CHAULIEU Guillaume Amfrye abbé de Chaulieu Poète aimable, né en 1639 à Fontenay dans le Vexin, mort à Paris le 27 juin 1720 à 81 ans. Dès son enfance, il fut destiné, par ses parents, à l'état ecclésiastique, quoiqu'il n'eût aucun goût pour cette vocation il prit le petit collet (*), mais comme tant d'autres de ce temps, fut un abbé de salon; il ne dit jamais la messe, et dépensa en joyeuse vie les immenses revenus qu'il touchait de son abbaye qu'il obtint par la protection du duc de Vendôme et qui lui permirent de se livrer à son goût pour le repos et pour les plaisirs de l'amour et de la table. Chaulieu garda cependant quelque retenue pendant tout le règne de Louis XIV, mais sous la Régence, il se livra tout entier à sa nature légère et frivole. Il était né poète, dit La Harpe, et sa poésie a un mélange heureux d'une philosophie douce et paisible et d'une imagination riante. Il écrit avec verve, et tous ses écrits sont des épanchements de son âme. On y voit les négligences d'un esprit paresseux, mais en même temps le bon goût d'un esprit délicat, il a de l'harmonie, et ses vers entrent doucement dans l'oreille et dans le coeur. Il résidait habituellement au Temple, où se réunissait une société choisie, et mérita par l'élégance de sa poésie épicurienne d'être appelé l'Anacréon du Temple. On remarque surtout son Ode contre l'Esprit et ses vers sur la Mort ; ses meilleures pièces sont celles sur la Solitude de Fontenay son pays natal, sur la Retraite et sur sa Goutte celle-ci, écrite à quatre-vingts ans, est une agréable plaisanterie sur son infirmité. L'Académie refusa de le recevoir dans son sein, mais Voltaire l'a très bien apprécié en l'appelant le premier des poètes négligés. L'abbé de Chaulieu fut tout particulièrement lié avec le marquis de La Fare, poète comme lui, et, tous deux ont fortement contribué à préparer l'avènement et le triomphe de la philosophie légère, incrédule et immorale du XVIIIe siècle. Leurs œuvres ont été plusieurs fois publiées, notamment en 1750 par Saint-Marc. (*) Prendre le petit collet : choisir la profession ecclésiastique.
CHAULIEU PAR VAUVENARGUES
Chaulieu a su mêler avec une simplicité noble et touchante l'esprit et le sentiment. Ses vers, négligés mais faciles et remplis d'imagination, de vivacité et de grâce, m'ont toujours paru supérieurs à sa prose, qui n'est le plus souvent qu'ingénieuse. On ne peut s'empêcher de regretter qu'un auteur si aimable n'ait pas plus écrit, et n'ait pas travaillé avec le même soin tous ses ouvrages. Quelque différence que l'on ait mise, avec beaucoup de raison, entre l'esprit et le génie, il semble que le génie de l'abbé de Chaulieu ne soit essentiellement que beaucoup d'esprit naturel. Cependant il est remarquable que tout cet esprit n'a pu faire d'un poète, d'ailleurs si aiable, un grand homme ni un grand génie. Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues (1715-1747), moraliste français, Introduction à la connaissance de l'esprit humain suivie de Réflexions et maximes (1746), Fragments, Réflexions critiques sur quelques poètes.
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D.R. BELAIR
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