Étudiants, 1860.
Épateur Faiseur d'embarras (Vidocq).
ÉPICERIE
Mesquinerie.
- « L'épicerie du siècle avait enfin rompu le cercle magique d'excentricité dont
Rodolphe s'était entouré. », Th. Gautier, 1838.
Épicier « Les romantiques n'avaient de commun
que leur haine des bourgeois qu'ils appelèrent génériquement épiciers (1830).
La société ne se divisa plus à leurs yeux qu'en bourgeois et en artistes, les
épiciers et les hommes. », P. d'Anglemont.
- Épicier s'emploie adjectivement : « Allons, vraiment,
c'est épicier. », Balzac.
ÉPICER
Railler (Vidocq).
- On dit de même saler pour Gronder.
ÉPINARD
Peint en vert cru.
- « Le mercier amateur de jolis paysages épinard. », Daumier.
ÉPOUX, ÉPOUSE
Amant, maîtresse.
- « Vous pouvez amener vos épouses, il y aura noces et festins ; nous avons Adèle
Dupuis, Mlle Millot, ma maîtresse. », Balzac.
- « Les femmes elles-mêmes appellent leurs amants Mon époux. », L. Lespès.
- V. Monsieur.
ÉREINTEMENT
Critique excessive.
Éreinter Maltraiter un écrit.
- « Tu pourras parler des actrices. tu éreinteras la petite Noémie. », E. Augier.
- « Donc le livre de Charles fut éreinté à peu près sur toute la ligne. », De
Goncourt.
ES
Escroc (Vidocq).
- Abréviation.
ESBIGNER(S')
S'enfuir.
- « Et l'amant qui s'sent morveux, Voyant qu'on crie à la garde, S'esbigne en
disant
Si j'tarde, Nous la gobons tous les deux. », Désaugiers.
ESBROUFFE
Fanfaronnades, étalage de grands airs.
- « Pas d'esbrouffe ou je repasse du tabac. », P. Borel, 1833.
- « Faut pas faire ton esbrouffe, vois-tu ! ça ne prendrait pas. », Cogniard,
1831. Vol à l'esbrouffe
V. Caroubleur.
Esbrouffer Intimider, en imposer.
- Du vieux mot esbrouffer
éclabousser. V. Du Cange.
- « Allons ! mouche-lui le quinquet, ça l'esbrouffera. », Th. Gautier.
ESCAPE, ESCAPER
Corruption d'Escarpe.
ESCARPE, SCIONNEUR
« Voleur détournant après minuit sur la voie publique, par violence et quelquefois
par assassinat. », Canler.
Escarper Assassiner.
- Du vieux mot escharper
mutiler, couper en morceaux (Roquefort).
- « Mais tu veux donc que je t'escarpe (que je te tue). », Eugène Sue.
- V. Criblage.
ESCLAVE
Domestique, garçon de restaurant, de café. Le mot date de Ponsard, de Rachel et
du temps où l'on inventa de vraies coupes pour boire du champagne.
- « Cet esclave pourrait dire vrai. Allons, va prendre l'ancien écriteau. », Labiche.
ESCLOT
Sabot (Vidocq) .
- Mot de langue romane. Roquefort.
ESCOFIER
Tuer sur le coup.
- Usité dès 1808.
- Escofion voulait dire autrefois ou Bonnet de femme
ou Mauvais coup. Calotte à un degré beaucoup plus
faible présente encore ce double sens.
- « Trois sentinelles ont déjà été escofiées », Cogniard, 1831.
ESCRACHE
Papiers.
- Diminutif d'escrit.
- « Le curieux a servi ma bille, mais j'ai balancé mes escraches. », Vidocq.
- Escrache tarte Faux passeport.
Escracher Demander le passe-port, interroger.
- « En passant le portier vous escrache ; J'étais fargué, mais l'habit cachait
tout Le jardinant, je frisais ma moustache ; Un peu de toupet, et je passe partout.
», Chans. nouv., Dict. Le Bailly.
ESGARD (Faire l')
Dérober à ses complices une part de vol (Vidocq).
- Mot à mot : garder en dehors (exgarder) .
ESPALIER
Réunion de figurantes chargées d'animer un décor comme un espalier garnit un mur.
- « Les petites filles qui se destinent à être danseuses et qui figurent dans
les espaliers, les lointains, les vols, les apothéoses. », Th. Gautier.
- V. Bouisbouis.
ESQUINTEMENT
Fatigue extrême, lutte meurtrière.
Esquintement Effraction.
- « Cambriolle tu maquilleras par carouble et esquintement. », Vidocq.
Esquinter Battre.
- « Ceux qui veulent se faire esquinter peuvent venir me trouver, je m'appelle
Bonne-Lame. », Vidal, 1833.
Esquinter Harasser.
- « Que dirais-tu si, au lieu d'avoir le fouet à la main, tu étais obligé de t'esquinter
comme nous a la limonière ? », Buchon.
Esquinter Fracturer (Vidocq) .
- Roquefort donne avec le même sens les trois verbes d'esquatir,
esquacher, esquisar.
Esquinteur Voleur par effraction.
- « Esquinteurs de boutogue Enfonceurs de boutiques.
», Vidocq.
ESTOC
Esprit, malice (Vidocq).
- Acception figurée du mot qui désigne ordinairement une pointe acérée.
ESTOM
Estomac.
- Abréviation.
- « Je lui appuie le genou sur l'estom. » Monselet.
ESTORGUE
Fausseté.
- Chasses à l'estorgue Yeux louches (Vidocq).
- Du vieux mot estor, duel, conflit. V. Roquefort.
- Deux yeux louches ont l'air en effet de se contrarier ; et, comme on dit dans
le peuple, ils se battent en duel.
- Un centre à l'estorgue (faux nom) amène de même
un malentendu (estor) . V. Dévider.
ESTOURBIR
Tuer.
- Mot à mot : mettre hors de combat.
- Du vieux mot estor, choc, mêlée, duel.(Roquefort).
- « En goupinant de cette sorte, les parains seront estourbis ; il sera donc impossible
de jamais être marons. », Vidocq.
ESTRANGOUILLER
Étrangler (Vidocq).
- À peu de chose près, c'est le latin strangulare.
ÉTEIGNOIR
Nez aussi gros qu'un éteignoir.
- « Ah ! Quel nez ! Rien que de l'apercevoir, On s'dit
Dieu ! quel éteignoir ! », Guinod 1839.
- V. Piston.
Éteignoir Personne assez maussade pour éteindre
la gaîté de ses voisins
ÉTOILE
Croix d'honneur.
- « Ceux qui n'ont pas l'étoile disent
Bon ! je l'aurai une autre fois. », Eugène Sue.
- Avoir les deux, les trois étoiles Être nommé général
de brigade, général de division.
- Les étoiles placées sur l'épaulette sont la marque distinctive de ces deux grades.
Étoile Femme réputée en tel ou tel genre. On dit
indifféremment
une étoile du monde officiel, une étoile du monde galant, une étoile du monde
dramatique.
ETRANGÈRE (Piquer l')
Penser à des choses étrangères à celles qui doivent occuper.
- « Il en est qui ne se font point scrupule de piquer l'étrangère,
bouquiner, piquer un chien, c'est-à-dire rêver pendant les classes, lire
des livres interlopes ou se pelotonner dans un coin pour dormir. », La Bédollière.
ÊTRE (L')
Être trompé par sa maîtresse ou par sa femme.
- « C'est notre sort. C'en est fait. je le suis. », Boucher de Perthes, 1836.
L'Être Être vierge.
- « Je le suis encore, m'a-t-elle dit en riant, je voudrais cesser de l'être par
un joli homme comme toi. », Rétif, 1786.
Être avec Être maître ou amant.
- « Être avec un Anglais, c'était pour les femmes une fortune. », Villemot.
En être Être agent secret de la police.
- « Il n'est pas assez malin pour en être. », Balzac.
En être Être pédéraste (Vidocq)
- Ménage, dans ses Origines, avait commencé sa dissertation
sur le mot Bougre par ces mots Bougre
Je suis de l'avis, etc.
- « Ah ! lui dit Bautru en se moquant, vous en êtes
donc aussi et vous l'imprimez. Tenez ! il y a bien moulé
Bougre je suis. », T. des Réaux.
- On dit encore aujourd'hui dans le même sens Il en est.
ÉTROITE (Faire son)
Affecter un air virginal.
ÉTRON DE MOUCHE
Cire (Vidocq).
- Allusion au travail des abeilles.
ÉTUDIANTE
Maîtresse d'étudiant.
- « Toute étudiante pur-sang fume son petit cigare. », L. Huart.
- V. Haute.
ÉVANOUIR (S')
Mourir, s'enfuir.
EXPÉDIER
Tuer.
- Mot à mot : expédier en l'autre monde.
EXTRA
Repas plus soigné qu'à l'ordinaire. « Je crois qu'on peut bien se permettre
un petit extra une fois par mois. », Canler.
- Aux tables d'officiers, un extra est un invité.
- Dans un café ou un restaurant on appelle un extra,
soit un plat demandé en dehors de la carte, soit un garçon de supplément qui vient
aider au service.
FACE
Écu à l'effigie (face) royale.
- « Je n'ai plus de faces. La drôlesse me chasse. », Decourcelle,
FACIÈS
Figure.
- « C'est mon épouse. Un assez beau faciès, hein ? », Labiche.
FACTIONNAIRE
Excrément déposé aux abords de certains lieux, et semblant crier aux souliers
aventureux : On ne passe pas ici.
Dans les escaliers à chaque instant,
Elle vous pose des factionnaires
Qui ne Crient pas
Qui vive ! aux passants.
- Le Portier, chanson, 1856.
FADAGE
Partage de vol.
- Fade Part de vol. V. Vioque.
- « Ruffart a son fade chez la gonore, dans la chambre de la pauvre femme. »,
Balzac.
Fader Partager.
- V. Coquer.
- De l'ancien verbe fadiar : assigner. V. Roquefort.
FADASSE
Fade.
- « Le carnaval est bien fadasse cette année. », 1844, Cat.
poissard.
FADE, FADARD
Personne de mine ou de parler prétentieux.
- Mot à mot : débitant de fadeurs.
- « Eh va donc, grand fade ! », Ricard.
- « Est- il devenu fadard ? », Labiche.
FADEURS (Des)
« C'est Anna.
- Avec qui est-elle ?
- Avec son premier amour, je crois.
- Des fadeurs ! », Monselet.
- Cet exemple explique le mot. C'est comme si on disait : À d'autres ! Nous
savons à quoi nous en tenir sur ces fadeurs.
FAFFE
Papier
- Onomatopée.
- Faffiot Papier blanc, billet de banque.
- « On invente les billets de banque ; le bagne les appelle des fafiots garatés
du nom de Garat, le caissier qui les signe. Fafiot ! n'entendez-vous pas le bruissement
du papier de soie ? Le billet de mille francs est un fafiot mâle, le billet de
cinq cents un fafiot femelle. », Balzac.
- Faffiot sec Bon certificat.
- Faffiot lophe Faux certificat.
- Faffioteur Papetier (Vidocq).
FAGOT
Aspirant à l'École des eaux et forêts.
- C'est dans ces dernières qu'on doit aller chercher la raison de ce sobriquet.
FAGOT
Ancien forçat.
- « Eh ! mais ! je connais cet homme-là. C'est un fagot », Victor Hugo.
FAIRE
Nouer une intrigue galante.
- Est-ce qu'un homme qui a la main large peut prétendre à faire des femmes ? »,
Ed. Lemoine.
Dans une bouche féminine, le mot faire indique
de plus une arrière-pensée de lucre. C'est l'amour uni au commerce.
- « Et toi, ma petite, où donc as-tu volé les boutons de diamant que tu as aux
oreilles ? As-tu fait un prince indien ? », Balzac.
- « Tu as donc fait ton journaliste ? répondit Florine.
- Non, ma chère, je l'aime, répliqua Coralie. », Id.
Faire Faire la place, commercialement parlant.
- « De tous les points de Paris, une fille de joie accourait rait faire
son Palais- Royal. », Balzac.
- « Je suis heureux d'avoir pris ce jour-ci pour faire la
vallée de l'Oise. », Id.
Faire Voler.
- « Nous sommes arrivés à faire les montres avec
la plus grande facilité. », Bertall.
- « Son fils qui fait le foulard à ses moments perdus.
», Commerson
Faire sa poire sa tête, sa Sophie, son Joseph,
son étroite, ses embarras, faire suisse. V. ces mots.
Faire, refaire au même Tromper.
- « Je me suis engagé tantôt, et les racoleurs qui croient m'avoir
fait me retiennent. »
- « Garde-moi le secret, brûle ma lettre ; je veux faire
ces drôles-ci. », Rétif, 1776.
- « Les soldats s'imaginent toujours que les sergents majors les refont au même.
», La Bédollière.
Faire Risquer au jeu. « Nous faisions l'absinthe
au piquet à trois. »,
- Noriac. Faire dans la quincaillerie, l'épicerie,
la banque, etc.
Faire des affaires dans la quincaillerie, etc.
Allez vous faire fiche Allez au diable.
- « Ce mot couvre un jurement très-grossier. », Dhautel, 1808.
Faire la tortue Jeûner (Vidocq).
- On connaît la sobriété de la tortue.
FAISEUR
On entend par faiseur l'homme qui crée trop, qui
tente cent affaires sans en réussir une seule, et rend souvent la confiance publique
victime de ses entraînements. En général, le faiseur n'est point un malhonnête
homme ; la preuve en est facile à déduire ; c'est un homme de travail, d'activité
et d'illusions ; il est plus dangereux que coupable, il se trompe le premier .en
trompant autrui. », Léo Lespès.
On connaît la pièce de Balzac, Mercadet le faiseur.
Son succès a été tel, qu'elle a doté le mot faiseur d'un synonyme nouveau. On
dit un Mercadet.
- Pour Vidocq, le faiseur n'est qu'un escroc et un chevalier d'industrie.
- On dit aussi c'est un faiseur, d'un écrivain qui
travaille plus pour son profit que pour sa gloire.
FANAL
Estomac.
- Comparaison de l'estomac à une lanterne.
- « Ces deux dames se fourraient par le fanal Petit vin, superbe hareng. », Chansonnier,
impr. Stahl.
- « Se bourrer le fanal de bouillon de rata. » Wado.
- On dit de même : Mettre de l'huile dans la lampe.
FANANDEL, FANANDE
« Ce mot de fanandel veut dire à la fois frères, amis, camarades. Tous les voleurs,
les forçats, les prisonniers sont fanandels. », Balzac.
FANFFE
Tabatière (Vidocq).
- Fanfouiner Priser.
- Onomatopée qui rend assez bien le bruit produit par l'aspiration du tabac dans
les narines.
Fanfouineur Priseur.
FARCE
Comique.
- « C'est farce ! Mais vous faites de moi ce que vous voulez. », Eugène
Sue.
Farces Infidélités galantes.
- « On ne peut pas faire de farces à sa Nini. v'là ce qui v vous chiffonne. »,
Gavarni.
Farceur Homme sur lequel on ne peut compter
Farceuse Femme galante.
- « Lorsqu'une farceuse voudra me séduire, je lui dirai
Impossible ! », Amours de Mahieu, chanson, 1832.
FARGUE
Charge.
- Farguer Charger. V. Escracher.
- Fargueur Témoin à charge.
FARRE
Vite.
- « Farre, farre, la marcandière, car nous serions béquillés. », Vidocq.
FAUBOURIEN
Ouvrier des faubourgs de Palis.
- « Ces combats que la jeunesse dorée livrait non sans succès aux farouches faubouriens,
aux septembriseurs endurcis. », Roqueplan.
FAUCHANT, FAUCHEUX
Ciseaux (Vidocq).
- Les ci seaux fauchent.
- Fauche-ardent Mouchettes.
- Mot à mot : coupe-lumière.
FAUCHER
Couper.
- « Faucher, dans leur langage veut dire l'exécution de la peine de mort. », Balzac.
- V. Colas. Terrer.
- Faucher dans le pont Couper dans le pont. V. ce
mot.
- Faucheur Voleur coupant (fauchant) les chaînes
de montre.
- Faucheur Bourreau.
FENASSE
Mou, paresseux.
- Du vieux mot fenassil, tas de foin. V. Roquefort.
FENDRE (Se)
Commettre une prodigalité peu habituelle.
- « Descends huit bouteilles.
- Puisque vous vous fendez, dit le peintre, je paie un cent de marrons.
- Oh ! oh ! », Balzac.
- Le mot indique bien un jour de largesses inaccoutumées. Ce n'est pas la bourse
de l'avare qui se fend, ce sont ses propres entrailles.
Se fendre jusqu'à s'écorcher Pousser la prodigalité
jusqu'au regret.
- « Cadet, tu te fends ; ca me flatte. Tu vas t'écorcher. », Cabassol.
FENDANT
Vient du vieux terme fendeur de naseaux, bravache.
Fendant Faiseur d'embarras. V. Fignoler.
- « Ne fais donc pas tant ta fendante. », 1844, Catéch.
poissard.
FENÊTRE (Mettre la tête à la)
Être guillotiné.
- Allusion au passage de la tête dans la lunette. V. Raccourcir.
FENOUSE
Prairie (Vidocq).
- Du vieux mot fen, foin. V. Roquefort.
FÉODEC
Arbitraire (Vidocq) . Corruption de féodal.
FERLINGANTE
Faïence, verre, cristal (Vidocq).
- Diminutif du vieux mot frêle, fragile. V. Roquefort.
FERTILLIANTE
Queue (Vidocq). Allusion à son frétillement.
FESSES (S'en battre les)
S'en moquer. « Va, je m'en bats les fesses, et n'en fais
pas le fin. », Parodie de Zaïre, dix-huitième siècle.
- V. Miché.
FESTONNER
Avoir une démarche que l'ivresse accidente comme des festons de broderie.
- « Il va encore, ma foi, très-droit. c'est à peine s'il festonne. », Eugène
Sue.
FÉROCE
Laborieux, capable.
- C'est un féroce C'est un homme tout entier à son
devoir, féroce sur l'exactitude avec laquelle il
entend le remplir.
- Il n'est pas féroce Il n'est pas capable. V. Méchant.
FÊTE (Être de la)
Être riche, avoir les moyens de festoyer.
- « Moi je suis toujours de la fête, j'ai toujours bogue et bon radin. », Vidocq.
FEU (N'y voir que du)
Être ébloui, aveuglé.
- « Et tu n'y verras que du feu. », Cogniard, 1831.
FEUILLE A L'ENVERS (Voir la)
« Sitôt, par un doux badinage,
Il la jeta sur le gazon.
Ne fais pas, dit-il, la sauvage ;
Jouis de la belle saison.
Ne faut-il pas dans le bel âge
Voir un peu la feuille à l'envers ? »
Cet exemple est pris dans la 177e Contemporaine
de Rétif (édit. 1783) ; mais la chanson est plus ancienne, car ses auditeurs ajoutent
dans le texte : Charmante quoique vieille ! .
FEUILLE DE CHOU
Guêtre militaire, mauvais journal, titre non valable.
FEUX DE FILE (Ne pas s'embêter dans les)
Être indépendant.
- Mot à mot : faire feu à volonté.
- « Pour lors ! not'colonel, qui ne s'embête pas dans les feux de file. », Ancien
Figno, 1827.
FICELER (Se)
Soigner sa tenue.
- Les carottes de tabac étaient autrefois ficelées avec beaucoup de soin. V. Chic.
- « Voilà maman Vauquer belle comme un astre, ficelée comme une carotte. », Balzac.
FICELLE
Procédé de convention, acte de charlatanisme. M. Reboux a publié, en 1864, Les
Ficelles de Paris.
- « M. M. , pour animer la statuaire, emprunte a la peinture quelques-uns de ses
procédés ; je n'oserais l'en blâmer, si l'austérité naturelle de ce grand art
ne repoussait point les ficelles. », Ch. Blanc.
- « Mais il n'est pas en relation avec les directeurs, et d'ailleurs il n'est
pas outillé pour le théâtre ; il ne connaît pas les ficelles de la scène. », P.
d'Anglemont.
- « Ferdinand lui indiqua plusieurs recettes et ficelles pour différents styles,
tant en prose qu'en vers. », Th. Gautier, 1833.
Ficelle Chevalier d'industrie.
- « Cadet Roussel a trois garçons
L'un est voleur, l'autre est fripon. Le troisième est un peu ficelle. », Cadet
Roussel, chanson, 1793, Paris, impr. Daniel.
Cheval ficelle Cheval de course léger et décousu.
Déménager à la ficelle Déloger clandestinement
par la fenêtre en descendant certains objets à l'aide d'une ficelle.
- Mettre les ficelles
Garrotter.
FICHAISE
Niaiserie, chose dont on peut se ficher.
- « Le passé n'est qu'un songe, Une fichaise, un
rien. », Vadé, 1756.
FICHANT
Navrant.
- « N'est-ce pas, mon vieux, c'est tout de même fichant de se dire ! , Eugène
Sue.
FICHE DE CONSOLATION
Dédommagement.
- Terme de whist.
FICHER
Faire.
- Il est à remarquer que la finale de cet infinitif s'élide presque toujours.
- « Mais voyons, Limousin, avec un méchant budget d'une cinquantaine de millions,
qu'est-ce que tu peux fiche ? », Gavarni.
Ficher Donner, flanquer.
- « Je l'ai fichue à l'eau. », Eugène Sue,
- « J'lui fiche un soufflet. », 1750, Cailleau.
- « Fiche-moi la paix. », Jaime.
Dès la fin du quatorzième siècle, ficher se trouve
souvent dans le Livre des faicts du mareschal de Boucicaut
(édit. Michaud).
- À une déroute de Sarrasins, il est dit que les jardins favorisèrent beaucoup
leur retraite, car s'y fichèrent ceulx qui eschapper peurent
(p. 276).
- La même année (1399), on nous représente les Vénitiens après un combat maritime
s'en allant ficher en leur ville de Modon (p. 283).
- Enfin, « quand Chateaumorant, avec la compaignée des autres prisonniers feurent
arrivez à Venise, adonc on les ficha en forte prison
(édit. Petitot, t. II, p. 83). »
Ficher une colle Conter un mensonge.
- « Pour mieux duper les innocents, Être adroit à ficher
la colle. », 1651, la Juliade - V. Colle
Ficher dedans Tromper. V. Dedans.
Ficher la misère par quartiers Être pauvre.
Ficher le camp Décamper.
- « Mon enfant, fiche moi le camp. », Rétif, 177e Contemporaine,
1783.
Ficher (Se)
S'habiller.
- « Faut-y que ca soit chiche de ne pas se fiche en sauvage. », Gavarni.
Ficher Fourrer.
- « Ne vas pas te ficher cela dans la cervelle. », Le Rapatriage,
parade du dix-huitième siècle.
Je m'en fiche comme de colin-tampon Je ne fais
aucun cas de sa personne (1808, Dhautel).
- On appelait colin-tampons les Suisses en garnison
à Paris. Les mazarinades en donnèrent plus d'une preuve.
Ficher (Se)
Se moquer.
- « Vous vous fichez du monde. », Vadé, 1755.
- « Ah bah ! je t'en fiche, il m'embrassait toujours. », L. Beauvallet.
Allez vous faire fiche ! Allez au diable.
- « Ce mot cache un jurement très-grossier. », Dhautel, 1808.
- « Eh bien ! dis à grand'maman qu'elle aille se faire fiche ! », Gavarni.
Fichu Capable.
- « Eh ! là-bas. y sont fichus de ne point ouvrir. y faut donc enfoncer la porte.
», H. Monnier.
Fichu, mal fichu Mal accoutré.
- Tallemant des Réaux dit dans son historiette sur Marville
« Le voylà tout aussi fichu que du temps de Richelieu. »
Fichu Détestable.
- « Cette fichue traduction l'avait pourtant fait secrétaire interprète de la
langue anglaise, » dit Tallemant des Réaux en parlant de Maugars.
- « C'est là l'éloquence salote et le fichu raisonnement
de ce burlesque jugement. », La Juliade, Paris, 1651,
in-4. « Un fichu temps comme ça, c'est bon pour une grenouille. », Delange, Chansons.
- « Toinon, je ne vaux rien quand on m'ostine ; je m'connais !
- Une fichue connaissance que t'as là. », Gavarni.
Fichumacer Diminutif de ficher.
- D'mandez moi donc où c'qu'est Allé c'flaneux d' Cadet ! C'qu'il peut fichumacer
À l'heure qu'il est. », Désaugiers.
FIDIBUS
Longue bande de papier pliée ou roulée tout exprès pour allumer la pipe. Jeu de
mots basé sur le pluriel de fides.
- Un fidibus sert à plusieurs
fois ; il est assez long pour allumer plusieurs pipes.
- « Un roman de G. Sand dont il fera un fidibus après l'avoir lu. », Ch. Rouget.
FIER
Grand. V. Blagueur.
- « Ça lui portera un fier coup. », Lubize.
- « C'est la mère Burette, une fière femme pour les cartes. », Eugène Sue.
Fièrement Grandement.
- « Que demain je lâche ma place, on me tomberait fièrement dessus. », De Goncourt.
- « Y aura fièrement de monde. Venez-y. », Vadé, 1788.
- V. Dégoûté, Tomber.
FIÈVRE CÉRÉBRALE
Accusation entraînant la perte de la tête (Vidocq).
- Jeu de mots.
FIGNOLER
Exécuter avec fion.
- « C'est qu'vous fignolait (la contredanse). Dame, il y allait de tête et de
queue. », Rétif, 1783.
- « Quel style ! comme c'est fignolé. », Labiche
- « C'est un fignoleux, mais il fait trop le fendant à cause qu'il a du bec. »,
Vadé, 1788.
FIL (Avoir le)
Être rompu à tel ou tel exercice.
- Allusion au fil qui donne à une arme ou à un outil le dernier degré de perfection.
- « Voyez comm'elle avait le fil Pour tramer la guerre civile. », Chansons,
1830.
- « Quand le jean-jean est passé de l'école du soldat à l'école de peloton, il
possède ce qu'on appelle le fil. », M. Saint- Hilaire.
Une langue qui a le fil est une langue médisante,
acérée comme une lame fraîchement émoulue.
FIL EN QUATRE
« Voulez-vous une gorgée de fil en quatre ?
- Je veux bien. Elle est bonne, votre eau-de-vie. », H. Monnier, 1836.
- « Allons, Auguste, un petit verre de fil en quatre,
histoire de se velouter et de se rebomber le torse. », Th. Gautier.
Fil en quatre signifie plus
fort que le vin, car celui ci s'appelle aussi fil
en deux.
Fil en double
« Le vin s'appelle du fil en double. », Grandval, 1827.
FILASSE
Chevelure blonde (Vidocq).
- Filasse Matelas. On y trouve souvent plus de filasse
que de crins.
- Piquer une tête dans la filasse Dormir.
FILET
Nuance délicate.
- « Peut-être aussi y a-t-il un filet de concetti shakspearien, mais c'est peu
de chose. », Th. Gautier.
FILER LE PARFAIT
S'abandonner aux chastes douceurs du véritable amour.
FILER
Suivre.
- « Un voleur se charge de filer la personne. », Vidocq.
- « Être filé signifie, dans le langage des débiteurs,
que le recors vous suit à la piste. » Montépin.
- Dans le même vocabulaire, Être fumé signifie être arrêté.
Fi1euse « Chanteur suivant les voleurs et les
prenant en flagrant délit, dans le seul but de faire payer son silence par une
remise de 15 p.100. », Vidocq.
FILLE DE MARBRE
Courtisane.
- Une pièce de M. Barrière a consacré les Filles de marbre, comme celle de Dumas
fils a créé les Camélias, avec cette différence toutefois que Camélia se prend
en meilleure part.
- « C'est à Paris que les filles de marbre apprennent péniblement le métier qui
les fait riches en une heure. », J. Janin.
FILS DE FER
Jambes très-minces.
FILOCHE
Bourse (Vidocq).
- Diminutif de filet.
- « Si ta filoche est à jeun (si ta bourse est à vide). », Eugène Sue.
FIN (Faire une)
Se ranger, en finir avec la vie de jeune homme.
- « Cependant il faut absolument faire une fin.
- Dame, le siècle est positif, et l'on trouve si difficilement à tailler un homme
utile dans la peau d'un vieux lion. », Deriège.
FINE
Excrément.
- Allusion a la fine moutarde.
- « Un vidangeur de mes amis Nous a chanté la plus fine. », Aubry, Chanson.
1836.
FIOLE
Bouteille de vin.
- « Nous avons presque entièrement vidé nos fioles. », Frémy. «
Fioler, c'est boire avec excès. », Dhautel, 1808.
- C'est un mot de langue romane. V. Roquefort.
FION
Élégance.
- « Un François enseignoit à des mains royales à faire des boutons, quand le bouton
étoit fait, l'artiste disoit
A présent, Sire, il faut lui donner le fion. A quelques
mois de là, ce mot revint dans la tête du roi ; il se mit à compulser tous les
Dictionnaires françois, Richelet, Trévoux, Furetière, l'Académie françoise, et
il n'y trouva pas le mot dont il cherchoit l'explication. Il appela un Neuchatelois
qui était alors à sa cour, et lui dit
Dites-moi ce que c'est que le fion dans la langue
françoise ?
- Sire, reprit le Neuchatelois, le fion c'est la
bonne grâce. Graves auteurs, graves penseurs, naturalistes, politiques. historiens,
vous n'êtes pas dispensés de donner le fion à vos
livres ; sans le fion vous ne serez pas lus. Le fion
peut s'imprimer dans une page de métaphysique, comme dans un madrigal à Glycère.
Académiciens qui parlez de goût, étudiez le fion,
et placez ce mot dans votre Dictionnaire qui ne s'achève point. », Mercier, 1783.
Fionner Faire du fion.
- « Ça s'fionne, ça se pavane et ça se carre. », Bourget.
Fionneur Homme recherché dans sa tenue
- « Le fionneur possède une glace, huile antique, pommade du lion et cire à moustaches.
», Bertall.
FISCAL
Riche.
- Allusion aux revenus du fisc ( ? ).
- « A des favoris côt'lettes. .A son costume fiscal. » Léonard,
parodie, 1863.
FISTON
Terme amical.
- Diminutif de fils.
- « Par ma fé, mon doux ami, mon fiston. », Contes d'Eutrapel,
seizième siècle.
FLACUL
Sac d'argent.
- Diminutif du vieux mot Flac
flacon. V. Roquefort.
- Il y a ressemblance de forme.
- « Le vioque a des flaculs pleins de bille ; s'il va à Niort, il faut lui riffauder
les paturons. », Vidocq.
Flacul Lit.
- « Je raplique au flacul qui m'attend. », Vidocq.
- Jeu de mots ; c'est sur le lit qu'on faque son
c-l.
FLAFLA
Grand étalage.
- Onomatopée.
FLAGEOLETS
Longues jambes flageolantes.
- « Il est monté sur des flageolets. », Dhautel, 1808.
FLAMBANT, BARD
Superbe.
- « Les caporaux y trouvent une table un peu flambarde.
», La Bédollière.
- « T'es flambante comme une Vénus. », Eugène Sue .
- Flambant Artilleur à cheval .
- Flambard Matelot.
- « Eugène Sue est cause que la plupart des canotiers s'appellent flambards. »,
Roqueplan.
FLAMBE
Épée (Vidocq)
- Allusion au flamboiement de la lame.
- Flambart Poignard.
FLAMBÉ
Perdu en un moment.
- Usité dès 1808. V. Brûlé.
- « V'là mon mariage flambé. », Cormon.
FLAMBER
Briller entre tous.
- « Des raretés qu'on offre à des filles qui aiment à flamber. », Balzac.
FLAN (Du)
Non.
- « Si on leur présentait zut, du flan et des
navets comme le fonds de la langue des vaudevillistes. », Villemot. - V.
Zut.
- C'est du flan C'est bon
- « J'aime mieux gouêper, c'est du flan. », Vidocq.
- À la flan Sans préméditation. V. Caroubleur.
- Abréviation de à la bonne flanquette.
FLANCHE
Jeu de roulette.
- Flancher Jouer franchement (Vidocq).
- Flancher, Flacher Plaisanter (Bailly).
- Flanche Plaisanterie.
FLANCHE
Ruse.
- « Ne m'entortille pas avec tous tes flanches. », La Maison
du Lapin blanc.
FLANELLE
Flâneur galant qui se borne, près des femmes dont l'amour se paie, à des frais
de conversation.
- « Lèves-tu ce soir ?
- Ah ouiche ! tous rapiats.
- Et celui-là qui t'allume !
- Flanelle ! », Lem. de Neuville.
FLANOCHER, NOTTER
Flâner tout doucement.
- « Il fit la rencontre d'un beau page de Marie-Thérèse qui flanochait en rêvant.
», Commerson.
- « - Nous flanottons depuis quinze heures. » M. Michel.
FLAQUER
Aller à la selle (Vidocq)
- Onomatopée.
FLÈME
Paresse invincible. Un jour de flème est un jour
où il est impossible de travailler.
- « Lundi, la flemm' m'accroche ! », A. Cahen, Chansons.
- En argot, battre sa flème veut dire flâner.
FLEUR DE MARIE
Virginité (Vidocq).
- Allusion a l'Immaculée Conception.
- Fleur des pois Homme à la mode.
FLOTTANT
Poisson (Vidocq).
- Flotter Nager.
- Faire flotter Noyer.
FLOU, FLOUTIÈRE
Rien (Le Bailly).
FLOU
Douceur, légèreté (fluidus).
- C'est un mot de langue romane. V. Roquefort.
- « Tu as dans le style on ne saurait dire quel moelleux, quelle grâce ,quel flou.
», L. Reybaud.
- Pris quelquefois adjectivement.
FLOUER
Flouer n'est pas voler brutalement, c'est plutôt escroquer. On dit Flouer des
actionnaires mais on ne dit jamais Flouer un couvert d'argent.
- Flouerie Escroquerie.
- « Tous les frères flouent plus ou moins leur soeur. », Balzac.
- Du vieux mot fluer (couler) pris dans le sens actif.
V. Roquefort.
- Flouer Voler au jeu (Vidocq).
- Flouerie Escroquerie.
- Floueur Escroc.
- « Bien que notre époque ait donné naissance à une effrayante quantité de floueurs
de toute espèce. », A. Dubuisson.
- Floueur Grec (Vidocq)
FLOUME
Femme (Vidocq).
- Au dix-huitième siècle, on disait Fumelle pour Femelle.
FLUT
Non.
- Mot à mot : C'est comme si tu flûtais ;
- locution dont on use aussi pour refuser quelqu'un.
FLUTES
Jambes minces.
- Mot à mot : fluettes.
- « Arranger ses flutes Se disposer, prendre ses
mesures. », 1808, Dhautel.
FLUTER
Boire.
- « C'est un gaillard qui flute joliment, un buveur intrépide. », 1808, id.
- Allusion au bruit produit par l'aspiration de chaque gorgée.
FOIRER
Défaillir au moment de l'action. Mot à mot : faire une cacade. On connaît l'action
du danger sur les intestins. Une mazarinade nous donne l'équivalent de Foirer
dans cet extrait
« On en alloit voir escamper qui, pour rendre un prétexte honneste, auroient dit
J'ay mal à la teste. Que de pisseurs, que de chieurs s'alloient séparer de Messieurs
et dont le lendemain l'absence fit voir le crime et la prudence. », Courrier
burlesque, 1650, 2e pièce.
- Foireux Poltron. V. Du Cange (Dhautel, 1808).
- Foirou Derrière (Vidocq) .
FOLICHONNER
Folâtrer.
- « Puis nous irons retrouver Florine et Coralie au Panorama dramatique où nous
folichonnerons avec elles dans leurs loges. », BALZAC ;
Folichon « Homme d'une humeur folâtre qui fait
le farceur et le falot. », 1808, Dhautel.
Folichonneuse, nette Fille réjouie et aimant le
plaisir.
- « Je fus épris, comme un toqué, D'une aimable folichonnette. », J. Kelm.
- « Une folichonnerie cancane et me plaît mieux. », Aubry. 1842.
FONCER
Se précipiter.
- Abrév. d'enfoncer.
- « Trois coquins de railles sur mesigue ont foncé. », Vidocq.
- Foncer, foncer à l'appointement Payer.
- Foncer Donner. V. Dardant.
- Foncer un babillard Adresser une pétition. V. Babillard.
FORTIN
Poivre (Bailly).
- Diminutif de fort.
- Vidocq donne Fretin.
FOUILLER (Tu peux te)
Tu n'auras rien.
- Mot à mot : Si tu veux avoir mon argent, tu peux fouiller dans ta poche et te
payer toi-même.
- « Justement mon propriétaire Vint me réclamer mon loyer. Je lui dis, feignant
la colère. Tu peux te fouiller. », Hardy, Chanson.
FOUILLOUSE
Poche.
- Mot à mot : endroit où l'on fouille.
- « Et vous aurez, sçavez-vous quoy ? force d'aubert en la follouse. », Vie
de Saint Christophe, Grenoble, l530.
FOUINER
S'échapper.
- Mot de la langue romane. V. Roquefort.
- « S'il est pressé, qué qui l'empêche de fouiner ? », Vadé, 1755.
- « Allons, il faut fouiner, la queue entre les jambes. », P. Lacroix, 1832.
FOUR (Faire)
Ne pas réussir.
- Se disait autrefois des comédiens qui renvoyaient les spectateurs parce qu'ils
n'avaient pas assez de monde pour couvrir leurs frais. La salle, privée de l'éclairage
ordinaire, ressemblait à un four.
- « Nous faisons four, dit Lousteau, en parlant à son compatriote la langue des
coulisses. », Balzac.
FOURRIER
Être mauvais fourrier c'est s'acquitter de la distribution de certaines choses
de manière à satisfaire tout ayant droit.
- Être bon fourrier veut dire le contraire.
- On saisit facilement l'ironie de cette locution toute militaire.
FOURCHETTE
Homme de grand appétit, sachant bien jouer de la fourchette.
Fourchette Réunion des doigts de la main (Bailly).
Voler de la fourchette Voler à l'aide des deux
premiers doigts qui font fourchette et pince, en les introduisant dans la poche.
Jouer des fourchettes Se sauver, s'enfuir (la
Correctionnelle).
FOURCHU
Boeuf (Vidocq).
- Ses cornes font fourche.
FOURGAT, FOURGUE, FOURGASSE
Recéleur, recéleuse.
- « Chenàtre fourgat litreras afin de solir surement. », Vidocq.
- Fourguer
Vendre à un recéleur.
- Du vieux mot fourgager, placer dehors à moitié
profit. V. Roquefort.
FOURLINE
Filou.
- Fourliner Voler (Vidocq).
- Du vieux mot fourloignier, écarter. V. Litrer.
- Fourlineur Tireur volant dans les foules (Bailly).
FOURLOURE
Malade.
- Fourloureur Assassin (Vidocq) .
FOURMILLER
Marcher.
- Fourmillon Marché public.
- Mot expressif qui peint bien le fourmillement des vendeurs et des acheteurs.
V. Parrain.
FOUTAISES
« Bagatelles de peu d'importance. On dit moins incivilement fichaise.
- 1808, Dhautel.
Pour le verbe d'où dérive ce substantif, voir- également Ficher,
dont il est en tout le synonyme.
- Quelques exemples suffiront à prouver que son usage est général. Il signifie
tour à tour
Perdre
« Et bien, dit-elle, soit ! . ce qui est fait est fait, il n'y a point de remède,
qui est outu est outu. (Quelques docteurs disent qu'elle adjoucta une F). », Contes
d'Eutrapel (seizième siècle).
- « Certes on peut dire que tout est foutu pour eux (les mazarins), puisque dans
le festin des princes, le libérateur et les délivrez ont beu, disant
À la santé du Roy et foutre du Mazarin ! », Les Trois Masques
de bouc, ou la Savonette, 1651.
Se moquer Une des brochures les plus violentes
de la révolution de 1789 porte pour titre : Et je m'en fouts.
- « Ils ne s'en foutront plus les coquins. », Hébert, 1793.
- « Je me fouts de la guillotine. », P. Lacroix, 1832.
Frapper « Nos Parisiens portent moustaches ; Ils
te foutront sur la carcasse. », Layale, Ch., 1855,
Carcassonne, impr. Polère.
Décamper « Il médite encore pour foutre le camp.
», Hébert, 1793.
Envoyer promener Parmi des autographes en vente
chez Charavay (février 1862), figure une lettre où Mme de Graffigny,
- l'auteur des Lettres péruviennes, dit à Devaux
« Oublie tes projets de retraite et envoye faire. lolote tous les mauvais propos.
»
Se dit aussi ironiquement pour refuser un prix demandé
- « Cinquante sols, je vous en fous ! c'est trop cher. », Vadé, 1788.
Foutu Mauvais.
- « A toy, foutu esprit, je fais ces foutus vers. », Paroles
grasses de Carême Prenant, 1589.
- « Chasser cette foutue canaille. », Hébert, 1793.
- V. Fichu dont toutes les acceptions sont les mêmes.
FOUTIMASSER
« Ne faire rien qui vaille. », 1808, Dhautel .
FOUTREAU
Combat, action de se foutre des coups.
- « Oh ! il va y avoir du foutreau, le commandant s'est frotté les mains. », Balzac.
FOUTRIQUET
Homme nul.
- « Tous les foutriquets à culottes serrées et aux habits carrés. », 1793, Hébert.
- « Je serais la première à t'aider de mes conseils maternels. mais correspondre
à la passion d'un foutriquet, fi ! », Festeau.
FRAIS (Faire ses)
Percevoir le dédommagement qu'on croit dû à des frais d'esprit, d'amabilité ou
de toilette.
- « J'en obtiens un rendez-vous, et quoi qu'il arrive maintenant. j'ai fait mes
frais. », Eugène Sue.
- « La littérature, primée en ce moment par la peinture, ne fait pas ses frais.
», Villemot.
FRALIN, FRALINE
Frère, soeur (Vidocq).
FRANGIN, FRANGINE
Frère, soeur. V. Servir, Altèque.
- Frangin dabe Oncle.
- Frangine dabusche Tante.
- Mot à mot : frère, père, soeur, mère.
FRAPPEUR (Esprit)
Ce mot sert, depuis 1857 environ, à désigner la cause de certains coups qu'on
prétend frappés par des esprits invisibles et qu'on s'est imaginé de traduire
en langue vulgaire au moyen d'un alphabet de convention. Les esprits frappeurs
ont leurs sociétés, leurs journaux et leurs souscripteurs.
FRÉGATE, CORVETTE
C'est le jésus de la marine (Vidocq).
- Allusion au genre féminin de ces deux substantifs. Le masculin est représenté
par un brick, par le vaisseau et par l'aviso.
FRICASSER
Dépenser, ruiner.
- « J'ai fricassé ma masse les yeux fermés. », Eugène Sue.
- « La ruyne généralle dont le royaume est menacé si Paris estoit fricassé. »,
Second Courrier françois, Paris, 1649.
FRIC-FRAC
Effraction.
- Onomatopée. V. Caroubleur.
FRICHTI
Régal.
- Corruption du mot allemand früstück, déjeuner.
- « Voilà ce que je te conseille ; c'est de payer un petit frichti. - Champfleury.
FRICOTEUR
Parasite, maraudeur.
- « Ces mauvais troupiers pillaient tout sur leur passage. On les appelait des
fricoteurs. », M. Saint- Hilaire.
- « Quant a vos écuyers, chambellans et autres fricoteurs de même espèce. », Van
der Burch.
FRILEUX
Poltron.
- On dit aussi d'un brave qu'il n'a pas froid aux yeux.
- « Il va sans dire qu'il n'a pas froid aux yeux. », Noriac.
- « Je suis un ferlampier qui n'est pas frileux. », Eugène Sue.
FRIME
Visage. V. Coquer, Altèque.
- Tomber en frime Tomber en face de. V. Gouêpeur.
