BIOGRAPHIE DE ADOLPHE THIERS
Thiers Adolphe (Adolphe Marie Joseph Louis Thiers), avocat, journaliste, historien et homme d’État français. Né le 15 avril 1797 à Marseille, petit-fils et fils d'avocats au Parlement d'Aix, il avait débuté en 1821, à 24 ans, au Constitutionnel, alors le plus important des journaux libéraux. En 1830 il était rédacteur en chef et directeur du National, créé tout exprès pour combattre le ministère Polignac et préparer un changement de dynastie en faveur du duc d'Orléans, futur Louis-Philippe 1er, avec l'aide de Talleyrand, du baron Louis et de Mignet, un journaliste. En 1833, il est élu à l'Académie française au fauteuil 38 après François Andrieux, son successeur fut Henri Martin. Il fut l'instigateur de la candidature du duc d'Orléans à la succession de
Charles X. Ce fut lui qui alla chercher le duc, réfugié au Raincy, et le détermina
à accepter la lieutenance générale. Il meurt le 3 septembre 1877 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).
Écrits d'Adolphe Thiers : - Salon de 1822. Notice sur la vie de Mlle Bellany (1822) ; THIERS PAR COMMERSON 1854-1855 Louis-Adolphe Thiers aurait dû naître à Bergame, patrie d'Arlequin. Mais il est enfant de Marseille et d'un père qui, pour les soins de son jeune âge, sut apporter plus de cravache que de modération. Ce petit être, ce Thucydide en besicles, cet Hérodote politique en paletot noisette, ce Danton-puce, est né le 26 germinal an V. Il est le fils d'un ouvrier du port sur la Canebière, dont la vie a laissé beaucoup à désirer de bonnes choses. Mais les fautes sont personnelles. Le fils a assez de ses fautes pour que je ne m'occupe pas de celles du papa. Thiers est comme ce fils de Neptune, il a le don des métamorphoses. Il resta espiègle et polisson jusqu'à l'âge de quinze ans. Il changea tout à coup, et, avec une taille suffisante pour se faire réformer de la conscription, il devint studieux et chef de parti avec ses dix-huit ans. Il alla suivre les cours de la faculté de droit à Aix, où il fut admis. Il commença par révolutionner l'école pour s'entretenir la main. On dirait qu'il a été élevé avec le lait de la chèvre Amalthée ; il ne parle pas, il bêle ; mais il bêle avec un esprit d'ange. Il a un robinet d'esprit, qui coule toujours : goutte à goutte ; comme un robinet mal fermé. En général, on ne s'est pas assez défié de ce robinet. Donnez du gigantesque, étourdissez les sots. Telle a toujours été la devise du Mirabeau-mouche dont nous ne voulons pas nous occuper sous le rapport politique ; ceci n'étant pas dans nos attributions. Il arrive à Paris après mille succès de collège, son titre de bachelier en poche, et vient faire de la misère pratique dans une mansarde du passage Montesquieu, avec son coreligionnaire M. Mignet, l'historien profond et sérieux qui a grandi dans la solitude et le travail. Fera-t-il des biberons et des clysoirs comme son frère du passage Choiseul, ou tiendra-t-il une table d'hôte à 2 fr. 50 le cachet, comme sa sur, rue Grange-Batelière ? Non. Un état d'homme le ferait rougir ; il préfère être homme d'État ; aut Csar aut nihil ! Il veut être ministre. Il ne s'agit que de saisir l'occasion par les cheveux ; il espère qu'elle ne sera pas chauve. L'occasion se présente à lui sous la forme du député Manuel qu'on entraîne hors la salle de l'Assemblée législative ; il prend sa défense en s'écriant de sa voix la plus flûtée : Vingince ! Manuel devint son protecteur. Tom-Pouce a le pied dans l'étrier politique ; l'occasion a fait le larron. Je me suis laissé raconter cette anecdote : Le 15 mai 1829, deux jeunes hommes, un petit et un grand ; l'un portant besicles, l'autre regardant à l'horizon in naturalibus ; celui-ci sautillant comme un cabri, celui-là affectant un air sybillin ; le premier caquetant clair et dru, le second donnant lentement ses paroles à compter à l'écho de ses satisfactions intérieures, entrèrent bras dessus bras dessous aux Frères Provençaux, s'assirent à la même table, et tinrent la conversation suivante au plus fort de la mastication : Le petit. Belles asperges ! ... Eh bien, que dites-vous des affaires, mon harmonieux ami ? Le grand. Eh, mon Dieu, que voulez-vous, d'immenses événements sont proches, si je ne me trompe ! Le petit. J'adore le macaroni au gratin !.... Vous parlez d'événements, mélodieux enfant des Muses ? Tranchez le mot, dites révolution ! Le grand. Que ce mot retombe sur votre tête et sur celle de vos enfants ! ! ! Le