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BIOGRAPHIE DE
CHATEAUBRIAND
1768-1848
Chateaubriand
François-Auguste de Chateaubriand naquit à Saint-Malo, le 4 septembre 1768,
dernier de dix enfants du comte de Chateaubriand et de Suzanne-Apolline de Bedée.
Ses premières années se passèrent à Plancoët, chez sa grand-mère, et à
Saint-Malo, où il vagabondait au bord de la mer. Il fit ses études chez les Eudistes
de Dol, aux collèges de Rennes et de Dinan, se montrant écolier intelligent, mais
très indépendant.
A dix-sept ans, il revint chez ses parents, à Combourg ; et là, dans le morne
manoir, dans le décor austère des bruyères et des forêts, il passa avec sa sœur
Lucile deux années de mélancolie et d'exaltation. Puis, pourvu d'un brevet de
sous-lieutenant au régiment de Navarre, il alla tenir garnison à Cambrai au début
de 1786. Quelques mois après, la mort de son père en septembre le rappelait à
Combourg.
Au lieu de retourner à Cambrai, Chateaubriand alla à Paris, où il obtint le
brevet de capitaine de cavalerie, et où, par son frère, le comte de Chateaubriand,
et sa sœur Julie, Mme de Farcy, il fut présenté à la cour. Mais il fréquenta surtout
les gens de lettres, et les écrivains en renom : La Harpe, Parny, Lebrun, Chamfort,
Fontanes..., s'ouvre aux « lumières » et publia ses premiers vers, l'Amour
de la campagne, dans l'Almanach des Muses (1790).
Tenté par la gloire des grands explorateurs, il songea à chercher un nouveau
passage vers les mers polaires et s'embarqua pour l'Amérique à Saint-Malo le 8
avril 1791. Il débarque a Baltimore (10 juillet), voit Philadelphie, New-York,
Boston, la chute du Niagara, le président Washington. Il revint brusquement, en
janvier 1792, à la nouvelle de l'arrestation du roi à Varennes (10 décembre 1791).
Il n'avait pas eu le temps de parcourir toutes les régions de l'Amérique qu'il
a décrites dans ses ouvrages, mais il rapportait une provision d'impressions et
de couleurs qui devait enrichir pour un siècle notre littérature.
A son retour, il épouse Céleste Buisson de La Vigne (mars 1792), et alla rejoindre
l'armée des Princes à Coblentz (l'armée des émigrés) à la 7e Compagnie
bretonne.
Blessé au siège de Thionville, il se réfugia à Bruxelles, puis à Londres.
Il y connut la misère, donna des leçons pour vivre, fit des traductions (1795).
Il s'éprend de Charlotte Ives, à Bungay-Hill et rompt l'idylle. C'est à Londres
qu'il publia son premier ouvrage, Essai sur les Révolutions (1797), livre
imprégné de scepticisme et d'amertume, et d'esprit fort peu chrétien.
La mort de sa mère (mai 1798), opéra en lui une sorte de conversion. Le dernier
vœu de Mme de Chateaubriand avait été que son fils revint à la religion de son
enfance; la grâce le toucha : " j'ai pleuré et j'ai cru ", écrivit-il plus
tard. Dès lors il conçut le plan d'une apologie de la religion chrétienne.
Ayant obtenu d'être rayé de la liste des émigrés, Chateaubriand rentra en France
en 1800 après une édition interrompue du Génie du christianisme
à Londres. Il publie Atala, le 3 avril 1801, le Génie du Christianisme
(avec René) , 14 avril 1802, qui le rendirent célèbre. Napoléon, désireux
de s'attacher un homme qui servait si bien ses desseins de restauration morale
et sociale, le nomma secrétaire d'ambassade à Rome (1803, Lettre à M. de Fontanes
sur la campagne romaine.), puis ministre plénipotentiaire dans le Valais (1804).
Après l'exécution du duc d'Enghien, Chateaubriand donna sa démission de ministre
de France dans le Valais (1804). Le Voyage au mont Blanc parut en 1806.
Pour étudier les pays où il voulait placer l'action de son futur ouvrage, les
Martyrs, il entreprit un long voyage en Orient pour la Terre sainte. Chateaubriand
s'installe à la Vallée-aux-Loups (1807) et travaille aux Martyrs. Les
Martyrs parurent en mars 1809, il commence alors ses Mémoires, et l'Itinéraire
de Paris à Jérusalem en 1811.
Chateaubriand, élu à l'Académie le 20 février 1811, ne prononce pas son discours,
réquisitoire contre l'Empire.
A la chute de Napoléon, Chateaubriand publia, en faveur de la royauté,
une brochure intitulée : De Buonaparte et des Bourbons, qui eut
un grand retentissement. Il suivît Louis XVIII à Gand pendant les Cent Jours,
comme ministre de l'Intérieur. Il fut ensuite nommé pair de France, fut envoyé
comme ambassadeur à Berlin (1821), puis à Londres (1822), représenta la France
au Congrès de Vérone (1822) et devint ministre des Affaires étrangères en 1824.
Ambassadeur à Rome en 1827, il donna sa démission en 1829, à l'avènement du ministère
Polignac. En 1830, il refusa de se rallier au gouvernement de Louis-Philippe.
En 1826, Chateaubriand avait publié l'édition complète de ses œuvres, où parurent
pour la première fois les Aventures du dernier Abencérage, les Voyages
en Italie, Voyage au Mont-Blanc, Voyage en Amérique, les
Natchez (1826), etc. En 1831, il publia des Études Historiques, en
1836 un Essai sur la littérature anglaise et la traduction du Paradis
perdu de Milton, le Congrès de Vérone (1838), la Vie de Rancé
(1844). Puis il s'attacha à ses Mémoires d'outre-tombe, commencés dès 1811
et sans cesse retouchés jusqu'en 1846.
Ses dernières années furent entourées de l'affection de Mme Récamier, qui adoucit
la fin morose de cette brillante existence.
Il mourut à Paris le 4 juillet 1848. Il fut enterré, comme il l'avait demandé,
en face de Saint-Malo, sa ville natale, dans l'îlot du Grand-Bé.
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