Frimer Dévisager (Vidocq) .
- Du vieux mot frume, grimace, air de visage. V.
Roquefort.
Frimousse
Visage.
- Diminutif de Frime.
- « C'est bien là le son du grelot, si ce n'est pas la frimousse. », Balzac.
On a dit aussi : firlimousse
« Je voy bien à leur physionomie ou firlimousse, mine et trogne, que l'une est
subjecte au vin. », Parlement nouveau, par D. Martin,
Strasbourg, 1660.
Frimousser Tricher (Vidocq).
- Mot à mot : faire des signes de tête révélateurs.
- Frimousseur Tricheur.
FRISÉ
Juif (Vidocq).
- Allusion à un signe de race.
FRIT
Perdu, condamné
- Rien à frire Rien à manger.
- « La guerre en tous lieux si amère. tellement que plus rien à frire n'entrèrent
à Paris », La Miliade, 1651.
FROLLER
Médire.
- Du vieux mot froler
frotter. V. Du Cange.
- Frollaux Traître (Vidocq).
- De là, le nom donné par Victor Hugo à un personnage de sa Notre-Dame.
FROM
Fromage.
- Abréviation.
FRONT
« Le front, ce n'est point de la hardiesse. C'est la faculté de faire bon visage
en tremblant tout bas. L'effronté se force à oser.
- Ce qui distinguait M. Burot, c'était le front. », P. Féval.
- « Il faut avoir du front pour faire de pareilles propositions. », Dhautel, 1808.
FROTESKANT
Dansant la froteska.
- « Mazourkant et froteskant sans trêve ni relâche. », Montépin.
FROTTER
« Battre, rosser. », Dhautel, 1808.
- On dit aussi : Donner une frottée.
FROUFROU
Bruit produit par le froissement d'une robe.
- Onomatopée.
- « Son oreille recueille précieusement le froufrou que fait la soie de sa robe.
», Ricard.
FROUSSE
Peur, frisson.
- Du vieux mot frillouseté, sensibilité au froid.
V. Frileux.
FRUIT SEC
« Les fruits secs sont ceux qui, après leur examen
de sortie, ne sont pas déclarés admissibles dans les services publics. », La Bédollière.
Le mot s'explique de lui-même. Un fruit sec est un sujet dont les aptitudes
n'ont pu mûrir.
- L'Intermédiaire, (mai 1865) le fait remonter au
premier polytechnicien déclaré non admissible (1800), et appelé fruit
sec parce que sa famille lui envoyait beaucoup de provisions.
FRUSQUES
« Les vêtements, en terme générique, sont des frusques
; une pelure est un habit ou une redingote ; le pantalon
est un montant. », Mornand. Vient de l'ancien mot
frusquin
bien mobilier. V. Roquefort.
- Frusquineur Tailleur.
FUMÉ
Perdu sans ressources. V. Filer .
- « Trahison ! nous sommes fumés. », Mélesville.
FUMER, FUMER SANS TABAC
Bouillir d'impatience. Qui bout fume.
- « J'ai cent mille fois, étant au bivouac, Fumé sans tabac. », Duverny, 1815
; .
- « L'époux dit : Ma femme entêtée A la mod' va se conformer, Et cela va me faire
fumer. », Metay, Chansons.
Fumiste Trompeur, mystificateur, homme qui fait
fumer les gens.
FUMERONS, FUSEAUX
Jambes maigres.
- Le fumeron est un gros brin de fagot encore vert et fumant plus qu'il ne chauffe.
FUSÉE (Lâcher une)
Vomir.
- Mot imagé.
FUSILLER
Donner un mauvais dîner.
- Usité dans l'armée.
GABEGIE
Mauvais dessein. De l'ancien mot gaberie, tromperie.
V Roquefort.
- « Assurément, il y a de la gabegie là-dessous. », Deslys.
GABELOU
Employé des contributions indirectes.
- Du vieux mot gabloux, officier de gabelle. V. Roquefort.
- « Bras-Rouge est contrebandier. il s'en vante au nez des gabelous. », Eugène
Sue.
GADOUE
Sale femme.
- Du vieux mot gadoue, ordure, fumier.
- « Fils, mon fiston, roule ta gadoue, mon homme, ça pue. », Cat.
poissard, 1844.
- Rouler veut dire ici Mener plus loin.
GAFE
Soldat de service.
- Gafe de sorgue Patrouille.
- Gafer Guetter.
- Gafeur Sentinelle (Vidocq).
- Est-ce une acception figurée du vieux mot gafe,
crochet ?
- Gafer serait mot à mot accrocher (V. ce mot) les
malfaiteurs. C'est une image analogue à celle que présente la raclette.
V. ce mot.
GALAPIAT
Galopin.
- Corruption du mot.
- « Il dit aux avocats : Vous êtes un tas de galapiats qui vous fichez du monde.
», Balzac.
GAI (Être)
Montrer une gaîté due à un léger excès de boisson.
GALETTE
Homme nul et plat ; contre-épaulette portée autrefois par les soldats du centre.
- « Pour revêtir l'uniforme et les galettes de pousse-cailloux. », La Bédollière.
- Aux écoles militaires, une sortie galette est une
sortie dont tous les élèves profitent, même ceux qui sont punis.
GALIER
Cheval (Bailly). V. Gayet.
GALIFARD
« Commissionnaire, saute-ruisseaux qui porte au client les marchandises vendues
au Temple. », Mornand.
GALIOTTE, GAYE
Partie entamée entre une dupe et deux grecs.
GALONS (Arroser ses)
Payer à boire lorsqu'on est promu sous-officier.
- « Je ne dis pas que. avec les camarades, pour arroser mes galons. », Cormon.
GALOP
Réprimande énergique.
- « Tu as tant fait que ma mère va me donner un galop. », Champfleury.
- Allusion au bruit précipité des paroles.
GALOPER
Envahir au galop. Très-expressif et toujours pris au figuré.
- « Voilà la peur qui me galope. Qu'est-ce que je pourrai dire ? », Eugène
Sue.
- Galoper « Travailler à la hâte, bousiller un ouvrage.
», 1808, Dhautel.
GALUCHER
Galonner.
- Corruption de mot.
- « J'li ferai porter fontange et souliers galuchés. », Vidocq.
- V. Tirant.
Galuchet Valet de cartes.
- Allusion aux galons de sa livrée.
- « Cinq atouts par le monarque son épouse et le galuchet. », Montépin.
- « Qu'est-ce que c'est que ça, galuchet ?
- C'est le valet. », Méry.
GALVAUDAGE
Tripotage.
- « Surtout pas de galvaudage ni de chipoteries. », Balzac.
- Se galvauder
Compromettre sa réputation.
GAMBILLER
Danser.
- Mot de langue romane. V. Roquefort.
- Tout récemment une danseuse du Casino portait le sobriquet de Gambilmuche.
V. Coquer.
- Gambille Jambe. Diminutif du vieux mot gambe.
GAMME (Monter une)
Gronder, tancer crescendo.
GANACHE
« On dit d'un homme âgé et radoteur
C'est une vieille ganache. », Dhautel 1808.
- Du vieux mot ganache, grosse mâchoire. V. ce mot.
- « Le père ganache ou le père dindon, ou bien encore
le compère, c'est le nom d'un emploi dans lequel le père Brunet et Lepeintre jeune
ont excellé. Ce type du vieillard imbécile et crédule est une création de Térence.
On lui a donné le nom de ganache, à cause des efforts que fait la mâchoire pour
articuler des sons. », Duflot.
Ganache Ennemi du progrès.
- « Il déblatérait contre les ganaches de la Chambre. », G. Sand.
Ganache
Fauteuil de forme basse.
- « Puis s'étant blottie dans une ganache, elle tendit ses jambes.
- Achard.
GANDIN
Dandy ridicule. Du nom d'un personnage de vaudeville.
- « L'oeillet rouge à la boutonnière, Les cheveux soigneusement ramenés sur les
tempes comme deux gâteaux de pommade, le faux-col, les entournures, le regard,
les favoris, le menton, les bottes ; tout en lui indiquait le parfait gandin,
tout, jusqu'à son mouchoir fortement imprégné d'essence d'idiotisme. », Figaro,
1858.
Gandinerie, Gandinisme
Genre du gandin.
- « La population du quartier latin aspira à la gandinerie, elle n'eut plus qu'un
but, le luxe. », Le Passé de ces Dames, 1860.
- « Le gandinisme, c'est le ridicule dans la sottise. », G. Naquet.
Monter un gandin « Dans l'armée d'Afrique, c'est
essayer de consommer sans payer le cabaretier maltais. », De Vauvineux. Gandin
Tromperie. - Du vieux mot gandie, tromperie.
V. Du Cange.
Gandin d'altèque Croix, décoration - (Vidocq)
.
GANTS (Donner pour les)
Donner une gratification en sus du prix convenu
- Expression dont l'usage est restreint au monde de la galanterie banale. Prise
au dix-septième siècle dans l'acception générale de pourboire.
Elle venait de l'espagnol paragante.
- « Et le luy rendoit moyennant tant de paragante.
», T. des Réaux.
GANT JAUNE
« Il n y a plus que deux classes d'hommes en France. .ceux qui portent des gants
jaunes et ceux qui n'en portent pas. Quand on dit d'un homme qu'il porte des gants
jaunes, qu'on l'appelle un gant jaune, c'est une manière concise de dire un homme
comme il faut. C'est en effet tout ce qu'on exige pour qu'un homme soit réputé
comme il faut. », Alph. Karr, 1841.
GARÇON DE CAMBROUSE
Voleur de campagne.
- « La cognade a gayet servait le trèpe pour laisser abouler une roulotte farguée
d'un ratichon, de Charlot et de son larbin et d'un garçon de cambrouse que j'ai
reconobré pour le petit Nantais. », Vidocq.
- Au moyen âge, garson signifiait souvent vaurien.
V. Roquefort.
GARDE (Descendre la)
Mourir.
- « Kléber, un grand mâtin qu'a descendu la garde, assassiné par un Égyptien.
», Balzac.
GARÉ DES VOITURES
Prudent et rangé.
- L'effrayant tohu-bohu de la circulation parisienne devait enfanter ce synonyme.
GARGAMELLE, GARGOINE, GARGUE
Gosier.
- Du bas latin . V. Du Cange.
- De là le nom de Gargamelle donné par Rabelais à une gourmande.
- Notre langue usuelle a encore Gargariser. V. Taper.
GARIBALDI
Courte chemise rouge, petit chapeau de feutre.
- Allusion au costume du patriote italien.
- « On peut faire le dandy, La vareuse en futaine Et le Garibaldi Sur le coin
de l'oreille. », Le Gai Compagnon maçon, chanson.
GARNAFIER
Fermier.
- Garnafle Ferme (Vidocq).
GARNI
« Un lit en bois peint, une commode en noyer, un secrétaire en acajou, une pendule
en cuivre, des vases de porcelaine peinte avec des bouquets de fleurs artificielles
sous verre ; cela s'appelle un garni. », Champfleury.
GAUDINEUR
Décorateur (Vidocq).
- De gaudiner s'amuser. V. Roquefort.
- La gaîté des peintres en bâtiment est proverbiale.
GAULOIS
« Autrefois c'était peut-être un compliment à un écrivain que de dire
Vous êtes Gaulois. L'esprit gaulois, c'est-à-dire la belle humeur triviale, est
devenu un anachronisme. », Aubryet.
GAULÉ
Cidre (Vidocq).
- Mot à mot, boisson gaulée dans les pommiers.
GAUX
Pou (Vidocq).
GAVÉ, GAVIOLÉ
Ivre (Vidocq) .
- Mot à mot : gorgé jusqu'au gosier.
- Du vieux mot gaviot, gosier. V. Roquefort.
GAVOT
Compagnon. V. Dévorant
GAY
Laid, drôle (Vidocq).
GAYERIE
Cavalerie (id.) .
GAYET, GALIER
Cheval.
- Mot ancien ; car on trouve dans Roquefort le diminutif gaillofre
; mauvais cheval, rosse. V. Garçon.
GAZ (Lâcher le)
Pêter.
- Double allusion à la nature et à la mauvaise odeur de l'expulsion.
- « D'autres dans un coin, mais sans honte, Lâchent le gaz et font des renards.
», Chansonnier, 1836.
Faire son gaz Aller à la garde-robe (Dict.
d'Argot, 1827. )
GAZON
Perruque mal peignée, ébouriffée comme une touffe d'herbes.
GAZOUILLER
Parler.
- Mot de langue romane. V. Roquefort.
- « Laquelle de tous les deux qu'a le plus de choses dans le gazouillage. », Vadé,
1788.
GENOU
Tête chauve.
- « Il ébauchait une calvitie dont il disait lui- même sans tristesse
Crâne à trente ans, genou à quarante. », Victor Hugo.
GENRE
Ostentation.
- « Un éteignoir d'argent, pus que ça de genre ! », La Bédollière.
- Monsieur fait du genre Monsieur fait ses embarras.
GERBER
Juger (Vidocq).
- Mot à mot : réunir tous les actes de la vie passée, en faire une gerbe, un faisceau
pour l'accusation.
- Gerbement Jugement. V. Manger.
- Gerberie Tribunal.
- Gerbier Juge.
Gerber à la passe Condamner à mort.
- On dit souvent en parlant de la mort
Il faut la passer.
- On va le buter. Il est depuis deux mois gerbé à la passe. », Balzac.
GÉRONTOCRATIE
Puissance de la routine et des anciennes idées, représentées au théâtre par le
type de Géronte.
- « La gérontocratie sous laquelle tout se flétrit en France. », Balzac.
GIBERNE (Enfant de)
Enfant de troupe.
Taper sur la giberne Taper sur le derrière.
- Allusion à la place ordinaire de la giberne.
- « Je lui détache un coup de pinceau sur la giberne. », Monselet.
GIGUE
Jambe.
- Gigot est resté.
- Au moyen âge, gigue signifiait cuisse.
- « Je me jette sur tous les deux en empoignant le Maître- d'École par une gigue.
» - E. Sue.
- De là gigoter, remuer les jambes.
- « Ils gigotaient sous l'archet de Musard. », Chauvelot aîné.
GINGINER
Faire une oeillade.
- « Elle gingine à mon endroit. », Gavarni.
GILBOQUE
Billard (Bailly).
- Onomatopée.
GINGLARD
Piquette.
- Diminutif du vieux mot ginguet, petit vin fort
aigre. V. Roquefort.
- « Nous avons arrosé le tout avec un petit ginglard à six qui nous a fait éternuer.
oh ! mais, c'était ça » Voizo, Chanson.
GIROFLE
Jolie, aimable, bonne. « Montron drogue à sa largue
Bonnis-moi donc, girofle. », Vidocq.
- V. Coquer.
- Giroflerie Amabilité.
- De girolle très-bien .
GIROLLE
Très-bien. V. Gy.
GIRONDE
Jolie fille.
- Terme de mépris (Bailly).
GIROFLETTER
Souffleter.
- De giroflée à plusieurs feuilles, soufflet.
- « Ah ! l'a-t-elle giroflettée ! », Balzac.
- « Je vous lui donnai une giroflée a cinq feuilles sur le musiau. », Rétif, I783.
GIROUETTE
Homme politique dont les opinions changent selon le vent de la fortune.
- On a publié depuis 1815 quatre ou cinq Dictionnaires de Girouettes.
GITRER
Posséder (Vidocq).
- Au moyen âge, on trouve gie pour j'ai.
V. Roquefort.
GIVERNEUR
Vagabond couchant dans la rue (Vidocq).
GLACE, GLACIS, GOBBE
Verre à boire (Vidocq).
- Le nom de la matière est appliqué à l'objet dans glace.
- Glacis est un diminutif.
- Gobbe est une abréviation de gobelet.
GLAVIOT
Crachat.
- Le Dictionnaire Dhautel dit Claviot.
- De gaviau, gosier. V. Du Cange.
GLISSANT
Savon (Vidocq).
- Allusion d'effet.
GLORIA
Petit verre d'eau-de-vie versé dans une tasse de café.
- « A la chaleur d'une demi-tasse de café bénie par un gloria quelconque. », Balzac.
- « De même que le gloria patri se dit à la fin des
psaumes, ce gloria d'un autre genre est la fin obligée d'un régal populaire. »,
Encyclopédiana.
Gloria Demi-demi-tasse.
- « Ne fût-ce qu'une absinthe ou un gloria. », About.
GNAN-GNAN
Personnage mou, sans consistance.
- Redoublement du vieux mot niant, rien. V. Roquefort.
- Gnolle et Gnognote
sont des diminutifs.
- Talma écrivait à Mme Bourgoin, le 19 septembre 1825
« Vous avez prouvé au public et à vos camarades que vous êtes en état de jouer
autre chose que des gnans-gnans. »
Gnognote Chose sans valeur.
- « Josepha. c'est de la gnognote. » - Balzac.
Gnolle Mou, sans force.
- « Mais il est si gnole ce gouvernement ! il est si feignant ! si propre à rien.
», Montépin.
- « Pas si gnolle, c'est des gosses ».
- Rousseliana, 1805.
GNIAFFE
Cordonnier en vieux.
- « C'est le cordonnier gniaffe que nous nous sommes proposé surtout de peindre.
», P. Borel.
GO (Parler en)
« Quand les termes qu'il s'agit d'altérer (en argot) sont trop courts pour pouvoir
être abrégés, ils reçoivent seulement une terminaison qui en change la physionomie
; là devient lago ;
là-bas, labago ; ici, icigo
; Versailles, Versigo. », Marty Laveau.
- (V. Mar, Man, Rama, Lem.)
GOBER (La)
Mourir, avaler une bourde, être victime d'un accident.
- « Ce poltron-là, c'est lui qui la gobe le premier. », L. Desnoyer
- « Si bien que j'suis dupé, C'est moi qui la gobe. », Chanson,
1854.
- V. Esbigner.
GOBESON
Calice (Vidocq).
- Diminutif de Gobbe.
GOBICHONNADE, NAGE
Régal, festin. V. Bitture.
- « En avant la gobichonnade ! » - Labiche.
Gobichonner Se régaler.
- Diminutif du vieux mot gobiner qui avait le même
sens. V. Roquefort.
- « Il se sentit capable des plus grandes lâchetés pour continuer à bien vivre.
à gobichonner de bons petits p]plats soignés. », Balzac.
Gobichonneur Gourmand
- « Le roi, le triomphateur des gobichonneurs. », La Bédollière.
GOUTTE
Ration d'eau-de-vie que les soldats boivent habituellement le matin avant l'appel,
et les ouvriers avant l'heure du travail.
- Allusion à la petite dose (goutte) d'alcool qu'on prend ou qu'on est censé prendre.
- « J'appelis ma mère qui buvait sa goutte au P'tit trou. », Rétif, 1783.
- « Mais pourvu qu'on paie la goutte aux anciens,
N'est-ce pas, colonel ? », Gavarni.
GODDEM
Anglais.
- « Un gros Auvergnat piqué jusqu'au vif, Au Goddem mettant le poing sous le pif.
», Festeau.
- M. Fr. Michel trouve godon dans les Poésies
de Crétin, 1513.
- « Cryant qui vive aux godons d'Angleterre. », Mais Godon
signifie là glouton et non goddem.
V. Du Cange.
GODILLER
Arriver au paroxysme du désir.
- Diminutif de gaudir, se réjouir. V. Roquefort.
- Louis Festeau a chanté Monsieur Godillard.
GONZE, GONZESSE
Homme, femme. V Regout, Raleur.
- Pris souvent dans le sens de Bourgeois à dépouiller.
- « Mais votre orange est fichée. Elle n'a point de queue ?
- Allez donc, gonze. », Vadé, 1788.
GOGUETTE
Société chantante.
- Au moyen âge, ce mot signifiait Amusement, réjouissance.
- « Il y a environ trois cents goguettes à Paris, ayant chacune ses affiliés connus
et ses visiteurs. L'entrée de la goguette est libre. », Berthaud.
- L'affilié de la goguette est un goguettier.
GOGUENOT
« Grand quart, vase de fer-blanc de la contenance d'un litre dont se munissent
les troupiers d'Afrique. Il va au feu, sert à prendre le café, s'utilise comme
casserole et comme gobelet. », De Vauvineux.
Goguenot Baquet servant de latrines portatives.
- « La meilleure place, la plus éloignée de la porte, des vents coulis et du goguenot
ou thomas. », La Bédollière.
Goguenaux Lieux d'aisance.
- « Il fumera dans les goguenaux aux jours de pluie. », La Cassagne.
GOGO
Dupe, homme crédule, facile à duper.
- Abréviation du vieux mot gogoyé, raillé, plaisanté.
V. Roquefort.
- Villon paraît déjà connaître ce mot dans la ballade où il chante les charmes
de la grosse Margot qui. « Riant, m'assit le point sur le sommet, Gogo
me dit, et me lâche un gros pet. »
- « C'est en encore ces gogos-là qui seront les dindons de la farce. », Eugène
Sue.
- « Avec le monde des agioteurs, il allèche le gogo par l'espoir du dividende.
», F. Deriège.
GOSSE, GOSSELIN
Enfant, enfant mort-né. Quelquefois aussi, c'est un synonyme de jésus.
GOUALER
Chanter.
- Vient, comme gueuler, du vieux mot goule
(gula), gosier.
- Goualeur, leuse Chanteur, teuse.
GOUAPE, PEUR, PEUSE
Débauché, coureur.
- On trouve dans Horace vappa, avec le sens de vaurien.
- Vigneul-Marville (dix-septième siècle) dit qu'il y a en Espagne de jeunes seigneurs
appelés guaps qui ont rapport à nos petits-maîtres.
- « Pauvre Depuis, marchand de vin malheureux, que de gouapeurs trompèrent ta
confiance ! », Monselet.
- En 1836, J.-E. Aubry a fait une chanson intitulée le Gouappeur,
très-complète comme physiologie.
Gouêpeur Vagabond.
- « Sans paffes, sans lime, plein de crotte, aussi rupin qu'un plongeur, un soir
un gouêpeur en ribotte tombe en frime avec un voleur. », Vidocq.
- « Quant aux vagabonds adultes qu'on désigne en style d'argot des goêpeurs. »,
M. Christophe.
- « Je couchais les bonnes nuits dans les fours à plâtre de Clichy en vrai gouêpeur.
», Eugène Sue.
Gouape Débauche.
- « Mes amis, unissons nos voix pour le triomphe de la gouape. », L. Reybaud.
- « J'aime mieux jouer la poule.
- Parce que t'es un gouêpeur, mais ceux qui préfèrent le sentiment la gouape,
c'est pas ça. », Monselet.
Gouêper « J'ai comme un brouillard d'avoir gouêpé
(vagabondé) dans mon enfance avec un vieux chiffonnier. », Eugène Sue.
GOUGNOTTE, GOUSSE
Tribade.
- D'où les verbes gougnotter et gousser.
GOUJON (Avaler le)
Mourir.
- Quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, il faut avaler le goujon. », 1815, Francis.
- Se dit aussi pour Tomber dans un piège.
GOULU
Poêle (Vidocq). Il avale beaucoup de bois.
GOUPINER
Voler. V. Estourbir, Butter.
- « Voilà donc une classe d'individus réduite à la dure extrémité de travailler
sur le grand trimar, de goupiner », Cinquante mille voleurs
de plus à Paris, Paris, 1830, in-8.
- « J'ai roulé de vergne en vergne pour apprendre à goupiner. », Vidocq.
GOURDEMENT
Bien, beaucoup. V. Pavillonner, Artie.
GOUREUR
« Les goureurs sont de faux marchands qui vendent
de mauvaises marchandises sous prétexte de bon marché.
- Le faux marin qui vend dix francs des rasoirs anglais de quinze sous. goureur.
- Le chasseur d'Afrique qui rapporte d'Alger des cachemires. goureur.
- L'ouvrier qui a trouvé une montre d'or et qui veut la vendre aux passants. goureur.
- A. Monnier.
GOUSPIN
Mauvais gamin.
- Diminutif du vieux mot gous, chien.
- « Quarante ou cinquante jeunes gouspins bruyants et rageurs. », Commerson.
GOUSSE
V. Gougnotte.
- Mot à mot chienne.
GOUSSET PERCÉ (Avoir le)
n'avoir pas un sou en poche.
- « Comment faire quand on a le gousset percé », Letellier, Chanson,
1839.
GOYE
Dupe, niais.
- Signifie depuis longtemps Chrétien chez les juifs.
- « Le goye te mire, le pante te regarde. », Monselet.
GRAILLONNER
Parler (Vidocq).
- Diminutif du vieux mot grailler, croasser. V. Roquefort.
Graillonneur Homme qui expectore souvent.
- « Comme c'est ragoûtant d'avoir affaire avant son déjeuner à un graillonneur
pareil ! », H. Monnier.
GRAIN (Écraser un)
Boire la goutte. Plus applicable à l'alcool dans lequel on conserve quelques grains
de v verjus.
- « Est-ce que nous n'écrasons pas un grain ? », La Bédollière.
GRAINE D'ÉPINARDS
Épaulette d'officier supérieur.
- Avant d'avoir quitté la branche, ces graines ressemblent en effet assez aux
grosses torsades d'épaulettes.
- « Les grands qui viennent au monde avec des épinards d'amiral sur l'épaule.
», L. Desnoyer.
- « Graine d'épinards à part, les officiers du 101e sont tous supérieurs. », Noriac.
GRAISSE
Argent.
- Il y a gras, il y a de la graisse
Il y a un bon butin à faire.
- « Il n'y a pas gras ! », Gavarni.
Voler à la graisse Se faire prêter sur des lingots
d'or et sur des diamants qui ne sont que du cuivre et du strass. (Vidocq).
Graisser la marmite Payer sa bienvenue.
- A mon régiment, M'fallut graisser la marmite, Et j'n'ai plus d'argent. », Vachelot,
Chansons, 1855.
Graisser la patte Remettre une somme de la main
à la main, corrompre.
Graisser ses bottes Se préparer au départ, et
au figuré
Être près de mourir.
GRAND TURC
Le Grand Turc et Le roi de Prusse jouissent d'un égal degré de la faveur d'être
employés lorsqu'il s'agit d'une fin de non-recevoir.
- « Ma chère, il pense à toi comme au Grand Turc. », Balzac.
- « A qui voulez vous que je Le dise donc ? au Grand Turc
? », Murger.
GRAS (Parler)
Tenir des propos grivois (1808, Dhautel) .
GRAS-DOUBLE
Feuille de plomb, Vidocq.
- Allusion à la facilité avec laquelle on la roule.
- Gras-doublier Voleur de plomb. C'est sur les toits
qu'il exerce ordinairement. V. Limousineur.
GRAS (Il y a)
V. Graisse, Train.
- « Faire tant d'embarras, Quand dans le gousset y n'i a pas gras. », Metay, Chansons.
GRATTE
Abus de confiance.
- « Il y a de la gratte là-dessous. », la Correctionnelle.
Gratter Voler.
- « Au diable la gloire ! il n'y a plus rien à gratter. », M. Saint-Hilaire.
Gratter Arrêter (Vidocq). V. Raclette.
GRATTE-COUENNE
Barbier.
- Mot à mot : gratte-peau.
GRATTE-PAPIER
Fourrier.
- Allusion à ses fonctions de scribe. V. Rogneur.
GRATTOIR
Rasoir (Vidocq).
- Il gratte l'épiderme.
- Grattouse Dentelle.
- Elle gratte aussi légèrement la peau.
GRÊLE
Tapage (Bailly)
- Allusion au bruit de la grêle.
GRENADIERS (Tirer aux)
V. Tirer
Grenadier Pou. V. Négresse.
GREFFIER, GRIFFON
Chat.
- Mot à mot : qui griffe.
GRENASSE
Grenier.
- Grenu Blé.
- Grenuche Avoine.
- Grenuse Farine (Vidocq).
- Tous ces mots dérivent de grain, comme les mots
usuels de grenier, grenaille, etc. Le choix des désinences est remarquable par
une sorte d'harmonie imitative. Grenuche indique
bien les petites aspérités de l'avoine, et grenuse
fait sentir la douceur de la farine.
GRENOUILLE
Caisse, trésor.
- « Il tenait la grenouille. », Vidal, 1833. '
Manger ou faire sauter la grenouille Dissiper
les fonds dont on est dépositaire. V. Crapaud.
- « Il a fait sauter la grenouille de la société. », L. Reybaud.
GRENOUILLER
Boire beaucoup d'eau.
GRILLER UNE (En)
Fumer une cigarette.
- « Passe-moi du tabac que j'en grille une. », Lem. de Neuville.
GRINCHE, CHISSEUR
Voleur.
- « Après avoir choisi l'écrin, Le grinche paie le joaillier. », Paillet.
Grinchir Voler (Vidocq). V. Turbinement, Plan,
Douille, Affranchir.
- Grinchissage Vol. V. Parrain.
GRISPIS
Meunier.
- Du vieux mot griper, prendre.
- Les meuniers ont souvent passé pour des accapareurs.
GRIS
Vent froid (Bailly).
- Mot de la langue romane. V. Roquefort.
- La bise est la soeur du gris.
On dit encore souvent un froid noir.
GRISES (En faire voir de)
Se jouer de quelqu'un, lui faire voir des choses qu'il ne peut démêler. « Ma tante
Aurélie qui disait l'autre jour à maman qu'elle t'en ferait voir des grises. »,
Gavarni.
GRIVE
Garde, patrouille (Bailly).
- Grivier Soldat.
- Dans le vieil argot, grive signifiait armée
comme on le voit ici.
- « Les drilles ou les narquois, en revenant de la grive, en trimardant, quelquefois
basourdissent les ornies. », Vidocq.
- Grive est donné par Roquefort comme synonyme de
méchante, fâcheuse (on dit encore Griève).
- Mot à mot, un grivier est donc pour les voleurs
.un vrai fâcheux. V. Cigogne.
Corps-de grives
Corps-de-garde.
- Harnais de grives Équipement militaire.
- On sait qu'au moyen âge, harnais signifiait armure.
GROGNARD
Le grognard d'aujourd'hui et le vieux grognard d'autrefois,
ce vieux de la vieille, comme on dit encore en parlant
des nestors de la garde impériale. », M. Saint-Hilaire.
- Allusion à l'humeur grognonne des vétérans.
GROOM
Petit valet.
- « Savez-vous ce que c'est qu'un petit groom ? Eh bien ! c'est un petit bas des
reins qu'est pas plus haut que ma botte, et qui trotte comme une ablette. », Festeau.
GROUCHY (Petit)
« Article arrivé en retard à l'imprimerie. », Balzac.
- Allusion à la tradition populaire, mais contestable, qui impute à Grouchy le
retard de sa marche sur Waterloo.
GRUE
« Pour qualifier une fille aux jambes maigres aux gros yeux à fleur de tête, à
l'intelligence épaisse, on dit
C'est une grue. », Scholl.
- « Mme Croquoison
Nous sommes tous des grues. », Le Rapatriage, parade
du dix-huitième siècle.
GUÊTRES (Tirer ses)
Détaler.
- « Cadet, tire au loin tes guêtres, au lieu de m'approcher. » Cabassol.
- « Fuyons, tirons nos guêtres.
- Le Rapatriage.
GUEULARD
Braillard.
- Gueulard Gourmand.
- « La gourmandise a aussi une place d'honneur dans le coeur de l'écolier ; mais
comme c'est un vice réclamé par les moutards, la honte de paraître gueulard
comme eux en arrête la manifestation. », H. Rolland.
- Gueulardise Friandise.
- Gueulard poêle (Vidocq). V. Goulu.
- Gueulard Sac (id.).
- Du vieux mot gueulle, gibecière, bourse (Roquefort)
.
- Ce dernier sens confirme encore ce que nous avançons pour chanter.
V. ce mot. L'homme qui chante ouvre sa gueule.
GUEULE
Bouche.
- « Il faudrait avoir une gueule de fer-blanc pour prononcer ce mot. », P. Borel,
1833.
- Gueule fine Palais délicat.
- « Un régime diététique tellement en horreur avec sa gueule fine. », Balzac.
- Fort en gueule Insulteur.
- Sur sa gueule Friand.
- « L'on est beaucoup sur sa gueule. », Ricard.
- Faire sa gueule Faire le dédaigneux.
- Casser, crever la gueule Frapper à la tête.
- « Tu me fais aller, je te vas crever la gueule. », Alph. Karr.
- Gueuler Crier. « Leurs femmes laborieuses, De vieux
chapeaux fières crieuses, En gueulant arpentent Paris. », Vadé, 1788.
GUEULETON
Repas plantureux, dont on a plein la gueule.
- Gueuletonner Faire un gueuleton.
- « Je ne vous parle pas des bons gueuletons qu'elle se permet, car elle n'est
pas grasse à lécher les murs. », Vidal, 1833.
- « Chacun d'eux suivi de sa femme, À l'Image de Notre-Dame,
firent un ample gueuleton. », Vadé, 1788.
GUEUSARD
Petit gueux, amicalement parlant.
- « Appelle-moi gueusard, scélérat, lui dis-je. » Amours
de Mathieu, chanson, 1832.
- « Et vous flânez souvent, gueusard », Eugène Sue.
- Pris aussi en mauvaise part
« Les gueusards ! ils n'ont pas seulement le courage de faire leurs mauvais coups.
», Eugène Sue.
Gueux « Que j'en ai gagné de c'te gueuse d'argent
! », H. Monnier.
- Pris en bonne part.
GUEUX
« Les dames des halles se servent toutes de chaufferettes et de ces horribles
petits pots en grès qu'on nomme des gueux. Elles
les posent sur leurs genoux pour se réchauffer les doigts. », P. d Anglemont.
GUIBOLLE, GUIBBE
« Guibolles, c'est ce que vous nommez jambettes, petites jambes. », Mélesville.
- Du vieux mot guiber, se débattre des pieds.
GUICHEMAR
Guichetier (Vidocq). V. Mar.
GUIMBARDE
Vieille voiture, grosse voiture a quatre roues.
- « Monsieur, pourquoi votre guimbarde n'est-elle pas prête ? », Cormon.
GUIGNOLANT
Malheureux.
- « Ce n'est t'y pas guignolant, Rien qu'en balais Je me ruine en frais. », Ch.
Voizo, Chanson.
- Vient de Guignon.
GUINAL
Juif (Vidocq).
- Mot à mot : circoncis.
- Guinaliser Circoncir.
- Du latin inguen, inguinis, partie située entre
les deux aines.
- Allusion à l'opération de la circoncision.
GUITARE
Rengaine.
- Terme inventé par les Romantiques qui voulurent réagir contre l'école des Troubadours
classiques de 1820. Chaque volume de vers était alors précédé du portrait de l'auteur
drapé dans un manteau à grand collet et faisant vibrer son luth (guitare classique)
au milieu de ruines éclairées par la lune.
- « On désigne au théâtre sous le nom de guitare
une sorte de plainte incessante, revenant comme une mélopée, le son monotone d'une
guitare modulant un rhythme triste et sans fin », Duflot.
GY, GIROLLE
Oui, bien, très-bien (Vidocq).
- Il est à noter qu'autrefois giz voulait dire non.
V. Roquefort.
HABIT ROUGE
Anglais.
- Allusion d'uniforme.
- « Les habits rouges voulaient danser, Mais nous les avons fait sauter. Vivent
les sans- culottes ! », Mauricault, Chanson, 1793.
HABIN, HAPPIN
Chien.
- De happer, saisir.
- Roquefort donne happelopin, chien âpre à la curée.
- Happin engamé Chien enragé.
- Happiner Mordre.
HALÈNES
Outil de voleur.
- Allusion aux alênes de cordonnier ?
- « Crois-moi, balance tes halènes, fais-toi gouépeur. », Vidocq.
HARIA, ARIA
Embarras.
- Du vieux mot arrie, obstacle.
- « C'est un haria que de chasser si loin. », Balzac.
- « J'ai eu bien des arias avec la douane à cause de mes malles. », Monselet.
HARICOTS (Être condamné aux)
être condamné à la prison pour manque de service de la garde nationale.
- « A midi, j'arrive à la prison de la garde nationale, hôtel Darricaud, vulgairement
appelé des haricots. », Villemot.
- M. Albert de Lasalle a publié en 1864 une histoire de l'hôtel aujourd'hui démoli.
HARIADAN BARBEROUSSE
Christ.
- Allusion à la barbe rousse de Jésus- Christ.
- « Il rigolait malgré le sanglier qui voulait lui faire bécoter Hariadan Barberousse.
», Vidocq.
HARPE
Barreaux de fenêtre (Vidocq).
- Ils garnissent une fenêtre de prison comme les cordes d'une harpe.
HAUSSIER
Boursier jouant à la hausse des fonds.
- « Deux grandes catégories qui distinguent les spéculateurs, les haussiers et
les baissiers. », Mornand.
HAUTE (La)
La partie riche de chaque classe sociale. Il y a des bourgeois de la haute, des
lorettes de la haute, des voleurs de la haute.
- L'homme du peuple qui se trouve en fonds dit en plaisantant Je
suis de la haute.
- « Pour les menus plaisirs d'un monsieur de la haute. », Ricard.
- « Jamais aussi le sportman n'a couru les salons et la
haute, comme on dit au club. », Rod. d'Ornano.
- « Des dames de la haute ?
- Non, des étudiantes. », Carmouche.
- « Il y a lorette et lorette. Mlle de Saint-Pharamon était de la haute. », P.
Féval.
- « Si nous ne soupons pas dans la haute (dans un restaurant fashionable), je
ne sais guère où nous irons à cette heure-ci. », G. de Nerval.
HOMME DE BOIS
Nom qu'on donne dans les imprimeries à celui qui rajuste les planches avec des
petits coins en bois. - Cabarets de Paris, 1821.
- Jeu de mots.
Homme de lettres Faussaire.
- Jeu de mots.
Homme de paille Homme couvrant de son nom des
actes, des écrits qui n'émanent pas de lui. Le journalisme et la finance emploient
fréquemment l'homme de paille.
- « Ce Claparon fut pendant six ou sept ans l'homme de paille, le bouc émissaire
de deux de nos amis. », Balzac.
- « Quoi qu'il arrive, M. Bitterlin aurait été. son homme de paille, son gérant,
son compère. », About.
HOMMELETTE
« Homme sans force et sans énergie. », 1808, Dhautel.
- Jeu de mots.
HORREURS
Propos libertins.
- « Quand les bégueules ont des masques, Elles racontent des horreurs. », Festeau.
Faire des horreurs En venir des paroles à l'action.
- « Puis, sur un lit je la jette, Et nous faisons des horreurs. », Les
Amours de Mahieu, chanson, 1832
HOTERIOT
« On nomme ainsi la hotte des chiffonniers. », P. d'Anglemont.,
- Diminutif de hotte.
HÔPITAL
Prison (Vidocq).
- On concevra le mot en voyant Fièvre cérébrale et
Malade.
HUILE
Argent (Vidocq).
- Tout ce qui est gras symbolise l'argent. V. Beurre, Graisse.
- Huile Soupçon (id.).
- Il pénètre et s'étend comme une tache d'huile.
- Huile de bras Vigueur corporelle.
- Huile de cotterets Coup de bâtons (Dhautel, 1808).
HUÎTRE
Graillon, imbécile.
- Huitrifier Abrutir.
- « Il poursuivit de tant de plaisanteries ce qu'il appellait le parti des huîtres.
», L. Reybaud.
HUMANITAIRE
« L'humanitaire est le zélateur d'une secte récente née du dégoût de nos troubles
politiques. L'humanitaire est le radical par excellence. Petites ou grandes, à
ses yeux, toutes les réformes se tiennent. », M. Raymond.
HUMECTER (S')
Boire.
- « Il me demande si je veux m'humecter. Je lui réponds
J'ai mon casque. », Monselet.
HUIT RESSORTS
Voiture très-suspendue.
- « Jamais Anna Deslion, Julia Barucci, Adèle Courtois, n'ont dans le huit ressorts
promené de mine aussi noble. », Les Cocottes, 1864.
HUSSARD A QUATRE ROUES
Conducteur d'artillerie, soldat du train des équipages
- « Aussi partagent-ils avec le train des équipages militaires le sobriquet de
hussards à quatre roues. », La Bédollière.
Hussard de la guillotine « Le gendarme a différents
noms en argot
quand il poursuit le voleur, c'est un marchand de lacets ; quand il l'escorte,
c'est une hirondelle de la Grève ; quand il le mène à l'échafaud, c'est un hussard
de la guillotine. », Balzac.
ICICAILLE, ICIGO
V. Dardant, Go.
IDÉE (Une)
On dit une idée, ou un soupçon,
ou un scrupule, ou une larme,
pour dire quelques gouttes de liquide.
Donner des idées Inspirer d'amoureux désirs.
ILLICO
De suite.
- « En se promettant bien de l'envoyer illico. », Balzac.
- Latinisme.
Illico Grog d'alcool, d'eau et de sucre en usage
dans les pharmacies d'hôpital.
- Allusion a un terme de formulaire.
IMBÉCILE (Galon d')
Galon de soldat de première classe. Il est donné a l'ancienneté et non au mérite.
- On rencontre l'équivalent de ce mot dans les autres grades.
- « Il passa capitaine à l'ancienneté, à son tour de bête, comme il disait en
rechignant ; . », About.
IMPÉRIALE
Bouquet de poils plus grand que la mouche et moins
grand que la bouquine.
- « Il avait six pieds six pouces, L'impériale au menton. », Festeau.
IMPOSSIBLE
Impossible à figurer.
- « Avec son col exorbitant et ses lunettes impossibles. », Delvau.
INCONSÉQUENT
« Lorsque, dans le monde, une jeune dame n'a pas très-bien su étendre le voile
par lequel une femme honnête couvre sa conduite, là où nos aïeux auraient rudement
tout expliqué par un seul mot, vous, comme une foule de belles dames à réticences,
vous vous contentez de dire
Ah ! oui, elle est fort aimable, mais.
- Mais quoi ?
- Mais elle est souvent bien inconséquente. », Balzac.
INEXPRESSIBLE
Pantalon.
- « Au sortir des bancs du collège, où nous avions usé, tous deux, pendant huit
mortelles années, ce que la pruderie anglaise exprime par inexpressible.
», Mornand.
INFECT
Laid.
- L'infection n'est prise qu'au figuré.
- « Viens-tu voir la petite nouvelle ?
- Pardieu ! et si elle n'est pas trop infecte, nous l'emmenons à la Maison-d'Or.
», Ces Petites Dames, 1862.
INGLICHMANN
Anglais.
- « Avec ça que l'amiral l'avait fait habiller en inglichmann. », L. Desnoyer.
INGRISTE
Peintre de l'école d'Ingres.
- « A vous Lehmann, Ziegler, Flandrin, Romain, Cozes et autres ingristes.
» - Ch. Blanc.
INODORES
Latrines.
- « Fournier aux inodores Présente le papier. », Revue anecdotique
- V. Calme.
INTIME
Claqueur
- C'est un intime pour le théâtre.
- « Adolphe allait en intime au Théâtre de Madame. », Cinquante
mille voleurs de plus à Paris, Paris 1830, in-8.
JABOTER
Causer.
- « Asseyez-vous donc un peu. nous jaboterons. », Ricard.
- On trouve jaboteir avec ce sens dans Roquefort.
JACQUELINE
Fille de mauvaise vie.
- On dit de même une Margot.
- « Notre Jacqueline le fouille, Empoigna la grenouille, Laissa là mon nigaud.
», Chanson du jeune Picard partant pour Paris.
JAMBE (Faire une belle), Rendre la jambe mieux faite
Donner un avantage illusoire.
- « Tu as maudit ton père de t'avoir abandonné ?
- Ça m'aurait fait une belle jambe. », Eugène Sue.
S'en aller sur une jambe Ne boire qu'une seul
tournée.
- « Dès l'aube, on s'offre la goutte, on s'offre le canon, on s'offre le rhum,
on s'offre l'absinthe ou le bitter, et l'on ne veut jamais s'en aller sur une
jambe. », La Bédollière.