petit. Garçon, des confitures de Bar.... ! Bah ! bah ! vous avez des terreurs et des scrupules indignes de votre génie, ô amant favorisé des neuf surs ! Une révolution maintenant ne serait que l'ouverture d'un héritage pour nous et nos pareils. Le grand. Pour vous et vos pareils, oui ; pour moi, non. Le petit. Prenez-vous du café ? ... Ainsi donc, ô rival heureux d'Apollon ! vous n'êtes point disposé comme moi à hâter la chute de l'ordre des choses, pour mettre vos espérances de fortune politique sur le pavois. Le grand. Je prévois l'avenir, je ne l'appelle pas de mes vux ; que quelque chose soit, je le regarderai passer. Le petit. Jurons-nous au moins de nous conduire en courtois adversaires. Le grand. Oui, si cela se peut constitutionnellement. Après avoir ainsi causé, le petit et le grand se levèrent et sortirent : c'était ce dernier qui avait payé la carte. Or, ces deux hommes n'étaient autres que M. Thiers et M. Lamartine. Les événements sont venus depuis donner un intérêt historique à leur entretien. Laissons descendre Adolphe du grenier sur la place publique pour reluire au soleil ; il a besoin de se produire. Voyons ce qu'il va faire : Il fait une culbute et tombe dans la rédaction du National. Il fait la roue avec la démocratie et jure de donner le coup de grâce à la Restauration. Thiers est impitoyable. Elle meurt. Hector doit succomber, les dieux l'ont décidé. Thiers a retourné sa casaque politique : il arrive avec le gouvernement de Louis-Philippe. Laffite le met dans sa poche et l'en retire pour en faire un conseiller d'État. Cette chanson circule ; il la chante gaiement avec tout le monde : Air : Il était un p'tit homme. Je ne suis qu'un tiers d'homme, Je possède la forme, De l'huile la patrie M. Thiers fait ses petites affaires... Celles de la patrie s'embrouillent. Mais Lycurgue a des petits camarades qu'il proclame des Solons, et, ostensiblement nos Lycurgues et nos Solons sauvent la patrie de deux jours l'un , pendant plusieurs années consécutives. Mais Adolphe a un cur accessible à l'amour comme un homme de cinq pieds six pouces. Son cur a parlé. Un cur de femme lui dit : Je t'aime malgré tes lunettes vertes. Il lui chante l'air de la Dame blanche : Viens, gentille dame ! Cette gentille dame, c'est la fille de Mme Dosne. Elle arrive à Paris. Il obtient son cur, il désire sa main, mais ne la lui demande pas. On la lui offre, il la prend ; il l'épouse. Ils n'ont pas beaucoup d'enfants. Voici maintenant une autre anecdote qui a toute l'importance d'une histoire. Un jour, M. Thiers se promenait aux Tuileries, tenant sa petite femme au bras droit et sa belle-mère, Mme Dosne, au bras gauche, du côté du cur. Jamais il n'avait paru si allègre, d'une physionomie si gaillarde et avec des yeux si tournoyants derrière ses lunettes ; on eût dit un maître clerc d'avoué endimanché et tout orgueilleux d'avoir payé à dîner et fait voir l'obélisque à deux de ses payses. Sa langue battait dans sa bouche, comme les breloques d'une montre sur l'abdomen joufflu d'un député centrifuge de la Restauration. Tout à coup, lorsqu'il fut parvenu en face de la demeure de Louis-Philippe, à la distance et contre la statue de Spartacus, il fît une halte, son front se rembrunit, ses lèvres se crispèrent, il quitta le bras de ses dames, et prenant, autant que la disgrâce de son torse et le trapu commun de son buste pouvaient le lui permettre, la posture du patron des esclaves en révolte, il murmura sourdement ces paroles : IL EST LE ROI, mais il n'y sera que tant que je le lui permettrai. Et cependant : Hercule n'a pas péri sous l'effort d'un pygmée. Nous ne voulons pas dire que Louis-Philippe ait été un Hercule, mais à coup sûr Brindamour6Thiers n'était et n'est encore, à l'heure qu'il est, qu'un pygmée tombé dans le deuxième dessous de l'indifférence publique. Pendant dix ans sa petite étoile a brillé au zénith des plus colossales impudences. Historien, il a donné la main à la révolution par derrière ; ministre, il a donné la main à la révolution par devant, et, se plaçant au milieu des écouteurs, il leur a fait le pied de nez du gamin de Paris. Je ne sais gré que d'une chose à cette affreuse binette, c'est d'avoir mangé des asperges avec M. de Lamartine. Jean Louis Auguste Commerson (1802-1879), Biographie comique, Les Binettes contemporaines, 1854-1855.
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D.R. BELAIR
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