Lever la jambe Danser le cancan (haute école).
- « Elle levait la jambe avant Rigolboche. », Les Étudiants,
1860.
JAR
Argot (Vidocq) .
- Abréviation du vieux mot jargon, langage. V. Roquefort
JARDINER
Parler en se moquant.
- Vient de Jar V. Escracher.
JASPINER
Parler, causer.
- Diminutif de Jaser.
- « Ils jaspinaient argot encore mieux que français. », Grandval, 1723.
- « Alle voulut jaspiner avec moi. » - Vadé, 1788.
- « Je lui jaspine en bigorne
« N'as tu rien a morfiller ? », Vidocq.
JAUNE
eau-de-vie.
- « Estaminet dit poétique, espèce de paradis perdu dans le jaune et le petit
bleu. »
- La Maison du Lapin blanc, typ. Appert.
- « Lapin blanc, que me veux-tu ? Avec ton jaune et ton camphre, Tu déranges ma
faible vertu. », Id.
Rire jaune Rire forcément.
- Aimer avec un jaune d'oeuf
Tromper.
- Allusion à la couleur jaune qui est celle du cocuage.
JAUNET
Pièce d'or.
- « Un seul regret, celui de n'avoir pu débarrasser les pigeons de leurs jaunets.
», Paillet.
JAVANAIS ;
« La Crécy parlait le javanais, cet argot de Bréda où la syllabe va,
jetée après chaque syllabe, hache pour les profanes le son et le sens des mots,
idiome hiéroglyphique du monde des filles qui lui permet de se parler à l'oreille
tout haut. », Goncourt.
- Ex. Jaunet, javaunavet ; jeudi, javeudavi
; etc., etc.
JEANFESSE, FOUTRE
Coquin, misérable.
- « Ça, c'est un jeanfesse. », Ricard.
- « Grande colère du père Duchesne contre les jeanfoutres de chasseurs qui ont
voulu faire une contre-révolution. », 1793, Hébert.
JE NE SAIS QUOI
Qualité indéfinissable.
- « Le savoir-vivre, l'élégance des manières, le je ne sais quoi, fruit d'une
éducation complète. », Balzac.
JEAN-JEAN
- « On qualifie de Jean-Jean en France le jeune indigène
que la conscription a arraché à l'âge de vingt ans d'un atelier du faubourg, de
la queue d'une charrue, etc. Le Jean-Jean est reconnaissable à sa tournure indécise,
à sa physionomie placide . », M. Saint-Hilaire.
JEANNETON
« Servante d'auberge, fille de moyenne vertu. », 1808, Dhautel.
JÉSUITE
Dindon (Vidocq).
- C'est aux jésuites qu'on doit l'acclimatation du dindon.
JÉSUS
« Jeune et beau garçon lancé comme appeau près des sodomistes que veut exploiter
le chanteur. », Canler.
Grippe-Jésus Gendarmes.
- Le jésus n'est ici qu'un homme garrotté comme le Christ, lorsqu'il fut conduit
devant Pilate.
JETTARD
Cachot (Bailly)
- Mot à mot : endroit où l'on vous jette.
JEUDIS (La semaine des quatre)
La semaine qui n'arrivera jamais, puisqu'elle n'existe pas.
- « C'est comme la robe que vous m'avez promise.
- Tu l'auras.
- La semaine des quatre jeudis. », H. Monnier.
JEUNE (Tu es trop)
Tu n'as pas l'intelligence nécessaire à l'accomplissement de telle ou telle chose.
- Cela peut se dire à un octogénaire.
Jeune France « Les romantiques se divisèrent en
Bouzingots et en Jeune France. Les Jeune France conservèrent longtemps leurs pourpoints,
leurs barbes fourchues, leurs cheveux buissonneux. », P. d'Anglemont.
- « Ils ont fait de moi un Jeune France accompli.
J'ai un pseudonyme très-long, et une moustache fort courte ; j'ai une raie dans
les cheveux à la Raphaël. Mon tailleur m'a fait un gilet. délirant. Je parle art
pendant beaucoup de temps sans ravaler ma salive, et j'appelle bourgeois ceux
qui ont un col de chemise ; de plus j'ai fait acquisition d'une mignonne petite
dague en acier de Toscane, pas plus longue qu'un aiguillon de guêpe. », Th. Gautier,
Préface des Jeune France, 1833.
Avoir son jeune homme Être gris.
- Allusion à la forte mesure de liquide qui dans les brasseries a reçu le nom
de jeune homme, et qui vaut deux moos.
- « Chaque fois qu'il rentrait avec son jeune homme. », P. d'Anglemont.
- « Un individu en blouse qui semblait avoir son petit jeune homme. », G. de Nerval.
JEUNESSE
Fillette.
- « Une jeunesse d'Orléans, un marchande de cols. », Cormon.
JOB
Niais.
- Abrév. du vieux mot jobelin V. Roquefort.
- « Si j'étais assez job pour croire que vous me donnez toute une fortune. »,
Eugène Sue.
- Jobarder Duper.
- « Je ne veux pas être jobardé. », Balzac.
- Joberie Niaiserie (Vidocq).
JOCKO
Pain long dont la forme fut sans doute inventée lorsque le singe Jocko était à
la mode.
- « Des gens qui appellent un pain jocko un singe de quatre livres. », Bourget.
JOLI
Jeté dans une position critique.
- « Nous. v'là jolis garçons ! », Désaugiers.
JONC
Or (Vidocq).
- Allusion à la couleur jaune du jonc. V. Bogue.
JORNE
Jour.
- Vieux mot de langue d'oc.
V. Roquefort. V. Baite, Poisser.
JOSEPH (faire son)
Affecter un air chaste. V. Putipharder.
JOUER DE
Faire ce qu'on veut.
- « Nachette, en un mot, joua parfaitement du baron. », De Goncourt .
JUDACER
Trahir.
- Judacerie Trahison (Vidocq).
- Allusion biblique.
JUGEOTTE
Jugement, avis.
- « Dis-moi z'un peu franchement, Là dessus ta petite jugeotte. », Léonard,
parodie, 1863.
JUS DE BÂTON
Coup de bâton.
- « Pour passer votre rhume, j'ai du jus de bâton. » Aubert, Chanson,
1813.
JUSTE-MILIEU
Partisan du statu quo politique, en opposition à
la gauche qui représente le côté radical ou avancé,
et à la droite qui se retranche dans le maintien
des anciens principes. V. Centrier.
- « Luc riait comme un républicain qui voit le juste-milieu recevoir un soufflet.
», Ricard.
Juste-milieu Derrière.
- « Mayeux envoya la pointe de sa botte dans le juste-milieu de Mlle Justine.
», Ricard.
KAISERLICH
Autrichien. De l'allemand Kaiserlich, impérial.
- « Les Kaiserlich ont été étourdis du coup. », Balzac.
KOXNOFF
V. Chocnoso
LÀ-BAS
Maison du correction de Saint-Lazare.
- « Julia à Amandine
Comme ça, cette pauvre Angèle est là-bas ?
- Ne m'en parle pas. Elle était au café Coquet a prendre un grog avec Anatole.
Voilà un monsieur qui passe, qui avait l'air d'un homme sérieux avec des cheveux
blancs et une montre. Il lui offre une voiture, elle accepte, un cocher arrive,
et. emballée ! Le monsieur était un inspecteur. » - Les
Cocottes, 1864.
LACET
Poucette.
- V. Marchand.
LÂCHEUR
Homme sur lequel on ne peut compter.
- Mot à mot : qui lâche ses amis.
- « Le lâcheur est la lorette de l'amitié. », A. Scholl, 1858.
- Se lâcher de Se payer. V. Rotin.
LAINE
Mouton (Vidocq).
LAIT À BRODER
Encre (id.)
- Allusion ironique à la couleur de l'encre. V. Broder.
LAÏUS
Discours
- « Dans le dialecte de l'École polytechnique, tout discours est un laïus, depuis
]a création du cours de composition française en 1804. L'époux de Jocaste, sujet
du premier morceau oratoire traité par les élèves, a donné son nom au genre. Les
députés à la Chambre, les avocats au barreau, les journalistes dans les premiers-
Paris, piquent des laïus. », La Bédollière.
- « Pour les officiers sortant de Saint-Cyr, le laïus est un broutta,
du nom d'un professeur de l'École, doué d'une certaine facilite d'élocution. Ce
qui a fait le verbe broutasser et le substantif broutasseur.
», De Vauvineux.
LAMPION
Chapeau à cornes.
- « Je passe le pantalon du cipal et je coiffe le lampion. », Bourget.
Lampion Oeil.
- Allusion à la flamme.
- « Si j'te vois faire l'oeil en tirelire A ton perruquier du bon ton, Calypso,
j'suis fâché d'te l'dire, Foi d'homme ! j'te crève un lampion. », Chanson
populaire.
LANCE
Eau (Vidocq).
- Pour désigner l'eau, on a fait allusion à son extrême fluidité ; on a dit la
chose qui se lance. Dans Roquefort, on trouve lancière
endroit par où s'écoule l'eau surabondante d'un moulin. V. Mourir,
Trembler.
LANCÉ
Gris.
- « Patara, au moins aussi lancé que le cheval, tapait sur la bête à tour de bras.
», Phys. du Matelot, 1843.
Lancé Rapide projection de la jambe.
- « Paul a un coup de pied si vainqueur et Rigolette un si voluptueux saut de
carpe ! Les admirateurs s'intéressaient à cet assaut de lancés
vigoureux. », 1847, Vitu.
LANCIERS (Danser les)
« Quant à cet inévitable quadrille des lanciers, je ne vous dissimule pas qu'il
commence à m'agacer cruellement le système nerveux. », Alb. Second, 1857.
- V. Oeil ! (Mon).
LANGUE (Avaler sa)
Mourir. V. Claquer.
Donner sa langue aux chiens, aux chats Renoncer
à deviner.
- « Je donne ma langue aux chiens, dit Jérôme, je renonce. », Eugène Sue.
LANSQ
Partie de lansquenet.
- « Cette espèce de cornichon qui l'a dansé de 1,500 fr. hier au lansq. » Jaime.
LANSQUINER
Pleurer.
- De lance, eau.
- « Bien des fois on rigolle qu'on devrait lansquiner. », Vidocq.
LANTERNES DE CABRIOLET
Yeux fort saillants.
- « Oh ! c'est vrai ! t'as les yeux comme les lanternes de ton cabriolet. », Gavarni.
LANTURLU
Vient de l'ancien mot enturlé qui signifiait Fol,
étourdi. V. Du Cange,.
- On aura dit l'enturlé, puis lanturlu.
LAPIN
Bon compagnon.
- « Ils ont appelé dans leurs rangs Cent lapins quasi de ma force. », Festeau.
- « C'est un fameux lapin, il a tué plus de Russes et de Prussiens qu'il n'a de
dents dans la bouche. », Ricard.
- « L'homme qui me rendra rêveuse pourra se vanter d'être un rude lapin. » Gavarni
.
Au collège, on appelle lapins des libertins en
herbe, pour lesquels Tissot eût pu écrire un nouveau Traité.
Lapin a aussi sa signification dans le monde des
messageries.
- « Et puis le jeune homme était un lapin, c'est-à-dire
qu'il avait place sur le devant, a côté du cocher. », Couailhac.
Lapin Apprenti compagnon.
- « Pour être compagnon, tu seras lapin ou apprenti. », Biéville.
LARBIN, BINE
Domestique (Vidocq).« Le faux larbin va se poster sous la
porte cochère. » Paillet.
- Larbinerie
Valetaille. V. Garçon, Pieu.
LARCOTTIER
Paillard (Vidocq).
- Mot à mot : larguotier
amateur de largues.
LARD (Faire du)
Engraisser.
- « La femme ronfle et fait du lard. », Festeau.
LARDER
Percer d'un coup de pointe.
- Lardoire Épée.
- « Vous verrez si je manie bien la lardoire. »,
Ricard.
LARGE DES ÉPAULES
Avare.
- Équivoque sur le mot large. - V. Dauthel, l808.
LARGUE
Femme.
- « Si j'éprouve quelque malheur, je me console avec ma largue. », Vidocq.
- V. Coquer, Momir.
LARTIE, LARTIF, LARTON
Pain.
- On devrait dire l' artie, l'artif, l'arton.
- Au moyen âge, artuit signifiait Repas. V. Roquefort.
- Il est à remarquer que /artos/ en grec veut dire Pain
- Larton brutal Pain noir.
- Larton savonné. Pain blanc.
- Brutal est un diminutif de brut.
Savonné s'explique de lui-même. V. Tremblant.
- Lartonnier boulanger.
LASCAILLER
Pisser (Vidocq).
- De lance. On dit encore : lancer
de l'eau. V. Lansquiner.
LASCAR
Fantassin.
- « Vient de l'arabe el-askir qui a la même signification.
Date sans doute de l'expédition d'Égypte. », De Vauvineux.
- « A-t-il du toupet, le vieux Lascar ! dit l'invalide dans son langage pittoresque.
», Balzac.
LAVABES
« Les lavabes sont ceux que l'on fait entrer au parterre des théâtres, en ne payant
que quinze sous par place. », Cinquante mille voleurs de
plus Paris, Paris, 1830, in-8.
- « Gustave achetait un lavabe pour les Variétés.
», Id.
LAVAGE, LESSIVE
Vente, à gros rabais, d'objets ayant déjà eu un premier propriétaire.
- « Les quatre volumes in-12 étaient donnés pour cinquante sous. Barbet n'avait
pas prévu ce lavage. », Balzac.
- À la Bourse, une Lessive est une opération désastreuse, qui vous nettoie. V.
Nettoyer.
Laver, Lessiver Vendre, ironiquement envoyer ses
effets mobiliers à une lessive dont ils ne reviennent pas. Même allusion dans
Passer au bleu et Nettoyer.
- « Comme ce n'était pas la première fois que j'avais lavé mes effets sans savon.
», Vidal, 1833.
- « Il a lavé sa montre, ses bijoux, pour dire qu'il les a vendus. », 1808, Dhautel.
LAZAGNE
Lettre (Vidocq).
- Allusion aux lazagnes, longues bandes de pâtes d'Italie, ressemblant assez à
des morceaux de papier . V. Balancer.
LÈGRE
Foire (Vidocq). V. Servir.
LÈVE-PIEDS
Escaliers, échelle (Vidocq).
- Effet pris pour la cause.
LEM (Parler en)
Soumettre chaque substantif à l'emploi d'une même syllabe finale et à la transposition
de deux lettres. On peut ainsi parler un français inintelligible pour les profanes.
Ce système consiste
1° à ajouter la syllabe lem à chacun des mots qui
viennent à la bouche ; 2° à troquer la lettre l de
lem contre la première lettre du mot qu'on prononce.
- « Et alors que tous les trucs seront lonbem (bons).
», Patrie du 2 mars 1852.
On parle en luch comme en lem.
On combine quelquefois les deux.
LEVAGE
Opération qui consiste de la part d'un homme à faire sa maîtresse d'une femme,
ne fût-ce que pour un jour. De la part d'une femme, c'est amener un homme à lui
faire des propositions.
- Terme de chasse.
Y-a-t-il du levage ? Y-a-t-il moyen de faire
un levage.
Lever Faire un levage.
- « Tiens, Xavier qui vient d'être levé par Henriette. », Monselet.
- « J'irai ce soir à Bullier, et si je ne lève rien. », Lynol.
- V. Flanelle.
Lever Capter, empaumer.
- « Il lève un petit jeune homme. Vous verrez qu'il en fera quelque chose. »,
De Goncourt.
Être levé Signifie dans l'argot des débiteurs
et des créanciers qu'on a à ses trousses un recors, qui vous a vu dans la rue
ou déterré quelque part. », Montépin .
Lever Voler.
- « Robert dit : Je suis levé et il nous appelle filous. », Monselet.
- « Tiens, dit le voleur, voici un pantre bon à lever. », Canler.
LICE
Bas de soie (Vidocq).
- Les bas de soie sont plus lisses que les autres.
LICHARD, LICHEUR
Gourmand.
- Mot de langue romane). V. Roquefort.
- « Je vois que tu es toujours un fameux licheur. », Eugène Sue.
Liche, Lichette Régal. Être
en liche
Faire bombance.
Licher Aimer les bons plats, faire débauche.
- Jadis, on disait licharder.
- « Je liche chez le mannezingue, motus ! », Paillet.
- « Buvons plutôt bouteille. En lichant, nous ne penserons pas à toutes ces bagatelles.
», - Chanson poissarde, 1772.
Licher Boire.
- « Puis il liche tout'la bouteille. Rien n'est sacré pour un sapeur. », Houssot.
- V. Béquiller.
LIGNARD
Officier ou soldat des troupes de ligne.
LIGNE (Tirer à la)
Écrire des phrases inutiles dans le seul but d'allonger un article payé à tant
la ligne. Vive la ligne ! « Je rapporte un petit
magot. Ah ! quelle chance ! Vive la ligne ! », Léonard,
parodie, 1863.
- Ce vivat, poussé fréquemment aux jours d'émeute où l'on veut gagner le coeur
des troupes de ligne, est devenu proverbial et s'applique ironiquement à tous
les cas d'enthousiasme.
LIGOTE
Lien, corde.
- Mot de langue romane. V. Roquefort.
- Ligoter Lier.
LILLOIS
Fil (Vidocq).
- On en fait beaucoup en Flandre. V. Lyonnaise.
LIMACE, LIME
Chemise.
- Mot de langue romane. Du Cange donne le même sens au latin limas.
- Limacier Chemisier. V. Gouêpeur.
LIMANDE
Homme nul et plat comme le poisson de ce nom (Vidocq).
LIMER
Aller lentement en affaire.
LIMONADE
Assiette (Vidocq).
- Comparaison de l'assiette à une rouelle de limon.
LIMOUSINEURS
« On donne le nom de voleurs au gras double ou de
limousineurs à des ouvriers couvreurs qui volent
le plomb des couvertures, en coupent de longues bandes avec de bonnes serpettes,
puis l'aplatissent et le serrent à l'aide d'un clou. Ils en forment ainsi une
sorte de cuirasse qu'ils attachent à l'aide d'une courroie sous leurs vêtements.
», Petit Journal.
- Allusion à leurs vêtements de plomb, non moins imperméables que les gros manteaux
nommés limousines .
LINGE (Avoir du)
Avoir une garde-robe bien montée.
- « Et Bovarine ! .Qu'est-ce que c'est ? Ça a-t-il du linge ? », Lem. de Neuville.
LINGRE
Couteau (Vidocq).
- Lingrer Frapper à coups de couteau.
- Lingrerie Coutellerie.
- Lingriot Canif.
- Quadruple allusion à Langres, ancienne capitale de la coutellerie.
LION
« Depuis que nous avons attrapé ce mot anglais, qui s'applique à Londres à toutes
sortes de notabilités, nous en avons fait abus comme du calicot et du fil d'Écosse.
Il ne se fait pas un vaudeville, un feuilleton, un roman de moeurs contemporains,
qui. ne parle des lions de Paris. Aujourd'hui, pour
être lion, la moindre chose suffit
avec un paletot jaune, un chapeau neuf, des moustaches, vous êtes reçu lion
d'emblée. », Roqueplan, 1841.
- Deriège a fait la Physiologie du Lion.
- Un lionceau est un lion ridicule.
Lionne « C'étaient de petits êtres féminins, richement
mariés, coquets, jolis, qui maniaient parfaitement le pistolet et la cravache,
montaient à cheval comme des lanciers, prisaient fort la cigarette, et ne dédaignaient
pas le champagne frappé. », F. Deriège.
Lionnerie Monde des lions.
- « Nous étions installés dans un restaurant cher à la lionnerie. », Mornand.
LIQUID
« Liquid est mis ici pour liquidation. Le coulissier, facétieux et aussi de belles
manières, se plaît à abréger ses formules comme la jeunesse dédorée de l'époque,
et elle dit liquid comme on dit d'autor, d'achar,
soc ou démoc. », Mornand.
- « Les ventes et achats de chemins de fer se liquident tous les quinze jours
et la rente à la fin de chaque mois. Si vous êtes acheteur de 3,000 fr. de rente
fin du mois à 72 fr., que la rente baisse a 71 fr., votre perte s'élève à 1,050
fr., courtage compris. Vous pouvez continuer votre opération en vous faisant reporter.
On ajoute alors au cours de 71 fr. le prix du report, plus un nouveau courtage.
La cherté des reports tempère souvent les dispositions à la hausse. Il est en
effet très-onéreux pour un acheteur de rente de passer 70 c. de report, ce qui,
sur 3,000 fr. de rente, augmente de 700 fr. le prix d'achat. », De Mériclet.
LISETTE
Gilet long. V. Tirant.
- Doit avoir la même racine que Lice.
Pas de ça, Lisette Formule négative due sans doute
à la vogue de cette chanson connue
Non ! non ! vous n'êtes plus Lisette, etc.
- « Un jeune drôle fait la cour à ma nièce. pas de ça, Lisette ! », Ricard.
LITRER
Contenir, posséder.
- Ce terme a une forme aussi régulière que cuber.
- « J'avais balancé le bogue que j'avais fourliné et je ne litrais que nibergue
en valades. », Vidocq.
- V. Fourgat.
LOCANDIER
« Le locandier est une des nombreuses variétés des
voleurs au bonjour. Sous prétexte d'examiner un logement à louer et en dépit de
la présence du concierge, il vole avec dextérité. », A. Monnier.
LOCHE
Oreille.
- Locher Écouter (Vidocq).
LOFAT
Aspirant au grade de compagnon.
- « C'était pour le baptême d'un lofat. On devait le baptiser à la Courtille ;
j'étais le parrain. », La Correctionnelle.
LOFFIAT
Maladroit, imbécile.
LONDRÈS
Cigare de la Havane.
- « Je me rejetai dans le fond de la voiture et j'allumai un londrès. », Mornand.
LONGCHAMP
« D'autres font une excursion au longchamp, cour
oblongue, bordée d'une file de cabinets dont nous laissons deviner la destination.
Comme c'est le seul endroit où pendant les heures d'étude, les élèves de l'École
polytechnique puissent aller humer l'air, filer, causer, chercher des distractions,
le lonchamp a acquis une grande importance. », La
Bédollière.
LONGE
Année (Vidocq).
- Forme de longue. Une année est souvent longue à
passer.
LOPHE
Faux.
- V. Fafiot.
LOQUES
« Le gamin de Paris a sa monnaie à lui, qui se compose de tous les petits morceaux
de cuivre façonné qu'on peut trouver sur la voie publique. Cette curieuse monnaie,
qui prend le nom de loques, a un cours invariable
et bien réglé dans cette petite bohème d'enfants. » Victor Hugo.
LORETTE
« C'est peut-être le plus jeune mot de ]a langue française ; il a cinq ans à l'heure
qu'il est, ni plus ni moins, l'âge des constructions qui s'étendent derrière Notre-Dame-de-Lorette,
depuis la rue Saint-Lazare jusqu'à la place Bréda, naguère encore à l'état de
terrain vague, maintenant entourée de belles façades en pierres de taille, ornées
de sculptures.
« Ces maisons, à peine achevées, furent louées à bas prix, souvent à la seule
condition de garnir les fenêtres de rideaux, pour simuler la population qui manquait
encore à ce quartier naissant, à de jeunes filles peu soucieuses de l'humidité
des murailles, et comptant, pour les sécher, sur les flammes et les soupirs de
galants de tout âge et de toute fortune. Ces locataires d'un nouveau genre, calorifères
économiques à l'usage des bâtisses, reçurent, dans l'origine, des propriétaires
peu reconnaissants, le surnom disgracieux, mais énergique, d'essuyeuses
de plâtres. L'appartement assaini, on donnait congé à la pauvre créature,
qui peut-être y avait échangé sa fraîcheur contre des fraîcheurs.
« A force d'entendre répondre « rue Notre-Dame-de-Lorette » à la question «
où demeurez-vous, où allons-nous ? » si naturelle à la fin d'un bal public, ou
à la sortie d'un petit théâtre, l'idée est sans doute venue à quelque grand philosophe,
sans prétention, de transporter, par un hypallage hardi, le nom du quartier à
la personne, et le mot Lorette a été trouvé. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il
a été lithographié pour la première fois par Gavarni, dans les légendes de ses
charmants croquis, et imprimé par Nestor Roqueplan dans ses Nouvelles
à la main.
« Ordinairement fille de portier, la Lorette a eu d'abord pour ambition d'être
chanteuse, danseuse ou comédienne ; elle a dans son bas âge tapoté quelque peu
de piano, épelé les premières pages de solfège, fait quelques pliés dans une classe
de danse, et déclamé une scène de tragédie, avec sa mère, qui lui donnait la réplique,
lunettes sur le nez. Quelques-unes ont été plus ou moins choristes, figurantes
ou marcheuses à l'Opéra ; elles ont toutes manqué d'être premiers sujets. Cela
a tenu, disent-elles, aux manoeuvres d'un amant évincé ou rebuté ; mais elles
s'en moquent. Pour chanter, il faudrait se priver de fumer des cigares Régalia
et de boire du vin de Champagne dans des verres plus grands que nature, et l'on
ne pourrait, le soir, faire vis-à-vis a la reine Pomaré au bal Mabile pour une
polka, mazurka ou frotteska, si l'on avait fait dans la journée les deux mille
battements nécessaires pour se tenir le cou-de-pied frais. La Lorette a souvent
équipage, ou tout au moins voiture.
- Parfois aussi elle n'a que des bottines suspectes, à semelles feuilletées qui
sourient à l'asphalte avec une gaîté intempestive. Un jour elle nourrit son chien
de blanc-manger ; l'autre, elle n'a pas de quoi avoir du pain, alors elle achète
de la pâte d'amandes. Elle peut se passer du nécessaire, mais non du superflu.
Plus capable de caprice que la femme entretenue, moins capable d'amour que la
grisette, la Lorette a compris son temps, et l'amuse comme il veut l'être ; son
esprit est un composé de l'argot du théâtre, du Jockey Club et de l'atelier. Gavarni
lui a prêté beaucoup de mots, mais elle en a dit quelques-uns. Des moralistes,
même peu sévères, la trouveraient corrompue, et pourtant, chose étrange ! elle
a, si l'on peut s'exprimer ainsi, l'innocence du vice. Sa conduite lui semble
la plus naturelle du monde ; elle trouve tout simple d'avoir une collection d'Arthurs
et de tromper des protecteurs à crâne beurre frais, à gilet blanc. Elle les regarde
comme une espèce faite pour solder les factures imaginaires et les lettres de
change fantastiques
c'est ainsi qu'elle vit, insouciante, pleine de foi dans sa beauté, attendant
une invasion de boyards, un débarquement de lords, bardés de roubles et de guinées.
- Quelques-unes font porter, de temps à autre, par leur cuisinière, cent sous
à la caisse d'épargne ; mais cela est traité généralement de petitesse et de précaution
injurieuse à la Providence. », Th. Gautier, 1845.
LORGNE
Borgne (Vidocq).
- Abréviation de Calorgne.
- Lorgne As (id.).
LOUBION
Bonnet.
- Loubionnier Bonnetier.
LOUCHE
Main.
- Comparaison de la main à la grande cuiller appelée de temps immémorial louche.
V. Roquefort.
LOUCHER (Faire)
Faire changer de manière de voir, d'opinion.
- « Avec qui tu veux que je soye ? Est-ce que ça te fait loucher ? », Monselet.
LOULOUTTE
Petite dent.
- Allusion aux dents du loup dont on effraie toujours les petits enfants.
Loulou, louloutte Mot d'amitié.
- « La louloutte à son chéri. », Montépin.
LOUP
Dette criarde, créancier. V. Dhautel, 1808.
- Au théâtre, c'est une scène manquée.
On dit faim de loup et froid
de loup ! pour dire grande faim et grand
froid.
- Ces deux causes font en effet sortir les loups du bois.
LOUPE
Fainéantise, flânerie.
- « Ma salle devient un vrai camp de la loupe. », Decourcelle, 1836.
- Louper
Flâner, rôder comme un loup errant.
- Mot de la même famille que chat-parder.
- « Quand je vais en loupant, du côté du Palais de Justice. », Le
Gamin de Paris, ch., 1838.
- Loupeur Flâneur, rôdeur.
- « Que faisaient- elles au temps chaud, ces loupeuses ? », Lynol.
LOURDE
Porte.
- On ne les faisait pas légères jadis et pour cause. V. Bocson,
Tremblant.
- Lourdier Portier. V. Lordant.
LOUVIERS
Habit de drap de Louviers.
- « La veste de petite tenue avait remplacé le fin louviers. », Ricard .
LUCARNE
Lorgnon monocle.
- « Du malheureux monde comme ça, on n'y voit que d'un oeil et encore pas sans
lucarne. », Gavarni.
LUCH (Parler en). V. Lem.
LUNE, PLEINE LUNE
Derrière.
- Allusion de forme.
- « J'ai pincé n'importe quoi, j'ai cru que c'était dans la figure.
- En voilà une bonne ! il a pris la lune de Pétronille pour sa figure. », P. de
Kock.
- V. Cadran.
LUISANT, RELUIT
Jour.
- Allusion. à la lumière.
- « Pitanchons pivois chenâtre jusques au luisant. », Grandval, 1723.
Luisante Lune.
- Luisard Soleil.
LUSTRE (Admirateur du)
Claqueur posé au parterre sous le lustre.
- « Les admirateurs du lustre donnèrent, mais le public resta froid. », L. Reybaud.
LYONNAISE
Soierie (Vidocq).
- Lyon est le grand centre de la fabrication des soieries.
MAC, MACQUE, MACCHOUX
Maquereau.
- Maca Maquerelle.
- Macchoux est une corruption du mot maquereau.
- Mac et maca sont deux
abréviations.
- Par un hasard singulier, la première de ces abréviations donne la clef même
du mot Au moyen âge, le mot maque signifiait
vente, métier de marchand. V. Roquefort.
- De là sont venus maquillon ou maquignon
et maquerel ou maquereau.
Le maquereau n'est qu'un maquignon de femmes. Pendant tout le moyen âge, on a
écrit maquerel ou maqueriau.
Ce dix-neuvième siècle a oublié la véritable source du mot qu'il a confondu avec
celui du poisson, d'où les synonymes de poisson et
de barbillon.
- « Le métier de mac autrefois n'était guère exercé que par des voleurs et des
mouchards. maintenant les prêtresses de Vénus Callipyge ont pour amants des jeunes
gens de famille. »
- 1837, Vidocq.
- « Le macque est le souteneur des filles de la plus basse classe. Presque toujours
c'est un repris de justice. », Canler, 1863.
- « Une vieille maca Entremetteuse, femme vieillie
dans le vice. », 1808, Dhautel.
MACAIRE
Malfaiteur audacieux, spirituellement cynique, affectant en toute occasion les
manières d'un homme bien élevé.
- Cc type étrange date, comme l'on sait, du drame de l'Auberge
des Adrets ; il doit toute sa fortune à Frédérick-Lemaître qui, en créant
le rôle de Macaire, a caractérisé pour toujours une classe particulière de criminels.
- « Ils se croyaient des Macaires et n'ont été que des filous. », Luchet.
MACARON
Dénonciation.
- Du vieux mot maque
vente. V. Roquefort.
- Un dénonciateur vous vend à la police.
- « Dans le nez toujours tu auras ma macarons et cabestans. », Vidocq.
- Macaroner Trahir.
MAC-FARLANES
Long pardessus sans manches, avec grand collet tombant sur le devant.
- « Ils portent des mac-farlanes. », Les Étudiants,
1860.
MACHABÉE
« On appelle machabée tout être, homme ou animal, qui est privé de vie, et que
l'on rencontre flottant sur un cours d'eau ou échoué sur le rivage. »
- Val. Dufour.
- Machabée Juif.
- - Allusion biblique.
MÂCHER (Ne pas le)
Parler franchement sans murmurer entre ses dents.
- « Quand j'ai lieu de vous en vouloir, Ah ! n'ayez pas peur que j'vous l'mâche
! », De Longchamps, Ch., 1809.
MACHIN
L'homme ou la chose dont on ne peut se rappeler le nom. V. Chose.
- « M. Mâchin, pardon ! je ne me rappelle jamais votre nom. », H. Monnier, 1840.
- Dans la Gabrielle d'E. Aubrier, l'avoué Chabrière
prie sa femme de faire « un machin au fromage. »
MÂCHOIRE
Suranné. « L'on arrivait par la filière d'épithètes qui suivent
ci-devant, faux toupet, aile de pigeon, perruque, étrusque, mâchoire, ganache,
au dernier degré de la décrépitude, à l'épithète la plus infamante, académicien
et membre de l'Institut. », Th. Gautier, 1833,
- « Vieille Mâchoire Personne sans capacité, ignorant,
sot. », 1808, Dhautel.
- V. Ganache.
MAIN CHAUDE (Jouer à la)
Être guillotiné . V. Raccourcir.
MAJOR
« Le chirurgien, le tambour-major, le sergent-major, enfin le gros et inévitable
major, sont dénommés indistinctement majors. », L.
Huart.
MAL (faire)
Faire pitié.
- « Qu'on vienne baiser son vainqueur
- Comme tu me fais mal ! », Gavarni.
MALADE
Prisonnier.
- Maladie Emprisonnement (Vidocq). V. Hôpital.
Malade du pouce Fainéant dont la paresse constitue
la seule infirmité.
- Malade du pouce Avare
- « Il est malade du pouce. Ça empêche les ronds de glisser. », Monselet.
- C'est-à-dire, ses doigts ne peuvent se résoudre à laisser échapper la moindre
monnaie.
MAL BLANCHI
Nègre.
- « Va donc ! mal blanchi, avec ta figure de réglisse. », Bourget.
MALINGRER
Souffrir (Vidocq).
- Malingre se dit encore pour souffreteux.
MALLE (Chier dans la)
Faire affront. Mot à mot : chier dans la poche d'autrui.
- « On se torche à présent de la foi conjugale. Quoi qu'il en soit, Léandre a
chié dans ma malle. », Le Rapatriage, parade du dix-
huitième siècle.
MALTAIS
Cabaretier.
- Beaucoup de Maltais exercent cette profession en Algérie, d'où vient le terme.
MALTOUZE
Contrebande.
- Maltouzier Contrebandier.
MANCHE DE VESTE
Jambe arquée comme une manche d'habit.
- « Mosieu Belassis, moi j'ai pas des jambes en manches de veste. », Gavarni.
Être manche à Avoir fait autant de progrès qu'un
adversaire.
- Mot à mot : être manche à manche. Au whist, la manche est une des parties liées
qui compose le robber.
- « Ça nous met manche à manche. A quand la belle ? », Eugène Sue.
MANETTE (Mlle)
Malle (Vidocq).
- Diminutif de manne, malle d'osier.
MANGER, MANGER LE MORCEAU
Dénoncer, avouer.
- « Le morceau tu ne mangeras de crainte de tomber au plan.
- Paumé tu ne mangeras dans le taffe du gerbement. », Vidocq.
Manger sur Dénoncer.
- « François a mangé sur vous. », Canler.
MANGEUR
Dissipateur.
- Mangeur de galette Fonctionnaire vénal (Vidocq).
- Mangeur de blanc Homme se faisant entretenir par
une femme. V. Dhautel.
- Mangeur de blanche serait plus juste.
- Mangeur de bon Dieu, de messes Dévôt.
- « Quittez vos tanières, antiques comtesses, mangeuses de mes ses. », Départ
de la Cour, Ch., 1830.
MANIÈRE (1re, 2me 3me)
Ligne de conduite ou manière de faire son rapport avec l'âge, les progrès, ou
les calculs d'un artiste, d'un écrivain, d'un intrigant, etc.
- « Faustine en était encore au désintéressement, sa première manière, ainsi qu'elle
disait elle-même, en empruntant le langage des artistes, », dit M. Amédée Achard,
dans ses Petits-Fils de Lovelace, d'une fille qui
joue le désintéressement afin de mieux enlacer ses victimes.
Manières Air d'importance.
- « Ça fait des manières et ça a dansé dans les choeurs. », Gavarni.
MANNESINGUE, MINZINGUIN
Marchand de vin.
- Mot à mot : homme (mann) vendant à boire (zu
trinken). On a dit d'abord Mannestringue,
puis mannesingue. Minzinguin
est un diminutif corrompu.
- « Quel est celui-là ?
- Un ami, un vrai, un marchand de vin.
- Un mannezing ? », G. Bourdin.
- « Le roi est un bon zigue qui protège les minzinguins. », Cabassol.
- V. Licher.
MAQUILLAGE
Le maquillage est une des nécessités de l'art du comédien ; il consiste à peindre
son visage pour le faire jeune ou vieux, le plus souvent jeune.
- « Dans certains théâtres on voit de jeunes aspirantes qui se font des yeux jusqu'aux
oreilles et des veines d'azur du corset jusqu'aux tempes ; ce ne sont pas des
femmes, ce sont des pastels. Cette première catégorie de grues
s'appelle les maquillées. », Joachim Duflot, Dict.
des Coulisses.
Maquiller Farder.
- Même origine que le mot suivant. On sait que les maquignons maquillent à merveille
un cheval pour lui donner une meilleure apparence .
MAQUILLER
Agir, machiner.
- « C'est par trop longtemps boire ; Il est, vous le savez, heure de maquiller.
», Grandval, 1723.
- Maquiller un suage Se charger d'un assassinat.
- Maquiller son truc Faire sa manoeuvre.
- Maquiller une cambriolle Dévaliser une chambre.
- Maquiller les brèmes Jouer aux cartes. V. Momir.
Ce verbe paraît venir du vieux mot maquillon, maquignon,
qui vient lui-même de maque. V. Roquefort et Fr.
Michel.
- Maquignonner, c'est, en effet, machiner n'importe quoi, pourvu qu'on y gagne.
MAR
Désinence arbitraire.
- « Quant au reste de la langue, on se bornait (en 1830) à retrancher la dernière
consonnance pour y substituer la syllabe mar. On
disait Épicemar pour épicier, Boulangemar pour boulanger, Cafemar pour café, et
ainsi de suite. C'était de l'esprit dans ce temps-là. Il est vrai que nos pères
ont tous ri à se tordre en mettant le mot turlurette
la fin de chaque couplet de chanson. Que signifiait mar
? Que voulait dire turlurette ? Absolument la même
chose. Personne n'a jamais pu le savoir. », P. d'Anglemont. « Méfie- toi. Le jeune
épicemar est très-fort au billard et au piquet. », Champfleury. V. Rama.
MARCANDIER
Marchand.
- On trouve dans Roquefort mercadier. V. Solir,
Farre.
MARCHANDS D'HOMMES
Agent de remplacement militaire, négrier.
- « D'un marchand d'hommes, je vois l'enseigne. », Léonard,
Parodie, 1863.
- « Détestable anglais ! ajouta le marchand d'homme. », L. Desnoyer.
Marchand de lacets Gendarme
- Il offre aux malfaiteurs des lacets (poucettes) que ceux-ci trouvent toujours
trop chers. V. Hussard.
Marchand de soupe Maître de pension qui spécule
sur la nourriture de ses élèves.
- « Style universitaire ! Les marchands de soupe doivent être bien fiers. », L.
Reybaud.
MARCHE À TERRE
Fantassin.
- « Quand tu étais dans la cavalerie, tu n'étais pas dans les marche à terre.
», Vidal, 1833.
MARCHER, MARCHER AU PAS
Être contraint à obéir.
- « Empereur Nicolas, Les Français et les Anglais te feront marcher au pas. »,
Layale, Ch., 1855.
MARCHEUSE
« La marcheuse est un rat d'une grande beauté que
sa mère, fausse ou vraie, a vendu le jour où elle n'a pu devenir ni premier, ni
deuxième, ni troisième sujet de la danse, et où elle a préféré l'état de coryphée
à tout autre, par la grande raison qu'après l'emploi de sa jeunesse, elle n'en
pouvait pas prendre d'autre. Pour qu'un rat devienne marcheuse,
c'est-à-dire figurante de la danse, il faut qu'elle ait eu quelque attachement
solide qui l'ait retenu à Paris, un homme riche qu'elle n'aimait pas, un pauvre
garçon qu'elle aimait trop. C'est un débris de la fille d'Opéra du dix-huitième
siècle. », Balzac.
Marcheuse « Un simple bonnet la coiffe ; sa robe
est d'une couleur foncée et un tablier blanc complète ce costume. Les fonctions
de la marcheuse sont d'appeler les passants à voix basse, de les engager à monter
dans la maison qu'elle représente, où, d'après ses annonces banales, ils doivent
trouver un choix exquis de jeunes personnes. », Béraud.
- « Enfin arrivent les marcheuses. Elles marchent pour les filles demeurant en
hôtel garni ; celles-ci n'ont qu'une chaussure et un jupon blanc Faut-il qu'elles
exposent dans les boues leur unique habillement, la marcheuse affrontera pour
elles les chemins fangeux. », 1783, Mercier.
MARÉCAGEUX (Oeil)
OEil voluptueux, à demi-noyé de langueur.
- « Mais que tu danses bien la galope, Avec ton oeil marécageux. », Chans.
populaire.
MARGAUDER
Décrier la marchandise.
- Corruption du mot marchander.
- « Madame trouve moyen de margauder. », La Correctionnelle.
MARGOT, GOTON
« Nom fort injurieux donné à une courtisane, à une femme de mauvaise vie. », 1808,
Dhautel.
- « Nous le tenons. Nous savons où demeure sa margot. », Eugène Sue.
- On dit aussi sa jacqueline. (V. ce mot).
- Dans son Vieux Cordelier, Camille Desmoulins apostrophe
ainsi Hébert
« Le banquier Kocke, chez qui toi et ta Jacqueline vous passez les beaux jours
de l'été. »
MARGOULETTE
Bouche.
- Diminutif de marge. Les lèvres forment la marge
du palais. Peut être aussi diminutif corrompu du vieux mot gargoule
bouche.
MARGOULIN
Débitant, dans la langue des commis voyageurs.
- « Parfois le margoulin est fin matois. », Bourget.
MARLOU
Souteneur.
- Corruption du vieux mot marlier, sacristain.
- Les souteneurs étaient de même appelés sacristains
au dix-huitième siècle. On en trouve plus d'une preuve dans Rétif de la Bretonne.
- « Un marlou, c'est un beau jeune homme, fort, solide, sachant tirer la savate,
se mettant fort bien, dansant la chahu et le cancan
avec élégance, aimable auprès des filles dévouées au culte de Vénus, les soutenant
dans les dangers éminents. », Cinquante mille voleurs de
plus à Paris, Paris, 1830, in-8.
- « Par extension, on appelle marlou tout homme peu délicat avec les femmes, et
même tout homme qui a mauvais genre. », Cadol.
MARMITE
Fille publique nourrissant un souteneur.
- Allusion facile à saisir.
- « Un souteneur sans sa marmite est un ouvrier sans ouvrage. », Canler.
- Marmite de terre Prostituée ne gagnant pas d'argent
à son souteneur.
- La Marmite de fer gagne un peu plus.
- La Marmite de Cuivre rapporte beaucoup. - (Dict.
d'argot, 1844.)
MARNER
Voler. « Il y a des cabrioleuses très habiles qui, feignant une erreur, s'élancent
dans les bras du voyageur qu'elles veulent marner
« C'est toi, mon loulou, s'écrient-elles, viens donc que je t'embrasse
! » On prétend que ces donneuses de bonjour sont
rarement mises à la porte par le provincial, affriolé par des
caresses de haut goût. », Alb. Monnier.
- Du vieux mot Marronner, pirater.
MAROTTIER
Marchand ambulant.
MARQUEUR
« On appelle marqueur, dans le langage des estaminets
de Paris, l'individu chargé de faire la partie des habitués, quand ces derniers
manquent de partenaires. La plupart donnent des leçons au cachet. », Montépin.
- . Appelés ainsi parce qu'ils se chargent de marquer les points.
MARRON
En flagrant délit de vol ou de crime.
- Du vieux mot marronner, faire le métier de pirate,
de corsaire. V. Roquefort.
- Marron serait en ce cas une abréviation du participe
marronnant.
- Paumer marron, Servir marron Prendre sur le fait.
- « J'ai été paumé marron. », La Correctionnelle.
- V. Servir, Estourbir.
MARRONNER
Bouder, murmurer.
- C'est, selon Dhautel, une corruption du mot marmonner,
marmotter.
- « J'peux pas voir ça, moi ! je marronne tout haut. », Cognard, 1831.
MARSEILLAISE
Pipe courte et poreuse fabriquée à Marseille.
- « Et tout en parlant ainsi, il chargeait et allumait sa marseillaise. », Luchet.
MASTROQUET
Marchand de vins. Mot à mot : l'homme du demi-setier.
- Vient de demi-stroc, demi-setier.
MATELOT
« Tous deux amis et se nommant mutuellement mon matelot
ce qui est le plus grand terme d'affection connu sur le "gaillard d'avant. »,
Phys. du Matelot, 1843.
MAYEUX
Bossu.
- Un peu avant 1830, d'innombrables charges, parmi lesquelles on distinguera celles
de Traviès, eurent pour objet un bossu du nom de Mayeux
c'est le type d'un homme ridiculement contrefait, vaniteux et libertin, mais brave
et spirituel à ses heures. De là son nom donné à tous ceux qu'affligent la même
infirmité.
- « Ici d'affreux petits mayeux. », De Banville.
MÂTIN, MÂTINE
Personne déterminée, brusque, peu commode.
- Terme emprunté à la race canine. « Kléber, un grand mâtin qu'a descendu la garde,
assassiné par un Égyptien. », Balzac.
- « Ah ! mâtine de Turquie. Remy, ch., 1854.
MAUVAISE (Elle est)
Cette histoire n'est pas bonne, cet acte est déplaisant. On dit dans le même sens
: Je la trouve mauvaise.
- « Quant à exiger qu'elles comprennent ce qu'elles disent, n'y pensez pas.
- Elles la trouveraient mauvaise. », Les Cocottes,
1864.
MAZARO
Prison militaire qu'il ne faut pas confondre avec la salle de police (our).
Dans celle-ci l'homme puni passe seulement la nuit sur une paillasse ; dans l'autre,
il reste jour et nuit couché sur la planche.
MÉCANISER
Ennuyer.
- Mot à mot : réduire à un rôle passif, mécanique.
- « Malgré qu'ça vous mécanise, Ça vous demande encore crédit. », Chansons,
Clermont, 1837.
- « Et. Canalis regarda fixement Dumay qui se trouva, selon l'expression soldatesque,
entièrement mécanisé. », Balzac.
MÉCHANT (Pas)
Encore une expression éminemment parisienne, dont la portée est plus grande qu'on
ne pense. On dit d'une toilette mesquine, d'un homme inepte, d'un livre sans valeur
Ça n'est pas méchant ; ca ne mord pas !
- comme on dit d'un homme zélé
C'est un féroce.
- « Achetez un caloquet plus méchant, votre tuyau de poêle n'est pas trop rup.
», Lem. de Neuville.
MÈCHE (Il y a mèche, il n'y a pas)
Il y a moyen il n'y a pas le plus petit moyen d'aboutir. Le mot fait image. Quand
on a la mèche, on a bientôt fait de tirer la corde à soi.
- « En termes typographiques, lorsque les ouvriers proposent leurs services au
prote de l'imprimerie, ils demandent s'il y a mèche,
c'est-à-dire : si on peut les occuper. », 1808, Dhautel.
- « Mais il te fera pincer.
- Pas si bête ! il n'y a pas mèche. », Eugène Sue.
Mèche Moitié.
- À six plombes et mèche À six heures et demie. V.
Momir.
- Être de mèche Être de moitié (Vidocq).
MÉCHI
Malheur (id).
- Abrév. du vieux mot méchief. V. Roquefort.
MÉDAILLE
« La jolie voix ! dit Schaunard en faisant chanter les pièces d'or.
- Comme c'est joli, ces médailles ! ajouta Rodolphe. », Murger.
Médaillon Derrière (Vidocq).
- Allusion de rondeur.
MÉDECIN
Avocat (id).
- Ne soigne-t-il pas les malades à l'hôpital ? V.
ces deux mots.
- De là le mot médecine, bon conseil.
MÉDIUM
Homme qui prétend servir d'intermédiaire entre ses semblables et certains esprits
plus ou moins infernaux.
- Ses évocations sont désignées aussi par un adjectif nouveau, médianymique.
MEG, MEC
Maître. V. Chique.
- Du vieux mot Mège, chef, souverain. V. Roquefort, au mot megedux.
- Mec des mec Dieu. V. Rebâtir.
MÊLÉ
Mélange d'eau-de-vie et de cassis, ou moins souvent de toute autre liqueur. «
Aimez-vous l'eau-de-vie ? Dame ! on vend ytout du mêlé. », Vadé, 1755.
- « Coquelin, des verres de mêlé pour ces dames. », 1845, P. d'Anglemont, le
Prado.
MELON
Niais, élève de première année à l'École]e Saint-Cyr.
- « Vous êtes si melons à Châtellerault. », Labiche.
- « Qui viennent me brimer, moi, malheureux melon. », Souvenirs
de Saint-Cyr.
On dit aussi Cantaloup,
- « Ah ça ! d'où sort-il, ce cantaloup ? Sur quelle couche monsieur son papa l'a-t-il
récolté, ce jeune légume ? », Ricard.
MÊME (Mettre a)
Tromper. V. Emblème.
- On dit aussi Faire au même, Refaire au même.
MÉNESSE
Femme, maîtresse (Dict. d'Argot, 1844).
MÉQUARD
Commandant.
- Méquer Commander .
- De mec, maître.
MERCADET
Faiseur. V. ce mot.
MERDE
« Mot ignoble et grossier dont le bas peuple se sert dans un sens négatif. »,
Dhautel, 1808.
- V. Cambronne.
- Merde Homme mou, sans consistance.
- Merde alors ! Exclamation destinée à peindre une
situation critique, un accident funeste. Elle peut se traduire ainsi : Alors,
voici le moment de crier merde.
MERDEUX
« Terme injurieux qui se dit d'un poltron, d'un fat sans esprit. », 1808, Dhautel.
- « Bâton merdeux Homme qui brusque tous ceux qui
s'adressent à lui. », Id.
MERLAN
« Sobriquet donné à un perruquier à cause de la poudre qui couvre ordinairement
ses habits. » - Dhautel, 1808.
- La Peyronie est chef de perruquiers qu'on appelle merlans parce qu'ils sont
blancs. », Journal de Barbier, 1744.
Oeil de merlan frit OEil pâmé.
- « Enfin cet homme de brelan A les yeux faits comme un merlan. » - Troisième
Suite du Parlement burlesque de Pontoise, 1652.
MÉTAL
Argent.
- « Et t'as pas de métal. », Ricard.
MÉTIER
Habileté d'exécution. « Vois toutes ces esquisses
il y a de la main, du métier ; mais où est la conception, où est l'idée ? », L.
Reybaud.
Faire du métier Écrire, peindre ou sculpter dans
le seul but de gagner de l'argent et non de la gloire.
METTRE AVEC (Se)
Vivre maritalement.
- « En se mettant avec Lise, le général aurait dû nous dire
J'ai ça et ça à payer ; il ne l'a pas dit, et ce n'est pas délicat. », Ricard.
Le mettre à quelqu'un En faire accroire, tromper.
MEUBLE (Vieux)
Personne usée, incapable de service.
- « Prends garde à toi, vieux meuble, affreuse bohémienne ! », Les
Folles Nuits du Prado, 1854.
MEULARD
Veau (Vidocq). V. Pavillonner.
- Allusion au mugissement du veau.
MEZIÈRES
Bourgeois.
- Corruption du vieux mot Messires. V. Regout.
MÉZIGUE
Moi (Vidocq). V. Pavillonner.
MICHÉ
Homme payant l'amour d'une femme.
- Peut venir des vieux mots michon, sot (V. Roquefort)
ou michon, argent de poche (V. Dhautel).
- « On appelle miché Quiconque va de nuit et se glisse en cachette Chez des filles
d'amour, Barbe, Rose ou Fanchonnette. », Mérard de Saint- Just, 1764.
- Dans une Protestation des Filles de Paris, 1790,
nous lisons
« Ce pourfendeur de Mars avait bien affaire aussi de se présenter pour nous enlever
nos michés. »
- « La biche étudiante qui avait levé un michet quelconque. », 1860, les
Étudiants du Quartier latin.
On disait aussi micheton « All' me dit : Mon
fiston, Étrenne ma tirelire. Je lui réponds : Ma poule, tu m' prends pour un mich'ton.
», Le Bâtonniste à la Halle, Aubert, 1813.
Outre le miché proprement dit, il y a le miché sérieux
et le miché de carton
- 1° Le michet sérieux équivaut à l'entreteneur.
Dans un lieu de plaisir où les femmes sont nombreuses, les jeunes gens se disent
souvent, comme un mot d'ordre
Messieurs, ne parlez pas à la petite une telle, elle est
ici avec son michet sérieux. Le même individu se désigne aussi par ce mot
: Ponteur. Ce dernier mot, pris dans le vocabulaire
des jeux, vient du verbe Ponter (V. Ponter).
- 2° Le michet de carton est un jeune homme bien
élevé, qui fréquente les femmes entretenues. Il ne va jamais coucher chez elles,
sauf durant les interrègnes des michets sérieux. En tout autre cas, sa maîtresse
vient chez lui. Il ne donne que des cadeau, paie à souper, à dîner dehors, à déjeuner
chez lui. Il conduit aux courses en voitures et au théâtre en petites loges de
baignoires Il ne sort point dans la rue avec les femmes. Il les salue au bois
d'un petit geste. », Cadol.
- Il y a longtemps que le carton symbolise une apparence trompeuse. Saint-Simon
appelait déjà le duc du Maine un roi de carton, c'est-à-dire
un roi de cartes. V. Carton, Mikel.
MIDI (Il est)
Il n'est plus temps.
- Date du temps où midi était l'heure du repas, celle où cessait toute affaire.
MIE DE PAIN
Vermine (Vidocq).
- Allusion à la démangeaison causée par une mie de pain égarée.
MIETTE (Une)
Un peu.
- « Minute ! je me chauffe les pattes une miette. », Gavarni.
MIKEL
Dupe (Vidocq).
- C'est le nom de Michel dont le diminutif michon
signifiait autrefois sot. V. Roquefort.
MILORD
On donne moins ce nom aux Anglais qu'à ceux dont les largesses rappellent l'opulence
britannique. Au moyen âge, milourt avait déjà le
même sens, avec une acception plus ironique encore. C'est, comme Anglais,
un fruit de nos anciennes guerres.
- « Ce sont milourdz qui ne voulsissent point d'hostes avoir. », Cretin, Épitre
à Charles VIII.
- « Et je vous attise un beau feu au dessoubs et vous flambois mon milourt comme
on faict les harencs sorets à la cheminée. », Rabelais, Ch.,
14.
- « Le gros tailleur se dit négociant. À sa tournure il n'est pas milord russe.
», Sénéchal, Ch., 1852.
- « Être sur le boulevard de Gand, se donner un air milord.
», Ed. Lemoine.
Milord est souvent synonyme du miché
sérieux décrit plus haut. Exemple
- « Le notaire est son milord. », Balzac.
Milord Cabriolet à quatre roues.
- « On vote vingt-deux sous à Clémence pour un cabriolet milord. », Méry.
MINCE
Papier à lettres (Vidocq).
- Allusion d'épaisseur.
MINETTE
Mot d'amitié. V. Chat.
- « Oui, minette, je me calme. », De Courcy.
MINOTAURE, RISÉ
« Quand une femme est inconséquente, le mari serait, selon moi, minotaurisé. »,
Balzac,
MINUIT
Nègre (Vidocq).
- Allusion à la couleur sombre de la nuit.
MINZINGUIN
« Le roi est un bon zigue qui protège les minzinguins. », Cabassol.
- V. Mannezingue.
MIOCHE, MION
Bambin.
- Mion est un mot de langue romane (V. Roquefort)
dont mioche serait le diminutif.
- « C'est à moi que reviendra le droit d'être le parrain de tous les mioches.
», Bourget.
- V. Dardant.
MIRADOU
Miroir (Vidocq).
- Mirauder voulait dire autrefois regarder.
MIRETTE
Oeil (id).
- L'oeil est un petit miroir.
MIROBOLAMMENT
Merveilleusement.
- « A meubler mirobolamment sa maison. », Balzac.
Mirobolant Merveilleux ;
- « La cravate mirobolante. », Ed. Lemoine.
- « Je me sens d'une incapacité mirobolante. », Balzac.
MIRZALE
Boucle d'oreille (Vidocq).
- Même construction que dans cabe, combre, calvin.
Une mirzale est Mot à mot : ce qui mir-oite z'à l'oreille.
MISÉRABLE
Petit verre. V. Monsieur.
MISLOQUE
Comédie (Vidocq) .
- « Je joue la mislocq pour un fanandel en fine pégrenne. », Balzac.
MITRAILLE
Monnaie de cuivre.
- On disait autrefois mitaille. V. Roquefort.
MITRE
Cachot (Vidocq).
- Au moyen âge le mitre était le bourreau.
MOBILE
Garde mobile. De 1848 à 185O, on a dit souvent la mobile,
un mobile.
- « Qui sait comment cela eût fini si la mobile ne s'en fût mêlée. Brave mobile
! », L. Reybaud.
- À la révolution de juillet, on donnait déjà ce nom aux volontaires de la Charte.
« Pour m'engager dans la mobile j'avons quitté veste, tablier.
», Patriote Buteux, 1830.
MOKA
(Fort de)
V. Café.
MOLANCHE
Laine (Vidocq).
- Diminutif de molle.
MOLLARD
Graillon, expectoration laborieuse. Du vieux mot moller
s'efforcer. V. Roquefort.
MÔME, MOMIGNARD, MOMAQUE
Petit enfant.
- Du vieux mot momme, grimace. Les petits enfants
en font beaucoup.
- On dit encore momerie. En ce sens momaque
et momignard sont les diminutifs dont Le second seul
est pris en bonne part.
- « Les rats dont nous voulons parler sont des mômes. », Paillet.
- « Elle entre avec un enfant dans un magasin et en faisant semblant de poser
son momignard a terre. », Id.
Tire-môme, momière Sage-femme.
Momir Accoucher d'un môme.
- « Ma largue aboule de momir un momignard d'altèque qu'on trimbalera à la chique
à six plombes et mèche pour que le ratichon maquille son truc de la morgane et
de la lance. », Vidocq.
MONACOS
« Honoré V, mort de dépit en 1841, de n'avoir pu faire passer pour deux sous en
Europe ses monacos, qui ne valaient qu'un sou. », Villemot.
- V. Coller.
MONANT
Ami (Vidocq).
MONNAIE
(Plus que ça de)
Exclamation admirative équivalant à Quelle bonne fortune
!
- « Mon homme a la croix d'honneur. Pus que ça d'monnaie ! », Ricard.
MONARQUE
Roi de cartes.
- « Ou si c'est un roi qu'elle relève, elle s'écrie
Je pince le monarque. », M. Alhoy.
Monarque Pièce de monnaie.
- Allusion à l'effigie royale.
- « Il va nous donner quequ'vieux monarque pour y boire à la santé. », Gavarni.
MONOCLE
Lorgnon simple.
- « Adapte donc un monocle à l'arcade de ton oeil gauche ! », Montépin.
MONSEIGNEUR
Pince à forcer les portes.
- Jeu de mots.
- Quelle est la porte ne s'ouvrant pas lorsqu'on annonce monseigneur ?
- Si, comme l'affirme M. Fr. Michel, on a dit autrefois Monseigneur
le Dauphin et par abréviation Dauffe, nous
voyons encore là un calembour sur le dos fin de la
pince qui permet son introduction. Caroubleur. V. Caroubleur.
MONSIEUR
Entreteneur. V. Amant de coeur.
- On ne peut pas parler à mademoiselle. Et le mosieur. n'y est pas ? », Gavarni.
- « En argot de galanterie, le mot d'époux désigne
l'entreteneur ; mais il n'est pas le seul. Suivant le degré de distinction d'une
femme elle dit : Mon époux, mon homme, Mon monsieur, mon vieux , monsieur chose,
mon amant, monsieur, ou enfin monsieur un tel.
- Sauf dans la haute aristocratie où l'on dit : Monsieur
un tel, ce mot mon époux est général, il se dit dans toutes les classes.
», Cadol.
Faire le monsieur Trancher du maître, du fashionable.
- « Sa suffisance le fait haïr, il fait le monsieur. », Hilpert.
Monsieur mesure de capacité
- « Il existe de plus une certaine eau- de-vie dont le prix varie suivant la grandeur
des petits verres. Voici ce que nous lûmes sur une pancarte
Le monsieur, quatre sous ; la demoiselle, deux
sous ; le misérable, un sou. », G. de Nerval.
MONSTRE
Détestable, monstrueux, au figuré. V. Crapaud.
- « J'en ai assez de vos monstres de concerts. », P. de Kock, 1845.
Monstre Colossal.
- « Elle lui apporte un bouquet monstre. », M. Alhoy.
Monstrico Petit monstre.
- « Ce petit monstrico ! », Balzac.
MONT
Mont-de-Piété.
- Abréviation.
- « Elle tient comme qui dirait un petit mont bourgeois. elle prête sur gages
et moins cher qu'au grand mont. », Eugène Sue.
- V. Tante.
MONTANT
Pantalon.
- Le mot a été fait pour les anciennes culottes qui montaient assez haut.
- V. Tirant.
MONTMORENCY
À Paris, on appelle ainsi les cerises du nom de l'endroit où elles sont réputées.
On dit de même Montreuil pour pêche, Fontainebleau
pour raisin de treille, Valence pour orange.
- Qui n'a entendu crier
« V'là des mémorenci, trois sous la livre ! »
MOQUER COMME DE L'AN 40 (Se)
Sous-entendu, de l'an 40 de la République, c'est-à-dire d'un an qui n'arrivera
point. Expression due sans doute aux royalistes.
- « Je m'en moque comme de l'an 40 », Jaime.
MONTER LE COUP
Tromper. V. coup.
Monteur de coups Faiseur.
- « Je serai le seul monteur de coups À qui tu r'pass'ras en arrière Tes gros
sous. », Festeau.
Monter sur la table Avouer ses crimes et ceux
de ses complices (Vidocq).
- Il paraît y avoir une certaine relation d'origine entre manger
le morceau et monter sur la table.
Monter des couleurs Mentir.
- « As-tu fini ? Pour m'éprouver, tu veux monter des couleurs, belle Zaïre, mais
cela ne va pas. », Decourcelle, 1840.
MORASSE (Battre)
Crier à l'assassin. V. Battre.
MORDRE (Ne pas)
Être sans force, sans esprit ou sans talent. V. Méchant.
MORT (Faire le)
Jouer le whist à trois personnes, en découvrant le jeu d'un quatrième partenaire
imaginaire.
- « Mais nous ne sommes que trois ! je ferai le mort. », Achard.
MORGANE
Sel (Vidocq).
- De morganer. V. Momir.
Morganer Mordre (id.).
- Mot de langue romane. V. Roquefort (Mordant).
MORFILLER
Faire, manger.
- Du mot de langue romane morfier, manger. V. Du
Cange.
- Morfillante, assiette.
- « Calvi morfile sa dernière bouchée. », Balzac.
- V. Chêne, Jaspiner.
MORICAUD
Broc (Vidocq).
- Allusion à la couleur noire que lui donne le vin.
MORILLO
Chapeau à petits bords, l'opposé du bolivar. V. ce mot.
- « C'était le temps de la lutte des républiques de l'Amérique méridionale contre
le roi d'Espagne, de Bolivar contre Morillo. Les chapeaux à petits bords étaient
royalistes et se nommaient des morillos ; les libéraux portaient des chapeaux
à larges bords qui s'appelaient des bolivars. », Victor Hugo.
MORNE
Mouton (Vidocq).
- Du vieux mot moraine, laine. V. Du Cange.
MORUE
Femme abjecte.
- « Vous voyez, Françoise, ce panier de fraises qu'on vous fait trois francs ;
j'en offre un franc, moi, et la marchande m'appelle.
- Oui, madame, elle vous appelle. morue ! », Gavarni.
MOTS (Avoir des)
Échanger des reproches.
- « En rentrant du bal avec ton amant, vous avez eu des mots, et il t'a flanquée
à la porte. », Montépin.
MOUCHAILLER, MOUCHARDER
Espionner, dénoncer.
- En 1455, les gueux ou coquillards de Dijon disaient déjà mouschier
à la marine, pour dénoncer a la justice.
Mouchard, Mouche Espion de police.
- On connaît l'indiscrétion des mouches ; elles se fourrent partout.
- Dans une brochure de circonstance qui parut en 1625 (le
Marchand arrivé sur les affaires du temps), on enjoint aux cabaretiers
de frauder les droits de perception en ayant du vin chez leur voisin et n'allant
le chercher que la nuit « pour n'estre pas veuz des mouches de ce païs icy qui
valent pire que des guespes d'Orléans. », Dans ses Politiques,
Vincent Cabot (Toulouse, 1636) traite, en son chapitre II, « Des mouschards
et escouteurs desquels les princes et les républiques se servent pour sçavoir
les nouveautés et les entreprises. »
Moucharde Lune. V. Cafarde.
- « Mais bientôt la patraque au clair de la moucharde nous reluque de loin. »,
Vidocq.
MOUCHE
« Mouche, pour ceux qui ne comprendraient pas le
langage parisien, signifie mauvais. », Troubat.
- Un volume intitulé les Mystères des théâtres, par un vieux
comparse, publié en 1844, donne mouche dans le même sens. V. Toc.
Faire mouche Tirer assez juste pour que la balle
s'applatisse sur un point noir (mouche), au centre de ]a cible.
- « Elles font mouche à tout coup et tuent les hirondelles au vol. » . Second.
Tuer les mouches au vol Avoir une haleine infecte.
- Si vous aviez le pouvoir de faire croire que la soubrette tue les mouches au
vol, vous seriez joué demain. », Balzac.
- V. Couper la gueule.
Non, c'est que je me mouche, que je tousse Réponse
ironique faite à celui qui demande la cause d'un bruit ou d'une chose qu'il aurait
dû deviner ; . Dans cet exemple de Monselet
« Et maintenant regarde Comment je me mouche ! »
on fait aussi entendre à l'interlocuteur que sa pénétration est en défaut.
Ne pas se moucher du pied Agir grandement.
- Mot à mot : en personne qui sait vivre et non comme le voyou qui se mouche dans
ses doigts, pour effacer avec le pied la trace de la déjection qu'il a rejetée
a terre.
- « Mais c'est des artistes. qui ne se mouchent pas du pied. », Désaugiers.
- « Ce petit vin colorié Ne se mouche pas du pié. », J. Moineaux.
- « Quoi ! ton amour contrefait déjà l'estropié. Crois-tu que je sois femme à
me moucher du pié. », Le Rapatriage, parade, dix-
huitième siècle.
Moucher Boucher. V. Esbrouffer.
- Moucher Corriger, remettre les gens à leur place. Mot à mot : éteindre
leur insolence.
- Moucher Tuer, c'est-à-dire éteindre la flamme
de la vie.
- « Aussi ne se passait-il guère d'heures qu'il n'y eût quelqu'un de mouché.
», Mém. de Sully, seizième
siècle.
- « Je l'enfile par un coup droit. Encore un de mouché. », Randon.
- Du vieux mot muchier, cacher, couvrir. V.
Roquefort.
MOUCHERON
Enfant.
- « La portière et son moucheron. », Léonard, parodie,
1863.
MOUCHETTES (Des)
Non.
- « Tu m'as volé ! tu vas rendre !
- Des mouchettes. », Léonard, id.
MOUILLANTE
Soupe (Vidocq).
- Mouillante Morue.
- On sait que la morue trempe ordinairement dans des baquets d'eau.
MOULE DE GANT
Soufflet.
- La main est un moule de gant.
- « Ne faut pas avoir un air, sans ça j'te repasse un moule de gants qui ne t'en
restera pas une dent. », 1844, Cat. poissard.
- « Je lui donnai sur sa face un moule de gant. », Rétif, 1783.
MOUSSE
Excrément.
- On s'injurie fréquemment dans le peuple par ces mots : Vent
et mousse pour toi !
Mouscailler Aller à la garde-robe (Vidocq).
- De mousse.
Faire mousser Louer immodérément.
- « Celui-ci commande de longs articles dans lesquels il faut faire mousser les
modistes en dix lignes. », Roqueplan. », Mousser
Écumer de rage.
- « Ne moussez donc pas comme ça. », Labiche.
- Mousseux Faisant de l'effet redondant.
- « J'estime et j'honore celui qui est un peu mousseux dans sa façon de parler.
», La Bédollière.
MOUTON
« En prison, le mouton est un mouchard qui parait être sous le poids d'une méchante
affaire et dont l'habileté consiste à se faire prendre pour un ami. », Balzac.
- Allusion ironique à la fausse candeur de ces compères.
- Moutonner Dénoncer. V. Coqueur.
MOYAMBINE
V. Panama.
MUETTE
Conscience (Vidocq).
- Mot inventé pour les hommes qui n'ont pas de conscience.
Muette Exercice dans lequel, par espièglerie ou
par antipathie pour un chef, les élèves de Saint-Cyr ne font pas résonner leurs
fusils.
- « Lorsque vient le tour de commandement d'un gradé ou d'un chef détesté, on
convient de lui donner une muette. », De la Barre.
MUFLE, MUFFE, FETON
Homme mal élevé, grossier.
- Allusion au mufle d'un animal.
- « Eh ! dis donc, la belle blonde, tu vas quitter ces deux muffles et t'en venir
avec moi. », Eugène Sue.
- « Vois-tu, muffeton ? lui disait la dame. », G. de Nerval.
- V. Balancer.
MUSARDINE
Habitué femelle des Concerts-Musards, de 1858 à 1860.
- « On dit une musardine, comme jadis on disait une lorette. - A. Second.
MUSETTE
V. Piper, Couper.
MUSICIEN
Dénonciateur.
- Allusion au bruit de la musique. V. Coqueur.
Musiciens Haricots.
- Allusion au bruit des vents qu'ils forment dans les entrailles.
NAGEOIR
Poisson (Vidocq) .
Nageoire Favori large s'écartant de la joue comme
une nageoire de poisson.
- « L'ampleur de ses favoris qu'il persiste à appeler des nageoires. », M. Saint-Hilaire.
NATURALIBUS (In)
Dans l'état de nature, nu.
- « Mon Joseph eut avec elle un tête-à-tête in naturalibus.
», Beaufort, Elle et Moi, Troyes, an VIII.
- « L'autre regardant à l'horizon in naturalibus. », Commerson.
NAVETS (Des)
Non.
- « Est-ce que j'en suis ?
- Toi, mon bonhomme, beaucoup de navets ! », Montépin.
- « M'exposer à Saint-Lazare pour ça. Des navets ! », Jaime.
NAZE, NAZICOT, NAZARET
Nez.
- Mot de langue romande. V. Dariole.
NÈFLES (Des)
Même signification.
- « Souper avec vous, des nèfles ! Les panés, il n'en faut pas. », Les
Cocottes, 1864.
NÉGOCIANT
« Allons nous promener, faisons les négociants.
- Terme suprême du matelot pour exprimer un homme qui n'a rien à faire. », Phys.
du Matelot, 1843.
NÉGRESSE
Paquet couvert de toile cirée (Vidocq, 1837).
- La toile est noire.
Négresse Punaise.
- « Je sentis bien, quand nous étions couchés, Qu'i ne manquait pas de négresses,
Et même de grenadiers. », Lecart, Ch., 1851.
- Allusion à la couleur foncée de la punaise. Quant aux grenadiers, qui représentent
les poux de la plus forte taille, il faut se rappeler qu'on appelle grenadiers
des soldats d'élite et garnison la vermine qui couvre
une tête. Les gros poux sont donc les grenadiers de la garnison.
NÉNAIS, NÉNET
Sein.
- « Tenez, mon coeur, voilà le corset, ajustez-moi ça sur mes nenets. », Ricard.
- « Petite maman s'est fait des nénais avec du coton. », Gavarni.
NÉO-CATHOLIQUE, NÉO
« Je passai ensuite en revue les diverses sectes de néo-chrétiens dont Paris était
inondé. Il y avait les néo-chrétiens du journal l'Avenir,
les néo-chrétiens de M. Gustave Drouineau, les néo catholiques et une foule d'autres,
tous possédant le dernier mot du problème social et religieux. », L. Reybaud,
1843.
NEP
Voleur brocantant de fausses décorations (Vidocq).
NETTOYER
Ruiner, voler. V. Lavage.
NEZ
Par une opposition singulière, avoir le nez long
et avoir le nez camus ont également signifie Être
désappointé dans le langage familier. En voici un exemple
« Madame la grosse bourgeoise. Alors se trouva bien camuse De voir que elle eut
un demy pied de nez. », Paris, 1649, Nocturne Enlèvement
du Roi.
NEZ (Faire son)
Montrer son désappointement.
- « Nous nous sommes payé le billard, j'en ai rendu vingt-cinq de trente à Lahure,
qui faisait un nez aussi long que sa queue de billard. », Voizo, Ch.
Se rougir, se piquer le nez S'enivrer.
- Un nez piqué rougit, et on sait qu'un nez rouge pronostique souvent l'ivresse.
- « Elle prend sa volée Pour se rougir le nez. De la Californie elle revient pompette.
» Chansons, Guéret, 1851. « Qui ne s'est pas piqué
le nez une pauvre fois dans sa vie ? », Grévin.
Nez qui a coûté cher à mettre en couleur Nez dont
la teinte rubiconde atteste que son porteur a payé plus d'une bouteille.
Avoir dans le nez Détester quelqu'un.
- Mot à mot : être infecté par ses actes, par ses manières.
- C'est ainsi qu'on appelle puant un homme qu'on
ne peut supporter. V. Macaron.
Saigner du nez Rester sans combattre.
- Mot à mot : saigner du nez au lieu de saigner du bras.
- « Sa grande colère de voir que les sans- culottes saignent du nez quand il faut
frapper. », 1793, Hébert.
Se casser le nez Trouver porte close.
NIBERGUE, NIENTE
Rien.
- Ce dernier est un mot de langue romane. V. Roquefort.
- La négation Bernique paraît avoir fourni un anagramme
dans Nibergue. V. Litrer.
NICODÈME, NICDOUILLE, NIGAUDINOS
Nigaud. Le dernier mot vient du nom d'un personnage du Pied
de Mouton, féerie de Martinville, 1806.
- « Vous vous êtes en allé fâché, désespéré, nigaudinos. », Balzac.
- « Tais-toi donc, nicdouille. », Phys. du Matelot,
1843.
- « Va t'en, grand nicodème, avec ton air dindon. », Decourcelle, 1832.
NINI, C'EST FINI
Formule négative, dont on épelle pour ainsi dire le premier mot.
- « Ne me parlez plus de rien. , n, i, ni, fini. €,
- Rousseliana, 1805.
- « N, i, n, i, c'est fini, plus de Malvina. », L. Reybaud.
NINI, NINICHE
Mot d'amitié. Diminutif d'Eugénie.
- « Quand maman aime bien petit papa, elle appelle petit papa ma niniche. », Gavarni.
NIOLLE, NIOLLEUR
« Un niolle est un chapeau d'homme retapé. Les niolleurs sont les marchands de
vieux chapeaux. », Mornand.
NIORT (Aller à)
Nier.
- Jeu de mots.
- « Je vois bien qu'il n'y a pas moyen d'aller à Niort. », Canler.
- V. Flacul.
NISCO, NIX
Non.
- Nisco est un diminutif du vieux mot nis
pas un. V. Roquefort.
- Nix est un germanisme.
- « Nisco, mon Jésus. », Festeau.
- « Fût-il un phénix, Nix. », Désaugiers.
NOCE
Débauche.
- Allusion aux excès qui accompagnent les noces de campagne.
- « V'là deux jours que je fais la noce. », H. Monnier.
- « Pour y refaire leur santé délabrée par la noce. », De Lynol.
NOCER
Faire la noce.
- « Est-ce que tu as nocé aujourd'hui ?
- Nocé ! ah bien oui ! », Eugène Sue.
Être de la noce Avoir de l'argent, c'est-à-dire
les moyens de faire la noce.
- N'être pas à la noce Être dans une position critique.
- « Il y a eu un moment où je n'étais pas à la noce. », Eugène Sue.
- Noceur Débauché.
- « Ce grand noceur de Louis XV. », La Bédollière.
- « Chaque aimable danseur m'appelle la noceuse. La noce est mon bonheur. », Aubry,
1842.
NOEUD (Filer son)
Partir. Terme de marine.
- « Viens-tu ! ou je file mon noeud. », H. Monnier.
NOIR
Café.
- Allusion de couleur.
- « Je paie le noir et je m'enfile de douze sous. », Monselet.
NOM D'UN !
Nom d'un nom ! Nom d'une pipe ! Nom d'un petit bonhomme ! nom d'un tonnerre !
- Jurons innocents chargés d'exprimer la colère, la surprise ou l'admiration.
- « 86,000 fr. par an ! Nom d'un petit bonhomme ! c'est joli. », L. Reybaud.
- Nom d'un petit bonhomme est une allusion aux statuettes
qui représentent le Christ.
- « Nom d'une pipe ! si vous m'approchez. », Mélesville, 1830.
NONNE (Faire)
Faire un attroupement simulé pour aider à un vol (Vidocq).
- Mot à mot : faire le neuvième.
- Du vieux mot nonne. V. Roquefort.
Nonneur Compère de voleur à la tire.
NOURRIR
Préparer de longue main.
- « Ce garçon qui devait avoir nourri ce poupon (complotté ce crime) pendant un
mois. », Balzac.
Nourrisseur
« Les nourrisseurs préparent et nourrissent une affaire
; ils savent le moment où le rentier touche sa rente et les jours de rentrée du
négociant ; ils étudient la maison et les habitudes des gens qu'ils veulent faire
voler. » A. Monnier.
- V. Cambriolleur.
NOYAUX
les pièces de monnaie.
- Du vieux mot noiau
bouton d'habit. V. Roquefort.
- « Le sacré violon qu'avait joué faux, Voulut me demander les noyaux. », Vadé,
1760.
- « Tu jouis des noyaux du défunt banqu'rout'mard. », Festeau.
NUMÉRO UN, PREMIER NUMÉRO
Premier par ordre de mérite.
- « C'est de la folie à l'état de numéro un. », Janin.
- « Une lanterne premier numéro et d'un tel reflet qu'on dirait un phare. », Deslys.
- Voir La
Lanterne
Bon numéro « Deux papas très-bien, ce sont deux
papas d'un bon numéro. Comprenez-vous ?
- Pas trop.
- Deux pères parfaitement ridicules en leur genre. », Th. Gautier.
Aller au numéro cent Se rendre aux lieux d'aisance.
- Calembour. C'est le numéro qui sent le plus.
Connaître le numéro de quelqu'un Être fixé sur
sa valeur morale.
- « Je sais d'où tu viens, je sais par où tu as passé, je connais tous tes numéros.
», Ces Dames, 1860.
Numéro sept Crochet de chiffonnier.
- Allusion de forme.
OBÉLISCAL
Merveilleux.
- Date du transport de l'obélisque de la place de la Concorde.
- « Admirable ! pyramidal ! obéliscal ! », 1845, Almanach
de la Polka.
OBJET
Amante, objet de la flamme amoureuse.
- « Il apprend que le cher père A cloîtré son objet. » Désaugiers.
- « Quand on aime, on aime tout de son objet. », Balzac.
OCCASE
Occasion.
- « Deux francs cinquante de bénef, profitez de l'occase.
- A. Second.
D'occasion De mince valeur.
- Allusion.
- On dit : une vertu, un héros d'occasion.
- « Ces Desgrieux de carton, ces Lucien de Rubempré d'occasion. », Delvau.
- « Maria, qui se case, Au mois, Fait sa tête d'occase, Parfois.
- Ce couplet, extrait du Prado, de P. d'Anglemont,
1846, peut se traduire ainsi en langue vulgaire
Maria, à laquelle un amant paie chaque mois son entretien, fait parfois sa tête
d'occasion, c'est-à-dire sans avoir de quoi légitimer cet orgueil.
OCRÉA
Soulier. Les élèves de l'École de Saint-Cyr font seuls cet emprunt au grec.
- « Le pauvre Saint Cyrien portant des ocréas. », Souvenirs
de Saint-Cyr.
OEIL
Crédit.
- Noté comme terme d'argot dans le Dictionnaire du Cartouche de Grandval, 1827.
- « Je vous offre ]e vin blanc chez Toitot ;
- j'ai l'oeil. », Chenu.
- « La mère Bricherie n'entend pas raillerie à l'article du crédit. Plutôt que
de faire deux sous d'oeil, elle préférerait, etc. », P . d'Anglemont.
- « En m'achetant à l'oeil, ma plus belle marée. », Ricard.
- Ouvrir l'oeil Accorder du crédit.
- « La fruitière n'a jamais voulu ouvrir d'oeil
elle dit qu'elle a déjà perdu avec des artistes. » Champfleury.
- Fermer l'oeil Ne plus vouloir accorder de crédit.
- Donner dans l'oeil Plaire, fasciner.
- « Ma personne avait peine à te donner dans l'oeil. », Le
Rapatriage, dix-huitième siècle.
- Avoir de l'oeil, Tirer l'oeil Produire de l'effet.
- Terme d'impression. On dit aussi en parlant d'un tableau à effet qu'il a
de l'oeil.
- « La chose a de l'oeil. C'est léger, mais c'est trop léger.
- A. Scholl.
- « Aux provinciaux que l'oeil de son ouvrage a attirés chez lui. », P. Borel.
- Faire l'oeil , « le faiseur
d'oeil n'a pas de prétention positive. Il promène sur toutes les femmes
son regard de vautour amoureux ; il a toujours l'air d'un Européen lâché au milieu
d'un sérail. Pourtant aucune femme n'est le point de mire de cette fusillade de
regards. C'est au sexe entier qu'il en veut. Il fait l'oeil, et voilà tout. »,
Roqueplan.
- V. Américain.
- Ouvrir l'oeil Sur veiller attentivement.
- Se battre l'oeil, la paupière Se moquer.
- « Gilles. Ah ! fussiez-vous elle !
- Isabelle. Ton maître s'en bat l'oeil. », le
Rapatriage, parade, dix-huitième siècle.
- « Que Condé soit trompé par le duc d'Anjou, je m'en bats l'oeil ! », A. Dumas.
- Mon oeil ! Synonyme de Des
fadeurs ! Des navets ! V. ces mots.
- « Quand le démonstrateur expose la formation des bancs de charbon de terre,
mon voisin s'écrie avec un atticisme parfait
Oui ! mon oeil ! Au système du soulèvement des montagnes,
il répond triomphalement
« Oui ! Garibaldi ! », E. Villetard.
- Cette expression est typique. Dès qu'une chose est à la mode au point d'accaparer
toutes les conversations, les Parisiens procèdent eux-mêmes contre leur engouement,
et font de son objet une dénégation railleuse essentiellement variable. C'est
ainsi qu'après les événements d'Italie, on a dit
Oui ! Garibaldi !
- Auparavant, on disait
Oui ! les lanciers ! parce que cette danse avait
envahi les salons.
- Taper de l'oeil « Dormir profondément. », Dhautel,
1808.
- « Monsieur, faites pas tant de bruit, je vais taper de l'oeil. », Vidal. 1833.
- « Si nous tapions de l'oeil ? Ma foi ! j'ai sommeil. », L. Gozlan.
- Tourner, tortiller de l'oeil Mourir. V. Dhautel,
1808.
- « J'aime mieux tourner la salade que de tourner de l'oeil.
», Commerson.
- « J'voudrais ben m'en aller, dit le pot de terre en râlant. Bonsoir, voisin,
tu peux tortiller de l'oeil. », Thuillier, Ch.
- Pas plus que dans mon oeil. V. Braise.
- Oeil de verre Lorgnon.
- « Ces mirliflors aux escarpins vernis, Aux yeux de verre. », Festeau.
- Quart d'oeil Commissaire de police.
OEUF (Plein comme un)
Soul.
- Casser son oeuf
Faire une fausse couche.
OGRE
Agent de remplacement. Allusion à leur trafic de chair humaine.
- Ogre Usurier.
- Ogresse Marchande à la toilette (Vidocq).
- Allusion à leur avidité.
- Ogre, « Les chiffonniers donnent ce nom à celui
qui leur achète le produit de leurs recherches nocturnes, en détail et par hottes,
pour les revendre en gros, après un triage minutieux et intelligent. Ordinairement,
on ne devient ogre qu'après avoir passé par tous
les degrés de l'état de chiffonnier. Il fut un temps, il est vrai, où ce nom était
synonyme d'exploiteur et même de receleur. Dans ce but, l'ogre
possédait à côté de son établissement d'achat de chiffons un débit de liqueurs
qu'il faisait gérer par un affidé ou un compère ; il y recevait clandestinement
des malfaiteurs qui apportaient là les produits de leurs rapines. », Castillon.
OIGNON
Montre (Vidocq).
- Allusion de forme.
- Aux petits oignons Très-bien.
- On sait combien le peuple aime ce légume.
- On dit par abréviation
Aux petits oignes ! - V. Aux pommes.
- Il y a de l'oignon Il y a du grabuge.
- Allusion aux pleurs que l'oignon fait verser. « S'prend' debec c'est la mode,
Et souvent il y a de l'oignon.
- Dupeuty.
OISEAUX (AUX)
Très-bien
- Il est meublé aux oiseaux. », Balzac.
- « Pour exprimer qu'un homme est très-bien fait, qu'une femme est très- belle,
on dit qu'ils sont aux oiseaux. », l808, Dhautel.
Oiseau Triste personnage. V. Dhautel.
- « Minute ! quel est c't oiseau-là ? », Léonard,
parodie, 1863.
- Oiseau fatal
Corbeau (Vidocq).
- On sait que le corbeau est pour le peuple un mauvais présage.
OMBRE (Mettre à l')
Tuer.
- « Ici Vautrin se leva, se mit en garde et fit le mouvement d'un maître d'armes
qui se fend.
- Et à l'ombre ! ajouta-t-il. », Balzac.
À l'ombre En prison.
- Le soleil n'y donne guère.
- « Quand on aura mis à l'ombre tous les Jean-foutres. », 1793, Hébert.
- V. Brûler.
OMELETTE
Mystification militaire en usage à Saint- Cyr.
- « Voici en quoi consiste le supplice de l'omelette
Au milieu de votre sommeil quatre vigoureux anciens saisissent votre lit et le
retournent comme une omelette. », R. de la Barre.
- L'omelette de sac consiste à bouleverser le havre-sac
de celui qu'on veut ennuyer.
OMNIBUS
Prostituée, femme se donnant à tous.
- « On y remarque aussi quelques femmes jeunes encore, pauvres beautés omnibus.
», La Maison du Lapin blanc, typ. Appert.
Omnibus de coni Corbillard (Vidocq).
- Mot à mot : voiture de mort.
- Omnibus rappelle que tous doivent faire un jour
le voyage.
ONCLE
« OU prendras-tu de l'argent ? dit elle.
- Chez mon oncle, répondit Raoul.
- Florine connaissait l'oncle de Raoul. Ce mot symbolisait l'usure, comme dans
la langue populaire ma tante signifie le prêt sur
gage. », Balzac.
ORANGE
« La pomme de terre est aussitôt saluée par l'argot d'orange à cochons. », Balzac.
OREILLARD
Âne (Vidocq).
- Allusion d'oreilles.
ORLÉANS
vinaigre (id.).
- Orléans est la patrie du vinaigre.
ORNIE
Poule (id.).
- Du grec ornis.
- Ornichon Poulet.
- Ornion Chapon.
- Ornie de balle Poule d'Inde.
ORPHELIN
Orfèvre (Vidocq).
- Corruption du même mot.
Les Orphelins de muraille sont des factionnaires.
V. ce mot.
- L'abandon de leurs auteurs leur a fait donner ce nom.
- Orphelins « C'est sous ce nom que l'on veut dire
en argot une bande de voleurs. », A. Durantin .
ORTEIL (Chelinguer de l')
Sentir mauvais des pieds.
OS
« Dans la langue populaire parisienne, on appelle os
le numéraire. », Mornand.
- « Il faut cependant que je lui donne de l'os. », Lynol.
- Pourquoi ne dirait-on pas au figure, de l'os, comme
on dit du nerf, pour désigner aussi l'argent ?
OUICHE
Oui, pris dans un sens ironique.
- « Croyez vous qu'il viendra me chercher ?
- Ah bien ! ouiche ! », About.
OURS
Homme d'humeur brusque et sauvage.
Ours « Ancien compagnon pressier que, dans leur
argot typographique, les ouvriers chargés d'assembler les lettres appellent un
Ours. Le mouvement de va-et-vient qui ressemble assez
à celui d'un ours en cage, par lequel les pressiers se portent de l'encrier à
la presse, leur a valu sans doute ce sobriquet. », Balzac.
- Richelet et Dhautel ont donné ce mot : Ours Salle
de police.
- « Je fus passer deux jours dans un lieu ténébreux qu'on appelle l'Ours. », Souvenirs
de Saint-Cyr.
Ours « Tout le monde se souvient de cette farce
désopilante appelée l'Ours et le Pacha. Le père Brunet
représentait le pacha blasé qui veut qu'on l'amuse ; Odry jouait le montreur de
bêtes, répétant à tout propos « Prenez mon ours !
» Ces trois mots obtinrent une telle vogue au théâtre, que les directeurs à l'aspect
d un auteur qui tenait un manuscrit, lui disaient de loin
Vous voulez m'amuser, vous m'apportez votre ours.
- C'est une pièce charmante faite pour votre théâtre, répondait l'auteur.
- C'est bien ce que je pensais, prenez mon ours !
- Depuis ce temps, l'ours est un vaudeville où un mélodrame qui a vieilli dans
les cartons. », J. Duflot.
Envoyer à l'ours Envoyer promener.
- Mot à mot : envoyer voir l'ours du Jardin des Plantes, où se rendent d'ordinaire
beaucoup de flâneurs.
Ourson Bonnet à poil d'ours.
- « J'allais me coiffer de l'ourson dévolu aux voltigeurs. », L. Reybaud.
OUTILS
Instruments de voleur. V. Vague.
Outil de besoin Mauvais souteneur (Bailly).
Ouvrage Vol.
- Ouvrier Voleur (Vidocq).
P (il y a du)
Il y a du danger, la police est proche (Dict. d'argot,
1844).
- On a probablement pris la première lettre du mot Police.
- Faire le P Faire mauvaise mine (Grandval, 1827).
PACQUELIN, LINAGE, LINEUR, LINER
Ces quatre mots répondent en argot à Pays, Voyage, Voyageur
et Voyager (Vidocq).
- On trouve dans Bailly les formes Paclin, Patelin, Pasquelin.
PAF
Ivre. Abréviation de Paffé.
- « Vous avez été joliment paf hier. », Balzac.
Paffer, empaffer Enivrer.
- « Au milieu de cette plèbe bariolée qui se paffe de vin bleu. », Delvau.
- « Nous allons à la Courtille nous fourrer du vin sous le nez, quand nous sommes
bien empaffés. », Vidal, 183# Viennent de Paf qui
représentait au dix-huitième siècle la goutte d'aujourd'hui
; comme elle, paf s'appliquait surtout à l'eau- de-vie.
En voici de nombreux exemples.
- « Viens plutôt d'amitié boire nous trois un coup de paffe. », Vadé, 1758.
- « Voulez-vous boire une goutte de paf.
- J'voulons bien.
- Saint-Jean, va nous chercher d'misequier d'rogome. », 1756, l'Écluse.
- « Il m'proposit le paf. Ça me parlit au coeur si bien, que j'y allis. dans une
tabagie de la rue des Boucheries, où que j'bure du ratafia après le coco. », Rétif,
177e, Contemp., 1783.
- Il doit y avoir parenté entre le paf du dix-huitième
siècle et l'eau d'aff de l'argot moderne.
- « Tu vas me payer l'eau d'aff ou je te fais danser. », Eugène Sue.
PAFFE
Soulier. V. Gouêpeur, Empaffe.
- Dans le dictionnaire du Cartouche de 1827, nous
trouvons
Passans, passifs Souliers.
- Le second mot est un diminutif. Le premier semble faire allusion à la mission
voyageuse du soulier. Paffe ne serait-il pas une abréviations de passif
?
PAGNE
Secours envoyé à un détenu par un ami. (Vidocq) .
PAILLASSE
Caméléon politique.
- Allusion à la chanson de Béranger
Paillass', mon ami, N'saut' pas à demi, Saute pour tout le monde, etc. De là aussi
est venu le synonyme de sauteur.
Paillasse Ventre.
- La paille s'en échappe comme les intestins.
- « Il s'est fait crever la paillasse, il s'est fait tuer. », Dhautel. 1808.
Paillasse de corps-de-garde Prostituée de dernier
ordre. Comme les paillasses de corps-de-garde, elles changent continuellement
de coucheurs.
De là, le nom de Paillasson donné aux hommes
qui fréquentent les filles publiques, sans néanmoins être leurs souteneurs.
- « Chaque soir sur l'boul'vart, ma p'tite femm' fait son trimar. Mais, si el's'porte
s'l'paillasson, J'lui coup'la respiration. J'suis poisson. », Ancienne
chanson d'argot.
PAILLE
Dentelle (Vidocq).
- Allusion à sa légèreté.
Paille au cul (Avoir la)
Être mis à la réforme. On sait qu'on expose, après y avoir attaché un bouchon
de paille, les objets dont on veut se défaire isolément.
- « La paille au cul, repassez la frontière, Cafards Bourbons. », La
Paille au cul, ch., 1832.
Paille de fer Dans le récit d'un combat, H. Monnier
fait dire à un vieux sergent
« À toi, à moi la paille de fer. », Allusion singulièrement pittoresque au hasard
qui expose chaque combattant à un coup mortel. N'est-ce pas un vrai jeu de courte-paille
?
- Seulement, les fétus sont des pointes meurtrières.
Homme de paille Homme étranger aux choses accomplies
sous la responsabilité de son nom.
PAILLON
Cuivre (Vidocq).
- Allusion de couleur.
PAIN ? (Et du)
As-tu ou Ai-je de quoi manger ?
- Donnez des conseils à un malheureux affamé, il vous ramène à la question par
ces mots qui en résument toute l'immédiativité
Et du pain ?
- Gavarni montre un masque abordant avec ces mots un domino femelle, qui l'attend,
binocle sur les yeux
« Pus qu'ça de lorgnon. Et du pain ? », La question déchire d'un seul coup les
faux dehors de cette femme élégante qui n'a peut-être pas dîné pour acheter des
gants.
Faire passer le goût du pain Tuer. On trouve Perdre
le goût du pain (Mourir) dans le Dictionnaire comique
de Leroux. V. Claquer.
- « Tous les jean-f. . qui voulaient faire perdre le goût du pain aux braves montagnards.
», 1793, Hébert.
- « V'là la guillotine qui se met à jouer. On enlève le goût du pain au monde.
», H. Monnier.
PALLAS (Faire)
Faire des façons, des embarras.
- L'argot paraît s'être piqué là de certaines connaissances mythologiques, car
Minerve faisait parfois la renchérie.
- « Au pré finira ton histoire, et là l'on n'y fait plus pallas. », Vidocq.
PALLOT
Paysan (Vidocq).
- Au moyen âge, palot signifiait bêche.
V. Roquefort.
PALPER
Toucher de l'argent (Dhautel, 1808).
PALPITANT
Coeur ému. V. Coquer, Battant.
PANA, PANAILLEUX
« Vieux pana se dit d'un homme avare, Laid et âgé,
qui se laisse difficilement ruiner par les lorettes. Les panas
s'emploient dans le Dictionnaire de la Curiosité
comme exemple de tessons, de loques, de débris de toutes sortes, et ceux qui les
vendent sont des panailleux. », Champfleury.
- Pana est une forme de panné.
- Panailleux viendrait plutôt du vieux mot penaille
guenille.
PANADE
Sans consistance.
- Allusion à la soupe de ce nom.
- « Notre gouvernement est joliment panade ! », Ricard.
Panade Chose sans valeur (Vidocq).
- De Panne.
PANAMA
Chapeau tressé avec des joncs que nos fabriques vont chercher à Panama.
- « J'ai dû chanter contre la crinoline et m'égayer aux frais du panama. », J.
Choux.
- De 1858 à 1860, le panama fut à la mode. Une société dite des Moyabambines
se forma pour l'exploiter, ce qu'il faut savoir pour comprendre cet exemple
« Que de coquins coiffés de moyambines (sic). »,
Id.
PANIER
Voiture basse en osier, à la mode vers 1860.
- « Ange ! tu m'as transporté. Si une calvitie invétérée ne te fait pas peur,
je suis homme à mettre à tes pieds un panier en pur osier. », Les
Pieds qui r'muent, 1864.
Panier à salade « Geôle roulante appelée par le
peuple dans son langage énergique des paniers à salade.
Voiture à caisse jaune montée sur deux roues et divisée en deux compartiments
séparés par une grille en fer treillissé. Ce surnom de panier à salade vient de
ce que primitivement la voiture étant à claire-voie de tous les côtés, les prisonniers
devaient y être secoués absolument comme des salades. », Balzac.
Panier à deux anses V. Anses.
PANNE
Misère.
- « Il est dans la panne et la maladie. », Ricard.
Panné Misérable.
- « Ça marche sur ses tiges, ben sûr ! Pas pus de
braise que dans mon oeil. Ohé ! panné ! panné ! », Ricard.
- Du vieux verbe pannir
priver, retrancher, voler. V. Roquefort.
PANOUFLE
Perruque (Vidocq).
- Du vieux mot panufle, guenille. V. Du Cange.
PANTE, PANTRE, PANTINOIS
Bourgeois bon à exploiter ou à voler.
- Pante et Pantre sont
des formes abrégées de Pantinois et Pantruchois, c'est-à-dire
bourgeois de Pantin ou Pantruche
(Paris). On sait que la grande ville est pour les voleurs un séjour de prédilection.
- « J'ai reniflé des pantes rupins. », Paillet.
- V. Lever.
PANTIN
« Pantin, c'est le Paris obscur, quelques-uns disaient le Paris canaille, mais
ce dernier s'appelle en argot, Pantruche. », G. de
Nerval .
- Cette définition manque de justesse. Pantin est
Paris tout entier, laid ou beau, riche ou obscur.
- étymologie incertaine. Peut- être le peuple a-t-il donné à Paris, par un caprice
ironique, le nom d'un village de sa banlieue (Pantin).
- V. Pré.
Dans le goût de Pantin À la mode de Paris, et,
par extension, très- bien.
- « Là ! v'là qu'est arrangé dans le goût de Pantin. », Zombach, Chansons.
PANTOUFLE (Et coetera)
Injure peu traduisible. Pour la comprendre, il faut savoir qu'on appelle aussi
c-n pantoufle un homme nul, sans énergie, qui n'a
rien de viril.
- « L'animal le traitait alors de fainéant, de poule mouillée et d'et coetera
pantoufle. », L. Desnoyer.
- « Et coetera pantoufle
Quolibet dont on se sert lorsqu'un ouvrage pénible et ennuyeux vient à être terminé.
», Dhautel, 1808.
PANTURNE
Fille de mauvaises moeurs.
- Grandval.
PAPA (À la)
Supérieurement.
- Le père est maître au logis.
- « On nous aura requinqués à la papa. Tu riras là mais j'dis à la papa. Ou sinon
d'ça j'te brosse à la papa. », Le Casse-Gueule. ch.,
184l.
- « Il va nous juger ça à la papa. », Désaugiers, 1813.
PAPE (Soldat du)
Mauvais soldat.
- « Soldats du pape, méchantes troupes. Machiavel
a dit que les compagnies de l'église sont le déshonneur de la gendarmerie. »,
Le Duchat, 1738.
- Le terme remonterait donc au seizième siècle.
- « Vous êtes bien des soldats du pape. Est-ce que par hasard un jupon vous ferait
peur ? », L. Reybaud.
PAPELARD
Papier (Vidocq). Corruption de mot.
PAPILLON
Blanchisseur (id.).
- Comme le papillon, il arrive de la campagne, et ses ailes blanches sont représentées
par les paquets de linge qu'il porte sur le dos.
Papillonneur Voleur exploitant les voitures des
blanchisseurs qui apportent le linge à Paris (id.).
PAQUECIN
« Ne faut-il pas que baluchons et pacquecins
(paquets) disparaissent subitement comme dans une féerie ? Personne n'égale le
cambrioleur dans l'art de déménager sans bruit. », A. Monnier.
PAQUETS (Faire des)
Médire, Tricher en interpolant des cartes préparées dans son jeu.
PARADE (Défiler la)
Mourir.
- « Alors tout l'monde défile à c'te parade d'où l'on ne revient pas sur ses pieds.
», Balzac.
PARADIS (Porter en)
« Vous voulez parler du coup de poing.
- Oui ; oh ! Le beau jeune homme ne portera pas cela en paradis, allez ! », Ricard.
- C'est-à-dire
Il me le paiera avant sa mort.
PARALANCE
Parapluie. V. Lance.
PARISIEN
Matelot indiscipliné et négligent.
- « Ah ! millenoms ! faut-il être Parisien ! j'ai oublié l'ampoulette ! », Phys.
du Matelot, 1843.
PARLER PAPIER
Écrire.
- « C'est lui qui parle papier pour moi à mon oncle. », Vidal, 1833.
PARLOTTE
Lieu où l'on commère.
- « La Chambre des députés n'est plus qu'une buvette, un cercle, une parlotte.
», Alph. Karr.
PAROISSIEN
Individu.
- « Que de paroissiens fameux dont il ne serait plus question par ici, si un homme
de talent n'était là pour leur y tailler une couronne de n'importe quoi sur la
mémoire ! », Gavarni .
PARRAIN
Témoin.
- Allusion à la fonction du parrainage qui consiste à donner votre nom, à faire
constater votre identité.
- Parrain fargueur Témoin à charge.
- Parrain d'alfèque Témoin à décharge.
- « Des parrains aboulés dans le burlin du quart d'oeil ont bonni qu'ils reconobraient
ma frime pour l'avoir allumée sur la placarde du fourmillon, au moment du grinchissage.
», Vidocq.
- V. Estourbir.
PARTERRE (Prendre un billet de)
Tomber.
- Calembour.
PARTI
Ivre, endormi.
- « Allons, les voilà partis, dit Vautrin en remuant la tête du père Goriot et
celle d'Eugène. », Balzac.
PARTICULIER
Individu. Pris souvent en mauvaise part.
- « Ah ça ! mais vous êtes donc un particulier dépourvu de toute espèce de délicatesse.
», L. Reybaud.
PARTICULIÈRE
Fille suspecte.
- « Les mauvaises têtes du quartier qui tiraient la savate pour les particulières
de la rue d'Angoulême. », Ricard.
- « Voilà qu'un mouchard m'amène une particulière assez gentille. », Vidal, 1833.
Particulière Maîtresse.
- « Ce terme, si trivial en apparence, appartient à la galanterie la plus raffinée
et remonte aux bergers du Lignon. On lit à chaque instant dans l'Astrée
Particulariser une dame, en faire sa particulière dame, pour lui adresser
ses hommages. Ces locutions ont sans doute été transmises par le Secrétaire
des amants à nos soldats, qui n'ont fait que les abréger. », Laveaux.
Dans l'armée, particulier et particulière
sont synonymes de bourgeois et bourgeoise.
PARTIES
« La fille à parties n'est qu'une prostituée en carte ou isolée, mais avec plus
de formes. Si elle se fait suivre par sa tournure élégante ou par un coup d'oeil
furtif, on la voit suivant son chemin, les yeux baissés, le maintien modeste ;
rien ne décèle sa vie déréglée. Elle s'arrête à la porte d'une maison ordinairement
de belle apparence ; là, elle attend son monsieur, elle s'explique ouvertement
avec lui, et s'il entre dans ses vues, il est introduit dans un appartement élégant
ou même riche, où l'on ne rencontre ordinairement que la dame de la maison. »,
F. Bérand. Le théâtre de cette rencontre se nomme maison
à parties ou maison de passe.
L'acte des clientes est qualifié de passe ou passade.
- C'est un terme qui remonte au dix-huitième siècle.
PAS (Ne), Ne rien
Négation est ironiquement prise pour une affirmation dans le peuple de Paris.
- « Ernest
Avec qui que tu veux que je soye donc ?
- Eugène
Merci, tu n'es pas rageur. », Monselet.
- On dit de même : Il n'est pas chien pour il
est avare ; il n'est rien dégoûté pour il
est difficile.
PAS (Sauter le)
Mourir (Dhautel, 1808).
- « Un étudiant dans sa mansarde, Disposait de sa dernière harde, Puis après,
voulait sauter le pas. », Chanson.
- V. Arnant.
PAS GRAND'CHOSE
Personne de médiocre vertu.
- « Tu as filé avec ta pas grand'chose. », P. de Kock.
PASSACAILLER
Supplanter (Vidocq).
PASSE
Guillotine. V . Gerber.
- Allusion à la passe de la fatale lunette.
- Passe-crick Passe-port (Vidocq).
- Passe-lance Bateau (id.) V. Lance.
- Passe-singe Roué (id.), homme dépassant un singe
en malice.
PASSER AU BLEU
Disparaître.
- « Plus d'un jaunet passe au bleu. », Jouvet, Chansons.
- Équivoque basée sur un procédé de blanchissage. V. Laver,
Nettoyer, Lessiver.
- La passer douce, vivre à l'aise.
- On sous-entend vie.
- Se passer de belle Ne pas recevoir sa part de vol
(Vidocq).
PASSER LA JAMBE
Donner un croc-en-jambes, et par extension, supplanter.
- Son ennemi roulait à ses pieds, car il venait de lui passer la jambe. », Vidal,
1833.
- Passer la jambe à Thomas (V. ce mot), c'est, dans
l'armée, être de corvée pour l'enlèvement des goguenots.
- Allusion à l'action de les renverser dans les latrines.
PASSANT, PASSIF, PASSIFLE
Soulier.
- Passifleur Cordonnier.
- Le soulier sert à faire des pas.
PASSIONS (À)
« Vous êtes trop jeune pour bien connaître Paris ; vous saurez plus tard qu'il
s'y rencontre ce que nous nommons des hommes à passions.
Ces gens-là n'ont soif que d'une certaine eau prise à une certaine fontaine, et
souvent croupie. », Balzac, Père Goriot.
PASTIQUER
Passer.
- Corruption de mot. Y. Abadis.
PATAFIOLER
Confondre.
- « Aux gardes du commerce ! . .Que le bon Dieu les patafiole ! . », Gavarni.
- V. pour l'étymologie de ce mot le Magasin pittoresque,
t. II, p. 247.
PATARD
Monnaie de billon
- En 1808, on donnait ce nom à un gros sou double. V. Dhautel.
- Le patar était une monnaie flamande qui valait un sou au quinzième siècle. V.
Du Cange.
PÂTÉE
Correction.
- « Il avait voulu manger un grand gaillard. Aussi a-t-il reçu une pâtée. » Delagny,
les Souteneurs, 1861.
PÂTISSIER (Sale)
Homme malpropre. V. Boulette.
PATRAQUE
Patrouille (Vidocq).
- Jeu de mots ironique.
- On sait que les anciennes patrouilles étaient peu redoutables ; elles marchaient
aussi mal qu'une patraque. V. Moucharde.
Patraque Montre bonne ou mauvaise.
- Patraque En mauvais état de santé.
PATTE
Main.
- « Et toujours de ma patte Frisé comme un bichon. », Vadé, 1788.
Patte Habileté de main.
- « Mal dessiné, mais beaucoup de chic.
- Oui, il a de la patte. », L. de Neuville.
Patte Pied.
- Le testament de Villon parle déjà de « Soy soutenir sur les pattes.
»
- « On en voit qui se faufilent dans des omnibus. Le reste s'en retourne à pattes,
honteusement. », Alb. Second.
Pattes de mouche Caractères très-fins.
- « Et l'écriture, il était avec des petites pattes de mouche bien agréables.
», Festeau.
Patte d'oie Triple ride qui imprime au coin de
chaque oeil, trois sillons d'apparence palmipède.
- « Aux tempes la patte d'oie caractéristique et
au front les marches du palais montraient des rides
élégantes, bien prisées à la cour de Cythère. », Balzac.
Coup de patte Propos méchant.
PATROUILLE (En)
« Quatre jours en patrouille, pour dire en folies bachiques. », Cabarets
de Paris, 1821.
Patrouiller Faire patrouille.
- « En ma qualité de caporal postiche de voltigeurs, j'ai passé la nuit à patrouiller.
», Festeau.
Patrouiller Manier, patiner.
- Mot à mot : rouler dans ses pattes.
- « Mais c'est vrai, tiens ! ça vous patrouille c'te marchandise, et puis ça part.
», Vadé, 1788.
PATURON
Pied, pas.
- Terme hippique.
- V. Flacul, Rebâtir.
PAUMER
Perdre.
- « Je ne roupille que poitou ; je paumerai la sorbonne si ton palpitant ne fade
pas les sentiments du mien. », Vidocq.
Paumer Empoigner. V. Du Cange.
- Du vieux mot paumoier.
- « Rends-moi la bourse, ou sinon je te paume. », le Rapatriage,
parade, dix-huitième siècle.
- V. Cigogne.
PAUPIÈRE (Se battre la)
V. OEil.
PAVÉ
Éloge maladroit.
- Allusion au pavé de la Fontaine.
- « C'était un journal pavé de bonnes intentions ; mais on y rencontrait plus
de pavés encore que de bonnes intentions. », Alb. Second.
Gosier pavé Gosier supportant des boissons très-fortes
ou très- chaudes.
C'est tout pavé Ironiquement pour dire
C'est très loin d'ici, mais la route est si bonne !
PAVILLON
Fou, homme dont les idées flottent tous les vents comme un pavillon.
- Pavillonner Deviser joyeusement, plaisanter, déraisonner.
- « On renquillera dans la taule a mesigue pour refaiter gourdement, et chenument
pavillonner, et picter du pivois sans lance. », Vidocq.
PAVOIS
« Être pavois, c'est être dans la vigne du Seigneur,
dans toute la joie de Bacchus, atteindre le parfait bonheur, c'est enfin être
au pavois. », Ch. Coligny.
PAVOISER (Se)
Faire toilette. V. Astiquer.
PAYE (Bonne)
Débiteur solvable.
- « Une lorette très-mauvaise paye. », Ed. Lemoine.
PAYS
Compatriote. V. Dhautel, 1808.
- « Falleix trouvait son vieux pays trop cher. », Balzac.
- « Ces primeurs exposées pour le plaisir des caporaux et de leurs payses. »,
Id.
- V. Coterie.
PEAU
Laide ou vieille prostituée
Être dans la peau Être à la place.
- « Je ne voudrais pas être dans la peau du suborneur. », Gavarni.
Porter à la peau Exciter le désir.
PEAUSSER (Se)
Se déguiser.
- Mot à mot : se cacher dans la peau de.
- « Je vais me peausser en gendarme. », Balzac.
PÉCUNE
Argent.
- Vieux mot. V. Roquefort.
PÉDÉRO, PÉDÉ
Pédéraste (Vidocq).
PÈGRE (Haute)
« Association des voleurs les plus anciens et les plus exercés ; ils ne commettent
que de gros vols et méprisent les voleurs ordinaires qui sont appelés dérisoirement
pégriots, chiffonniers, pègre à marteau, ou blaviniste, par un pègre de la haute.
», Vidocq.
- La première catégorie de voleurs se compose de la haute pègre, c'est-à-dire
le vol en bottes vernies et en gants jaunes. C'est un homme jeune, élégant, distingué
; vous ne le rencontrerez qu'en coupé. Deux ou trois fois par an, il travaille,
mais ses expéditions sont toujours fructueuses. », Canler.
Pègre Voleur.
- Un jour à la Croix-Rouge, nous étions dix à douze, tous pègres de renom. »,
Vidocq.
- Pégrenne Faim, misère.
- Pégrenner Faire maigre chère. V. Bachasse.
Pegriot Apprenti voleur se faisant la main aux
étalages. », Canler.
- V. Boucannier.
PÉGRIOT
« Quiconque ne se fait pas un nom dans la caste criminelle qu'il s'est choisie
est un pégriot de la basse pègre. », A. Monnier.
PEIGNÉE, COUP DE PEIGNE
Lutte dans laquelle on s'empoigne aux cheveux, et, par extension, combat.
- « Les enfants des sans-culottes qui vont se f. . un coup de peigne avec les
brigands de la Vendée. », 1793, Hébert.
- « Là-dessus, elles commencent à se repasser une peignée des mieux administrées,
criant, jurant, se rossant comme deux enragées. », Vidal, 1833.
Se peigner Se battre.
- « Puis nous nous peignons. On s'poche les yeux. », Le
Gamin de Paris, chanson.
PEINTRE
Balayeur. V. Pinceau.
PEINTURE (Ne pouvoir voir en)
Détester quelqu'un au point de ne pouvoir souffrir son image.
Récompenser en peinture : Payer de belles promesses.
- « Henri IV ayant envoyé d'Aubigné en plusieurs provinces, ne lui donna pour
récompense que son portrait. D'Aubigné y ajouta ce quatrain
- « Ce prince est d'étrange nature. Je ne sais qui diable l'a fait ! Il récompense
en peinture Ceux qui le servent en effet. »
Brave et riche en peinture « Se dit d'un fanfaron
qui parle de son courage qui est suspect et de sa fortune qui est problématique.
», Dhautel, 1808.
PEINTURLUREUR
Mauvais peintre.
- On emploie le verbe Peinturlurer.
PÉKIN
« On nomme Pékin tout ce qui n'est pas militaire,
comme nous appelons militaire tout ce qui n'est pas civil. », Talleyrand.
- « De vieux dialogues militaires des règnes de Henri III et Henri IV emploient
souvent le mot piquini ou péquin
pour désigner les adversaires en religion. Ainsi, dans un de ces dialogues, nous
voyons un papiste traiter Coligny de pékin ; un autre
est intitulé les Pékins de Montauban. », Ambert,
Constitutionnel du 25 juin 1854.
PELLARD
Foin (Vidocq).
- Diminutif du vieux mot pel
poil. L'herbe est le poil de la terre. On dit pelouse.
Pelle Chemin (Id.).
- Pelle au cul (Recevoir la) Être mis violemment
à la porte.
- « Mon rival, J'en suis convaincu, Va recevoir la pelle
au cu. », De Longchamps, 1809.
PELOTE (Faire sa)
Arrondir sa bourse.
- « J'fais, comme on dit, ma p'tite p'lote Tout en élevant mes bambins. », Dalès,
Chansons.
Peloter Caresser des charmes arrondis en pelote.
- Pelotteur Flatteur.
- « Se montrer rampant, pelotteur et bêta. », Wado, Chansons.
PELURE
Vêtement.
- C'est en effet une pelure pour le corps. V. Épates.
PENDANTE
Boucle d'oreilles, chaîne (Vidocq).
PENDUGLACÉ
Réverbère (Id.).
- Allusion à la suspension et au vitrage du réverbère.
PENNE, PEIGNE
Clé (Vidocq)
PENTE (Avoir une)
Être ivre à trébucher sur un terrain plat comme si on rencontrait une pente brusque.
PÉPIN
Vieux parapluie.
- « De vilains noms qu'on l'apostrophe, Qu'on l'appelle pépin, rifflard, Le parapluie
est philosophe. », V. Mabille.
PERDRE (Le)
Perdre son pucelage.
- « Je l'ai perdu, s'écriait la jeune Perrette. De mon hymen, c'était le gage.
», Gustave, Ch., 1836.
PÈRE FRAPPART
Marteau (Vidocq).
- Calembour.
PÉROU
« Ce n'est pas le Pérou que ces bougres-là », Hébert, 1793.
- C'est-à-dire
Ce sont de pauvres bougres.
- Allusion aux richesses naturelles du Pérou.
PERROQUET (Étouffer un)
« Cette locution signifie, dans le langage des ateliers, prendre un verre d'absinthe.
», M. Bayeux.
- Allusion à la couleur verte du verre à pattes dont la main du buveur semble
en effet étrangler le cou.
PERRUQUE
Suranné.
- « Le mot perruque était le dernier mot trouvé par
le journalisme romantique qui en avait affublé les classiques. », Balzac.
- V. Mâchoire.
Perruque Détournement, abus de confiance.
- C'est un superlatif de faire la queue.
PERSILLER, CUEILLIR DU PERSIL, FAIRE SON PERSIL
Raccrocher.
- « Elles explorent les boulevarts, persillent dans les squares nouveaux, dans
l'espoir d'y rencontrer des miches sérieux. », Lynol.
- Le miché représente ici le persil indispensable au pot-au-feu de la prostitution.
V. Tante.
PESCILLER
Prendre.
- Du vieux mot peschier, pêcher.
- « Servir, Criblage.
PÉTARD, PÉTEUX
Derrière.
- On entend de reste l'étymologie de ce bruyant synonyme.
- « Sur son péteux, V'là que je l'étale. », Le Casse-Gueule,
ch., 1841.
- Pétard Haricot (Vidocq).
- Effet pris pour la cause.
Péter dans la main Pousser trop loin la familiarité.
Faire défaut au moment nécessaire.
- Dans ce dernier sens, allusion au levier qui éclate entre les mains. (V. Dhautel,
1808.)
PÉTER
Se plaindre en justice (Vidocq).
PETIT CAPORAL
Napoléon 1er.
- Allusion au grade imaginaire que lui décerna l'enthousiasme de ses soldats,
au lendemain d'une victoire.
- « Le souhait de S.M. Prussienne et les appréciations du petit caporal.
- M. Saint-Hilaire.
Petit manteau bleu Homme bienfaisant
- L'usage de ce mot est la plus belle récompense qu'ait pu ambitionner un philanthrope
bien connu.
- « On parlerait de toi comme d'un petit manteau bleu. », Balzac.
PETIT-MONDE
Lentille (Vidocq).
- Allusion de forme.
PEU (Excusez du)
Terme ironique pour dire
Excusez l'apparente énormité du chiffre.
- « Il y avait 25,000 Français , par terre. .Excusez du peu
! » Balzac.
PÈZE
Argent (Vidocq) .
- De pesos, monnaie espagnole.
PHARAMINEUX
Éblouissant comme un phare.
PHILANTHROPE ;
Filou (Vidocq).
- Jeu de mots.
PHILIPPE
Écu à l'effigie de Louis-Philippe.
- « On dit que tu as poissé nos philippe. », Balzac.
PHILISTIN
« À propos, qu'est-ce qu'un Philistin ?
- Autrefois, en Grèce, il s'appelait béotien ; on le nomme cokney en Angleterre
; épicier ou Joseph Prud'homme à Paris, et les étudiants d'Allemagne lui ont conféré
l'appellation de Philistin. », Neuville.
PIAF
Vanité, orgueil (Vidocq).
- Au moyen âge. l'homme fastueux était un piafart.
V. Roquefort.
- Mot expressif
- Le vaniteux piaffe comme un cheval de luxe.
PIANOTER
Jouer médiocrement du piano.
- « On ne devait pas pianoter pendant la nuit. », Balzac.
PIAULE, PIOLLE
Taverne.
- Du vieux mot piot
vin. V. Roquefort. Ce dernier donne pioller . s'enivrer.
V. Artie.
PHILOSOPHE
Pauvre.
- Philosophie Misère (Vidocq).
- Allusion ironique à la nécessité de la sagesse.
- Philosophe Savate, vieux soulier revenu des vanités
de ce monde V. Arpion.
PIC (Tomber à)
Tomber à point.
PICAILLONS
Écus.
- « Je lui pinçais ses picaillons. », Robert Macaire,
ch., 1836.
- « J'leur donnerons des picalions. Vive la paix ! Vive la nation ! », Chanson
poissarde du Consulat. Tourneur fils.
PICORAGE
Vol commis sur la grande route (Vidocq).
- Allusion ornithologique.
PICOUSE
Haie d'épines. V. Défleurir.
PICTER
Boire.
- De piquette
petit vin. V. Pavillonner.
Picton, Piqueton Vin supérieur à la piquette.
- L'un et l'autre mot font allusion à l'effet produit par le vin commun qui picote
le palais.
- « Si l'ancien picton n'est que de la piquette, Espérons ct'année en fair' de
meilleur. », Layale, ch., 1855. V. Biture.
PIÈCE DE BOEUF
« Grand article de pathos sur les choses du moment qui ouvre les colonnes de Paris.
On l'appelle aussi la pièce de résistance. Un excellent journal qui ne servirait
pas tous les jours à ses abonnés la pièce de boeuf ne serait pas sûr de réussir.
», 1826, Biog. des Journalistes.
- On dit aujourd'hui tartine.
PIED (Donner un coup de)
Marcher vivement.
- « Je vais donner un coup de pied jusque dans les salons. », About.
- V. Dhautel, 1808.
Ne pas se moucher du pied V. Moucher.
- En 1808, on disait dans le même sens
Ne pas se moucher sur sa manche.
Ne pas se donner de coups de pied Se vanter.
Mise à pied Mise en non activité
- « Une mise à pied enseigna à notre inspecteur à faire plus exactement son service.
», Canler.
Pied bleu Conscrit portant encore les guêtres
bleues du paysan.
- « Le pied bleu ne prête pas longtemps à rire par sa gaucherie. », La Bédollière.
Pied de cochon Pistolet.
- Allusion de forme.
Jouer un pied de cochon Tromper, décamper.
- « Vous avez donc voulu nous jouer un pied de cochon. », Canler.
PIERREUSE
« Prostituée qui, même dans sa sphère de turpitudes, est tombée au plus bas degré
de l'abjection. elle cherche toujours les ténèbres. Derrière des monceaux de démolition,
des tas de pierres, des restes d'édifices en ruines, elle traque l'homme que le
hasard amène. », F. Béraud.
- V. Dhautel, 1808
PIERROT
Collerette à grands plis comme celle du pierrot des Funambules.
- « Mme Pochard a vu les doigts mignons d'Anne aplatir sur son corsage les mille
plis d'un pierrot taillé dans le dernier goût. » Ricard, 1820.
Pierrot Niais.
- Même allusion funambulesque. « Le valet de cantine se fait rincer l'bec par
les pierrots. », Wado, Chansons.
Asphyxier le pierrot Boire un verre de vin blanc.
- Allusion de couleur.
- « J'étais-t-allé à la barrière des Deux-Moulins, histoire d'asphyxier le pierrot.
», La Correctionnelle.
PIEU
Lit.
- Allusion à la dureté des lits de bagne, de prison et de corps-de-garde.
- « On peut enquiller par la venterne de la cambriolle de la larbine qui n'y pionce
quelpoique, elle roupille dans le pieu du raze.
- (Vidocq).
PIF, PIVASE
Nez.
- Ce dernier mot donne à penser que pif vient de
pivois. Ce serait alors un nez de buveur.
- « L'autre jour, rue Saint-Martin, Voilà qu'un plaisant gamin le dit, riant aux
éclats ; C'cadet-là quel pif qu'il a ! », Guinad, Ch.,
1839.
PIGE
Année (Vidocq).
- Mot à mot : mesure de temps. V. Piger.
PIGEONNER
Duper. Le mot est vieux ; la chose est toujours nouvelle.
- « Un de ceux qui se laissent si facilement pigeonner.
», Dialogues de Tahureau, 1585.
PIGER
Mesurer.
- La pige est chez les ouvriers un morceau de bois
donnant la longueur indiquée par le plan.
- Au moyen âge on appelait pigours les fabricants
de certaines mesures de capacité ?
Piger Considérer, mesurer de oeil.
- « Pige-moi ça, regarde-moi un peu ce chique ! », La Bédollière.
Piger Saisir. V. Dhautel, 1808.
PIGET
Château (Vidocq).
PIGNARD
Postérieur (id).
- Ancien. V. Roquefort, Pigné.
PIGNOUF
Chez les cordonniers, le maître s'appelle pontif
; l'ouvrier gniaf, et l'apprenti pignouf.
Pignouf Homme grossier, mal élevé.
- « Cet animal d'Amédée n'a pas le sou.
- Prends-en un autre.
- Où ça ! tous des pignoufs ici. », 1860, À
bas le quartier latin.
PILER DU POIVRE
Marcher avec la plante des pieds écorchées, en souffrant à chaque pas comme si
du poivre pilé brûlait la chair.
Faire piler du poivre Terrasser quelqu'un plusieurs
fois en le laissant retomber aussi lourdement qu'un pilon.
- Poivre indique la cuisson qu'en ressent la partie
contuse.
PILIER
Habitué dont la présence soutient un établissement comme un pilier soutient un
plafond.
Pilier du creux Maître du logis.
- Même allusion. Pilier nous paraît plutôt une forme
de pilleur, pillard dans
- Pilier de boutanche Commis de boutique, et Pilier
de pacquelin Commis voyageur. Ces deux derniers volent leurs patrons et
leurs hôteliers.
PIMPELOTTER (Se)
Se régaler.
- « Elle n'haït pas de gobichonner et de se pimpelotter. », La
Correctionnelle.
PIMPIONS
Espèces monnayées.
- Au moyen âge, on appelait Pipion une petite monnaie
espagnole. Du Cange.
PINCE-CUL
Bal public de dernier ordre.
- « Ce bal inouï que l'argot téméraire de ses habitués avait surnommé le pince.
», P. Féval.
- V. Casse-gueule.
Pince sans rire Homme sévère.
PINCE (Chaud de la)
Débauché.
- Corruption de mot.
- « C'était un chaud de la pince, Qui peuplait dans chaqu' province L'hospice
d's enfants trouvés. », Festeau.
PINCEAU
Balai.
- Allusion de forme.
- « Les hommes de corvée sont tous là prêts le pinceau eu main, je veux dire le
balai en joue. », Vidal, 1833.
- V. Giberne.
PINCER
Arrêter.
- « Nomme l'coupable, qu'on l'pince », 1813, Désaugiers.
- En pincer
Avoir du goût.
- « Comm' j'en pince pour le spectacle, j'vas souvent z'à la Gaîté. », 1809, Brazier.
- On dit par extension en pincer pour Mme X Aimer
Mme X.
Pincer exécuter.
- « En revenant. je pinçais la chansonnette. », Ricard.
- « Le professeur nous pinçait une nuance de cancan véritablement inédite. »,
L. Reybaud.
PIOCHE
Travail opiniâtre. V. Bûche.
- « Les cours cessent au mois de juillet ; le temps de pioche commence. », La
Bédollière.
Piocher Travailler assidûment. V. Dhautel, 1808.
- « Tu peux piocher douze heures par jour. une colonne de feuilleton par heure.
», L. Reybaud.
Piocher Battre.
- « Je te pioche, je te fais danser la malaisée. », Paillet.
Piocheur « Les professeurs établissent deux catégories,
celle des élèves forts dans leurs classes, des travailleurs, et celle des faibles
qu'on flétrit du nom de paresseux (en style technique, les piocheurs et les cancres).
», H. Rolland.
Piocheur Homme travailleur et judicieux.
- « Le Piocheur. Celui-ci a pris la carrière au sérieux, il étudie les choses,
les hommes, les affaires. », Balzac.
PIONCER
Dormir.
- De pieu, lit.
- « Nous nous sommes mis à pioncer, nous ne pensions plus à l'appel. », Vidal,
1833.
- V. Boc.
PIOU, PIOUPIOU
Soldat du centre.
- Corruption du vieux mot pion, fantassin. V. Roquefort.
- « Militairement parlant, le pioupiou, comme l'euphonie
de ce nom semble l'indiquer, est au jean-jean et
au tourlourou ce que musicalement parlant le demi-ton
est à deux tons naturels qui se suivent dans l'ordre de la gamme. », M. Saint-Hilaire,
1841.
- « Hier, la cuisinière de mon propriétaire a fait tourner son lait et la tête
d'un pioupiou. », Commerson.
PIPE (Casser sa)
Mourir.
- Ceux qui sont morts ne fument plus.
- « Papa avait beaucoup de blessures, et un jour il cassa sa pipe, comme on dit
au régiment. », Méry.
PIPELET
Portier. Du nom d'un portier ridicule des Mystères de Paris.
- « Si vous avez un mauvais portier, envoyez-le-moi
je suis le grand redresseur de torts, le Cabrion des pipelets.
», P. d'Anglemont.
- Chapeau Pipelet Chapeau tromblon.
- Même origine.
PIPER
Fumer la pipe.
- « Il me semble qu'on a pipé ici . », Gavarni.
PIQUANTE
Épingle (Vidocq) .
- Effet pour la cause.
PIQUE-EN-TERRE
Volaille.
- Mot imagé. On sait que les poules piquent toujours la terre du bec.
PIQUER UN CHIEN
Dormir.
- Rabelais l'écrit dormir en chien dans son livre
IV, page 159. C'est, dit le Duchat, son annotateur, Dormir indifféremment à toute
heure et en tous lieux.
- « Lorsque la nuit est sombre, que les voyageurs pioncent ou piquent leur chien.
», Paillet.
Piquer un renard Vomir. - V. Renard.
- Piquer un soleil Rougir subitement.
- Piquer l'étrangère V. ce mot.
- Piquer une tête S'élancer ou tomber la tête la
première.
- Piquer un laïus V. ce mot.
- Piquer une carte. « Lui imprimer certaines marques
imperceptibles, et susceptibles de ne les faire connaître a d'autres qu'à vous.
», Mornand.
- Piquer sur quatre Gagner une partie d'écarté presque
perdue, lorsque votre adversaire a sur vous quatre points d'avance.
- Se piquer le nez V. ce mot.
- Pas piqué des vers, des hannetons Vigoureux, intact,
frais, sain.
- « C'est qu'il fait un froid qui n'est pas piqué des vers ici ! », Gavarni .
- « Une jeunesse entre quinze et seize, point piquée des hannetons, un vrai bouton
de rose. », Montépin.
- « C'est qu'elle n'était pas piquée des vers, Et oui, morbleu ! C'est ce qu'il
faut à Mahieu. », Les amours de Mahieu, ch., 1832.
PISSER OU CHIER (Envoyer)
Renvoyer au loin.
- Ce terme injurieux ; remonte à une haute antiquité.
- Au mot Pissare, Du Cange cite une lettre de rémission
de 1465, où, entre autres injures et grandes parolles
reprochées au délinquant, on rapporte qu'il envoya pisser
son adversaire. V. Foirer.
Pisser sa côtelette Accoucher, mettre au monde
un enfant.
- Dhautel (1808) emploie dans le même sens pisser des os.
Faire pisser des lames de rasoir en travers Ennuyer.
PISTOLET
Demi-bouteille de champagne. Double allusion au petit calibre de la fiole et à
l'explosion de son contenu.
- C'est aussi un homme singulier.
- « On rit avec toi et tu te fâches. En voilà un drôle de pistolet ! », Gavarni.
PISTON
Importun.
- On connaît l'agaçante régularité du coup de piston.
- On use du verbe pistonner.
- Piston Préparateur du cours de physique.
PITON
Nez saillant comme un piton vissé dans une planche.
- « Ah ! quel nez, quel beau piton ! Chacun dit
Venez donc voir, C'est un marchand d'éteignoirs.
- Pecquet, Chansons.
PITRE
« Qui ça, Giroflée !
- Notre pitre donc, notre paillasse. », Eugène Sue.
PITROUX
Pistolet (Vidocq).
- Allusion à la détonation. Au moyen âge, on appelait petereau
de petites bouches à feu.
PITUITER
Déblatérer.
- Allusion au caractère pernicieux de la pituite.
- « On en a déjà assez pituité sur notre compte. », Lynol.
PIVER
Ressort de montre ou de pendule servant à couper les barreaux.
- Il revient à la charge contre le fer, comme le piver contre l'arbre qu'il perce
de son bec.
PIVOIS
Vin
- Allusion à la couleur rouge de la pivoine. V. Pavillonner,
Solir, Tremblant, Artie.
- « On s'pousse du pivois à six ronds dans l'battant. », Chansonnier.
impr. Stahl, 1836.
- « Avons-je du vin ?
- Non.
- Apportez du pivois, hé vite !
- Vadé, 1788.
- Peut-être aussi est-ce un diminutif du vieux mot piot,
vin ?
- Pivoiner Rougir (Vidocq).
PIVOT
Plume. V. Servir.
- Le bec d'une plume figure assez bien un petit pivot.
PLACARDE
Place.
- Diminutif. V. Parrain.
PLAN (Mettre en)
Engager.
- « Pour faire à sa belle Un don digne d'elle, L'employé met sa montre en plan.
», Désaugiers, 1815.
Mettre en plan Rester en gage chez un restaurateur
jusqu'à l'acquittement de sa note.
Laisser en plan Abandonner.
- « Et cet animal de barbier qui me laisse en plan. », Cormon.
Tomber au plan Être mis en prison.
- « Tu voudrais que je grinchisse sans tracquer de tomber au plan. » Vidocq.
- V. Manger.
PLANCHE (Faire sa)
Montrer une froideur excessive.
- Sans planche Sans façon.
- « L'écaillère de ses propos poissards vous entretient sans planche.
», Cabarets de Paris, 1821.
- Planche au pain Banc des prévenus.
PLANCHER
Moquer.
- « Est-ce que tu planches ? pour
Te moques-tu de moi ? », 1808, Dhautel.
- Plancherie Mauvaise plaisanterie.
- « I'me propose le bâton. Moi, j'lui dis
Allons donc ! Tu planches. », Ch., Avignon, 1813.
- Planché Condamné.
PLANCHER DES VACHES
« La terre était sa vraie patrie ; la terre, le plancher des vaches. », J. Janin.
PLANQUE
Cachette. V. Bayafe.
- Planquer Cacher. V. Déplanquer,
Enplanquer.
Planque Observation.
- On se cache pour bien observer.
- « J'allai en compagnie de H., et le laissant en planque (en observation), je
montai chez Chardon. », Canler.
PLATINE
« Il a une bonne platine, se dit d'un grand babillard. », 1808, Dhautel.
PLÂTRE
Argent (Vidocq).
- Il bouche plus d'un trou. Malgré la possibilité de cette image, on doit y voir
une allusion à la blancheur de l'argent.
Fille de plâtre Lorette. Vient du roman écrit
sous ce nom par M. de Montépin, pour servir de contre-partie à la pièce des Filles
de Marbre.
- « Ces femmes ne sont que des filles de plâtre. », 1860 les
Étudiants du quartier latin.
PLEIN, Plein comme un oeuf, comme un sac
Saoul.
- « Un homme plein comme un oeuf, pour avoir trop mangé. », Le Duchat, 1738.
PLEURANT
Oignon (Vidocq).
- Il fait pleurer.
PLEUT (Il)
« Ces mots il pleut signifient, en langue de francmaçonnerie
Taisons-nous, parce qu'on nous écoute. » Aventures de J. Sharp, 1789.
PLOMB
« Gaz caché dans les fentes des pierres, et qui tue comme la foudre le vidangeur
qui en est atteint. », Berthaud.
- Plomb Vérole.
- Plomber Infecter, donner la vérole.
PLOMBE
Heure.
- Onomatopée.
- Plombe imite le bruit grave d'une sonnerie de grosse
horloge. V. Momir, Crosser.
- Plomber Sonner.
PLONGEUR
Misérable, déguenillé (Vidocq).
- Allusion au costume primitif du plongeur. V. Paffe.
PLOYANT
Portefeuille.
- Un portefeuille se ploie.
- « Les dimanches tu grinchiras dans les toles bogues et ployants. », Vidocq.
PLUME
Pince à effraction. V. Caroubleur.
- Plume de Beauce Paille.
- On sait combien la Beauce est riche en céréales. On appelle Chartres la ville
des pailleux.
- « Quelle poésie ! la paille est la plume de Beauce. », Balzac.
PLUMET (Avoir son)
S'enivrer.
- Comparaison de la trogne à la couleur rouge d un plumet d'uniforme.
- « N'est-ce pas que j'dois vous faire l'effet D'avoir c'qui s'appelle un plumet.
Messieurs, c'est le picton ! », Ch . Voizo, Ch .
- M. Alphonse Duchesne a fait une chanson intitulée : J'ai
mon plumet. (Paris, Roger, 1863.)
PLUS SOUVENT
Jamais.
- « Ma sainte te ressemble, Nini.
- Plus souvent que j'ai un air chose comme ça ! », Gavarni .
POCHARD, POCHE
Ivrogne. (Vidocq, 1837).
- Mot à mot : Ivre, ivrogne, homme qui remplit ou qui a rempli de vin la poche
de son estomac.
- « Je ne sais pas ce que j'ai. .je crois que je suis un peu pochard. », M. Michel.
Pocharder Enivrer.
- « Pisque tu soldes ma de pense, J'n'me pochardrai qu'avec toi. », Festeau.
- Pocharderie Ivrognerie (Vidocq, 1837).
POCHON
Coup de poing.
- « Suivant qu'un pochon bien appliqué vient nuancer un oeil ou froisser un nez.
», H. Rolland.
POIGNE, POGNE
Main (Vidocq, 1837).
- Mot à mot : Main qui empoigne.
- « J'ai la poigne solide, ça me suffit, et je vous étrangle. », E. Lemoine.
- Pognon Argent.
POIL
Réprimande.
Faire le poil Surpasser.
- Mot à mot : raser.
- « Personne n'a fait le poil à Gaudissart. », Balzac.
- « Il n'y a pas moyen de me faire le poil. » Vidal, 1833.
Avoir un poil dans la main V. Main.
À poils Un homme à poils est un homme résolu.
C'est le brave à trois poils de Molière.
- « Des bougres à poil, déterminés à vivre libres ou mourir. », 1793, Hébert.
- « M'est avis qu'il faut z'être un artiste à poil (de mérite) pour ça. », Désaugiers.
Être à poils Être nu.
- Monter à poils Monter un cheval sans selle.
POINTE (Pousser sa)
Conter fleurette.
- « Que de projets ma tête avorte tour à tour, Poussons toujours ma pointe et
celle de l'amour. », Le Rapatriage, parade du dix-huitième
siècle.
POIRE (Faire sa)
Jouer le dédain,
- Allusion à une moue prononcée qui allonge les lèvres en gonflant légèrement
les joues.
- « Je pourrais m'en targuer et faire ma poire. », L. Pollet.
POISON
Méchante femme.
- « Poison est aussi un sobriquet outrageant que
l'on donne aux courtisanes les plus viles. », 1808, Dhautel.
POISSER
Voler.
- Allusion aux propriétés de ha poix.
- Une main poissée garde volontiers ce qu'elle touche,
- V. Baite, Billon, Philippe.
Se Poisser S'enivrer, boire trop de poissons.
- « Je ne voulais pas boire. .mais quand j'ai vu qu'il allait se poisser, je l'ai
aidé à vider les bouteilles
c'était pour le sauver. », La Correctionnelle.
POISSON
« Jeune, beau, fort, le poisson ou barbillon est à la fois le défenseur et le
valet des filles d'amour qui font le trottoir, », Canler.
- V. Mac, Paillasson.
Poisson Verre.
- Du vieux mot poçon tasse, coupe. V. Roquefort.
- « J'n' suis pas trop pompette, Viens, je régale d'un poisson. », Les
Amours de Jeannette, ch., 1813.
- V. Camphre.
POITOU
Nulle chose.
- Mot à mot : point du tout.
- Jeu de mots analogue à celui de Niort.
- « Tout est à notre usage, N'épargnons le poitou. », V. Paumer.
POIVRE
Ivre.
- Du vieux mot poipre pourpre. V. Roquefort.
- Une trogne de buveur s'empourpre volontiers.
- « Je voyais bien qu'il était poivre. », Monselet.
Poivrier « Voleur dévalisant les hommes ivres
aux barrières. », Canler.
POIVREMENT
Paiement.
- Poivre pris dans ce sens, doit remonter au temps
reculé où les épices étaient assez chères pour faire de ce mot un synonyme de
Argent.
Poivrer Vendre trop cher. On dit aussi
Saler (1808, Dhautel).
POIVRER
Donner la vérole.
- « Pour se venger d'un homme, elle prit du mal exprès afin de le poivrer. »,
Tallemant des Réaux.
Poivrière Femme malade.
- « Va, poivrière de Saint-Côme, je me fiche de ton Jérôme. », Vadé.
POLICHINELLE
Canon d eau-de-vie.
- « Polichinel. C'est ainsi que les fiacres nomment une chopine en deux verres.
», Cabarets de Paris, 1821.
Avoir un polichinelle dans le tiroir Être enceinte.
- « Sais-tu ? lui dit sa femme, je crois avoir un polichinelle dans le tiroir.
Le mari comprend, la femme est intéressante. », Figaro.
POLISSON
« Toutes les dames et demoiselles qui, pour suppléer au manque de rondeur de certaines
parties, portent ce que Mme de Genlis appelle tout crûment un polisson
et que nous appelons une tournure. », Th. Gautier,
1833.
POLKA
« Disons quelques mots de cette gigue anglaise croisée de valse allemande, qui
fait sautiller aujourd'hui les Parisiens comme autant de coqs d'Inde sur une plaque
brûlante. », E. Arago, 1844.
Faire danser la polka Battre.
- « Ce grand empereur, On lui fera danser la polka. », Layale, Ch.
On a dit un moment à la polka, pour dire très-bien.
Un petit polka Jeune homme tiré à quatre épingles,
et tellement satisfait d'être invité à un bal, qu'il y danse sans relâche jusqu'au
matin.
- « Les jolies femmes dédaignent les petits polka. », Figaro.
POMMES (Aux)
Très-bien. V. Ognons.
- Nous ne savons si ce superlatif est causé par la folle passion des voyous parisiens
pour les chaussons aux pommes, ou s'il faut y voir une locution plus âgée.
- « Le feu duc de Brissac (mort en 1651) aimoit tant les pommes de reinette que,
pour bien louer quelque chose, il ajoutait toujours de reinette
au bout, tellement qu'on lui ouït dire quelquefois
C'étoit un honnête homme de reinette. », Tallemant
des Réaux.
- Bath aux pommes Bien (Lem. de Neuville).
- « J'ai mijoté pour ce numéro un petit éreintement aux pommes. », J. Rousseau.
POMPADOUR
Coquet, galant.
- « C'est Régence, justaucorps bleu, Pompadour, dix-huitième siècle, tout ce qu'il
y a de plus maréchal de Richelieu, rocaille, », Balzac.
POMPER
Boire copieusement.
- « À la Courtille, je fais des bêtises quand j'ai pompé le sirop. », 1830, Mélesville.
C'est un pompier C'est un fort buveur.
POMPETTE
Ivre. Du vieux mot pompette, pompon.
- Cette allusion à la tronche rouge des buveurs se retrouve dans plumet
et cocarde.
- « Lupolde, à tout (avec) son rouge nez à pompette, conclud tous ses contes par
le vin. », Contes d'Eutrapel, seizième siècle.
- « L'amant lui- même a perdu la raison, et Vénus est entièrement pompette. »,
Cabarets de Paris.
POMPIER
Ouvrier tailleur travaillant à la journée.
- « Les pompiers réunis forment la pompe. Il y a la grande et la petite pompe
la grande, pour les habits et redingotes ; la petite, pour les pantalons et gilets.
», Roger de Beauvoir.
POMPON
Tête.
- « Il vous y envoie des pavés que ça brise les pompons. », H. Monnier.
- V. Cocarde.
- Avoir le pompon Être au premier rang.
- Allusion au pompon qui distingue les compagnies d'élite.
- « À moi le pompon de la fidélité. », M. Saint Hilaire.
PONANTE, PONISSE
Fille publique. (Vidocq, 1837). Du vieux mot ponant
Derrière. V. Fr. Michel.
- Le Ponant est le Couchant, en termes de marine. Peut-être est-on parti de là
pour appeler ponante une fille qu'on voit toujours au coucher ? », V. Calège.
PONCIF
« Le poncif c'est la formule de style, de sentiment, d'idée ou d'image qui, fanée
par l'abus, court les rues avec un faux air hardi et coquet.
- Exemples
C'est plus qu'un bon livre, c'est une bonne action.
- On ne remplace pas une mère.
- Un homme d'esprit et de coeur.
- L'horizon politique se rembrunit, etc. », Aublyet.
- « Si chacun de nous racontait ses bonnes fortunes ?
- Allons donc, poncif ! Pompadour ! À bas la motion
! », Th. Gautier, 1833.
PONT
V. Couper.
PONTER
Payer.
- Ponteur - V. Miché.
PONTIFE
Maître cordonnier. V. Pignouf.
PONTONNIÈRE
« Fille publique fréquentant le dessous des ponts. », Canler.
POPOTE
Table d'hôte, gâchis, ratatouille.
PORTE-MAILLOT
Figurante bonne à porter des maillots, mais incapable de jouer un rôle.
- « Je vous demande un peu ! une porte-maillot comme ça. », Gavarni .
PORTE-MINCE
Portefeuille (Vidocq).
- Mot à mot : porte-papier.
PORTE-PIPE
Bouche.
- « Si je lui payais la goutte, car il aime furieusement à se rincer le porte-pipe.
», Vidal, 1833.
Porte de prison Personne revêche. », 1808, Dhautel.
Porte-trèfle Culotte (Vidocq). V. Trèfle.
PORTER (En)
Être trompé.
- Mot à mot : porter des cornes.
- « Dis donc, Miroux. , de quoi donc que Mme Miroux te fait porter ? », Gavarni.
POSE
Exhibition mensongère d'un défaut, d'une qualité, d'un scintillent ou d'un avantage
qu'on ne possède pas.
- « L'amour platonique ! . .en voilà une pose ! », Gavarni.
POSER
Chercher à paraître ce qu'on n'est pas.
- « Que cherches-tu sous les meubles ?
- Le naïf pour qui tu poses. », E. Augier.
- « Pose et Poser sont donc substantif et verbe d'un sens vif et prompt, mais
d'acceptation nouvelle, laquelle nous vient des arts et a bientôt passé dans le
torrent du discours. Poser, c'est ne point vouloir être soi. Pendant le sombre
procès de Tulle, toutes les femmes ont posé Mme Lafarge. Hélas ! des êtres sans
méchanceté pour deux liards avaient posé Lacenaire quelque temps auparavant, etc.,
etc. », Luchet.
- « L'homme qui pose se place généralement dans la situation qu'il sait la plus
favorable, aux avantages physiques que lui a ou que ne lui a pas donné la nature.
», Ed. Lemoine.
Poser Mettre en évidence. « Voilà un ménage qui
pose une femme. », Balzac.
- « C'est une manière ingénieuse. .ça pose un homme. », L. Reybaud.
Poser Se laisser mystifier.
- « Il croyait toujours qu'on allait ce qui s'appelle le faire poser et se moquer
de lui. », Méry.
Poser sa chique Garder le silence.
- « Le roi règne sans gouverner. Si le nôtre un jour s'en écarte, Qu'il aille
interroger la Charte ! Elle lui répondra d'abord
Pos'ta chique et fais l'mort. », Paris chantant,
Jules Leroy.
- V. Chique.
POSTÉRIEUR
Derrière.
- On dit aussi, par pure délicatesse, le bas du dos,
ou le bas de l'épine dorsale, ou les
parties charnues, ou le bienséant, etc.
POSTICHE
Rassemblement sur la voie publique.
POSTILLON
« Un postillon est une boulette de mie de pain pétrie entre les doigts et renfermant
un avis adressé à un détenu. », Canler.
Envoyer des postillons Crachotter sans le vouloir
au nez d'un interlocuteur.
POTACHIEN, POTACHE
Collégien. Allusion au chapeau de soie pot à chien
qui était d'uniforme dans les collèges avant le képi. V. Bahut.
POT-AU-FEU
Entreteneur fournissant de quoi faire aller le pot-au-feu.
- « L'Anglais Lorsque nous aimons, Nous finançons,
Afin de plaire. D'où vient qu'en tout lieu on dit
un milord pot-au-feu. », Désaugiers .
Pot-au-feu Casanier, arriéré.
- « Ce n'est pas cet imbécile qui m'aurait éclairée. il est d'ailleurs bien trop
pot-au-feu. » Balzac.
POTARD
Apprenti pharmacien.
- Allusion aux innombrables pots dont il est gardien.
POTASSE, SEUR
Élève de Saint-Cyr, très-bien coté à son cours et très- mal quant aux aptitudes
militaires. », De la Barre.
- « Ce mot désigne aussi un piocheur malheureux, candidat très-laborieux, mais
échouant aux examens. », De Vauvineux.
- Potasser Travailler assidûment.
- Faire de la potasse Attendre.
- « Voilà une heure que vous nous faites faire de la potasse. », La
Correctionnelle.
POT-BOUILLASSER (Se)
Se mettre en ménage.
- Mot à mot : faire bouillir à deux le pot-au-feu.
- « Les pontonniers s'organisent aux environs de la caserne un ménage légitime
ou illégitime ; ils se potbouillassent, comme disent les soldats. », La Bédollière.
POTEAUX
Grosses jambes.
- Gavarni définit ainsi celles d'une danseuse qui ruine ses amants
« Deux poteaux qui montrent la route de Clichy. ».
- V. Dhautel .
POTINS
Embarras. commérages.
- « De quoi ! on a ses potins comme tout le monde. », Monselet.
ET LE POUCE !
Terme ironique pour dire
Il y a beaucoup plus que vous ne dites, le pouce dont vous parlez vaut plusieurs
pieds.
Le coup de pouce du détaillant est une manoeuvre
qui permet de vendre à faux poids avec des balances exactes.
Donner le coup de pouce Étrangler.
POUDRE D'ESCAMPETTE (Prendre la)
Décamper.
- Jadis, on disait escamper pour Décamper.
POUF
Catastrophe financière, fauteuil bas largement capitonné. V. Puff.
- « Les pertes que vos trous dans la lune ou vos poufs, pour parler le style du
local, lui occasionnent. », Vidal, 1833.
POUFFIACE
Femme sale, avachie.
POULAILLER
C'est la partie du théâtre la plus voisine du lustre. Les spectateurs y sont juchés
par gradins comme sur un perchoir.
- On dit aussi Paradis, parce que ces places sont
au ciel, dont le soleil est le lustre.
POULET D'INDE
Cheval.
- « Trois poulets d Inde et puis monsieur feraient un fringant attelage », Vadé,
1755.
POUPARD
« Un petit poupard (vol préparé de longue main) que nous nourrissons depuis deux
mois.
- Eugène Sue.
- V. Nourrir.
POUPÉE
Soldat (Vidocq).
- Allusion à la raideur militaire.
Poupée Prostituée.
- « Je m'en fus rue Saint Honoré pour y trouver ma poupée. », Vidal, 1833.
- En 1808, on disait une poupée à ressorts. V. Dhautel.
POUPOULE
Mot d'amitié. Il va sans dire qu'un coq est censé le prononcer.
- « Reste avec ta poupoule. », E. Lemoine.
POURRI
Vénal, corrompu.
- « Or, dans le cas où M. de la Baudraye serait acquis au gouvernement, Sancerre
devenait, plus que jamais, le bourg pourri de la doctrine. », Balzac.
Pourri de chic Rempli d'élégance.
POUSSE
Gendarmerie Mot ancien. V. Roquefort. Il confirme le sens que nous avons donné
à son synonyme Cogne.
- « Archer, recors, exempts, Et tout ce que la pousse a nourri de vaillants. »,
Grandval, 1723.
Pousse-cailloux Fantassin .
- Allusion à la marche du piéton.
- « Votre frère était dans les dragons, moi, j'étais dans les pousse- cailloux.
», Balzac.
- « Cavalier. .tu arriveras au grade de maréchal des logis à force de trotter.
.Parole d'honneur ! Vaut mieux pousser les cailloux et devenir capitaine. », Vidal,
1833.
Pousse-café Petit verre de cognac, pris après
le café.
- « Ensuite nous avons pris le café, le pousse-café, le repousse-café. », Voizo.
.
Ce qui se pousse Monnaie. Allusion à l'acte de
compter des écus.
POUSSIÈRE
Réprimande, charge victorieuse.
- Connu dès 1808.
Pousser dans le battant (Se)
Boire. - V. Pivois.
POUSSIER
Poussière.
- Poussier Lit.
- La poussière n'y manque pas.
- « Je lui paie son garni de la rue Ménilmontant, un poussier de quinze balles
par mois. », Monselet.
- Poussier Monnaie (Vidocq).
PRATIQUE
Soldat indiscipliné, homme débauché, pratique de
mauvais lieux.
- « C'était une pratique qui se démenait comme un enragé entre les mains de la
Garde. », Vidal, 1833.
- « Tout cela n'est que de la pratique ; ils t'ont fait voir le tour comme des
gueux. », Monselet.
Pratique Instrument servant à imiter la voix de
Polichinelle.
- « Polichinelle le cynique Doit renfermer sa pratique. », Complainte
sur les jours gras, Paris, 1826, impr. Stahl.
PRÉ, GRAND PRÉ
Travaux forcés.
- « Ne crains pas le pré que je brave. », Vidocq.
- On dit aussi le grandpré.
- « Du grand pré tu te cramperas pour rabattre à Pantin lestement. », (Id.).
- Aller faucher au pré quinze ans Avoir quinze ans
de galères.
- Le mot est imagé et doit être fort ancien, car le grand pré est ici la mer dont
les anciens galériens coupaient en cadence de leurs longs avirons les ondes verdâtres,
comme des faucheurs rangés dans une prairie. On sait qu'autrefois tous les condamnés
ramaient sur les galères du Roi.
PRÉDESTINÉ
Mari trompé .
- « Prédestiné signifie destiné par avance au bonheur ou au malheur. Nous donnons
à ce terme une signification fatale a nos élus. », Balzac.
PREMIER-PARIS
« Un grand article, appelé Premier-Paris, contenant des réflexions
sur la situation. C'est une série de longues phrases, de glands mots qui,
semblables aux corps matériels, sont sonores à proportion qu'ils sont creux. »,
Alph. Karr.
PRESSE (Mettre sous)
Mettre en gages.
- En 1808 on disait mettre en presse.
- Dans le monde galant, être sous presse signifie
Être en conférence intime.
- « C'est parce que nous avons été mis trop de fois sous presse, qu'aujourd'hui
nous sommes tant dépréciées. », Lynol.
PREU
Premier.
- Diminutif ancien déjà donné dans la Farce de Pathelin.
- « Tiens, v'la le bijoutier du no 10 qui vous a loué tout son preu (premier étage).
- H. Monnier.
PRISE DE BEC
Engueulement.
- « Entendez-vous son organe. Elle a une prise de bec avec Angelina. », 1860,
les Étudiants.
PROFONDE
Poche.
- « Ils se désignent entre eux sous le nom de fouilleurs de profondes. », Paillet.
Profonde Cave.
- « Je vais à la profonde vous chercher du frais. », Vidocq.
Dans les deux mots même allusion de cavité.
PROMONT
Procès (Vidocq)
- Corruption de mot.
PROPRE
« Il est propre se dit d'un homme qui s'est mis dans de mauvaises affaires. »,
1808 Dhautel.
PROTÉGER
Entretenir.
- « Votre monstre d'homme protège Jenny. », Balzac.
- Protecteur Entreteneur.
PROUTE
Plainte.
- Allusion facile à saisir si on se reporte au sens de péter.
PRUNE, NEAU
Projectile
- Allusion de forme.
- « C'est tout de même vexant d'avoir échappé si souvent aux prunes
pour être tué comme un chien enragé. », Eugène Sue.
- « Quand j'ai reçu le pruneau, j'ai dit
Bien, c'est le bon ! - L. Reybaud.
PRUSSE (Pour le roi de)
« Manière fort en usage de parler pour dire que l'on a fait quelque chose en pure
perte. », Dhautel, 1808.
- « S'ils viennent ce sera pour le roi de Prusse. », Cogniard 1831.
PRUSSE
Cet État ne paie point le 31 de mois ; de là le terme de travailler,
etc.
PRUSSIEN
Derrière. V. Camboler.
- Les déroutes d'Auerstadt et d'Iéna où les Prussiens n'ont pas tardé à tourner
le dos, ont pu naturaliser dans nos troupes cette
plaisanterie.
- En 1825, on a publié un Guide du Prussien ou Manuel de
l'artilleur sournois.
- « Le général Kléber À la barrière d'Enfer Rencontre un Prussien Qui lui montra
le sien. », Chanson populaire.
PUANT
Homme aux manières irritantes qu'on ne peut pas sentir.
Se dit surtout de ceux qui affectent des allures fashionables.
- « Ce petit puant. un petit maître toujours sans conséquence. », Parodie
de Zaïre dix-huitième siècle.
PUBLIC (Se fiche du)
V. Peuple.
PUCES (Trouver des)
Trouver motif de querelle.
- « Et pourtant la Giraudeau a trouvé moyen de me trouver des puces. », La
Correctionnelle.
- Celui qui cherche querelle saute sur le moindre motif comme celui qui essaie
de prendre une puce au bond.
PUFF
Réclame effrontée.
- Mot anglais.
- « Le Lafayette du puff qui en matière de réclames est le héros des deux mondes.
», Heine.
Puffiste Faiseur de puffs.
- « Ne laissant nulle trève à l'essaim des puffistes. », Commerson.
Puff Banqueroute
- « Il serait homme à décamper gratis. Ce serait un puff abominable. », Balzac.
- V. Pouf.
PUR-SANG
Cheval de race.
- « Célestine hochait la tête comme un pur- sang avant la course. », Balzac.
PUTAIN (Fils de)
Injure à laquelle le peuple n'attache la plupart du temps aucune idée fixe.
- « J'ai entendu une poissarde dire à son fils ; Petit polisson ! attends fils
de putain je te ferai voir que je suis ta mère. », 1808 Dhautel. (Note
manuscrite).
Miroir à putains Garçon dépourvu de distinction
mais riche de cette beauté banale qui séduit le commun des femmes.
PUTIPHARDER
Violer sans plus de façons que la femme de Putiphar.
- « Ces diables de gens il faut vraiment les putipharder pour avoir l'honneur
de peindre leurs silhouettes. », Champfleury.
QUANTUM
Caisse somme d'argent.
- Latinisme.
- « Encore cent mille francs ! il est allé faire une saignée nouvelle à son quantum.
», Ricard.
QUARANTE-CINQ
« Bon ! quarante-cinq à quinze ! », Exclamation proverbiale toutes les fois qu'on
voit briser beaucoup de verre ou de vaisselle. Signifie sans doute
quarante-cinq pièces à quinze sous.
V. Dhautel 1808.
QUART
Station d'une fille sur la voie publique ; tolérée par la police de sept à onze
heures du soir, elle équivaut en effet au quart des
marins.
- « Je n'ai plus besoin de faire mon quart. », Montépin.
QUART D'AGENT
Propriétaire du quart de la valeur d'une charge d'agent de change.
- « Une bourrasque fit sombrer son quart d'agent dans l'océan de la Bourse. »,
Achard.
- Il y a des cinquièmes, sixièmes, voire des dixièmes
d'agents.
- On dit de même : Un quart d'auteur dramatique.
QUART D'OEIL
« Quarante-huit commissaires de police veillent sur Paris comme quarante-huit
providences au petit pied ; de là vient le nom de quart
d'oeil que les voleurs leur ont donné dans leur argot puisqu'ils
sont quatre par arrondissement. », Balzac .
- Comme le mot est antérieur à l'organisation susdite, nous y voyons plutôt une
allusion à l'ancienne robe noire des commissaires dite cardeuil.
V. Fr. Michel.
- V. Parrain.
QUASIMODO
Homme hideusement contrefait. Du nom d'un type de la Notre-
Dame de Paris de Victor Hugo .
QUELQUE PART
Derrière.
- « Je vais aller lui mettre un grain de sel quelque part. », P. de Kock.
Avoir quelque part Être ennuyé au suprême degré.
Synonyme d'en avoir plein le dos. Seulement cela
se prolonge un peu plus bas.
- « Pour ce qui est de la rousse et du guet Je les ai queuqu'part. », Cabassol.
QUELQU'UN (Faire son)
Trancher du personnage.
- « Si madame fait un peu sa quelqu'une. », Balzac.
QUENOTTE
Petite dent. V. Dhautel 1808.
- « Ouvre la gargoine. Prends le bout de ce foulard dans tes quenottes. », Eugène
Sue.
- V. Domino.
QUEUE (Faire la)
Escroquer. V. Perruque
- « Giromont finissait de compter son argent et disait
le scélérat m'a fait la queue. », Eugène Sue.
Faire la queue Tromper.
- « Il faut se contraindre et vous avez un fameux toupet si vous parvenez à lui
faire la queue. », Phys. de la Chaumière. 1841.
Queue Infidélité galante.
- « Je connais un général à qui on a fait des queues avec pas mal de particuliers.
», Gavarni.
Queue romantique Jeu de mots altérant le sens
raisonnable de la phrase. Murger a ridiculisé cet exercice dans sa Vie
de Bohème. Dès 1751 paraissait une Histoire du prince
Camouflet qui peut passer pour un recueil complet de ces stériles tours
de force. C'est de là que datent « je le crains de cheval,
- sous un beau ciel de lit bassiné, » etc.
Ruban de queue « Comme ces grandes routes ruban
de queue de quatre ou cinq lieues de long qui rien qu'à les voir toujours toutes
droites, vous cassent les jambes. », Eugène Sue.
Queue-rouge Paillasse grotesque dont la perruque
est nouée par un ruban rouge.
- « Le public préfère généralement le lazzi au mot et la queue-rouge au comédien.
», De la Fizelière.
Queue de rat Tabatière dont le couvercle de bois
était soulevé par une longue et étroite lanière de cuir.
- « Une de ces ignobles tabatières de bois vulgaire ment appelées queues
de rat. », Ch. Hugo.
Queue de renard Trace de vomissement. V. Renard.
QUIBUS
« Il a du quibus, c'est à dire des écus, de quibus fiunt
omnia. », Le Duchat, 1738.
QUILLE
Jambe. En 1455 les gueux ou coquillards de Dijon
se servaient déjà du mot quilles dans le même sens.
La chose nous est prouvée par un texte curieux qu'a publié l'archiviste de la
Côte-d'Or, M. Garnier.
- « La madame du pavillon qui met ses bas !
- Plus que ça de quilles ! », Gavarni.
QUINQUET
Oeil brillant (Vidocq, 1837) comme la lampe Quinquet qui passa en son temps pour
un phénix de lumière. On dit
Quelle paire de quinquets ! V. Esbrouffer
QUINZE ANS ET PAS DE CORSET
Se dit en parlant d'une femme dont les appas ont la fermeté de la jeunesse. Employé
souvent avec ironie.
QUINZE-VINGT
Aveugle ainsi nommé à cause de l'établissement qui lui sert d'asile à Paris.
- « Je suis obligé de demander mon chemin comme un quinze-vingt. », La
Correctionnelle.
RABIBOCHER
Raccommoder. V. Collant.
- « N'en parlons plus ! Il faut que je me rabiboche avec vous. », Eugène
Sue.
RABIOT
Temps pendant lequel le soldat peut être forcé de rester à son corps après sa
libération. Il y eut plus d'un rabiot en Crimée.
- Restant de soupe laissée au fond de la gamelle (De Vauvineux).
RABOIN
Diable (Vidocq). V. Abadis.
RACLÉE
Rossée. C'est plus qu'une frottée.
- « Ça lui procura de leur part quelques belles raclées. », L. Desnoyer.
RACLETTE
Ronde de police.
- Elle racle les gens sans aveu sur son passage. V. Balai.
RACCOURCIR
Guillotiner
- La perte de la tête raccourcit. Mot de création républicaine ainsi que les synonymes
ci-joints
- « La louve autrichienne va être à la fin raccourcie.
- Jusqu'à ce qu'ils aient tous craché dans le son.
- Pour faire mettre promptement la tête à la fenêtre à la louve autrichienne.
- Ses bons avis à la Convention pour qu'elle fasse promptement jouer le général
Moustache à la main-chaude.
- Qu'il fasse promptement passer sous le rasoir national le traître Bailly. »,
1793 Hébert.
Le rasoir national est le fatal couperet.
- Cracher dans le sac montre la tête coupée sautant
avec un jet de sang dans le sac de son.
Mettre la tête à la fenêtre et jouer
à la main-chaude font allusion à l'attitude du supplicié.
- La fenêtre, c'est la lunette
où passe la tête du supplicié qui à genoux, mains liées derrière le dos, attend
le cou comme à la main-chaude.
RADE, RADEAU
Comptoir, Tiroir.
- Allusion aux radis qu'on y met.
- « La rade est le comptoir du marchand de vin. Le radin
c'est l'argent du comptoir, par abréviation le radi.
On dit n'avoir pas un radi pour n'avoir pas un sou.
- A. Monnier.
RADIN, RADIS
Argent monnayé.
- Corruption da maravédis.
- « En vain je cherchai dans ma poche, Il ne m'restait plus un radis. », Hardy
Chansons.
- Faire un radin Voler l'argent du comptoir. V. Fête,
Demi-Aune.
RAFFALE
Misère.
- Mot expressif
- Raffalé Misérable, dépouillé par la raffale
de la mauvaise fortune.
- « Tous les hommes sont des raffalés, des pingres. », Lynol.
RAFIAU
Bâtiment léger.
- « J'vas joliment gréer notre rafiau, tu verras. », Phys.
du Matelot, 1843.
RA-FLA
Notes rudimentaires de la batterie du tambour.
- « Le tambour- major bat la mesure des ra et des
fla. », M. Saint-Hilaire.
RAFRAÎCHIR D'UN COUP DE SABRE (Se)
Se battre.
- Allusion à la sensation du froid qu'on éprouve en sentant la lame pénétrer dans
les chairs.
- « Un officier lui demanda s'il voulait se rafraîchir d'un coup de sabre. »,
Ed. Lemoine.
RAIDE, RUDE
Eau-de-vie qui gratte le gosier. On dit par analogie
C'est un peu raide, c'est d'une exigence difficile
à supporter.
- « Comme dit le proverbe un peu de raide fait grand bien. », L. Bardas.
Être raide, Raide comme la justice Être ivre sans
vouloir le paraître, se redresser avec affectation.
- « Dis donc Jules tu as bien dîné.
- Il est raide. », Monselet.
Raide comme balle Rapide comme un projectile.
- « Il a filé son chemin raide comme une balle. », Vidal 1833.
RAILLE
Police, agent de police.
- Du mot égrailler, racler. Le raille
vous engraille, comme la raclette
vous racle.
- « La raille maron te servira pour un deuxième gerbement. » Vidocq.
- V. Cigogne.
RAISINÉ
Sang.
- Allusion de couleur.
- « Tu es sans raisiné dans les vermichels. », Balzac.
- V. Daviole.
RALEUR
Les bouquinistes de Paris appellent ainsi ceux qui ont l'habitude de lire à leurs
étalages sans rien acheter.
Raleuses Les raleuses sont des racoleuses ou courtières
lâchées par les marchands (du Temple) sur le gonze
pour le forcer à acheter. », Mornand.
RAMA
« Des riens constituent chez certaines classes parisiennes un esprit drolatique
dans lequel la bêtise entre comme un élément principal et dont le mérite consiste
particulièrement dans le geste et la prononciation. Cette espèce d'argot varie
continuellement. La plaisanterie qui en est le principe n'a jamais un mois d'existence.
Un procès en cour d'assises, une chanson des rues, les farces d'un acteur, tout
sert à entretenir ce jeu d'esprit. La récente invention du Diorama qui portait
l'illusion de l'optique à un plus haut degré que dans les panoramas avait amené
dans quelques ateliers de peinture la plaisanterie de parler en rama. », Balzac.
- « Eh bien ! monsieur Poiret, dit l'employé, comment va cette petite santérama
? », Id.
RAMASSER
Arrêter.
- « Ce qu'elles craignent par dessus tout, c'est d'être ramassées sous le cruel
prétexte de vagabondage. », M. Waldor.
Se ramasser Se relever après une chute.
RAMASTIQUEUR
Filou ramassant à terre des bijoux faux perdus par
un compère et les cédant à un passant moyennant une prime qui dépasse leur valeur
réelle.
RAMBUTEAU
Guérite-urinoir
- Du préfet qui en a doté la voie publique.
RAMPE (Lâcher la)
Mourir.
- Mot à mot : dégringoler l'escalier de la vie.
- « Ton oncle s'est laissé mourir ?
- Le pauvre cher homme ! Il vient de lâcher la rampe. », Tintamarre.
RAPIAT
Auvergnat, avide, avare.
- Dhautel. (l808) fait venir ce mot de Rapiamus.
- V. Flanelle.
RAPIN
« Ce joyeux élève en peinture qu'en style d'atelier on appelle un rapin. », Balzac.
RAPIOTER
Rapiécer.
- « Monsieur, faites donc rapioter les trous de votre habit. », Mornand.
RAPPLIQUER
Revenir (V. Flacul), Répliquer (V. Suage.
RASER
Railler. Jadis on disait faire 1a barbe.
- « Pour aviser au moyen de faire la barbe à la municipalité de Paris. »"
- 1793, Hébert.
- « On a commencé à dire des blagueurs. Aujourd'hui,
on dit des raseurs. », Gazette
de Paris.
Raseur « Le raseur est l'individu qui croit vous
intéresser infiniment par le récit des choses les plus ennuyeuses dont sa mémoire
est ornée.
- Une fois qu'il tient votre bras, le raseur ne vous quitte plus. », A. Scholl,
1853.
RASPAIL
Liqueur de Raspail, eau-de-vie.
- « Ami, prends un sou de raspail, Pour rincer de tes dents l'émail. », La
Maison du Lapin blanc, typ. Appert.
RAT
« Le rat est un des éléments de l'Opéra, car il est
a la première danseuse ce que le petit clerc est au notaire.
- Le rat est produit par les portiers, les pauvres, les acteurs, les danseurs.
Il n'y a que la plus grande misère qui puisse conseiller à un enfant de huit ans
de livrer ses pieds et ses articulations aux plus durs supplices, de rester sage
jusqu'à dix-huit ans uniquement par spéculation et de se flanquer d'une horrible
vieille comme vous mettez du fumier autour d'une jolie fleur.
- Un rat à onze ans est déjà vieux. Dans deux ans elle peut valoir 60,000 francs,
être rien ou tout, un nom célèbre ou une vulgaire courtisane.
- Roqueplan. 1841.
Rat Bougeoir bougie mince et tortillée dont le
brin rappelle la queue du rat.
- « Je vous demanderai la permission d'allumer mon rat. » H. Monnier.
Rat Avare, pauvre.
- « Je vous dénonce mon propriétaire qui est un rat fini. »
- Bertall.
Rat « Petits pégriots
qui se cachaient à la brune sous un comptoir afin d'ouvrir la nuit la porte du
magasin à leurs collègues. Il paraît qu'on ne fermait qu'au pène les boutiques
dans ce temps-là. Aujourd'hui le rat qui restera
en vedette chez un marchand de vin aurait besoin de ses amis du dehors pour le
délivrer. », A. Monnier.
Rat « Cette expression s'applique à tout retardataire
de l'École polytechnique. Quiconque après son examen de sortie est exclu par son
rang des ponts et chaussées est rat de ponts ; le
rat de soupe est celui qui arrive trop tard à table.
», La Bédollière.
Rat de prison Avocat.
- Allusion aux visites qu'il rend aux prisonniers.
Mon rat Terme d'amitié.
Rat Caprice, fantaisie trottant comme un rat dans
la cervelle. V. Dhautel, 1808.
Courir le rat Voler la nuit à l'auberge (Vidocq).
RATA
Abréviation de ratatouille.
- « Pour le rata
faites bouillir de l'eau, prenez des pommes de terre, jetez le légume choisi dans
la bassine, ajoutez 3 kilogr. de lard par cent hommes, remuez et servez. », La
Bédollière.
RATICHON, RASÉ, RAZE, RAZI
Prêtre.
- Mot à mot : ratissé, rasé.
- Allusion à sa tonsure et à sa figure rosée. V. Momir.
RAVAGEURS
« Ils travaillent un instant après la pluie. Alors l'eau a charrié dans les rigoles
ménagées par le pavé tous les morceaux de clous et de ferraille qu'elle a pu emporter
en passant. La besogne faite, ils vendent un sou la livre leur misérable butin.
», Berthaud, 1846.
- La police a fait cesser cette exploitation.
- Les Mystères de Paris montrent cette industrie
s'exerçant en grand sur les ports de la Seine
S'avançant dans l'eau aussi loin qu'il peut aller, le ravageur puise à l'aide
d'une longue drague le sable de rivière sous la vase, puis il le lave comme un
minerai et en retire une grande quantité de parcelles métalliques. », Eugène
Sue.
RAVIGNOLÉ
Récidive.
- « Je n'ai pas coqué mon centre de taffe du ravignolé ; ainsi si vouzailles brodez
à mezigue, il faut balancer la lazagne au centre de Jean-Louis Laurant, au castuc
de Canelle (Caen). »
RAZZIA
Rafle rasant tout sur son passage.
- Le mot date de notre guerre d'Afrique. En France au quinzième siècle on disait
dans le même sens reize
- « Il exerçait de véritables razzias à l'endroit des tasses de chocolat. », A.
Second.
RÉAC
Réactionnaire.
- Date de 1848.
- « Il s'agira seulement d'applaudir nos orateurs
- et d'aplatir les réacs. », Chenu.
RÉALISTE
Artiste ou romancier s'appliquant à reproduire dans toute leur vérité les scènes
de la vie réelle sans rien idéaliser. Bien qu'employé à la fin du dix-huitième
siècle par Rétif, le mot est nouveau mais l'école est de haute antiquité.
REBÂTIR
Tuer.
- Équivoque.
- Pour rebâtir il faut démolir. V. ce mot.
- « Si tu consens à nous laisser rebâtir le ratichon et sa larbine nous irons
pioncer dans le sabri du rupin de ton villois, à cinquante paturons de la chique
de la daronne du mec des mecs. », Vidocq.
RÉCHAUFFER
Ennuyer (Vidocq).
- On trouve une analogie dans l'acception de bassinoire.
- C'est du réchauffé Cela ne vaut plus rien.
RECONNOBLER
Reconnaître (id.). V. Parrain.
REFAIRE
Tromper. V. Faire.
- « Dindonné, ce que nous appelons refait au même. », Balzac.
REFAITER
Prendre un repas.
- Vieux mot.
- V. Pavillonner.
- Refaite du matois Repas du matin
- Refaite de coni Viatique, repas de mourant.
REFILER
Donner un vol nourri, suivre.
REFROIDIR
Tuer.
- On dit glacé par la mort.
- V. Suage.
RÉGENCE
Digne des roueries galantes de la cour du régent.
- « C'est régence, c'est Louis XV, OEil-de-boeuf ! C'est très-bien. », Balzac.
REGON
Dette.
- Regonser Devoir (Bailly).
REGOUT (Faire du)
Être arrêté.
- « Poissons avec adresse mezières et gonzesses sans faire de regout. », Vidocq.
RÉJOUISSANCE
Os glissé par les bouchers dans la viande pesée à leurs pratiques.
- « Pour mieux les embêter dans le poids et la réjouissance. », Cabarets
de Paris, 1821.
RELUIT
Jour, oeil. V. Coquer, Luisant, Chasse.
RELUQUER, REMBROQUER, REMOUCHER, REMOUQUER
Remarquer, examiner. V. Chasse, Temps, Moucharde, Bonne,
Abadis, Béquille, Bayafe.
- Rembrocage de parrains Confrontation.
RENARD (Piquer un)
Vomir.
- On a commencé par dire écorcher le renard.
- Le renard est une bête si puante qu'on s'expose à vomir de dégoût en voulant
l'écorcher.
- « Et tous ces bonnes gens rendoient leurs gorges devant tout le monde, comme
s'ils eussent escorché le regnard. », Rabelais.
- Le voyageur Jacques Lesaige dit en faisant allusion aux effets du mal de mer
« Loué soit Dieu ! Javons bon apétit car je n'avois fait que escorchier le regnart.
(1518) », V. Gaz.
Queue de renard Longue trace de vomissement.
- « Un homme sans éducation qui a fait une queue de renard dans le plat de son
voisin. », Cabaret de Paris, 1811.
Renarder Vomir.
- « Je suis gris. Vous me permettrez de renarder
dans le kiosque. », Balzac
- On disait autrefois renauder. V. Roquefort.
RENARD
« Pour être compagnon, tu seras lapin ou apprenti, plus tard tu passeras renard
ou aspirant. », Biéville.
- V. Chien.
RENAUDER
Renâcler (Vidocq).
- Signifiait jadis vomir. V. Roquefort.
- « Quand elle quête, merci ! Chacun renaude ou détale. », Léonard,
parodie 1863.
RENCONTRE (Vol à la)
« Variété du vol à la tire. Il est opéré par deux compères
le premier heurte un passant dont il détache la chaîne qui est aussitôt remise
au second ; puis il s'éloigne en s'excusant et se laissant fouiller, si on découvre
le vol. », Canler.
RÊNE (Saisir la troisième)
S'accrocher à la crinière d'un cheval sur lequel on ne peut se maintenir.
RENFONCEMENT
Forte bourrée.
- « On l'accabla de renfoncements, il lui fut impossible de s'expliquer.
- Chenu.
RENGRACIER
Devenir honnête rentrer en grâce de la société.
- « Jamais tu ne rengracieras. Plutôt caner en goupinant. », Vidocq.
RENIFLER
Sentir deviner (Vidocq). V. Pante.
Renifler Refuser d'aller plus avant.
- « Si ce n'avait pas été l'heure, j'aurais reniflé. », Monselet.
RENQUILLER
Rentrer. De quille. V. Pavillonner.
REPIGER
Rattraper.
- « Attends toi ! si je peux te repiger un jour. », Moinaux.
REPIQUER
Recommencer, reprendre le dessus, se tirer d'une mauvaise passe.
- « On repique son chaste cancan. », 1846 P. d'Anglemont.
REPORTER
V. Liquid.
REPOUSSANT
Fusil.
- Il repousse l'épaule.
RETOURNE (De quoi il)
Ce qui se produit de nouveau. Terme de jeu de cartes où la retourne de l'atout
indique en effet l'apparition d'une couleur inattendue. « Voici de quoi il retourne
pour le quart d'heure.
- E. Texier.
REVENIR SUR L' EAU
Sortir d'un mauvais pas.
- « Le voilà qui revient sur l'eau, cet agneau adoré. », L. Reybaud.
RESTE (Donner son)
Accabler, tuer quelqu'un.
- « Mais zeste ! Lowendal leur ficha son reste. », Vadé 1750.
- Ne pas demander son reste Rester anéanti.
RETAPE
Mis proprement
- « Elle est joliment retapée et requinquée le dimanche. », Vidal.
RETAPPE (Faire sa)
Raccrocher.
- « C'est moi qui lui ai donné l'idée de faire sa retape avec un costume décent
et un carton à chapeau à la main. », Cinquante mille Voleurs
de plus à Paris, Paris, 1830 in-8.
- Vient de l'argot des voleurs qui disaient aller à la retape,
pour
s'embusquer sur le grand chemin.
- Mot à mot : attendre l'occasion de retaper sur
les passants .
RICHELIEU
Aussi roué que le galant maréchal de ce nom.
- « Tout le benjoin d'une galanterie à 80 degrés Richelieu.
», Murger.
RICHEMENT LAID
Aussi laid que possible.
RIFLARD
Parapluie.
- D'une pièce de Picard, la Petite Ville (1801),
où l'acteur chargé du rôle de Riflard paraît armé d'un énorme parapluie.
- « Il pleuvait à verse ; elle était sous son riflard. », Lubize.
RIFFAUDER
Brûler. V. Flacul.
- Rifle Feu flamme.
- « Je remouche au coin du rifle un sinve qui roupillait. J'ai sondé dans ses
profondes. », Vidocq.
- V. Coquer.
RIGOLBOCHE
Amusant drôle.
- Diminutif de rigollot.
- « C'était au Prado. La querelle allait son train. .Les agents s'approchèrent.
.Laissez-les donc ! m'écriai-je, sans doute inspirée, c'est bien plus rigolboche
!
- Le mot fut sur-le-champ acclamé.
- Marguerite, me dit C., tu viens de créer un mot qui fera fortune. », 1860, Mémoires
de Rigolboche.
Rigolbocher Cancaner à la façon de Rigolboche,
danseuse dont les lignes précédentes expliquent le nom et la vogue.
- « Nous rigolbochons parfois à Bullier. », 1860, Les Étudiants.
RIGOLER
Rire, se divertir. Vieux mot.
- Dès 1373, Du Cange en cite des exemples au mot Rigolamentum.
« Et frère Jean de rigouller, jamais homme ne feut tant courtois ny gracieux »,
Rabelais.
- « Qu'est-ce qui chante ? je veux de quoi rigoler ! moi. », Champfleury.
- V. Hariadan, Lansquiner.
Rigolot, rigolette Homme ou femme de gai naturel.
- « Rigolos et vous rigolettes, Gais enfants d'l'atelier. », A. Joly, Ch.
- On dit aussi dans le même sens, Rigolot pain de sucre.
- C'est rigolot C'est amusant.
RINCÉE
« Il a reçu une bonne rincée, il a été battu, étrillé comme il faut. », 1808.
Dhautel.
RINCER
Dévaliser.
- « Des malfaiteurs crurent pouvoir rincer la caisse
du juif. », Balzac.
Rincer Battre.
- « Un général, fût-il un prince, Fond sur l'ennemi et vous le rince. », Favart,
- 1750.
- « Tu m'as rincé, et personne ne peut se vanter de me mettre le pied sur la tête.
», Eugène Sue.
Rincer le gosier, le cornet, le sifflet, l'avaloir, la
dalle Faire boire. V. Sifflet.
- « S'il cajole la cantinière, elle lui rince le gosier.)
- Wado, Chansons.
- « Tu peux te rincer le cornet, ça rend toujours un homme aimable. », Cabassol.
- « Quand vous rincez votre avaloir, Vous êtes prié de quitter le comptoir. »,
La Maison du Lapin blanc, typ. Appert.
- « Avec ces messieurs j'bois. Oui, nous nous rinçons la dalle. », Léonard,
parodie.
Il a été bien rincé « Il a été bien mouillé. »,
1808, Dhautel .
RIOLLE
Divertissement.
- De rigoler.
- « Pitanchon, faisons riolle, Jusqu'au jugement. », Grandval, 1723.
RIPATONNER
Raccommoder.
- Mot à mot : réparationner.
- « On ripatonne un livre en publiant une édition revue et corrigée ; on ripatonne
un édifice en le recrépissant. », La Bédollière.
RIQUIQUI
Eau-de-vie.
- « Tiens ! pour te guérir, je t'apporte une goutte de riquiqui. », La
Femme comme on en voit peu, ch., 1789.
RIVANCHER
V. Tremblant.
- Rivette
V. Tante.
RIZ-PAIN-SEL
« À l'armée, où les agents du service des subsistances distribuent les vivres
aux compagnies, on leur donne le sobriquet de riz-pain-sel.
», La Bédollière.
ROBER
Dérober (Vidocq).
- Vieux mot.
ROBERT MACAIRE
Variété du cancan.
- Allusion à la danse de Robert Macaire au premier acte de l'Auberge
des Adrets.
- « Magistrats et docteurs commencent leur carrière, En se faisant danseurs De
la Robert Macaire. », 1841, Phys. de la Chaumière.
- V. Macaire.
ROBINSON
Parapluie.
- Usité depuis la représentation d'une pièce de Pixérécourt, où Robinson apparaissait
avec son grand parasol.
ROCAILLE, ROCOCO
Dans le goût de l'époque de Louis XV.
- « L'amour des rocailles, mot qui caractérise l'ameublement du règne de Louis
XV. », Roqueplan.
- « La chambre de madame était meublée dans le genre rococo », Balzac
Rococo Suranné.
- « Ce mot nouveau est celui de rococo, et me semble
être appliqué, par la jeunesse innovatrice, à tout ce qui porte l'empreinte du
goût, des principes ou des sentiments des temps passés. », Trollope, 1835.
ROCHET
Prêtre (Vidocq).
- Allusion au rochet ou camail qui couvre ses épaules. V. Suage.
ROGNEUR
Fourrier.
- Mot à mot : rogneur de portions.
- Allusion aux vins et aux vivres de campagne sur lesquels un fourrier peu délicat
prélève parfois une dîme indue.
- « Gratte-papier, rogneur, traîne- paillasse, Hardi pillard aux deux galons d'argent,
De vingt surnoms que sur lui l'on entasse, Le fourrier rit, et se moque en chantant.
», Wado, Chansons.
ROMAIN
Claqueur.
- Allusion aux Romains qui applaudissaient Néron.
- « Sous le lustre avec les romains du parterre.
», P. Borel, 1833.
- Romain fantassin.
- Allusion à la forme romaine du poignard d'infanterie.
ROMANICHELS
« Voleurs exploitant l'Europe entière sous les allures de marchands forains. Ils
se marient entre eux, voyagent constamment et se prêtent assistance en cas d'arrestation.
», Canler.
ROND
Saoul.
- « Descendant d'la guinguette, Un soir que j'étais rond. », Les
Amours de Jeannette, chanson, 1813.
Rond Sou.
- Le sou est rond.
- « Aboule tes vingt ronds, bêta ! », Montépin.
- V. Balle, Roue.
RONDINE
Bague.
- Même allusion. V. Vague.
RONDINER
Battre à coups de bâton.
- Mot à mot : de rondin.
- « Qu'il est doux de pouvoir rondiner un ingrat. », Le
Rapatriage, parade du dix-huitième siècle.
Rondiner des yeux Faire les yeux ronds à quelqu'un.
ROSSE, ROSSARD
Homme mou, lâche.
- « Quell'rosse qu'tu fais ! T'es mon ami tout d'même. », Protat.
Rossée Grêle de coups.
ROSSIGNOL
« Ce sobriquet de rossignol était donné par les libraires
aux ouvrages qui restent perchés sur les casiers
dans les profondes solitudes de leur magasin. », Balzac.
- Les marchands de nouveautés donnent le même nom aux étoffes passées de mode.
Rossignol Fausse clé
- « Après, j'ne manquerai pas de raisons Pour rossignoler les maisons. », Festeau,
1832.
ROTIN
Sou.
- Diminutif de rond.
- « Si par hasard ils se lâchent d'un déjeuner de vingt-cinq rotins. », Lynol.
ROUBLARD
Richard.
- Mot à mot : homme à roubles.
- S'il faut en croire le Figaro du 27 novembre 1858,
on appelle aussi roublart un chevalier d'industrie
extorquant des directeurs de jeux une somme qui lui. permette de regagner son
pays, après une perte dont il exagère la valeur.
ROUCHI
Personne méprisable. « Veux-tu te cacher, vilain rouchi.
Tu reviendras quand tu seras blanchi. », 1844. Catalogue poissard.
- Du vieux mot rouchi, mauvais cheval. V. Roquefort.
ROUE DE DERRIÈRE, DE DEVANT
« Pièces de cinq, deux francs. », Vidocq, 1837.
- Allusion au diamètre respectif des roues de voiture.
- « Roues de derrière. expression des cochers pour dire pièces de cinq francs.
», Cabarets de Paris, 1821.
- « Je peux solir pour une roue de derrière ce qui m'a coûté cinquante ronds,
c'est-à-dire vendre pour six francs ce qui m'a coûté cinquante sous. », Avent.
de J. Sharp, 1789.
ROUÉ
Juge d'instruction (Vidocq)
- Il doit l'être.
ROUGE
Révolutionnaire acceptant le drapeau rouge.
ROUGET
Cuivre. (Vidocq). C'est le cuivre rouge. Le cuivre jaune est le paillon.
ROUILLARDE
Bouteille (Vidocq).
- Mot à mot : chose qui se roule.
ROULANCE
« Roulement général que font les ouvriers typographes à coups de composteurs sur
leurs casses, à la rentrée d'un confrère qu'ils viennent de mystifier. », Ladimir.
ROULANT, ROULOTTE
Voiture. V. Dhautel, 1808.
- « Tout ce maquillage ne te fera pas démarger en roulotte (Aller en voiture).
», Paillet.
- V. Garçon.
- Roulant vif « La science change la face de la civilisation
par le chemin de fer, l'argot l'a déjà nommé le roulant vif. », - Balzac. V. Chineur.
ROULER
Battre, vaincre.
- Mot à mot : rouler à terre.
- « Enfin je suis seul contre le gouvernement avec son tas de tribunaux et je
les roule. », Balzac.
- Roulée Vigoureuse correction.
ROULER
Voyager.
- Roulier est classique.
Ça roule Je me porte bien, je fais de bonnes affaires.
- Ça roule se dit aussi d'une manoeuvre effectuée
sans ensemble.
ROULEUR
Trompeur.
- « Cela ne serait pas bien
nos courtiers passeraient pour des rouleurs. », Lynol.
- De rouler, vaincre.
Rouleur « Ses fonctions consistent à présenter
les ouvriers aux maîtres qui veulent les embaucher et à consacrer leur engagement.
C'est lui qui accompagne les partants jusqu'à la sortie des villes. », G. Sand
- De rouler, voyager.
ROULOTTIER
« Il est, en quelque sorte, le cambrioleur de la
rue. Au lieu de travailler en chambre, il travaille en voiture. Il saisit une
malle, un colis sur un camion de roulage et s'éloigne avec sa proie. », A. Monnier.
- Roulottin Charretier (Vidocq).
ROUPIE
Punaise (Vidocq).
- Elle a en effet la forme et la couleur d'une roupie de tabac.
Roupie de singe Rien.
- Roupie a ici le sens de monnaie. On dit monnaie
de singe pour grimace.
ROUPILLER
Dormir.
- « Il est bien temps de roupiller. », 1750, Monbron, Henriade
travestie.
- V. Paumer, Pieu, Rifle.
ROUSCAILLER BIGORNE
Parler argot.
- Rouscailleur Débauché, luxurieux.
ROUSSE, ROUSSINS
Police, agents de police.
- Du vieux mot rouchin, rosse, mauvais cheval. V.
Roquefort.
- Rousse est une abréviation.
- « C'était l'agent de change que suivaient les roussins. », Vidocq.
- « Ils croient voir partout la rousse. », Paillet.
- « À quoi penses- tu ? tu bois avec des rousses. », Chenu.
- V. Butter, Agrafer, Cambrouse.
Roussiner Péter sans façon, comme un rouchin.
ROUSTIR
« La plupart des banquistes, pour me servir de leurs expressions, ont un truc
pour roustir les gonzes, c'est-à-dire une supercherie pour attraper les bonnes
gens. », Avent. de J. Sharp, 1789.
Roustisseur Voleur.
- « On accuse donc c'te pauvre fille d'être une roustisseuse et d'avoir fait sauter
l'argenterie. », Voizo, Chanson.
ROYALE
« Louis XIII rasait bien, et un jour il coupa la barbe à ses officiers et ne leur
laissa qu'un petit toupet au menton. » Tallemant des Réaux.
- De là sans doute ce mot, dit Monmerqué.
RUDE
Remarquable.
- « Eh ! mon vieux sabre, tu peux te vanter d'appartenir à un rude lapin. », About.
- V. Raide, Balle, Doux.
- Rudement Remarquablement.
RUETTE AU PAIN
Gorge.
- « Au souper, je ne pus avaler une goulée, à croire que j'avais la ruette au
pain barrée, par quelque accident. », Delvau.
RUP, RUPART, RUPIN
Seigneur, élégant, riche.
- « Madame, en v'là un rup ! il m'a dit de garder la monnaie pour moi. », Jaime.
- « Pour enfoncer un rupiné, Je sers d'exemple. Malheur à qui contemple Mon petit
minois chiffonné. », Mouret, Ch., 1846.
- V. Rebâtir, Bigorne, Caloquet.
Se prend adjectivement.
- « Tu étais dans une société assez rup. », Montépin.
- « Faisons un petit bout de toilette que chacun soit rupin. », Chenu.
RUSTIQUE
Greffier.
- Rustu Greffe (Bailly).
SABOT
Navire.
- « Aller dans le sabot
S'embarquer. », Vidocq.
- V. Sapin.
- Allusion de forme.
Sabot Violon.
- « Jeune homme ! emparez-vous de ce sabot. », Dumersan et Varin.
SABOULER
Battre, cogner.
- Vieux mot. V. Roquefort.
- « Vous me saboulez la tête avec vos mains pesantes. », Molière, Comtesse
d'Escarbagnas.
- Je te tanne le casaquin, je te saboule. », Paillet.
Sabouler Décrotter.
- Sabouleur Décrotteur (Vidocq) .
SABREUR, TRAÎNEUR DE SABRE
Militaire bruyant, Fanfaron.
- « Vous me faites pitié, tout sabreur que vous êtes. », P. Borel, 1833.
SABRE
Bâton.
- Sabri Forêt.
- V. Rebâtir.
SAC (Avoir le)
Avoir de l'argent.
- « A-t-elle le sac ?
- Cela veut dire en langage des halles
A-t-elle de l'argent ? », G. de Nerval.
Donner le sac Mettre à la porte.
- Mot à mot : Forcer quelqu'un à faire sa malle, son sac.
En avoir plein le sac Être complètement ivre.
- « Laissons-le reposer, il en a plein son sac. », Chenu.
Mettre dans son sac Dévorer un affront sans pouvoir
le venger. « Le montreur de bêtes fut donc obligé de mettre les calottes dans
son sac. », Eugène Sue.
- V. Raccourcir.
Sac-à-papier « À l'ouvrage, messieurs ! Sac-à-papier
! on ne fait rien ici. », Balzac.
Juron bon pour exprimer l'ennui d'être dans une situation embrouillée. Un sac-à-papier
se disait autrefois de la réunion de toutes les pièces d'un procès
celles-ci se plaçaient dans un sac de toile.
SACRÉ CHIEN
Eau-de-vie.
- « Vous nous râperez le gosier avec le trois-six
et le sacré chien dans toute sa pureté. », Th. Gautier,
1833.
- « Les voilà parties chez Caplaine où elles demandent un demi- septier de sacré
chien. », Vadé, 1788.
Avoir le sacré chien Avoir le génie, l'esprit
de son art.
- Équivoque sur le mot précédent.
- V. Chien,
SACREMENT
Sacrement du mariage.
- « Oscar m'offrit le sacrement. », Festeau.
SACRISTAIN
Mari de maquerelle (Vidocq). V. Marlou.
SAFRAN (Accommoder au)
Faire une infidélité conjugale. Le safran est jaune et cette couleur passe pour
celle du cocuage.
- « Je ne suis pas fâché qu'elle ait accommodé au safran ce voltigeur de Louis
XIV. », E. Augier.
- V. Rebâtir.
SALADE
Réponse.
- Calembour.
- La réponse est une espèce de salade.
- « Voilà notre dernier mot. Nous attendons ta salade. », Vidocq.
SALER
Tancer vertement, faire payer trop cher.
SALIÈRES
Cavités pectorales. On dit d'une femme maigre trop décolletée qu'elle montre
ses salières.
- Usité dès 1808.
SANGLIER
Prêtre.
- Calembour.
- C'est le sans-glier, le sans-diable (Glier
représente le diable dans le vieil argot. V. Vidocq) . Allusion à la mission divine
du prêtre qui est de réconcilier les condamnés avec le ciel. V. Hariadan,
Cuisinier.
SANS CHASSES
Aveugle.
- Sans condé Clandestinement, sans permission du
condé.
- Sans-coeur Usurier. Sans-culotte
Républicain de 1793, dont les jambes dédaignaient les culottes courtes pour se
perdre dans un large pantalon.
- « Allez-vous encore me traiter de sans-culotte ? », H. Monnier.
- « Vous voyez comme il méprise la sans-culotterie. », C. Desmoulins, 1790.
Sans-dos Tabouret.
- Sans gêne Indiscret.
- « Malvina trouva d'abord que ce monsieur était un sans-gêne. », L. Reybaud.
- Sans- loches Sourd.
- Sans-le-sou Pauvre.
- « Farnèse fit un mouvement de rien, elle avait senti le sans-le-sou. », Jaime.
SARDINES
Galons du grade de sous-officier.
- Allusion de forme et d'éclat.
- « L'un portait la sardine blanche, L'autre le jaune baudrier. », Nadaud.
SAPIN
Fiacre.
- Sa caisse est en bois.
- Le mot n'est pas nouveau. Nous le trouvons dans un pamphlet légitimiste de la
révolution de 89 (l'Apocalypse).
- « M. Desmoulins, l'abbé Noël, MM. de Beaumont et Keralio avaient loué pour toute
la soirée un sapin national pour se faire voir dans
la promenade. »
Sapin, sap Cercueil de sapin.
- « Avant d'être mis dans le sap, Vous voulez, orné de lunettes, Me décalquer
de pied en cap. », Festeau.
Sentir le sapin Faire pressentir une mort prochaine.
On dit
Voilà une toux qui sent le sapin.
- Usité dès 1808.
- V. Claquer.
SAUTER
Cacher un produit de vol à ses complices.
- Sauter à la capahut
Assassiner un complice pour enlever sa part (Vidocq). V. Capahuter,
Pas.
Sauterelle Puce (id.).
- Ses sauts sont connus.
SATISFAIT
Député conservateur, satisfait de l'ordre de choses
SATOU
Bois.
- Satousier Menuisier (Vidocq). Du vieux mot Satou
Bâton. V. Roquefort.
SAUCÉ
Mouillé jusqu'aux os.
- Donner une sauce Gronder.
- Connus dès 1808.
SAUTEUR
V. Paillasse.
- Sauteuse Danseuse de théâtre.
- Pris en mauvaise part.
SAUVAGE
Nu.
- « Tu ne sais pas encore que s'habiller en sauvage, c'est vendre sa chemise.
», Vidal, 1833.
SAVATE
« La savate, que l'on appelle aujourd'hui chausson par euphémisme, est la boxe
française, avec cette différence que la savate se travaille avec les pieds, et
la boxe avec les poings. », Th. Gautier, 1845.
- V. Arsouille.
Savate « Correction militaire appliquée par les
soldats entre eux pour certains délits non justiciables d'un conseil. Le patient
est étendu sur un banc, la chemise retroussée, et chaque soldat de la compagnie
lui applique trois coups d'un soulier neuf et bien ferré.
» La Caserne, par Vidal et Delmare, 1833.
SAVOIR LIRE
Connaître toutes les ruses (Vidocq).
SAVON
Réprimande sévère. On dit de même laver la tête pour
réprimander quelqu'un.
Savonné blanc.
- Ce qui est savonné est blanchi.
- Pivois savonné Vin blanc. V. Douille,
Larton.
SAVOYARD
Rustre.
- « En l813, avec ces savoyards d'alliés. », Ricard.
Savoyarde Malle (Vidocq).
- Le commissionnaire chargé de la porter est ordinairement Savoyard.
SCHNAPPS
Eau-de-vie.
- Germanisme.
SCIE
Tourment, mystification répétée d'autant plus de fois qu'elle paraît agacer l'auditeur.
- Allusion à la scie qui revient toujours en grinçant
sur elle-même.
- « Les femmes, c'est la scie pour les domestiques.
», Ricard.
- « Les scies les plus farouches l'avaient trouvé inébranlable. », Murger.
Scier, Scier le dos Tourmenter.
- « Pourquoi boire ?
- Pour s'étourdir, pour oublier ce qui vous scie. », Eugène Sue.
- « Laisse-moi, Cadet, tu me scies. », Rousseliana, 1805.
SCIONNEUR. V. Escarpe.
SÉCOT
Maigre.
- « L'une est grasse, L'autre est secot. », Pecquet, Chansons.
SEIGNEURS (Jeunes)
« Aujourd'hui, 1er mars 1840, c'est le titre de bon goût qui a remplacé ceux de
petit-maître, beaux fils, muscadins, etc. qui se
sont succédé rapidement dans les fastes de la belle jeunesse française. », E.
Foa.
SENTINELLE
Excrément isolé aux abords d un édifice. V. Factionnaire.
SENTIR
Aimer (Vidocq).
- Ne pas sentir Détester.
- On dit de même : Avoir dans le nez (quelqu'un qu'on
ne peut sentir).
SER
Signal (Vidocq).
- De serpent qui signifie crachat en argot. V. Arçon.
SERGOLLE
Ceinture (id.).
- Mot à mot : serre gole.
- Du vieux mot gole, ouverture de tunique.
- V. Roquefort.
SÉRIEUX (Être)
Pour les artistes et les lettres, c'est s'être acquis une valeur personnelle.
- Pour les bourgeois, c'est avoir une position dans le monde.
- Pour les lorettes, c'est être capable de leur donner de l'argent.
SERIN
Naïf comme un serin.
- « Tu ne sais pas ce que c'est que d'être l'amant d'une femme. Es-tu serin à
ton âge ! », Eugène Sue.
Seriner Loger dans la mémoire certaine chose à
force de la répéter.
- Allusion à l'influence quotidienne de la serinette sur l'éducation du canari.
- « Nucingen avait seriné Rastignac. », Balzac.
Serinette Enfant ayant plus de mémoire que d'intelligence.
- Cet exemple donne un dernier sens.
« On appelle serinette les infâmes qui font contribuer
un passant en le menaçant de divulguer (seriner) au public ou même à l'autorité
de coupables dépravations. », Paillet.
SERINGUE (Chanter comme une)
« Avoir la voix fausse et discordante. », 1808, Dhautel.
SERRANTE
Serrure (Vidocq).
SERRÉ
Avare, peu fortuné.
- « Il paraît même qu'il est très-serré. », H. Monnier.
SERRER
Mettre en prison.
- On n'y est pas au large.
- « La plus cruelle injure qu'une fille puisse jeter à une autre fille, c'est
de l'accuser d'infidélité envers un amant serré. », Balzac.
SERVIR
Prendre, arrêter.
- Mot à mot : asservir.
- La personne servie n'a plus sa liberté.
- « Frangin et frangine, je pesigue le pivot pour vous bonnir que mezigue viens
d'être servi maron à la lègre de Canelle (Caen). », Vidocq.
- Servir de belle Dénoncer à faux.
- Servir le trèpe Faire ranger la foule. V.Curieux.
SÉVÈRE
Digne de réflexions sérieuses et sévères. €
- « Ah ! je vous raconterai ma vie. Je vous en dirai des sévères, mon bon ami.
», Ricard.
- « Ouvrez ou j'enfonce la porte.
- En voilà une sévère. », L. Reybaud.
SIC NOMEN
Argent.
- Latinisme dont la traduction libre est
C'est ainsi que je m'appelle. C'est-à-dire
Je n'ai pas besoin de nom, il me suffit de paraître pour être reconnu par tous.
SIFFLER
Boire.
- « Il a sifflé pour dire
il a bu, parce que les lèvres ont à peu près le même mouvement. », Le Duchat,
1738.
- « Tiens, vieux chéri, siffle-moi ça, ça va te remettre. », Eugène Sue.
SIFFLET
Gosier.
- Comparaison facile à deviner. Vidocq donne aussi siffle
pour voix.
- « Qu'en te coupant le sifflet, quelqu'un délivre le royaume. », La
Nouvelle Mazarinade, 1652.
Se rincer, s'affuter le sifflet Boire.
- « Là, plus d'un buveur bon apôtre, Venait se rincer le sifflet. », Colmance,
Ch.
- « Faut pas aller chez Paul Niquet Six fois l'jour s'affuter le sifflet. », P.
Durand, Ch. 1836.
SIGUE, SIGLE
Pièce d or (Vidocq). Abrév. de cigale.
SIMON
« La maison où les vidangeurs travaillent est appelée par eux atelier
et le propriétaire de cette maison est appelé par eux Simon. »
- Berthaud.
SINE QUA NON
La chose indispensable.
- Sine qua non possumus s'entend ordinairement de
l'argent.
- « L'entretien est le sine quâ non de l'élégance.
» Balzac.
SINGE
« En revanche, les ours ont nommé les compositeurs
des singes à cause du continuel exercice qu'ils font
pour attraper les lettres dans les cinquante-deux petites cases où elles sont
contenues. », Balzac
Monnaie de singe Grimace.
- « Il la payait, comme dit le peuple en son langage énergique, en monnaie de
singe. », Balzac.
- V. Roupie.
SINVE
Dupe.
- Corruption du mot simple.
- V. Affranchir, Rifle.
SIROTER
Boire
- « Son bonheur était d'aller siroter le vin à dix de la Courtille. », Ricard.
SIX
Chandelle de six à la livre. « Voyons que j'allume ce bout. Tiens, vous usez des
six, Plumet, c'est comme moi. », Ricard.
SOIFFER
Boire outre mesure comme si on avait grand'soif.
- « Là, j'soiffons, Je n'sais comme, Chacun nos trois poissons. », Les
Amours de Jeannette, ch., 1813.
- « T'as soiffé, malheureux, Que c'en est désastreux. », Moineaux.
Soiffard, soiffeur Grand buveur.
- « Le franc soiffeur Offre son coeur, Avec un sou d'galette.
- Dalès
- « Soiffard de Nini Moulin. », Eugène Sue.
SOIGNÉE
« Oh ! en v'là une soignée ! », La Bédollière.
- Voilà un fait à noter soigneusement.
SOISSONÉ
Haricot (Vidocq, 1837).
- Soissons est la patrie des haricots.
SOLDAT DU PAPE
V. Pape.
SOLEIL (Avoir un coup de)
S'enivrer.
- Piquer un soleil Rougir.
SOLITAIRE
Spectateur qui, pour payer moins cher sa place, entre au théâtre dans les rangs
de la claque. Son nom indique qu'il ne se croit pas obligé de faire chorus avec
ses bruyants compagnons.
- « Grâce a une pièce de cinquante centimes, j'entrai en qualité de solitaire.
», A. Second.
SOLIR
Vendre.
- « J'ai rencontré marcandière qui du pivois solisait. », Vidocq.
- V. Fourgat, Roue.
- Solliceur Marchand.
- Solliceur de lacets Gendarme.
SNOBOYE
Très-bien. V. Chocnoso.
SOEUR
Maîtresse.
- Terme ironique inventé pour railler ceux qui dissimulent leurs bonnes fortunes
sous des liens de parenté fictifs.
- « Au quinzième siècle, on disait d'une fille débauchée qu'elle était de nos
cousines. », Ducatiana, 1738.
- Il règne entre ces termes de soeur et de cousine
une analogie qui confirme notre étymologie.
- « Sais-tu ce qu'il me répond ? Et ta soeur ? »,
Je l'aurais cogné. », Monselet.
- « J'n'ai pas de soeur, et voilà pourquoi J'trouve étonnant qu'chaq'jour on m'dise
Et ta soeur ? », Ch. Blondelet, Chanson.
SMALAH
Ménage, réunion de la femme, des enfants et du mobilier. Le mot vient d'Algérie.
SONDE
Médecin (Vidocq).
- Il sonde l'état de votre santé.
Sondeur Commis d'octroi (id.)
- Il sonde les voitures qui passent.
SONNETTES
Pièces d'argent.
- Connu dès 1808
- « Et les sonnett's en poche, J'accours à l'Opéra. », Désaugiers.
- Sonnette Jeune sodomite (Vidocq.)
SONNETTE DE BOIS (Déménager à la)
Emporter ses effets sans avoir payé sa chambre, en tamponnant la sonnette d'éveil
qui signale la sortie d'un hôtel garni.
- « Car il était réduit à déménager à la sonnette de bois (sans bruit et clandestinement).
», Chenu.
SOPHIE (Faire sa)
Se donner des airs de sagesse.
- Sophie et sagesse
sont synonymes.
- « À quoi ça m'aurait avancé de faire ma sophie ? », Monselet.
SORBONNE
Cerveau. V. Dhautel, 1808.
- « La sorbonne est la tête de l'homme vivant, son conseil, sa pensée. », Balzac.
- Date du temps où les décisions de la Sorbonne faisaient plus de bruit dans le
monde intellectuel.
- V. Paumer.
SORGUE
Soirée, nuit.
- Roquefort donne sorne avec la même signification.
V. Baïte, Chenu, Billon.
Sorguer Passer la nuit.
- « Content de sorguer sur la dure, va, de la bride (chaîne) je n'ai pas peur.
», Vidocq.
SORT (Il me)
Se dit de quelqu'un dont on ne peut supporter la vue.
SORTIR LES PIEDS DEVANT
« Le bruit courut que la jolie fille était séquestrée dans un cabinet noir et
qu'elle n'en sortirait que les pieds devant. », About.
- C'est-à-dire qu'elle n'en sortirait que morte, emboîtée dans un cercueil.
SOUDRILLARD
Libertin (Vidocq, 1837).
- Soufflant Pistolet.
SOULOGRAPHE
Homme qui a fait de l'ivrognerie un métier.
- Soulographie Ivrognerie (Vidocq, 1837).
- « Ils feront de la soulographie, et adieu votre
typographie, plus de journal ! », Balzac.
SOUPÇON
Quantité si minime, qu'on se demande si elle existe. De là le terme de soupçon.
- « Rien que de l'eau chaude avec un soupçon de thé et un nuage de lait. », A.
de Musset.
SOUPE (Tremper une)
Battre.
- Mot à mot : faire avaler une correction.
- « Où qu'tu vas, Polite ?
- Je vas tremper une soupe à ma femme. », Gavarni.
Soupe au lait Homme colère.
- On sait que le lait bouillant déborde avec rapidité.
SOUPEUR, SOUPEUSE
Viveur passant les nuits à souper.
- « Est-ce que les soupeurs savent jamais ce qu'ils boivent et ce qu'ils mangent.
», Frémy.
SOURICIÈRE
« Tout en ayant soin de placer ma giberne ou, comme on dit, ma souricière. »,
Vidal, 1833.
- Allusion de forme.
Souricière Piége tendu par la police
« Tendre une souricière pour le faire pincer par la police. », Eugène Sue.
Souricière Lieu visité souvent par la police.
- « C'est une vraie souricière que votre tapis-franc. Voilà trois assassins que
j'y prends. », Id.
SPEECH
Allocution.
- Mot anglais.
- « En terminant mon speech ministériel. », Eugène Sue.
STERLING
Grand, considérable.
- Allusion à la valeur relative de la livre anglaise qui est très-forte.
- On parle des galanteries sterling d'un entreteneur
dans un roman de Rutlidge (Vice et Faiblesse, 1786).
- « Il y a là-dessus un tas de vieilles drogues qui font un sabbat sterling. »,
Vidal, 1833.
- On dit de même s'ennuyer à vingt cinq francs par tête.
SUAGE
Assassinat.
- « Nous voulons bien maquiller le suage de ton rochet, mais à la condition de
tout connir. Il n'y a que les refroidis qui ne rapliquent nibergue. », Vidocq.
Faire suer Assassiner.
- Mot à mot : Faire suer du sang.
- V. Chêne.
SUBLIMER (Se)
Se raffiner.
- « Les jeunes biches se sont sublimées au contact des anciennes. », Lynol.
Sublimer Travailler pendant la nuit.
- « Afin de tromper la surveillance des adjudants (de l'École polytechnique),
celui qui sublime place son lit renversé sur quatre tabourets, rabat la couverture
par dessus, et étendu sous cet abri, rumine en paix les problèmes ardus des mathématiques
transcendantes. », La Bédollière.
SUÇON
« Faire une consommation fanatique de croquets et de sucres d'orge, dits suçons.
», Rolland
- On les suce très-longtemps.
Suçon Trace rouge laissée sur la peau par la succion
des lèvres.
SUER (Faire)
Accabler d'ennui quelqu'un.
- « J'ai beau m'évertuer, j'crains qu'après moi z'on n'répète
Ah ! comme ça fait suer. », Francis, 1825.
- V. Suage.
SUIF (Donner un)
Réprimander.
Suifard, Suifé Chic, élégant. V. Astiquer.
SUISSE (Faire)
« Le soldat a le point d'honneur de ne jamais manger ou boire seul. Cette loi
est tellement sacrée, que celui qui passerait pour la violer serait rejeté de
la société militaire, et on dirait de lui
Il boit avec son suisse, et le mot est une proscription.
», Vidal, 1833.
- « Un soldat français ne doit pas faire suisse,
ne boit jamais seul. », La Bédollière.
- Le premier exemple donne la clé du mot. Le soldat, n'ayant pas de suisse, ne
peut boire avec lui, donc il boit seul. Cette ironie a dû être inventée pour rappeler
quelque engagé de bonne compagnie aux règles de la fraternité.
SUIVEUR
« Le suiveur est très-drôle à observer et à suivre. Une femme passe devant lui
et réjouit sa vue par une tournure quelconque ; le suiveur accélère son pas, dépasse
sa victime, et se retourne bientôt pour juger de la beauté de l'objet de sa poursuite.
», Roqueplan .
SUPERLIFICO, COQUENTIEL, COQUENTIEUX
Merveilleux.
- De superlatif.
- Rabelais a employé dans son livre III le mot Supercoquelicantieux.
SURBINE
Surveillance (Vidocq).
SURGEBER
Condamner en appel (Vidocq).
- De gerber.
SURIN
Couteau.
- « Les artistes en surin commencent à s'expatrier. », Delvau. V. Chemin
.
TABAC (Être dans le)
Être dans une position critique.
- Mot à mot : Être dans le à bas.
- Jeu de mots .
Donner du tabac Battre.
- « Si tu m'échauffes la bile, je te f. du tabac pour la semaine ! », Vidal, 1833.
- V. Esbrouffe.
Ouvrir sa tabatière Vesser.
TABAR
Manteau (Vidocq).
TAFE
Peur.
- De l'ancienne locution les fesses lui font tif taf
: Il a peur (Oudin, seizième siècle).
- V. Chenu, Bayafe.
- « Ce n'est pas toi ni tes paysans qui nous f ..le tafe. », Vidal, 1833.
- Ce mot a pour diminutifs tafferie et taffetas.
- Taffeur Poltron.
TAILBIN
Billet de complaisance (Vidocq).
TALON ROUGE
Aristocrate. Le droit de porter des talons rouges était un signe de noblesse.
- « Tous les talons rouges de l'ancien régime qui trahissent le peuple. », 1793,
Hébert.
TAMBOUR
Chien (Vidocq).
- Allusion à son grondement.
TAMPON
Poing.
- « Je lui ai envoyé un coup de tampon sur le mufle. », Th. Gautier, 1845.
TANNER
Ennuyer, assommer.
- On sait combien il faut fatiguer une peau pour la tanner.
- Un poète du treizième siècle, Rutebeuf, dit déjà
« Quar le resveil Me tanne assez quand je m'esveil. »
- « Les communes de Flandre, qui déjà commençaient à tanner,
et désiraient fort de retourner en leur pays, lui demandèrent congé. », 1411,
Monstrelet.
- « C'est insupportable.
- Hein ! est-ce tannant. », Eugène Sue.
Tanner le cuir Rosser.
- « Si vous vous permettez, je connais une personne qui vous tannera le cuir.
», Gavarni.
TANGENTE, TANGENTE AU POINT Q
Épée.
- Jeu de mots.
- « Le conscrit de l'École polytechnique est souvent absorbé avant d'avoir endossé
l'uniforme et senti battre sur sa cuisse gauche l'arme que les élèves nomment
une tangente au point q. », La Bédollière.
Prendre la tangente S'échapper. V. Absorption,
Colle.
TANTE
« Tous mes bijoux sont chez ma tante, comme disent mes camarades lorsqu'elles
parlent du Mont de Piété. », Achard.
- C'est, comme oncle, un terme ironique à l'adresse
de ceux qui croient déguiser la source d'un emprunt en disant qu'ils ont eu recours
à leur famille.
Tante « Homme qui a des goûts de femmes, la femme
des prisons d'hommes. », t837, Vidocq.
- « Pour donner une vague idée du personnage qu'on appelle une tante,
il suffira de rapporter ce mot magnifique du directeur d'une maison centrale a
feu lord Durham qui visita toutes les prisons pendant son séjour à Paris. Le directeur,
après avoir montré toute la prison, désigne du doigt un local en faisant un geste
de dégoût
Je ne mène pas là Votre Seigneurie, dit-il, car c'est le quartier des tantes.
- Hao ! fit lord Durham, et qu'est-ce ?
- C'est le troisième sexe, milord. », Balzac.
- « Enfants, on les appelle mômes ou gosselins
; adolescents, ce sont des cousines ; plus âgés,
ce sont des tantes. », Moreau Christophe
- Dans le chapitre détaillé qu'il a consacré à cette espèce de gens, M. Canler
reconnaît quatre catégories appartenant à diverses classes sociales
persilleuses, honteuses, travailleuses et rivettes.
Cette dernière est seule exploitée par les chanteurs.
TAPÉ, retapé, tapé dans le noeud
Émouvant, frappant, réussi.
- « Aussi a-t-on fait plusieurs couplets sur tous les ministres dont le portrait
est bien tapé. », 1742, Journal de Barbier.
- « C'est un peu tapé dans le noeud. », La Bédollière.
- « Une manière de sentiment bien r'tapé. », Vadé, 1755.
Taper de l'oeil Dormir.
- « Il y avait plus d'une heure que je tapais de l'oeil quand je m'entends réveiller.
- Oeuvres badines de Caylus, 1750.
- Taper dans l'oeil Séduire.
Taper sur la boule Enivrer, battre.
- « Dans l'gosier comme ça coule, Comme ça tape sur la boule. », J. Moinaux, Ch.
- « Ce scélérat de vin de champagne avait joliment tapé ces messieurs. », Festeau.
Taper sur les vivres, sur la boisson Manger et
boire avidement.
- « D'avoir trop tapé sur l'pichet, Qu'en avaient plein la gargamelle. », Chansonnier,
1836.
TAPE-CUL
Voiture non suspendue.
- « Font-ils des embarras avec leur mauvais tape-cul ! », Ricard.
TAPEDUR
Serrurier (Vidocq).
TAPÉE
Grosse réunion.
- Usité des 1808.
TAPIN
Tambour.
- Mot à mot : petit tapeur (de caisse).
- Usité dès 1808.
- « Le tapin qui tambourinait en tête de l'escouade. », La Bédollière.
TAPIS FRANC
Cabaret.
- Franc fait allusion à la clientèle qui est composée d'affranchis ou voleurs.
- Tapis est une abréviation du vieux mot tapinet
lieu caché. V. Roquefort.
- V. Empoivrer, Crosser.
- Tapis de refaite Table d'hôte.
- Tapis de malades Cantine de prison.
- Tapis de grives Cantine de caserne.
- Tapis vert Prairie.
- Tapissier Cabaretier. V. Baptême,
Ogre.
TAPISSERIE (Faire)
« Se dit par raillerie des femmes âgées qui au bal ne font plus que regarder danser.
», Dhautel.
- Rangées sur la banquette, le long du mur, elles font corps avec la tapisserie.
TAROQUE
Marque. V. Détaroquer.
TARTE
Qualité bonne ou mauvaise (Vidocq).
TARTINE
« Elle avait le défaut d'employer de ces immenses phrases lardées de mots emphatiques,
si ingénieusement nommées des tartines dans l'argot
du journalisme. », Balzac.
- « Pardonne-moi la longue tartine que je viens de te faire avaler, et sur laquelle
j'étale depuis une heure les confitures de mon éloquence. », Th. Gautier.
Tartiner « Tu n'as pas assez de style pour tartiner
des brochures. », Balzac.
TASSE (La grande)
La mer.
- « C'est vrai qu'un peu plus vous buviez à la grande tasse. », Ricard.
TAUDION
Petit logement.
- « J'ai vendu ce que j'avais pour payer le taudion où nous couchons. », Lynol
.
TAULE, TÔLE
Maison.
- « Dans une tôle enquille en brave, fais-toi voleur. », Vidocq.
- Au moyen âge, taule signifiait table.
- V. Pavillonner.
TAUPAGE
Égoïsme.
- Tauper Travailler.
- Taupier Égoïste (Vidocq).
- Allusion à la nature active et solitaire de la taupe.
- Le travail des malfaiteurs n'est-il pas un vrai travail de taupe ?
Le royaume des taupes La terre.
- « Il est au royaume des taupes, il est mort. », Oudin, 1640.
TAUPIN
« Le simple taupin, le candidat qui se présente à
la colle d'admission à l'École polytechnique, possède
déjà des connaissances supérieures. », La Bédollière.
TEINTÉ
Enluminé par l'ivresse.
TEINTURIER
« Tous les hommes politiques ont besoin d'avoir auprès d'eux des sous-hommes
politiques ou des supérieurs qu'ils consultent, qu'ils laissent écrire ou qu'ils
s'assimilent. Dans le style des affaires publiques, ceux qui exercent cette influence
s'appelent des teinturiers, parce qu'en effet ils
se chargent de donner de l'étoffe à des hommes d'État des couleurs différentes.
», Roqueplan.
Il y a aussi des teinturiers littéraires. On lit dans les Mémoires
secrets (25 sept. 1775)
« La comtesse de Beauharnais a fait présenter une comédie. Elle a été reçue
on ne doute pas que le sieur Dorat ne soit son teinturier. »
TEMPS (Voir le coup de)
Prévoir à temps pour parer.
- Terme d'escrime.
- V. Dhautel, 1808.
En deux temps En un instant.
- Terme d'escrime.
- « En deux temps, j'remouque et j'débride. » Bailly.
- « En deux temps sa lessive est faite. » Le Casse-Gueule, ch., 1841.
Prendre des temps de Paris signifie, au théâtre,
préparer ce que l'on a à dire par une pantomime pour augmenter l'effet. Le mot
a été inventé par des comédiens de province (Couailhac).
TENIR (En)
Aimer d'amour.
- « Est-ce de l'amour ? Alors, il faut qu'elle en tienne furieusement, puisqu'elle
fait de tels sacrifices. », Ricard.
TERNAUX
Châle de la fabrique Ternaux.
- « Elle prit un schal de coton ;
- le ternaux était au. Mont de Piété. », Ricard.
TERRER
Tuer.
- Mot à mot : enterrer.
- « Dans dix ans je reviendrai pour te terrer, dussé-je être fauché. », Balzac.
TÊTE (Faire sa)
Prendre de grands airs.
- « Tu y gagnes d'avoir l'exercice une fois de plus par jour pour apprendre à
faire ta tête. », Vidal, 1833.
Tête carrée, Tête de choucroute Allemand.
THOMAS
Pot de chambre. V. Goguenot.
- « Parmi les consignés occupés à passer la jambe à Thomas
(vider les baquets d'urine). », La Bédollière.
- Équivoque sur les mots vide Thoma de l'hymne populaire
de Pâques.
TEZIGUE
Toi. V. Bonne, Coquer.
THUNE
Argent. V. Bille.
TIGNE, TIGNASSE
Chevelure en désordre.
- Du vieux mot tigne, teigne. V. Aplomb.
TIGRE
Groom.
- « Leur chapeau à cocarde noire, leurs bottes à retroussis, leur veste bleue
et leur gilet bariolé, couvrent des gamins arrachés au plaisir de la pipoche.
», A. Deriège.
- Tigre
« Le rat débute et danse un pas seul ; son nom a été sur l'affiche en toutes lettres
; il passe tigre et devient premier, second, troisième sujet. », Th. Gautier.
TIRAGE (Il y a du)
C'est long, c'est difficile.
- Terme de cocher. Plus le chemin est rude, plus le cheval tire.
TIRANT
Bas.
- On le tire pour le mettre.
- « Ses tirans et sa montante et son combre galuché, son frusque, aussi sa lisette.
», Vidocq.
TIRE-JUS
Mouchoir.
- Mot imagé. Usité dès 1808.
TIRER AUX GRENADIERS
Carroter 1e service, militairement parlant. Comme
les compagnies d'élite sont exemptes de corvées, tirer aux
grenadiers, c'est s'attribuer indûment leurs privilèges.
- Tirer une dent Escroquer (Vidocq).
- V. Carotte.
TIREUR
Voleur à la tire, dont la spécialité est de tirer, dans la foule, ce que contiennent
les poches des voisins.
TITI
Gamin de Paris.
- « Mousqueton est le titi par excellence, c'est le vrai gamin de Paris avec sa
gaîté, sa souplesse, ses bons mots. », M. Alhoy.
TOC
Cuivre, bijou faux.
- Onomatopée.
- Allusion à la différence de sonorité qui existe entre une pièce de cuivre et
une pièce d'or.
- « Bagues, boutons de manchette et croix de ma mère en toc, 6 fr. 50. », Les
Cocottes, 1864.
Toc, Tocard, Tocasse, Tocasson Laid, mauvais.
- C'est toujours du cuivre en supposant que l'or représente la beauté et la bonté.
- « L'article de Cascaret est toc. », J. Rousseau.
- « Croiriez-vous qu'en parlant d'une femme laide, on dit
Elle est toc, elle est tocarde. C'est un vieux tocard, c'est un vieux tocasson.
», N. Vanecke, Ch. 1855.
- « Il goûta le pain dont les prisonnières se plaignaient
Chouette ! dit il, j'en ai mangé de plus toc que ça. », Chenu, 1850.
Tocasse Méchant,
- Tocasserie Méchanceté (Vidocq).
TOILE (Déchirer la)
Faire un feu de peloton.
- Comparaison du bruit de la fusillade à celui d'une toile qu'on déchire. Elle
est assez juste.
- « Tout à l'heure les feux de deux rangs déchireront la toile, et nous verrons
si vos clarinettes ont de la voix. », Ricard.
TOMBER
Terrasser, faire tomber.
- Tombeur Lutteur invincible.
- Se prend ironiquement au figuré.
- « Eugène P., le tombeur de Renan, y vient de temps en temps mépriser l'humanité.
», Les Cocottes# l864.
Tomber dessus Maltraiter en paroles ou en actions.
- « Que demain je lâche ma place ! on me tomberait fièrement dessus. », De Goncourt.
Tombeur Acteur trop mauvais pour être accepté
nulle part. », Ch. Friès.
TONDU (Le petit)
L'empereur Napoléon.
- « L'Empereur lui-même, le petit Tondu, comme disait mon père. », L. Reybaud.
TONNEAU
Degré. V. Bouchon.
- « Tu lui aurais rendu sa politesse.
- Plus souvent ! à un daim de ce tonneau ! », Monselet.
TOPER
« Chaque fois qu'un dévorant rencontre un autre ouvrier, il doit lui demander
de quelle société il est.
- Ça s'appelle toper. », Biéville.
TOPO
Officier d'état-major, plan topographique.
TOQUADE
Manie.
- « Prémary a une toquade. On le débine, on le nie, on veut le tuer. », A. Scholl.
Toquade Inclination assez forte pour en faire
négliger d'autres. V. Toqué.
- « Hortense est sur le chemin de la fortune. Une simple toquade, et elle est
perdue. », Les Pieds qui r'muent, 1864.
- V. Toqué.
TOQUANTE
Montre. Allusion au tic-toc de la montre.
- « Un monsieur qui me trouva gentille m'offrit un jour une toquante d'or. La
montre me tentait. », Rétif, 177e Contemporains.
- V. Billemont.
TOQUÉ
A moitié fou. On dit de même.
Il a reçu un coup de marteau. C'est-à-dire
Son cerveau est bien près de se fêler.
- « Les collectionneurs sont toqués, disent leurs voisins. », Balzac.
- V. Folichonnette.
Toqué Épris.
- « Ma chère, les hommes c'est farce ! toujours la même chanson
Une femme à soi seul ! Toqués ! », Gavarni,
En avoir dans le toquet Être ivre.
- Ce terme correspond exactement à celui de Casquette.
- Même étymologie.
- « Chez Dénoyer j'entre, Un peu dans le toquet. », Decourcelle, Ch.,
1839.
TORCHER LE NEZ (Se)
Se passer. On dit de même qu'une chose passe devant le nez.
- « Tout cela vient de Pitt envoyé par les alliés, mais ils s'en sont torchez
le nez. », Mauricault, Ch.,179.
Se torcher le cul - Faire peu de cas.
TORCHON (Se donner un coup de), SE TORCHER
Se battre.
- Même allusion que dans frotter.
- Se dit aussi pour faire toilette.
- « Allons jusqu'aux chouans, leur donner un coup de torchon. », Henry, Ch.
1836.
Le torchon brûle à la maison se dit pour annoncer
une querelle domestique.
- « Je ne suis plus son Jujule, son chou, son rat, son trognon, L'torchon brûle,
L'torchon brûle à la maison. », Dalès.
TORD-BOYAUX
Mauvaise eau-de-vie.
- « Avaler un verre de tord-boyaux, comme l'appelait notre amphitryon. », Vidal,
1833.
TORNIQUET
Moulin (Vidocq).
- Sa roue tourne.
TORSE
Estomac.
- « Un verre de fil en quatre. Histoire de se velouter le torse. », Th. Gautier.
- « Il s'était, outre mesure, bourré le torse ; langage d'atelier. », P. Borel,
1833.
Poser pour le torse « Le torseur emprunte tous
ses effets à son torse, toujours bardé d'une cravate à gros noeuds et d'un gilet
bien étudié. Le torseur projette sa poitrine sur le devant d'une loge ou dans
l'embrasure de portes d'un salon, ou dans l'intervalle de deux rideaux de croisées.
», Roqueplan.
TORTILLANT
Boiteux, qui tortille en marchant (Vidocq).
TORTILLER
Manger.
- « En trois jours nous aurons tout tortillé. », Vidal, 1833.
- « Voyez-vous, j'avais tortillé une gibelotte et trois litres. », Ricard. V.
Bec.
- Allusion au mouvement des mâchoires.
Tortiller Faire des façons.
- « L'ordre est formel. Il n'y a pas à tortiller. », L. Desnoyer.
- Tortiller de l'oeil - V. OEil.
- Tortiller Avouer (Vidocq). V. Bayafe.
TORTUE
Vin (Vidocq). V. Faire la tortue.
TOUCHE
Physionomie grotesque.
TOUCHER
Frapper fort.
- Ironie. V. Aplomb.
Article touché Article vigoureusement fait.
- Terme de peinture.
- « Comme c'est écrit ! comme c'est touché ! », L. Reybaud.
TOUPET
Grande effronterie.
- Jeu de mots.
- Le toupet est supérieur au front.
- « Et dire qu'avec du toupet et de la mémoire tout le monde en f'rait autant.
», H. Monnier.
- Se payer de toupet Payer d'audace. V. Créper.
- « Que de gens font étalage, S'payant de toupet, N'ont rien dans leur ménage.
», Chanson, 1832.
Se mettre dans le toupet S'entêter à croire.
- « Et mosieu se fichera dans le toupet que tout sera dit. », Gavarni.
TOUPIE
Femme de peu, tournant en toutes mains, comme une toupie.
- Usité dès 1808.
- « L'insolent traite sa grande soeur de toupie. - Colmance. »
TOUR (Faire voir le)
Tromper.
- « Pour parvenir dans le commerce, Chacun s'exerce À qui fera voir le tour aux
pauvres chalands. », Chansonnier, 1836. Connaître
le tour
Connaître toutes les ruses.
TOURLOUROU
Soldat du centre.
- Forme du vieux mot turelureau, soldat de garnison.
V. Du Cange.
- Au quatorzième siècle, la turelure (prononcez toureloure)
était une porte fortifiée, une sorte de château flanque de tourelles.
- « Si le tourlourou est solide sur l'école de peloton, il n'est pas moins ferré
sur l'école de la séduction. », M. Saint-Hilaire.
TOURMENTE
Colique (Vidocq).
TOURNANTE
Clé (Vidocq).
- Elle tourne dans la serrure.
- V. Tremblant.
TOURNE-AUTOUR
Tonnelier (Vidocq).
- Allusion au mouvement habituel imposé par son métier.
TOURNÉE
Pile, correction faisant tourner et retourner la victime.
- « Après, je donne une tournée à la Chouette. Je
tiens à ca. », Eugène Sue.
- Danse et Walse offrent
la même image.
Tournée Rasade offerte à l'assistance devant le
comptoir du marchand de vins.
- La tournée est une rasade qui fait le tour de la
compagnie assemblée. On a voulu y voir une allusion à la petite roue qui offre
aux buveurs le moyen de jouer leur consommation sans quitter le comptoir du marchand
de vins.
Mais alors le terme offrir ou payer
une prochaine tournée, qui est fort usité, serait un non sens. Ce qui se
joue ne peut s'offrir.
- « Il offre une tournée au café Robert. », Monselet.
TOURNER DE L'OEIL
S'assoupir, mourir.
- « Trois ou quatre méchantes chopines. .et ça tourne l'oeil. », Gavarni.
- « Du poison ! . Allons, bois. tu vas tourner de l'oeil tout de suite. », Chenu.
TOURTOUSE, TORTOUSE
Cordes à menottes.
- Tourtouser Lier, garrotter (Vidocq).
- Mot expressif indiquant l'action de lier tout au tour.
- V. Criblage, Coltiger.
TOUSSE (Non, c'est que je) . V. Mouche.
TOUT DE CÉ
Très-bien (Vidocq).
TRAC
Peur.
- Onomatopée.
- Nos paysans donnent encore le nom de trac à une
maladie qui cause un frisson perpétuel.
- V. Boeuf.
- « Bien, voilà mon trac qui me reprend. », Marc Michel.
- Tracqueur Poltron.
- Tracquer Craindre. V. Plan.
TRACTIS
Doux (Vidocq).
- Mot de langue romane.
TRAIN (DU)
Vite.
- Mot à mot : Menez-moi grand train.
- « Asie prit un fiacre et dit au cocher
Au Temple ! et du train ! il y a gras. », Balzac.
En train En train de se griser.
- « Ce sera fort heureux si votre ami reste, car je le crois un peu en train.
», P. de Kock.
TRAÎNE-PAILLASSE
Fourrier.
- Il règle avec l'employé des lits militaires le prix de chaque dégradation.
- V. Rogneur.
TRAIT
Infidélité.
- On dit, sans abréger, trait d'inconstance.
- « Savez-vous ce que c'est qu'un trait ? . Eh bien ! c'est que quand une femme
est avec un marlou (souteneur) ; si elle a un caprice pour un autre et le passe,
voilà un trait ! », Cinquante mille voleurs de plus à Paris‹, Paris., 1830, in-8.
- « Son mari lui avait fait tant de traits, qu'elle l'avait quitté. », Champfleury.
TRALALA
Appareil.
- « La fougue, l'audace et tout le grand tralala de l'excentricité féminine. »,
Monselet.
TRAVAILLER
Voler.
- « X. était prudent, il travaillait toujours seul,
et son discret recéleur était des plus fins. », V. Monnier.
- V. Butter.
TRÈFLE
Tabac.
- Allusion à la couleur brune de ce fourrage, quand il est sec.
Trèfle Anus.
- Corruption de trou.
- V. Trèpe.
- Vise au trèfle Apothicaire (Vidocq).
TREIZIÈME ARRONDISSEMENT (Marié au)
Se disait à Paris de celui qui vivait avec une maîtresse, car, avant 1859, cet
arrondissement n'existait point. Lurine a fait un livre sur le Treizième
arrondissement.
- « Jamais elle n'a été ma femme, pas même au treizième arrondissement. », Bertall.
TREMBLANT
Lit.
- On comprend le mot en voyant cet exemple.
- « J'ai du bon pivois sans lance et du larton savonné, une lourde, une tournante,
un tremblant pour rivancher (faire l'amour). », Vidocq.
TREMBLEMENT
Réunion imposante. - « À l'union de l'infanterie, de la cavalerie, de tout le
tremblement. », La Barre.
- Bataille
« Mais la veille du tremblement, fallait voir les feux des postes avancés. »,
Chansons, l854.
TREMPÉE
Correction.
- « Si je ne me respectais pas, je vous ficherais une drôle de trempée ! », Gavarni.
- De Tremper une soupe. V. Soupe.
TRENTE ET UN, TRENTE-SIX (Se mettre sur son)
Mettre sa plus belle toilette.
- « Elle s'était mise sur son trente et un, et je puis vous assurer qu'elle était
bien ficelée. », Vidal, 1833.
TRENTE-SIXIÈME DESSOUS (dans le)
Même sens que Troisième dessous.
- « Le pauvre vicomte a été enfoncé dans le trente-sixième dessous. », Montépin.
TRÈPE
Foule.
- Corruption de Troupe. V. Garçon, Trèfle.
TRÉPIGNER
Battre.
- Mot à mot : trépigner sur le corps.
- Trépignée Rossée.
TRICOTER
Battre.
- Du vieux mot Tricote, gros bâton. V. Roquefort.
- « Prends vite un bâton ; Tricote cet homme sans coeur. », Chanson
carnavalesque, 1851, impr. Chassaignon.
Tricoter Danser.
- Comparaison du jeu des jambes à celui des aiguilles.
TRIMAR
Grande route, où triment les voyageurs. V. Butter.
- « Travailler sur le grand trimar, c'est voler sur le grand chemin. », Cinquante
mille vo leurs de plus à Paris, in-8, 1830.
- Trime Rue.
- Trimin Chemin.
- « Sur mon trimin rencontre Un pègre de quartier. », Vidocq.
- Diminutif de Trimar.
Faire son trimar se dit des filles qui se promènent
la nuit pour raccrocher. V. Paillasson.
TRIMBALLER
Marcher.
- Mot à mot : baller sur la trime
se remuer dans la rue. V. Momir.
- Trimballeur de coni, de refroidi Croque-morts (Vidocq).
TRINGLOS
Soldat du train.
- Diminutif de train.
- « Ce que les tringlos, soldats du train des équipages militaires, ne pourront
nous apporter. », A. Camus.
TRIPOTÉE
Correction.
- Du vieux mot tripeter
fouler aux pieds. V. Roquefort.
- « Oh ! quelle tripotée je vous ficherais, ma poule ! », Gavarni.
TROGNON
Petite femme.
- « En lorgnant la brunette, j'lui dis
Mon petit trognon », Les Amours de Jeannette, ch.,
1813.
TROIS-ÉTOILES
Se dit d'une personne dont on cache le nom.
- « Le célèbre monsieur Trois-Étoiles. », J. Janin.
- « La femme légitime de ce peintre est la maîtresse du gros trois-étoiles. »,
A. Second.
TROISIÈME DESSOUS
« Dans le troisième dessous des sociétés, pour emprunter à l'art dramatique une
expression vive et saisissante, le monde n'est-il pas un théâtre ? Le troisième
dessous est la dernière cave pratiquée sous les planches de l'Opéra, pour en recéler
la rampe, les apparitions, les diables bleus que vomit l'enfer. », Balzac.
TROIS-SIX
Eau-de-vie.
- « Au moins, moi, j'dis pas que j'aime pas le trois-six ! », Gavarni.
TROMBINE
Physionomie ridicule.
TROMPE-CHASSE
Art (Vidocq).
- L'art trompe l'oeil.
TROMPETTE
Colporteur de nouvelles.
- Allusion à la trompette allégorique de la Renommée.
Trompette Nez trop bruyant.
- Nez en trompette Nez relevé.
TRONCHE
« La Sorbonne est la tête qui pense, qui médite ; la Tronche est la tête lorsque
le bourreau l'a séparée du tronc. », Vidocq, 1837.
- « Gare la tronche ! prends garde à la tête. », Dhautel, 1808.
TROTTANTE
Souris.
- Trotteur rat (Vidocq).
TROTTE
Course pénible.
- « J'étais sortie pour éviter ces trottes-là à Alfred. », Eugène Sue.
TROTTINS
Pieds.
- Les pieds trottent.
Trottin « Le trottin, toujours choisi parmi les
grisettes les plus jeunes et les plus espiègles du magasin, était le véritable
petit clerc de tout magasin de modes. », L. Huart.
- « Et de trotin toujours crotté, on en fit un petit commis. », Troisième
suite du Parlement burlesque de Pontoise, 1652.
TROTTOIR (Faire le)
Se dit des filles inscrites qui, le soir, se promènent sur le trottoir voisin
de leur logis.
- Grand trottoir, en termes d'argot comique, veut
dire : haut répertoire.
TROU (Faire son)
Arriver à une bonne position.
- Mot à mot : faire sa trouée dans la foule.
Faire un trou Prendre un verre d'eau-de-vie au
milieu du repas, pour précipiter la digestion, faire un trou destiné à l'ingestion
de nouveaux aliments.
Faire un trou à la lune Décamper par un trou à
la clarté de la lune.
- « Mazarin a fait un trou à la lune, comme font ordinairement les larrons. »,
Le Ministre fugitif, Paris, 1651.
TROUBADE, TROUBADOUR
Fantassin.
- Comme le troubadour, le fantassin fait en tous pays résonner sa clarinette.
- Ch. Rousselot a fait le Troubade, chansonnette
(1860).
- « Je suis Manon la cantinière Et verse à boire aux troubadours. », J. Choux.
TROU D'AIX, TROU DE BALLE
Anus.
TROUÉE
Dentelle (Vidocq). La broderie fait trou.
TROUSSEQUIN
Derrière.
- De la partie de la selle que frotte la plus noble partie du cavalier.
TROUVÉE (Elle est)
Cette histoire est neuve, originale.
TRUC
Manière de voler (Vidocq).
- Du vieux mot truche (V. Roquefort).
- La truche était l'art d'exploiter la pitié des gens charitables.
- « Grand Coësre, dabusche des argotiers et des trucheurs le grand maître, vivent
les enfants de la truche ! vivent les enfants de l'argot ! », Vidocq.
- Cette juxtaposition de truche et de argot
confirme notre pensée sur l'origine de ce dernier mot. Argot n'est qu'une forme
d'argue
ruse, subtilité.
- Au moyen âge, les mots truffe, trulle et trut
avaient le même sens de finesse et d'imposture. Ce dernier, qui ne diffère pas
beaucoup de truc, se trouve, dès le quatorzième siècle,
dans une chronique rimée du duc de Bretagne, Jean IV (Lobineau, t.II, col.730)
« François prenoient trop divers noms Pour faire paour aux Bretons, Mais ils avoient
plus de viel Trut Que vueille truie qui est en rut. », V. Roustir,
Lem.
Notre société a adapté le mot Truc. Au théâtre c'est la machine destinée à
produire un changement à vue. l es féeries sont des pièces
à trucs.
Pour un auteur dramatique, le truc est la science des détails. On dit d'un
écrivain qui file la scène avec difficulté, qu'il manque de truc.
C'est aussi un moyen d'existence.
- « Il daigna nous donner quelques renseignements sur son truc, c'est-à-dire le
métier qui le fait vivre. », P. d'Anglemont.
Enfin c'est une ruse, un dehors trompeur.
- « / La vertu qu'on fait voir pour mieux cacher le vice, voilà le truc d'un sesque
trompeur. », Rousseliana, 1805.
Truc de la morgane et de la lance Baptême.
- Mot à mot : manoeuvre du sel et de l'eau. V. Momir.
Connaître le truc Connaître le secret V. Cloporte.
Avoir du truc Avoir un caractère ingénieux.
Truqueur « On appelle ainsi tous ces gens qui
passent leur vie à courir de foire en foire, n'ayant pour toute industrie qu'un
petit peu de hasard. », P. d'Anglemont.
- C'est aussi un homme usant de trucs, dans toutes
les acceptions susdites.
TRUFFES (Aux)
Soigné.
- La truffe est un aliment de luxe.
- « Tu me feras un compte rendu aux truffes ! », E. Augier.
TUILE
Accident.
- Allusion à la tuile qui tombe d'un toit sur la tête du premier passant venu.
- « La tuile est forte, Mais on peut s'en relever. », L. Reybaud.
TUILER
Toiser, dévisager.
- Terme maçonnique.
TULIPE ORAGEUSE
Cancan.
- « Tous quatre frétillant des tulipes de plus en plus orageuses. », Eugène
Sue.
- Allusion aux jupes plus ou moins ballotées des cancaneuses.
TUNE
Prison de Bicêtre. C'est un dépôt de mendicité. De tuner,
mendier.
- Tuneur Mendiant.
- Tuneçon Maison d'arrêt.
TURBINEMENT
Jour de travail.
- « Pour grinchir tu préféreras les fêtes aux turbinements. », Vidocq.
- Turbiner Travailler.
- Turbineur Ouvrier.
TURCO
Tirailleur indigène de l'armée d'Afrique.
- « Un carré d'infanterie de ligne et de turcos vint se former sous nos pieds.
», Mornand.
TURF
Champ de course, arène quelconque.
- « Un vigoureux coup de jarret a remis Pitt debout sur le turf. », A. Deriège.
- « Voilà de quoi faire envahir désormais par toutes les fashions le turf littéraire.
»
- Aubryet.
TURNE
Logis malpropre. Du vieux mot tourn
petite tour, et par extension Prison. comme castuc.
- « L'immeuble ! . je me suis tout de suite souvenu de cette turne. », Montépin.
TUYAU DE POÊLE
Chapeau rond, botte à l'écuyère.
- Allusion de forme.
- « Il donna un coup de poing dans son tuyau de poêle, jeta son habit a queue
de morue. », Th. Gautier, 1833.
TYPO
Ouvrier topographe.
ULTRA
Homme voulant au delà (ultrà) de ce que désire son
parti.
- « Ces royalistes surnommés ultras par l'opposition. », Balzac.
- « Je crois qu'il faut user d'indulgence pour les ultras. », C. Desmoulins. 1790.
- Ultrà est souvent une abréviation de Ultra montain
et signifie dévoué au parti papal, dont le siège est hors de la France, au delà
des Apennins ultrà montes.
VACHE
Prostituée avachie. V. Blagueur.
Manger la vache enragée Endurer des privations.
- « Sans l'illusion, où irions-nous, elle donne la puissance de manger la vache
enragée des arts. », Balzac.
- « Son père dit qu'il veut lui faire manger de la vache enragée. », Eugène
Sue.
VA DE LA BOUCHE
Goinfre.
- « À ces va de la bouche tu faisais l'oeil et te trouvais heureux. », Monselet.
VA DONC ! Va donc te promener !
- « Eh ! va donc, grand fade. », Ricard.
- V. Allez donc.
VAGUE (COUP de)
Vol à la flan. Son auteur est dans le vague sur le
butin qu'il en pourra tirer.
- « Un soir que j'étais dans la débine. Un coup de vague il me fallut donner.
Pour travailler j mis au plan ma rondine, Et mes outils nous fûmes les déplanquer.
», Bailly.
VAISSELLE DE POCHE
Argent.
- On ne peut pas manger sans celle-là.
- « L'amour sans vaisselle de poche, C'est du caca. », Debraux, 1832.
VALADE
Poche de derrière d'un habit. (Vidocq).
- Du vieux mot avaler, descendre. La main descend
dans la poche. V. Litrer.
VALSER
Courir. V. Cheval.
Faire valser Accabler de coups.
- « Nous ferons valser les Prussiens. », Henry, Ch.,
1838.
VALTREUSE
Valise.
- Valtreusier Voleur de valise.
VANNAGE (Faire un)
« Allécher par un petit profit l'homme qu'on se réserve de dépouiller. », Vidocq.
- Comparaison de l'escroc au meunier qui lâche un peu d'eau de sa vanne
pour faire tourner le moulin.
VANTERNIER
« Le vanternier est encore une variété du cambrioleur.
Seulement, au lieu d'entrer par la lourde, il préfère
s'introduire par la fenêtre. Lanterne par corruption
volontaire, vanterne parce qu'une fenêtre avec ses
vitres ressemble à une porte de lanterne. », A. Monnier.
VASE NOCTURNE
Pot de nuit.
- « Mais un vieux taciturne Verse le contenu d'un vase nocturne. », Bailly, Ch.,
1836.
VAUTOUR
propriétaire exigeant et dur.
- Dès 1587, se trouve dans les Contes d'Eutrapel
« Vaultours que signifient ils autres que les avaricieux qui comme ces animaux
sont aspres et désordonnément actifs a posséder les biens de ce monde per
fas et nefas. »
VEAU
Jeune fille de joie, condamnée au rôle futur de Vache.
V. ce mot.
- « Je rencontre à la barrière Un veau (bis). », Chanson
populaire.
VÉCU (Avoir)
Avoir expérimenté la vie.
- « Il savait tant de choses, il avait vécu. », La Cassagne.
VEDETTE
« Qu'est-ce que la vedette ? C'est la faveur toute spéciale de voir son nom imprimé
en caractères trois fois plus gros que celui de ses camarades. Les administrations
théâtrales n'accordent cette faveur qu'aux acteurs et actrices qui font recettes.
», Montépin.
VEINE
Heureuse chance.
- « Une chose qui invite surtout les grisettes à descendre dans la rue, ce sont
les histoires de veines étonnantes que leur narrent les vieilles femmes. », Les
Pieds qui r'muent, 1864.
Vénard
Ayant la veine.
- « C'est Un trésor que cette fille-là. Est- il assez vénard ! », 1860, À
bas le Quartier latin !
- On doit écrire veinard.
VÉLER
Accoucher.
- « Un beau jour la mère s'aperçut qu'elle était grosse. elle ne fut pas mal habile
; elle trouva à qui donner la vache et le veau. », Tal. des Réaux.
VELO
Postillon.
- Velose
Poste aux chevaux. (Vidocq).
- Du vieux mot Veloce, Vite. V. Roquefort.
VENETTE
Peur.
- Vient du vieux mot venne, vesse.
- « Dire que j'ai vendu à 61 fr. 25. Ah ! j'ai eu la venette. », De Leuven.
- « Il a eu une fière venette ; il a eu terriblement peur. », 1808, Dhautel.
DU VENT ! DE LA MOUSSE !
Rien pour toi !
- Vent signifie ici vesse.
- V. Mousse.
VENTERNE
Fenêtre.
- Elle donne accès au vent.
- Venternier Voleur s'introduisant par les fenêtres
d'une maison (Vidocq).
- V. Pieu.
VENTRE (Avoir dans le)
Être capable de.
- « Ce petit Lucien n'avait que son roman et ses premiers articles dans le ventre.
», Balzac.
- On retrouve cette locution en Orient avec le sens de Penser.
- « Personne, même son ministre le plus intime, ne sait « ce que le maître a dans
le ventre, » pour me servir d'une locution habituelle à Harar. », Revue
britannique. Premiers Pas dans L'Afrique Orientale, par Burton, année 1856.
VER (Tuer le)
« Boire de l'eau-de-vie ou du vin blanc ; libation matinale, désignée par le dicton
tuer le ver. », Murger.
- V. Brouillard.
- Ver rongeur Voiture prise à l'heure pour faire
des visites qu'on abrège dans le but d'avoir moins à payer au cocher. « La lorette
arrive en cabriolet et dit en entrant
Docteur, prêtez-moi donc de quoi renvoyer mon ver ronqeur.
», M. Alhoy, 1840.
VERBE (Solir sur le)
Acheter à crédit (Vidocq).
- Mot à mot : acheter sur parole.
VERGNE
Pays.
- « J'ai roulé de vergne en vergne pour apprendre à goupiner. », Vidocq.
- V. Bigorne.
VERMICHEL
Veine.
- Allusion de forme.
- V. Raisiné.
VERMINE
Avocat (Vidocq).
- Mot à mot : vivant sur le corps des prévenus.
VERSIONNAIRE
Personnage composant en version latine, pour les candidats bacheliers plus riches
que savants. C'était un métier dont plusieurs condamnations ont dû dégoûter les
amateurs.
VESSE
Peur. On connaît son action sur les intestins.
- Connu en 1808
VESTE
« Je crois que le filou qui compterait trop sur cette robe ne remporterait qu'une
veste. Vous savez que veste
est synonyme d'insuccès. », A. Monnier.
VEUVE
Guillotine.
- Elle voit mourir tous les hommes couchés sur sa planchette.
- « Dis-moi, menin de monseigneur le bourreau, gouverneur de la veuve (nom plein
de terrible poésie que les forçats donnent à la guillotine). », Balzac.
- « On appelle encore la guillotine de toutes sortes de petits noms
Fin de la soupe, Grognon. la Mère au bleu (au ciel), la
dernière bouchée etc., etc. », Victor Hugo.
VIANDE (Montrer sa)
Se décolleter.
- Traité des 1808.
VICE (Avoir du)
Être ingénieux.
- « A-t-il du vice, ce mâtin de Couturat. », De Goncourt.
- « Nonore, un petit avorton de femme qui a la réputation d'avoir du vice. »,
Ces Dames.
VICTOIRE
- « Quant à la chemise, c'est au marché Saint-Jacques, chez Mlle Victoire, qu'ils
(les chiffonniers) vont la chercher. Ils l'appellent du nom de la marchande, une
victoire. Elle leur coûte dix sous ; quelquefois
moins, jamais plus. », Berthaud.
VIE (Faire une)
Faire tapage.
- Faire la vie « Mener une vie débauchée. », Dhautel.
VIEILLE
Vieille eau-de-vie.
- Vieux de la vieille
« Vieux soldat de la vieille garde ; le vieux de la vieille comme on dit. », Balzac.
- Ma vieille Mon vieil ami.
- « Eh bien ! Raoul, ma vieille, comment que ça va. », Jaime.
- L'emploi de ce féminin a sans doute paru plus tendre. On dit aussi vieux.
V. Ému, Cocarde.
- Vieux Amant d'un âge mûr. V. Monsieur.
VIGNES (Être dans les)
- On dit d'un homme ivre : « Il est dans les vignes du Seigneur. », 1808, Dhautel.
- « C'est pas être un homme que d'être toujours dans les vignes. », Balzac.
VILLOIS
Village (Vidocq).
- vieux mot. V. Rebâtir.
VIOLON
« On appelle violon à Paris une prison que chaque section a dans son enceinte
pour enfermer ceux qu'on arrête la nuit et qui sont le lendemain transférés dans
une maison d'arrêt. », Almanach des Prisons, 1795.
Sentir le violon
Devenir misérable (Vidocq).
- On met au violon les vagabonds.
VIOQUE
Vieux.
- Corruption de mot.
- V. Flacul.
- Vioque Vie.
- « Quelle vioque je ferais avec mon fade de carle. », Balzac.
VIRGULE
Cicatrice.
- Allusion de forme.
- « Un'balle m'rase le front. Ça m'a fait une virgule. », Le
gamin de Paris ch. 184.
VIS-À-VIS
Un des deux couples nécessaires pour danser le quadrille.
- « Le vis-à-vis de ces deux danseurs était non moins ignoble. », Eugène
Sue.
VISAGE DE BOIS
Porte fermée.
- « Fontenay Coup-d'Épée n'en fit que rire, et il retourne, mais il trouve, comme
on dit, visage de bois. », Tallemant des Réaux.
VITRIERS
Chasseurs de Vincennes
- Ils portèrent d'abord des sacs en cuir verni reluisant au soleil comme les pièces
de verre que les vitriers portent sur leur dos.
VIVRES (Taper sur les)
Manger avec avidité.
- Couper les vivres Supprimer l'envoi d'une pension
alimentaire.
VOLE AU VENT
Plume (Vidocq).
VOLÉ (Être)
Être trompé ou mystifié sans être pour cela victime d'un vol. Capelle, dans ses
Contes (1818) faire dire à Richelieu, près duquel
une fille d'opéra s'est fait passer pour une paysanne
« Grands dieux ! je suis volé. »
- « On dit qu'un homme vole une femme galante lorsqu'il
ne lui donne pas une somme promise. L'homme est au contraire volé lorsque la femme
ne lui a laissé que du désanchantement. », Cadol.
- Un voleur se dira volé s'il trouve peu de butin.
- « Nicolas n'est pas volé ! s'écria Calebasse.
- Non, répondit le brigand, j'ai fait mes frais. », Eugène Sue.
VOLTIGEUR DE LOUIS XIV
Émigré rétabli par la Restauration sur les cadres de l'armée.
- « Cet ennemi personnel de l'égalité, ce détracteur narquois de notre révolution.
, ce voltigeur de Louis XIV. », E. Augier.
VOUZAILLES
Vous. V. Ravignolé.
VRILLE (Voleur à la)
- « Voleur pénétrant dans les maisons en pratiquant aux volets une ouverture carrée
à l'aide de quatre trous de vrille entre lesquels il fait jouer une scie très-fine.
», Canler.
X
Secret.
- En mathématiques, X représente l'inconnu.
- « On cherche l'X du coeur. », Texier.
- X Calcul.
- « Depuis l'année 1840, le fort en X est en proportion constante. », Les
Institutions de Paris.
- Tête d'X Tête organisée pour le calcul.
- Calembour sur la formule (théta X) employée en
mathématiques.
- « L'ancien est évidemment une tête à X. », La Bédollière.
- Un X Un polytechnicien.
ZÉPHIR
« L'infanterie légère d'Afrique dont les hommes sont généralement désignés sous
le nom de zéphyrs. », Gandon.
ZIG, BON ZIGUE
Bon compagnon.
- « Entrez, entrez, nous sommes tous ici de bons zigues. », Monselet.
- « Je suis un bon zig, il a l'air d'un bon enfant, nous nous entendrons. », Montépin.
- V. Taf, Coller
- On parle aussi en zigue. Paillet donne, entre autres,
l'exemple suivant, p. 75 de ses Voleurs et volés
Cavale tezigue vers mesigue
(accours vers moi).
ZOUZOU
Zouave.
- « Ils ne ressemblent en rien aux zouzous qu'on voit sur les boulevarts. », J.
Noriac.
ZUT
Non.
- « Zut et bran pour les Prussiens. », P.Borel, 1833.
- « Ah ben ! non, zut ! . du flan ! Je ne veux pas rester à côté d'Adolphe. »,
Jaime.
AUTEURS CONSULTÉS
(Les astérisques indiquent les emprunts faits non à des volumes, mais à des
chansons ou à des articles détachés.)
About.
- A. Achard.
- Alhoy
- Ambert *.
- J. Arago.
- Aubert. *
- E. Aubry. *
- Aubryet.
- Augier.
- Aycard.
Bailly (Dictionnaire d'argot, Le Bailly, éditeur,
petit in-12, sans date).
- Balzac.
- Banville.
- Barbey d'Aurevilly.
- Barrière.
- Bayeux.
- Beaufort.
- Becquet. *
- F. Béraud.
- Ch. de Bernard.
- Bertall. *
- Berthaud. *
- De Biéville.
- Ch. Blanc.
- C. Blondelet. *
- De Boigne.
- P. Borel.
- Boucher de Perthes.
- Bourget. *
- Brazier. *
- Buchon.
Cabassol.
- A. Cahen. *
- A. Camus.
- Canler.
- Capendu.
- Carmouche.
- Castillon. *
- Champfleury.
- Chenu.
- J. Choux. *
- - Cochinat.
- Cogniard.
- Coligny. *
- Colmance. *
- Commerson.
- M. Constantin.
- Cormon.
- Couailhac.
Dalès.*
- Debraux. *
- Decourcelle. *
- Delmare.
- Delongchamps.
- T. Delord.
- Delvau.
- Deriège.
- Désaugiers.
- Deslys.
- C. Desmoulins.
- L. Desnoyer.
- Dhautel (Dictionnaire du bas langage
- Paris, 1808, 2 vol. in-8).
- A. Dubuisson.
- Du Cange et Carpentier (Glossaire de la langue romane,
tome VII, Paris, 1848, in-4).
- A. Duchesne. *
- Duflot.
- Duménil.
- Dupeuty. *
- P. Durand. *
- Durantin. *
- Duverny. *
Favart.
- Festeau.
- Féval.
- E. Foa.
- A. Frémy.
-
- Friès.
- V. Gaucher. *
- Th. Gautier.
- Gavarni.
- F. Georges. *
- Gérard de Nerval.
- De Goncourt.
- L. Gozlan.
- Grandval (Cartouche, poésie, Paris, 1827, éd. nouv.,
in-12).
- Guinod. *
Hardy. *
- Hébert.
- D'Héricault.
- Hilpert. *
- L. Huart. - Ch. Hugo.
- Victor Hugo.
Jaime fils.
- J. Janin.
- E. Jourdain.
A. Karr.
- J. Kelm.
- P. de Kock.
R. de Labarre.
- La Bédollière.
- Labiche,
- La Cassagne.
- -Lacombe (Dictionnaire du vieux langage Paris,
1765-67, deux in-8).
- P. et J. Lacroix.
- Ladimir. *
- De Lafizelière.
- Layale. *
- L'Écluse.
- Le Duchat.
- - Lefils. *
- Lemercier de Neuville.
- E. Lemoine.
- Ph. Leroux.
- Lespès.
- Letellier. *
- De Leuven.
- Liorat. *
- Littré.
- Lubize.
- Luchet.
- De Lynol,
V. Mabille.
- Mansion. *
- Marcellin.
- Marco Saint-Hilaire.
- Marty-Laveaux.
- Mauricault. *
- Mélesville.
- Ménage.
- Mercier.
- De Mériclet.
- Méry.
- Métay. *
- Michel. *
- Fr. Michel.
- Cél. Mogador.
- Moineaux.
- A. Monnier.
- H. Monnier.
- Monselet.
- De Montépin.
- Moreau Christophe.
- Mornand.
- Mouret. *
- Murger.
Nadar.
- Nadaud.
- G. Naquet. *
- Nodier.
- Noriac.
R. d'Ornano.
Paillet.
- De Pène,
- Pollet. *
- Privat d'Anglemont.
Rabelais.
- Randon. *
- Remy. *
- Rétif
- L. Reybaud.
- Ricard.
- Robquin. *
- H. Rolland.
- Roquefort (Dictionnaire de la langue romane, 11e
- 16e siècles, Paris, 1808-20, trois in-8).
- Roqueplan.
- J. Rousseau.
- Rutebeuf.
G. Sand.
- A. Scholl.
- A . Second.
- Signol. *
- Fr. Soulié.
- Eugène Sue.
Tallemant des Réaux.
- E. Texier.
- Thuillier. *,
- Tourneur. *
Vachelot. *
- Vadé.
- Vanecke. *
- L. Vidal.
- Vidocq (Les Voleurs, Paris, 1837, deux in-8).
- Nous avons mis sous son nom beaucoup de textes argotiques réimprimés dans Les
Voleurs mais bien antérieurs en date).
- H. de Vielcastel.
- De Villemessant.
- Villon.
- Villetard.
- Vitu.
- Voizo.
Wado.
- Waldor. Zombach. Communications manuscrites
MM. H. Boyer, Cadol, Léon Lalanne, De Vauvineux, O. de Watteville.
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